L’organisation de cours d’alphabétisation

Parlement francophone bruxellois

Interpellation de Fatoumata SIDIBE à Emir Kir, Ministre chargé de l’Action sociale et de la Famille et Charles Picqué, Ministre chargé de la Cohésion sociale – mardi 6 décembre
Concerne : l’organisation de cours d’alphabétisation

Le compte-rendu est disponible page 31 en cliquant ici.

Le 8 septembre était la journée internationale de l’alphabétisation. A cette occasion, il nous a été rappelé combien celle-ci était indispensable à tous les citoyens. L’alphabétisation est effectivement le fondement sur lequel s’édifie l’apprentissage global, inclusif et intégré tout au long et dans tous les aspects de la vie.

L’article 26 de la Déclaration universelle des droits de l’homme précise en outre que toute personne à droit à l’éducation. Une première difficulté, et non des moindres, émerge cependant lorsque l’on évoque l’analphabétisme en Région bruxelloise et en Wallonie, à savoir l’évaluation du nombre de personnes concernées. L’absence de données statistiques ne nous permet pas d’appréhender l’ampleur du phénomène et d’orienter les politiques. Le chiffre de 10% avancé date du temps du service militaire !

La Flandre a participé en 1996, il y a donc 15 ans de cela, à une vaste enquête internationale, l’enquête IALS (International Adult Literacy Survey) de l’OCDE. Cette étude a permis d’identifier qu’en Flandre, entre 15 et 18% des personnes entre 16 et 65 ans étaient classées au niveau le plus bas d’une échelle internationale.

En France, l’enquête IVQ (Information Vie Quotidienne) menée en 2004 a mis en évidence que 12 à 15% des adultes sont en difficulté pour écrire.

Malheureusement, aucune enquête n’a été menée du côté francophone. L’Etat des lieux de l’alphabétisation pour la Fédération Wallonie – Bruxelles, édité en 2011, met bien en évidence ce problème statistique. Dans cette publication, et en l’absence d’une enquête fiable, les auteurs se basent essentiellement sur les résultats de l’Enquête sur les Forces de Travail.

Pour pallier à ce manque d’information, il est prévu de réaliser une enquête « permettant de déterminer une série d’indicateurs pour les politiques régionales et communautaires relatives à l’alphabétisation et à l’acquisition de base des adultes ».

Pour ce faire, un comité de pilotage a été mis en place regroupant les administrations, les autorités publiques et les opérateurs coordinateurs de l’alphabétisation de la Région wallonne, de la Communauté française, de la Commission communautaire française et de la Région de Bruxelles-Capitale.

Pourriez-vous nous informer si cette étude a déjà été menée ? Si non, pourriez-vous nous informer de l’état d’avancement ? Quelles sont les actions entreprises ? Quand disposerons-nous de résultats définitifs et fiables ? Si oui, quels sont les résultats de ce comité de pilotage en termes d’évaluation des compétences de base au sein de la population de 18 à 65 ans ? Quelles conclusions ont déjà pu être tirées des premiers résultats obtenus ?

Concernant le public de l’alphabétisation à Bruxelles, une étude menée avril 2011 par Lire et écrire et intitulée « Le sens de la mixité dans la formation des adultes : le cas de l’alphabétisation francophone à Bruxelles » avance que 66% des apprenants sont sans diplôme et que 17% ont obtenu le CEB ou son équivalent (ces derniers sont orientés en FLE).

Selon cette étude l’apprenant-type à Bruxelles est le plus souvent une femme, d’origine marocaine, femme au foyer ou allocataire du CPAS.

Le public est majoritairement composé de femmes, essentiellement composé de personnes d’origine étrangère (73% d’apprenants étrangers et 25% de Belges naturalisés). Les apprenants de nationalité belge n’étant pas issus de l’immigration représenteraient 1,5% du public bruxellois. Les apprenants les plus représentés proviennent pour 50% du Maghreb, 16% d’Afrique hors Maghreb, et 9% de la Turquie. Une bonne partie du public se compose d’allocataires du CPAS et d’hommes/femmes au foyer. Ces cours se donnent en général le jour. Cela a indiscutablement une conséquence sur le type de public touché et pourrait sans doute donner une piste d’explication quant à la faible présence des hommes parmi les apprenants. Il y a donc certainement tout un public de travailleurs, issus ou non de l’immigration, en difficulté de lecture et d’écriture qui mériterait une attention particulière.

Le nombre d’intervenants dans ce secteur est particulièrement élevé, tout comme l’arsenal législatif en place. Sans être exhaustif, on peut relever :

–  le décret de la Communauté française de 1991 définissant le cadre général de l’Enseignement de Promotion social ;

–  le décret de 2003 de la Communauté française concernant l’action associative dans le champ de l’éducation permanente ;

–  le décret de la Communauté française de 2009 relatif aux actions en matière d’alphabétisation et d’insertion dans l’enseignement de promotion sociale ;

–  le décret de 2004 de la Région wallonne visant à promouvoir la formation et l’insertion socioprofessionnelle des demandeurs d’emploi ;

–  le décret de 1996 (modifié par le décret de 2009) visant à favoriser l’intégration des personnes étrangères ou d’origine étrangère ;

–  …

Pour ce qui concerne plus particulièrement notre institution, il convient essentiellement de se baser sur le décret de 2004 qui vise à soutenir des initiatives en faveur du vivre ensemble en partenariat avec les communes et les associations locales actives dans les quartiers fragilisés de la Région bruxelloise et sur le décret de 2009 créant un centre régional pour le développement de l’alphabétisation et l’apprentissage du français. Relevons que ce rôle est exercé par l’association « Lire et écrire ». L’alphabétisation fait, de surcroît, partie des priorités pour les contrats quinquennaux 2011-2015.

Au niveau des nouvelles priorités identifiées dans le cadre de la cohésion sociale, pourriez-vous présenter son impact au niveau de l’offre de formation ? Quels sont les moyens supplémentaires qui ont été affectés à cette politique ? Combien d’associations cela concerne-t-il ?

Par ailleurs, parmi les missions dévolues au nouveau « Centre régional pour le développement de l’alphabétisation et de l’apprentissage du français pour adultes », je souhaiterais plus particulièrement évoquer la mission 2, « coordonner sur le territoire de la Région de Bruxelles-Capitale les dispositifs d’alphabétisation pour adultes francophones et d’alphabétisation et d’apprentissage du français pour les adultes non francophones et apporter, à la demande de ses partenaires, son expertise méthodologique et pédagogique en cette matière. »

Dans ce cadre, il est notamment prévu que le centre organise au moins une fois par an une rencontre de réflexion et d’information destinée aux acteurs du secteur. Il est aussi demandé que des groupes thématiques ou transversaux soient mis en place.

Pourriez-vous préciser quels ont été les résultats concrets des premières rencontres ? Quels sont les groupes de travail thématiques ou transversaux qui ont été mis en place ? Ces groupes sont-ils constitués en collaboration avec les acteurs de la Région wallonne et de la Communauté française ? Quels sont les premiers résultats engendrés ?

Enfin, une analyse du parcours des personnes suivants des formations d’alphabétisation existe-t-elle ? Que deviennent ces personnes à court, moyen et long terme ? Réintègrent-elles des formations ?

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