Alphabétisation des adultes

Parlement francophone bruxellois

Interpellation de Fatoumata SIDIBE, députée FDF, à Rudy VERVOORT, Ministre chargé de la Cohésion sociale – 7 juin 2013. La réponse est disponible ici.

Concerne : l’alphabétisation des adultes

J’ai régulièrement interpellé votre prédécesseur sur l’état des lieux de l’alphabétisation dans notre région. L’analphabétisme est une réalité dans notre pays et au vu  de la sociologie, en région bruxelloise, il s’agit là d’un défi majeur, essentiel, fondamental d’émancipation sociale, de progrès économique, de cohésion sociale.


Il est communément admis que l’on compte, sur notre territoire, 10% de personnes analphabètes, à savoir de personnes adultes ne maîtrisant dans aucune langue l’écriture ou la lecture ou, plus largement, les compétences de base correspondant au certificat d’étude de base.


Or, on le sait, l’alphabétisation est le fondement sur lequel s’édifie l’apprentissage global, inclusif et intégré tout au long et dans tous les aspects de la vie, pour tous les jeunes et tous les adultes.


En l’absence d’enquête systématique sur l’alphabétisation ou le niveau de maîtrise des compétences de base, il est difficile d’évaluer si l’alphabétisation évolue positivement o non dans notre région.


Une première interrogation, et non des moindres, émerge toutefois lorsque l’on évoque le nombre de personnes analphabètes sur le territoire de Bruxelles.


–    Quelles sont les données statistiques les plus récentes pour ce qui concerne le nombre de personnes analphabètes sur le territoire de la Région bruxelloise ?

–    Où en, est la base de données relative à l’alphabétisation qui devait être alimentée par un formulaire informatisé collectant les informations auprès des opérateurs d’alphabétisation et des administrations partenaires ?

–    Qu’en est-il de la transposition, annoncée par votre prédécesseur, de l’enquête « Information et vie quotidienne » qui avait été menée en France ?


L’offre  d’alphabétisation en Région bruxelloise est aussi très diversifiée et dépend de nombreuses sources de subsides. On retrouve en effet des établissements d’enseignement de promotion sociale, des opérateurs d’insertion socioprofessionnelle, des associations d’éducation permanente, des associations relevant de la cohésion sociale, des organismes culturels dépendant ou non de pouvoirs locaux et des structures dépendant des pouvoirs locaux comme les CPAS ou d’autres services communaux.

Au total, cela représente près de 200 lieux de formation !


Depuis 2010, l’asbl « Lire et écrire Bruxelles » est reconnue comme centre régional pour le développement de l’alphabétisation.


A cet égard, un comité d’accompagnement chargé d’assurer un suivi et un dialogue permanent avec le centre sur base des missions qui lui ont été assignées a été instauré au niveau de la Cocof.


–    Qu’en est-t-il du suivi du centre régional pour le développement de l’alphabétisation ?

–    Des enseignements ont-ils déjà été retirés par le comité d’accompagnement ? Si oui, lesquels ?

–    Quelles sont les synergies qui sont mises en place avec les autres entités francophones qui organisent également des modules d’apprentissage ?


La formation des formateurs et le suivi de ceux-ci sont également des éléments essentiels.  A l’heure actuelle, il n’existe pas d’exigence particulière pour les formateurs actifs dans des associations qui ne font pas partie du réseau Lire et Ecrire. Ceux-ci sont toutefois « invités » à suivre des formations de formateurs organisées par Lire et écrire. Par ailleurs, sur le site du CERIA, il existe baccalauréat de formateur en alphabétisation qui est accessible aux personnes titulaires d’un diplôme de l’enseignement secondaire supérieur.


–    Concernant la formation, combien de personnes ont suivi la formation organisée sur le site du CERIA en 2012 ?

–    Combien de formateurs ont suivis la formation organisée par l’asbl Lire et écrire ? Combien de formateurs ne disposent, l’heure actuelle, d’aucune formation spécifique ?


–    Etant donné qu’il y a en moyenne un délai d’attente de 7 à 8 mois  pour bénéficier du Service Alpha-Emploi de Lire et Ecrire Bruxelles, quelles sont les mesures envisagées pour renforcer l’offre de formation ?


–    La création d’autres Service Alpha-Emploi est-elle à l’ordre du jour ?


–    Pourriez-vous nous dresser un panorama de l’offre ISP-Alpha ? Combien de stagiaires sont actuellement inscrits dans un parcours d’insertion professionnelle ?


J’aimerais savoir si une réflexion est en cours concernant un parcours de formation en ISP qui se base sur d’autres critères que ceux uniques des compétences linguistiques ?


En effet, certains  stagiaires ont déjà acquis des compétences et/ou une expérience de travail acquise, soit dans leur pays d’origine, soit en Belgique, et pourraient intégrer des  formations par le travail ou qualifiantes, tout en ayant la possibilité d’améliorer parallèlement leurs compétences linguistiques.


C’est très frustrant humainement et peu productif en termes d’insertion professionnelle puisqu’ils sont contraints de passer par toutes les étapes  des niveaux d’alphabétisation avant de prétendre enfin à une formation qui leur ouvrirait les portes du monde de l’emploi.


–    Quelles sont les mesures prévues en termes de passerelles entre l’alphabétisation et la formation qualifiante ?


Ce n’est pas parce ce qu’on ne sait ni lire ni écrire ou qu’on ne maîtrise pas le français qu’on ne dispose pas de compétences.


–    Où en est validation des compétences provenant de l’expérience du travail (sans passer par l’écrit) ?


–    Une analyse du parcours des personnes suivant des formations d’alphabétisation existe-t-elle ?


–    Que deviennent ces personnes à court, moyen et long terme ? Réintègrent-elles des formations ? Si oui, lesquelles  en général ?


–    L’activation contrainte des demandeurs d’emploi a des effets pervers sur le parcours de ces personnes et sur les associations.


Je souhaiterais enfin évoquer un point particulièrement intéressant relevé dans le document publié par Lire et écrire, « la persistance de l’analphabétisme en Région de Bruxelles-Capitale ».


Il y est en effet mis en évidence que les personnes non issues de l’immigration, francophones et issues de l’enseignement obligatoire, représentent en moyenne 1,5% des apprenants bruxellois alors qu’en Région wallonne, ce même profil représente 23% du public en formation. Des expériences ont été mises en place pour remédier à cette problématique mais les résultats ne semblent toutefois pas encore très concluants.


Est-il prévu, et si oui comment, de développer une offre de formation plus intensive en Cohésion sociale pour renforcer la qualité pédagogique ?


Quelles initiatives sont menées pour attirer un plus grand nombre de personnes non issues de l’immigration, francophones et issues de l’enseignement obligatoire ? De nouvelles pistes sont-elles étudiées ? Lesquelles ?



Fatoumata SIDIBE

Mai 2013




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