Promotion de l’instruction des enfants en famille et repli religieux

Interpellation jointe à celle de Mme Marion Lemesre adressée à M. Charles Picqué, concernant la promotion de l’instruction des enfants en famille dans un but de repli social, communautaire et religieux – 1er mars 2013. La réponse est disponible ici.

Une association incite les familles musulmanes à ne pas mettre leurs gosses dans les écoles publiques qualifiées de « mécréants ».

Et de rajouter que ces écoles dans un pays de mécréance ont des effets néfastes sur l’éducation de nos enfants.  Et  que c’est pervertir que d’apprendre aux enfants le chant, la danse, l’art plastique et bien d’autres choses qu’Allah n’agrée pas.

Nous sommes au cœur même du défi de la cohésion sociale, un des enjeux majeurs de Bruxelles.  Une cohésion sociale mise à mal. Depuis quelques années, on assiste à des replis communautaires quels qu’ils soient. Que ce soit dans les quartiers et milieux aisés ou pauvres, les beaux quartiers ou les quartiers précarisés.  Que ce soit au niveau des populations d’origine plurielle ou des belgo-belges.

Dans le cas qui nous occupe, il s’agit d’un repli identitaire, de la montée de revendication de particularismes religieux, du mépris de la loi collective.


Au cœur de nos quartiers, on assiste à la prolifération de centres culturels, islamiques, de lieux de prières, mosquées où des chefs religieux  autoproclamés se donnent comme mission de redonner aux jeunes en quête de repères une identité religieuse.

Si certains témoignent de respect de valeurs démocratiques, d’autres témoignent d’une intolérance fondamentale en prêchant l’obscurantisme et le sexisme, tiennent des discours qui n’ont rien à voir avec nos valeurs démocratiques.


Ils utilisent les rancœurs et ressentiments pour rejeter en bloc l’Occident et asphyxier toute démocratie, tout progrès et toute liberté qui serait son produit ?  Aujourd’hui, certains citoyens, qu’ils soient d’origine étrangère ou belges de souche, sont séduits par une idéologie rétrograde et fanatique. Ce n’est pas d’intégration qu’il s’agit mais de désintégration.


Monsieur le Ministre, vous le savez,  les murs érigés par des idées intégristes, totalitaires, fascistes, menacent nos droits, instrumentalisent nos différences et notre diversité pour instaurer une stratégie de conflit.

Ces murs-là ne tomberont pas si l’on adopte une stratégie démissionnaire du type « tout le monde il est beau tout le monde il est gentil, et ne parlons pas de ce qui fâche. »

Car ce qui détruit le lien social, ce ne sont pas seulement les destructeurs, mais aussi les passifs et les relativistes.

Dans ce contexte, les  études restent le lieu de l’émancipation.

Aujourd’hui, hélas, certains tentent de soustraire les jeunes la possibilité de s’intégrer dans les valeurs universelles de citoyenneté et de mixité. Au non d’une lecture de l’islam qui n’a rien à voir avec  l’humanisme musulman, on sépare les filles et les garçons depuis le plus jeune âge, on réaménage le contenu des cours et les activités, on réduit les filles à des marqueurs identitaires et j’en passe…

L’école n’est pas le lieu des passions religieuses, c’est le lieu de l’émancipation, de la remise en question des idées reçues. Pas celui de l’endoctrinement.  Comment peut-on mieux vivre ensemble si dès le plus jeune âge,  si on empêche la liberté de penser, de se déterminer, si on les plonge dans un bain idéologique fait d’amalgames et de rejets unilatéraux.

C’est pour cela que nous devons mettre l’accent sur l’éducation et la sensibilisation.

Nous ne pouvons abandonner ces enfants à un enfermement physique et mental,  justifié par le respect des religions dont les contours sont dessinés par des fondamentalistes. Le vivre ensemble ne peut se construire que si les mêmes droits et devoirs s’appliquent à tous sans exclusive.

Le vivre ensemble doit commencer dès le plus jeune âge à l’école, par la déconstruction des idées reçues, la libération de la parole, la remise en question des préjugés et des dogmes, la connaissance et le respect des droits et des devoirs fondamentaux.

Alors, quand une association tient de tels propos, on se doit d’agir.

Car elle est l’étendard d’un fanatisme qui instrumentalise la religion musulmane mais qui n’a rien à voir avec elle.

En Belgique, les pétrodollars financent des écoles où on enseigne une version radicale de la religion islamique.

Ces intégristes renforcent l’extrême droite dans son idéologie xénophobe. Les extrémismes, même en guerre, les uns contre les autres, se renforcent mutuellement.

Nous devons  être attentifs au risque pernicieux d’une dérive vers une société fractionnée où les individus évoluent dans des communautés distinctes, une société où coexisteront des communautés aux droits et devoirs différenciés, reliées entre elles par une méconnaissance mutuelle, la peur, le rejet, voire le mépris.

Ici, quant ils évoquent  l’enseignement à domicile, on détourne l’esprit de la loi. L’enseignement à domicile ne peut prôner des valeurs « manifestement incompatibles avec la Convention de sauvegarde des droits de l’homme et des libertés fondamentales». Les propos relayés par l’ASBL ne vont évidemment pas dans ce sens.

Je vous interpelle en tant que Ministre de la cohésion sociale.

Depuis plusieurs années, malgré la mise en œuvre des projets de cohésion sociale, certains quartiers ont continué à se dégrader.

Sans dénier des actions positives, quels bilans tirons-nous de ces politiques ?

L’année 2010 a été consacrée à la redéfinition des priorités en matière de cohésion sociale.

Trois priorités ont ainsi été reconnues par le Collège :

– l’alphabétisation et l’apprentissage du français pour adultes peu ou non scolarisés;

– l’accueil et l’accompagnement des primo-arrivants.

J’aimerais vous entendre sur les actions menées dans le domaine du soutien et l’accompagnement scolaire. J’aimerais vous entendre sur le dernier point.

Dans le cadre des priorités de la cohésion sociale, quelles  sont les initiatives pour lutter contre les replis communautaires néfastes et les radicalisations ?








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