Category: Mon travail parlementaire 2014-2019

Projet d’ordonnance visant à lutter contre les discriminations en matière d’emploi en Région de Bruxelles-Capitale

Parlement régional bruxellois
Intervention de Fatoumata Sidibé –  Projet d’ordonnance visant à lutter contre les discriminations en matière d’emploi en Région de Bruxelles-Capitale – 13 octobre 2017. 
Télécharger le projet d’ordonnance  de juillet 2017
Télécharger le rapport du
28 septembre 17
PROJET D’ORDONNANCE tendant à lutter contre certaines formes de discriminations et à promouvoir l’égalité de traitement – 7 avril 17
Projet d’ordonnance modifiant l’ordonnance du 4 septembre 2008 visant à promouvoir la diversité et à lutter contre la discrimination dans
la fonction publique régionale bruxelloise 
– 23 mai 2016

Je me réjouis profondément de ce projet d’ordonnance qui s’inscrit dans la liste des outils mis en place par la Région (lois anti-discrimination, Charte de la diversité, Plans de diversité, Label diversité, Guichet anti discrimination, …) pour lutter de manière impérieuse contre les discriminations à l’embauche pour permettre à toute personne d’accéder à un emploi correspondant à ses compétences. Certes il faut évaluer l’efficacité de ces outils mais continuer à explorer d’autres pistes.Car de nombreux citoyens sont discriminés sur la base de leur origine, leur sexe, leur âge, leur handicap, leur genre, leur orientation sexuelle, leurs croyances, etc. Au niveau européen, de nombreuses études attestent que notre pays se situe dans le peloton de tête des pays qui discriminent le plus les personnes d’origine étrangère. En outre, Bruxelles est l’une des capitales où la discrimination à l’embauche est la plus marquée.
Depuis des années, plusieurs études montrent l’ampleur du phénomène : répartition ethno stratifiée des emplois, statut des salaires… En Région bruxelloise, différentes catégories de travailleurs ou de chômeurs n’ont manifestement pas les mêmes chances statistiques d’avoir un emploi meilleur, voire même un emploi.  Selon l’origine, certaines personnes se retrouvent occupées dans des secteurs particuliers entreprises de services, intérim, horeca, soins de santé, nettoyage – tandis que d’autres rejoignent plutôt les secteurs où les salaires sont plus élevés.    La question de l’inadéquation entre l’offre et la demande est très importante, mais à qualification égale, les chances d’accès à l’emploi restent aujourd’hui encore inégales.
On ne peut pas continuer à avancer l’argument classique de l’absence de qualification eu égard à l’augmentation du nombre de diplômés universitaires tant parmi les anciennes générations, ceux qui sont nés ici et les nouveaux arrivants.
A Bruxelles, le taux d’emploi des personnes d’origine belge est de 71,0 %. Alors que celui des personnes originaires d’autres pays européens et du Proche/Moyen-Orient est en moyenne de 35 %. Et pour les personnes d’origine africaine, ce taux est de 38%. Et si le taux de chômage est de 10% pour la population bruxelloise d’origine belge… il atteint 30% pour celle d’origine maghrébine.
Oui, il est en anormal que des emplois de qualité de grade supérieur continuent à être attribués à des citoyens belges au nom à consonance belge alors que d’autres aux noms d’origine étrangère occupent des emplois subalternes ou inférieurs. Il y a aussi les discriminations à l’âge, au handicap, à l’orientation sexuelle.
Cette sous-utilisation du capital humain ne profite pas à l’économie.  Et ne participe pas à une cohésion sociale.
A maintes reprises dans le passé, j’ai vécu des situations de discriminations à l’emploi. Il m’est arrivé dans le passé d’envoyer un CV avec un nom Blanc Bleu Belge pour espérer décrocher ne serait-ce qu’un entretien. A l’époque déjà, nous étions nombreux et nombreux à procéder de la sorte. Nous ne savions pas quoi faire avec les réponses sinon pour nous rendre compte que le critère de l’origine prédominait considérablement dans les causes de difficulté d’accès à l’emploi.
Depuis que je suis dans ce parlement c’est-à-dire en 2009, je n’ai cessé d’interpeller les deux ministres précédents sur les discriminations à l’embauche.
A chaque fois, je suis revenue à la charge avec le CV anonyme, l’évaluation des plans diversités, la surveillance des réglementations en matière d’emploi, le bilan des infractions constatées dans ce cadre, les plaintes pour discrimination et guichet discriminations. Et à chaque fois, il y avait une constante dans mes questionnements : l’opportunité d’appliquer les tests de situation et le mystery shopping ou appel mystère, comme levier à activer afin de soutenir la lutte contre les discriminations sur le marché d’emploi bruxellois.
A chaque fois, nombreux sont ceux de la majorité et de l’opposition qui se sont joints pour soutenir l’opportunité d’avoir recours à cet outil. La lutte contre les discriminations est l’affaire de tous. « Seul on va plus vite. Ensemble, on va plus loin » Voilà ce que nous avons fait, majorité avec des partenaires de l’opposition. Monsieur De Lille a dit que Groen et Ecolo sont le père et la mère. Nous sommes la mère porteuse.
Il fallait des garanties juridiques sur le fait que la Région a les compétences de mettre en place des tests qui aient une valeur légale et qui soient opposables devant les tribunaux. Aucun doute sur la volonté du gouvernement qui dans son entièreté s’est engagé, dans le cadre de la déclaration de politique gouvernementale, à lutter contre toutes les formes de discriminations. C’est d’ailleurs dans ce cadre que cet engagement de lutte contre la discrimination est aujourd’hui décliné en chantiers et actions concrètes dans la Stratégie 2025, ce qui constitue un élément nouveau.
Les tests de situation sont un outil de conscientisation, de sensibilisation, de préventions, d’autorégulation car tous les employeurs ne sont pas conscients de pratiquer la discrimination. Cette ordonnance est également assortie d’un volet sanction à l’égard des employeurs.
Ces tests ne peuvent avoir un caractère provoquant ; ils ne seront pas accomplis à l’aveugle en vue de « coincer » le plus d’entreprises possibles. Ils ne seront utilisés qu’en cas de fortes présomptions de la part de l’Inspection sur un employeur ou une entreprise, si et seulement si une série d’indices préalables comme des plaintes et signalements corroborés par d’autres données établira qu’une entreprise peut être suspectée de pratiques discriminantes à l’embauche.  Les signalements seront faits auprès d’Unia, institut pour l’égalité entre les hommes et les femmes, le guichet anti discrimination d’Actiris.
L’intention de notre texte n’est pas d’infliger de sanctions directes si le test est positif, les sanctions ne viennent qu’après décision de justice ou via des amendes administratives si le dossier n’est pas instruit par l’auditorat.
En ce qui concerne les labels, l’arrêté du 7/5/2009 sur les plans et labels diversité prévoit que ceux-ci peuvent être retirés si l’employeur fait l’objet d’une condamnation pour crime ou délit en tant que personne morale ou en sa qualité d’employeur.
Ce projet d’ordonnance, est réfléchi, concerté et équilibré pour ne viser que les employeurs indélicats qui organisent de manière consciente les pratiques discriminantes. Que ceux qui n’ont rien à se reprocher dorment tranquilles ! Il faudra évaluer la mesure.
Oui, le gouvernement est déterminé à lutter contre ce fléau. Le Ministre Gosuin a effectivement hérité d’un vaste et ancien chantier qui peine à montrer ses fruits. En Belgique, il n’y a pas de statistiques ethniques. Parmi les dix mesures prises par Gosuin, pour la première fois, la mise sur pied d’un monitoring adapté au contexte bruxellois afin d’objectiver, d’évaluer la participation des personnes d’origine étrangère au marché de l’emploi. Ces tests de situation sont  un outil parmi tant d’autres. Il est légitime qu’en plus des actions, déjà menées, nous nous dotions de moyens de contrôler le respect, par les employeurs publics ou privés, de la législation anti-discrimination. A ce jour, l’ordonnance relative à la lutte contre la discrimination et à l’égalité de traitement en matière d’emploi (votée en septembre 2008) n’a mené à aucune sanction : aucune condamnation n’a été faite sur cette base. 
Ce projet d’ordonnance est donc le résultat d’une véritable concertation et d’une réelle volonté politique. Et je remercie le Ministre d’avoir porté ce projet avec prudence, ouverture  mais force, conviction et rapidité. En politique, rien de sert d’avoir raison, il faut avoir raison à temps. Le temps est venu de relever ce défi.
Et demain, selon que l’on s’appelle Kadidiatou, Ibrahim, Abdoul Karim, Mohamed, Cheick Oumar, Alassane, Fatoumata (ce sont les noms de mes frères et sœurs), il faut espérer que les préjugés des employeurs ne vous rendront pas Noirs ou Blancs. Donnons la chance à chaque citoyen et citoyenne de s’insérer dignement et durablement au sein de notre société.
Il y a un proverbe malien qui dit « Yiri Koulou mè o mè djila, a te kè bamba yé » : « Le tronc d’arbre à beau séjourner dans l’eau, il ne sera jamais un caïman ». Si on de vivre et de faire société ensemble, il faut permettre au tronc d’arbre de devenir caïman.

