Etude réalisée par l’UGent (Université de Gand) sur les intimidations à caractère sexuel.

Interpellation de Fatoumata Sidibé, Députée bruxelloise DéFI à MME BIANCA DEBAETS, SECRÉTAIRE D’ÉTAT À LA RÉGION DE BRUXELLESCAPITALE, CHARGÉE DE LA COOPÉRATION AU DÉVELOPPEMENT, DE LA SÉCURITÉ ROUTIÈRE, DE L’INFORMATIQUE RÉGIONALE ET COMMUNALE ET DE LA TRANSITION NUMÉRIQUE, DE L’ÉGALITÉ DES CHANCES ET DU BIEN-ÊTRE ANIMAL – 29 janvier 2018. La réponse est disponible.

Concerne : l’étude réalisée par l’UGent (Université de Gand) sur les intimidations à caractère sexuel.
Cette interpellation est l’occasion de faire le point sur les actions que vous menez en la matière. Au mois de janvier, nous avons appris par voie de presse que vous aviez commandé une étude à l’Université de Gand, qui a été publiée entre-temps. Selon ce qu’en relate la presse, 88% des Bruxelloises auraient déjà été victimes d’intimidation sexuelle, soit neuf femmes sur dix. Ce chiffre est énorme ! En outre, 30% des femmes en conserveraient un traumatisme.
Quelle est la méthodologie utilisée pour cette étude ? Quelles en sont les conclusions ? Celles-ci diffèrent-elles des chiffres dont nous disposions déjà ? Des accents particuliers sont-ils dégagés ? Quelles sont les nouvelles mesures que vous préconisez sur la base de ceux-ci ?
Les victimes sont encore trop peu nombreuses à oser porter plainte, par crainte d’un mauvais accueil au commissariat de police ou d’une banalisation des faits subis. Elles doivent également apporter la preuve de l’agression, ce qui n’est pas évident. De plus, l’impunité régnante est très dissuasive pour les victimes.
Nous avons pu constater avec l’affaire Weinstein et les hashtags qui ont suivi combien la parole s’était libérée, mais aussi l’écoute. Le nombre de plaintes serait en augmentation. Qu’en est-il ? L’étude que vous avez commandée porte-t-elle sur les plaintes et le suivi de celles-ci ?
Le harcèlement de rue nous rappelle constamment que la place des femmes n’est pas dans l’espace public. Cette violence est caractéristique du système patriarcal, qui cantonne les femmes dans la sphère privée et réserve aux hommes l’action dans la sphère publique et la sphère de production.
Cette violence est évidemment renforcée par le sexisme qui exclut, marginalise et tend à inférioriser la femme. Les femmes doivent conquérir l’espace public. Il est inadmissible, au 21e siècle, de devoir encore raser les murs, changer de place dans un transport en commun, contrôler sa tenue vestimentaire et limiter ses déplacements en établissant à l’avance une cartographie mentale de ceux-ci.
Un autre élément important est la tenue vestimentaire qui, contrairement à certains préjugés, ne protège absolument pas du harcèlement. Durant le mois de janvier, une exposition intitulée « Que portais-tu ce jour-là ? » a été organisée à Molenbeek, sur le modèle d’une exposition américaine tenue dans une université de l’Arkansas.
Cette exposition très éclairante détricote les préjugés selon lesquels une femme inciterait au harcèlement ou au viol en fonction de son habillement. Elle dénonce également le fait que, dans certains lieux, les victimes de viol qui désirent porter plainte s’entendent demander ce qu’elles portaient comme vêtements ce jour-là. Cette exposition intéressante montre les vêtements portés par les femmes le jour de leur viol, des tenues tout à fait ordinaires comme un tee-shirt, un jean, un vêtement de sport, un pyjama, un uniforme d’école, et même un uniforme de policière, accompagnés du commentaire suivant : « tout cela n’a servi à rien ».
Vous avez annoncé de nombreuses mesures pour lutter contre le harcèlement, dont les « femmes appâts » qui, en réalité, sont des fonctionnaires de police. Évidemment, cette appellation est maladroite et peu appropriée.  Vous dites que lorsqu’une de ces femmes fait face à un harcèlement, physique ou verbal, des mesures immédiates peuvent être prises, sans devoir passer par les plaintes habituelles. Quelles sont les mesures préconisées ?  Il serait également intéressant de savoir dans quelle mesure d’autres ministres sont concernés par votre collaboration. Je pense notamment au ministre Pascal Smet, en charge de la Mobilité, puisque les femmes sont les principales usagères des transports en commun et les principales adeptes des déplacements à pied.
J’aimerais faire le point avec vous sur votre bilan.
Concernant les « femmes appâts », quel est l’objectif fixé ? Comment la mesure est-elle planifiée ? Quelles méthodes seront-elles utilisées ? Quel est le profil de ces femmes ?
J’aimerais aussi vous entendre sur les autres mesures prises dans d’autres pays, puis abandonnées.
Vous deviez lancer, avec l’asbl Touche pas à ma pote, une application mobile contre le harcèlement de rue. Le but était de mieux identifier le problème du harcèlement et de renforcer l’intervention du public et le partage de témoignages. Qu’en est-il de ce projet ? A-t-il été lancé ? Avec quel résultat ? Si non, qu’en est-il de son lancement ?
Les campagnes sont évidemment très importantes. Vous avez lancé de nombreuses campagnes de prévention et de sensibilisation. Où en sont-elles et, surtout, se traduisent-elles par une augmentation du nombre de plaintes ?
Enfin, qui dit plainte, dit formation des policiers. Vous aviez annoncé des campagnes de formation à leur intention. Quel en est le bilan ? D’autres campagnes sont-elles prévues prochainement ?

 

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