Lutte contre la maltraitance des personnes âgées

Parlement francophone bruxellois

Interpellation de Fatoumata SIDIBE, députée MR-FDF, à Emir KIR, Ministre de l’Action sociale et de la Famille et à Benoît CEREXHE, Ministre de la santé – 28 mai 2010 Concerne : lutte contre la maltraitance des personnes âgées. L’interpellation est disponible ici

Le compte-rendu complet est disponible page 13 en cliquant ici Monsieur le Ministre, De nos jours, force est de constater que l’image de la vieillesse n’est guère positive. Elle est souvent perçue comme synonyme de vulnérabilité, d’isolement, de solitude, de précarité, de dépendance. Par ailleurs, les personnes âgées sont également perçues comme un poids pour la société, notamment en termes de pension et de soins de santé. L’allongement de l’espérance de vie, grâce au progrès de la médecine et l’amélioration des conditions de vie a pour conséquence que le vieillissement de la population, déjà bien amorcé aujourd’hui, poursuit sur sa lancée. Ainsi, en Europe, les plus de 65 ans représentent environ 16 % de la population. En Belgique, on compte près de 1.700.000 personnes de plus de 65 ans, soit plus de 16% de la population totale. En 2030, d’après les estimations de l’Institut national des statistiques, un Belge sur quatre aura plus de 65 ans. Comme je l’ai mentionné, on constate que les personnes âgées sont souvent perçues comme étant une charge pour la société. Dans certains cas, la prise en charge des personnes âgées dépendantes peut générer des difficultés, du stress ou du surmenage pour les proches ou pour les professionnels et être à l’origine de maltraitance envers les personnes âgées.

La problématique de la maltraitance des personnes âgées a déjà été abordée à plusieurs reprises au sein de cette assemblée, ce qui témoigne de l’attention portée sur ce fléau, dont l’intérêt croît depuis une quinzaine d’années. De nombreux pays ont d’ailleurs pris des mesures en faveur de lutte contre la maltraitance des personnes âgées, conscients de la nécessité de lever le tabou sur ces réalités et d’enrayer cette forme de maltraitance. Par ailleurs, on a même créé une journée mondiale de lutte contre la maltraitance des personnes âgées.

L’ampleur de ce phénomène est difficile à évaluer puisqu’il n’existe pas de données chiffrées reprenant les cas de maltraitance pour la Région de Bruxelles-capitale.

Par ailleurs, les cas de maltraitance sont souvent difficilement détectables, est-ce que la blessure provient d’une chute ? Ne s’agit-il pas de confusion mentale ?

A cet égard, je souhaiterais connaître les différentes actions qui ont été prise afin de sensibiliser le corps médical (maisons de repos, médecins généralistes, aides à domicile,…) mais également la société (famille, proche, aidant,…) sur cette problématique ?

D’après les quelques données disponibles, on estime que 15 % des personnes âgées de plus de 75 ans seraient victimes de maltraitance et dans 58 % des cas il s’agirait de violences vécues à domicile. A côté de ces chiffres, des études récentes, en France et en Belgique, montrent qu’une personne âgée sur cinq est victime de maltraitance , que ce soit en institution ou à domicile. Ces chiffres sont interpellants.

Il n’existe pas de définition universelle de la maltraitance qui est une notion qui varie mais on se réfère généralement à la notion de violence telle que définie par le Conseil de l’Europe dès 1990, à savoir « tout acte ou omission, commis par une personne, s’il porte atteinte à la vie, à l’intégrité corporelle ou psychique ou à la liberté d’une autre personne ou compromet gravement le développement de sa personnalité et/ou nuit à sa sécurité financière ».

La maltraitance des personnes âgées peut recouvrir différents aspects.

Afin d‘enrayer ce phénomène, diverses associations ont vu le jour et en 2008, la Région wallonne a adopté un décret de lutte contre la maltraitance des personnes âgées. En 2009, l’agence wallonne « Respect seniors » a été créée. Son action vise à apporter une aide et un soutien aux personnes âgées victimes de maltraitance, mais également à leur entourage ainsi qu’à tout professionnel confronté à cette problématique. D’après les statistiques de 2009 relevées par l’agence Respect senior, on constate que dans 10 % des situations l’appelant évoque des violences physiques. La majorité des victimes sont des femmes (67%) qui ont entre 70 et 90 ans. Ce pourcentage s’explique par la longévité plus importante de ces dernières.

Qu’en est-il à Bruxelles ?

Depuis quelques années, l’asbl Infor-Homes Bruxelles a été reconnue et subsidiée par la COCOF et la COCOM comme dispositif de lutte contre la maltraitance des personnes âgées vivant à Bruxelles, aussi bien au domicile qu’en institution.

Par ailleurs, un service similaire à celui de l’asbl « Respect senior » a vu le jour à Bruxelles, suite à l’adoption du décret du 22 mars 2007 relatif à la politique d’hébergement et d’accueil à mener envers les personnes âgées. Il s’agit du service d’écoute aux personnes âgées maltraitées (SEPAM) et qui permet à toute personne confrontée à un problème de maltraitance vécue à domicile ou au sein d’une institution de pouvoir faire appel à des professionnels.

Disposez-vous de statistiques plus précises concernant la maltraitance des personnes âgées à Bruxelles (profil des victimes, type, auteur, lieu)? Il est important en effet de pouvoir les identifier afin de mieux les analyser et d’y faire face. Comptez-vous entreprendre d’autres démarches en faveur de la lutte contre la maltraitance des personnes âgées ?

Pouvez-vous tirer un premier bilan de la mise en place de ce service ?

D’après le Rapport bruxellois sur l’état de la pauvreté en 2008, on remarque que la société a développé tous les moyens de communication et que les seniors ont du mal à s’adapter à ces changements rapides. Dès lors, pour qu’ils puissent avoir accès aux services, il faut que l’information soit accessible et que la communication puisse s’établir.

Par conséquent, je souhaiterais connaître les actions que vous avez entreprises afin de faire connaître ce service d’écoute aux personnes âgées, aux professionnels et aux familles ? Quel a été le bilan de la campagne d’information menée ? Quel budget a été libéré en vue de la médiatisation de ce service ? De manière générale, quelles mesures avez-vous menées afin d’améliorer l’information des personnes âgées ?

Lors d’une précédente interpellation vous énonciez que la diversité culturelle de Bruxelles imposera de créer des centres pour permettre l’accueil des personnes âgées issues de l’immigration. Est-ce que des projets et études sont en cours afin d’évaluer les besoins spécifiques des personnes âgées issues de l’immigration ? Est-ce que l’offre de soin doit être adaptée ? Comptez-vous entreprendre des initiatives en ce sens prochainement?

Enfin, je souhaiterais revenir sur l’isolement des personnes âgées et le taux de suicide important chez les plus de 65 ans. D’une part, quelles actions avez-vous menées ou comptez-vous entreprendre pour une meilleure prévention du suicide ? Existe-t-il des actions spécifiques menées dans les maisons de repos ? D’autre part, quelles actions ont-elles été entreprises pour promouvoir la participation à la vie sociale, notamment en vue de favoriser les lieux de convivialité pour accueillir et distraire les seniors ?

 

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