Jour : 20 novembre 2017

La prostitution estudiantine et la publicité qui en est faite « #sugarbabies »

Parlement francophone bruxellois
Intervention de Fatoumata Sidibé, à Mme Céline Fremault, ministre en charge de l’Action sociale,
Concerne « la prostitution estudiantine et la publicité qui en est faite « #sugarbabies » » –  6 octobre 2017. La réponse est disponible ici.La prostitution est désormais considérée comme une violence. Elle est incluse à ce titre dans le Plan d’action national de lutte contre toutes les formes de violence basées sur le genre et dans le Plan d’action contre les violences intrafamiliales et sexistes.
Nous avons été nombreuses et nombreux à nous indigner de la campagne orchestrée par un site de rencontres qui propose aux jeunes filles de vendre leurs charmes à des hommes riches. Le slogan s’adressait directement aux étudiantes en les invitant à améliorer leur style de vie et leur quotidien en fréquentant un « sugar daddy ».
Une caravane publicitaire a circulé dans les rues de Bruxelles, sans qu’on puisse y échapper, aux abords d’une université qui est tout de même une porte vers l’émancipation. Cette campagne scandaleuse va à l’encontre de l’égalité hommes-femmes et sous-entend qu’une femme ne peut être indépendante sur le plan financier sans l’apport d’un homme et que, en tout cas, elle a besoin de se faire entretenir.
C’est inacceptable ! C’est une incitation à la prostitution et à la débauche, un appel à la marchandisation du corps, une banalisation de la prostitution, une exploitation de la détresse matérielle, affective, relationnelle et sociale des étudiants les plus vulnérables. La polémique et l’indignation ont abouti à l’introduction de plaintes par les mondes politique, associatif, universitaire et civil. Des communes ont, dans la foulée, interdit la circulation de la caravane sur leur territoire. Le Jury d’éthique publicitaire (JEP) s’est également penché sur la question.
Cette polémique met en exergue la problématique des publicités sexistes dans les médias et dans la rue, mais également les modèles qu’elles véhiculent et leurs conséquences sur les mentalités. Car en renvoyant à une image de soumission et d’infériorité ainsi qu’à des stéréotypes sexistes, ils participent à l’illégalité et à la violence. Il serait vraiment temps que les pouvoirs publics se saisissent de cette question avec force pour trouver un équilibre entre dignité de la personne humaine et liberté de création. Il faut des campagnes de sensibilisation fortes contre le sexisme, notamment à l’adresse du monde de la publicité.
Cette polémique a également mis en évidence un phénomène tabou et occulté, celui de la prostitution étudiante. Ce phénomène touche un public de plus en plus précarisé et vulnérable en raison de l’âge, des difficultés financières et sociales, de l’isolement, de la rupture des liens familiaux et sociaux ou simplement du fait qu’il est méconnu des services sociaux. Ne nous leurrons pas. Nous faisons également face à une évidence, celle de la société consumériste qui incite à la consommation effrénée et dans laquelle la fin parvient à justifier les moyens.
En réponse à une intervention de Mme Susskind il y a deux ans sur la question de la prostitution, vous disiez que les rares travaux réalisés jusqu’à alors en la matière par le docteur Renaud Maes, sociologue et chercheur à l’ULB, démontraient qu’il s’agissait bien d’une activité prostitutionnelle à part entière à laquelle un temps significatif était consacré et qui engendrait un investissement matériel et psychologique très intense, pour des rétributions qui sont dérisoires.
Nous sommes donc loin du cliché selon lequel il s’agit d’un type de prostitution qui viserait uniquement à se faire un peu d’argent de poche ou à acheter un ordinateur, un vêtement, voire à partir en vacances.

