LES DROITS DE L’HOMME SONT AUSSI LES DROITS DES FEMMES ET DES CITOYENNES


Faut-il occulter que nombre de défenseurs  des droits de l’Homme en 1798  refusèrent d’accorder aux femmes les droits qu’ils conféraient aux hommes ? Le mot Homme n’avait donc pas de portée universelle puisqu’il n’incluait qu’un seul genre : le masculin. La femme n’étant pas douée de raison, comment pouvait-on lui accorder des droits ? Aujourd’hui encore, certains pensent que  les Droits des Hommes ne sont pas ceux des femmes. Les femmes ont prouvé tout au long de l’histoire quelles étaient des citoyennes à part entière mais l’histoire sélective a tenté de les museler comme le présent tente parfois de museler celles qui refusent d’être déterminées par un sexe biologique nullement choisi, qui osent dire non aux lois des hommes faites par les hommes et pour les hommes.  Les Droits de l’Homme ont évolué depuis 1789 et la lutte pour l’égalité entre hommes et femmes fait partie intégrante de cette évolution
La défense des  droits de l’Homme  est aujourd’hui un combat de femmes. En Belgique et dans le monde,  il y a urgence de briser le silence sur les discriminations et les violences faites aux femmes. Aujourd’hui, on assiste au retour du religieux avec comme corollaire l’oppression des femmes. Mais gardons-nous de ne pointer qu’un seul extrémisme car derrière l’extrémisme musulman, se faufilent les églises de réveil, les sectes, les ultras catholiques, l’extrême droite. En Europe, les lobbies religieux sont en train de remettre en question des avancées importantes comme la dépénalisation de l’avortement, le droit à la contraception.

Il y a de quoi être inquiet du sexisme ordinaire et du relativisme culturel qui fait régresser la condition des femmes. Au niveau mondial, il est dit que les violences et les discriminations contre les femmes ont fait plus de mort en cent ans que toutes les guerres du 20ème siècle réunies. Le viol comme crime de guerre est trop répandu et impuni.
La pratique du foeticide ou de l’infanticide des petites filles en Inde, en Chine prive les filles du droit de naître. En Amérique centrale, c’est le féminicide, qui menace les femmes. On tue les femmes parce qu’elles sont femmes ou qu’elles ne le sont pas de la  manière qui sied. Les crimes d’honneur, y compris dans nos démocraties, menacent les femmes de tout âge. Selon l’OMS, 130 millions de femmes et d’enfants ont été victimes de mutilations sexuelles génitales à travers le monde et ce fléau concernerait  chaque année 2 millions de fillettes.  De la déclaration des droits de l’homme et du citoyen de 1789 à celle, universelle des Droits de l’Homme de 1948 que de chemins parcourus et à parcourir encore pour que les Droits des Femmes ne soient pas les oubliés des Droits de l’Homme, pour que la laïcité, la mixité et l’égalité soient appliquées à toutes et à tous sans distinction.

Fatoumata SIDIBE
Présidente du Comité belge Ni Putes Ni Soumises
Contribution à la publication Les droits de l’Homme, de l’Académie royale des Beaux-Arts de Liège, aux côtés de nombreux responsables politiques et associatifs – juin 2008.

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