  • Avez-vous des données sur la prostitution étudiante tant féminine que masculine ?
  • Vous prévoyiez de lancer une étude sur les nouvelles formes de prostitution, telles que la prostitution étudiante. Son objectif était d’acquérir davantage de connaissances sur les sujets que j’ai déjà évoqués, de collecter, d’actualiser et d’objectiver les données. Elle devait compléter l’étude réalisée par la Région bruxelloise sur la prostitution de rue et en vitrine. Où en est-elle?
  • Qu’en est-il des campagnes de prévention ? Il est urgent de lancer de telles actions pour contrecarrer le discours sexiste ambiant. Il faut aussi informer les jeunes à propos des structures d’aide existantes pour éviter qu’ils entrent dans le cercle de la prostitution dont il est très difficile de sortir.

Etat des lieux de la mise en œuvre des recommandations émises par l’ONU pour les personnes handicapées en 2014

Parlement francophone bruxellois
Interpellation de Fatoumata Sidibé, à Mme Céline Fremault, ministre en charge de la Politique d’aide aux personnes handicapées,
Concerne : l’état des lieux de la mise en œuvre des recommandations émises par l’ONU pour les personnes handicapées en 2014″ – 6 octobre 2017.  La réponse est disponible ici.Le Conseil supérieur national des personnes handicapées (CSNPH) a récemment fait le point sur la mise en œuvre des recommandations émises par l’Organisation des Nations unies (ONU) pour les personnes handicapées en 2014.

Face au bilan peu élogieux des performances de la Belgique en la matière, le Belgian Disability Forum (BDF), une asbl qui examine les traités internationaux et leur application, a, de son côté, indiqué qu’il restait encore du pain sur la planche. Elle a également rappelé que le prochain rapport périodique de la Belgique est attendu par le CSNPH pour le 2 août 2019.
Une des faiblesses en matière de politique publique en faveur de l’intégration des personnes en situation de handicap, est l’absence de statistiques. Ce manquement était d’ailleurs relevé dans le mémorandum du CSNPH et du BDF qui constatait que les autorités belges ne disposaient pas de statistiques complètes sur le nombre et les besoins des personnes handicapées vivant en Belgique.
La répartition des compétences décidées par les réformes institutionnelles successives n’a pas créé un cadre propice en matière d’établissement et de développement d’outils statistiques cohérents. L’urgence, en 2014 déjà, était de disposer d’une base de données unique rassemblant l’ensemble des éléments du dossier. Une bonne politique requiert la prise en compte de tous les handicaps existants. Par ailleurs, des chiffres et statistiques complets sont essentiels pour élaborer une planification correcte et durable des différents aspects de la politique ou encore déterminer les budgets.
Les problèmes restent donc criants en matière d’hébergement, d’emploi, d’accessibilité et de mobilité. Pourtant, nous avons avancé en Région bruxelloise puisque nous avons adopté, sous la législature précédente, un décret relatif à l’inclusion des personnes handicapées.
Les gouvernements de la Région, de la Cocom et de la Cocof ont adopté simultanément le Handiplan qui a pour objectif de favoriser la mise en place d’une politique de handistreaming – approche intégrée de la dimension du handicap – en Région de Bruxelles-Capitale pour la législature 2014-2019. La Région bruxelloise, la Cocom et la Cocof ont dès lors signé une charte du handistreaming, qui se veut un engagement à prendre les mesures qui s’imposent pour rendre Bruxelles plus inclusive. Ce principe vise à intégrer la dimension du handicap dans l’ensemble des politiques menées à Bruxelles.
Au vu des récentes critiques émises par le secteur et par différentes associations, c’est l’occasion de faire le point sur ce dossier.

  • Quel est l’état des lieux des actions menées dans le cadre du Handiplan adopté en juillet 2015 ?
  • À l’échelle de la Commission communautaire française, on avait parlé d’un groupe de coordination composé de l’ensemble des représentants des ministres et des services de la Cocof. Où en est-on à cet égard ? En ce qui concerne les échanges bilatéraux avec des membres du gouvernement en vue de la mise en œuvre du Handiplan, quelles sont les avancées réalisées ?
  • La conférence interministérielle (CIM) du handicap s’est-elle réunie ? Si oui, à combien de reprises ? Le rapport publié dans la presse sera-t-il à l’ordre du jour de la prochaine conférence ou l’a-t-il été ? Quand sera organisée la prochaine conférence ?
  • Vos contacts avec le monde associatif sont-ils constructifs ? Sur quoi débouchent-ils ?
  • Qu’en est-il de l’accessibilité dans les communes ? Le projet d’ordonnance sera-t-il transposé dans les communes ? Si oui, lesquelles ?

 

Evaluation du parcours d’intégration obligatoire pour les primo-arrivants

Parlement francophone bruxellois
Intervention de Fatoumata Sidibé, à M. Rudi Vervoort, ministre en charge de la Cohésion sociale – 6 octobre 2017. La réponse est disponible ici.
Concerne « l’évaluation du parcours d’intégration obligatoire pour les primo-arrivants ». Je remercie mon collègue pour cette interpellation qui nous permet de faire le point sur ce dossier.
Le Parlement francophone bruxellois a adopté en 2013 un décret sur le parcours d’accueil des primo-arrivants. En avril 2017, l’Assemblée réunie de la Commission communautaire commune (Cocom) a voté un projet d’ordonnance sur le même sujet.
L’ordonnance prévoit que les primo-arrivants puissent suivre un parcours d’accueil au choix. Pour le moment, il s’agit soit de celui de la Cocof, soit de celui de la Communauté flamande. L’objectif est que la Cocom définisse à terme un cadre global pour cette obligation, et que la Cocof et la Communauté flamande soient chargées, dans un premier temps, de tracer ces parcours sur le terrain.
Cela représente un progrès, obtenu après un long marathon, qui a débouché sur un chantier que nous aurions aimé plus ambitieux, mais qui est toujours ouvert. Deux BAPA ont été agréés : l’asbl VIA, à Schaerbeek et à Molenbeek, et l’asbl BAPA BXL, sur le territoire de la Ville de Bruxelles, ouverte il y a peu.
Ce parcours très important comprend deux volets. Consacré à l’information sur le parcours, ainsi qu’à la présentation des droits et devoirs des primo-arrivants, le premier volet concerne l’accueil et le bilan social et linguistique.
Le second concerne l’accompagnement individualisé, et permet de suivre des formations linguistiques et des formations à la citoyenneté passant par l’information de base pour se retrouver dans les dédales de notre société. Les bénéficiaires reçoivent une attestation de suivi de ces volets.
Nous aurions souhaité un parcours plus ambitieux. De nombreuses associations de terrain réalisent un travail extraordinaire, et beaucoup de personnes qui ne sont pas primo-arrivantes demandent à pouvoir accéder à cet accompagnement.

  • Quel bilan dresse-t-on des BAPA ouverts ? Quelles sont les éventuelles différences notables entre les BAPA ? Qu’en est-il des chiffres de fréquentation au regard des objectifs fixés par la Cocof et par le dispositif flamand ? Quelles leçons peut-on en tirer ?
  • Qu’en est-il de la participation des femmes à ces activités ? Qu’en est-il de la traduction des sites, du côté francophone, en différentes langues ? Cette traduction me semble importante et nous sommes encore un peu à la traîne sur ce plan.
  • Il est également important que des informations complètes soient disponibles. Est-il envisagé de créer un site internet commun aux BAPA ?
  • Qu’en est-il de l’accord de coopération qui permet aux structures agréées en Cocof et en VGC de mettre en place le cadre obligatoire ? Où en est cet accord de coopération ? Quelles en sont les avancées ?Dans cet accord de coopération, il était question d’instaurer un comité de pilotage afin d’évaluer le processus au fil des mois et des années. Qu’en est-il de ce comité de pilotage et de l’évaluation ? Comment celle-ci sera-t-elle effectuée ?