 

PROPOSITION DE RÉSOLUTION relative à la discrimination à l’entrée des discothèques et autres lieux de sortie

En septembre 2017, j’ai pu faire voter une résolution relative à la discrimination à l’entrée des discothèques et lieux de sortie.

Mon intervention en séance plénière du Parlement francophone bruxellois le 19 septembre 2017

C’est avec plaisir que nous avons accueilli ce projet d’ordonnance tendant à lutter contre certaines formes de discrimination et à promouvoir l’égalité de traitement.  Ce projet d’ordonnance vise à, d’une part, adapter le cadre législatif bruxellois aux directives européennes et, d’autre part, tend à répondre aux revendications du secteur luttant contre les discriminations.

Il y a un an, j’ai déposé une proposition de résolution relative à la discrimination à l’entrée des discothèques et autres lieux de sortie. Elle a été agencée en même temps que la proposition d’ordonnance. En effet la proposition de résolution demandait en son point 1, la transposition de la directive européenne 2004/113/CE du 13 décembre 2004 du Conseil mettant en œuvre le principe de l’égalité de traitement entre les femmes et les hommes dans l’accès à des biens et services et la fourniture de biens et services

La discussion générale de la proposition résolution a donc eu lieu conjointement avec la discussion générale du projet d’ordonnance

Pour commencer par le projet d’ordonnance, il vient compléter la législation anti-discrimination en matière de lutte contre les discriminations dans les biens et les services.  Son champ d’application offre non seulement une protection en termes d’accès aux biens et services, mais aussi en termes d’accès et de participation à des activités économiques, sociales, culturelles ou politiques, ainsi qu’en matière de protection et avantages sociaux dans toutes les compétences régionales.  Il ne s’agit pas seulement de biens et services rémunérés. Les biens et services non rémunérés sont inclus.

Avec dix-neuf critères protégés, le texte prévoit une meilleure protection face à 6 motifs de discriminations telles que la religion, le handicap, l’âge et l’orientation sexuelle, la discrimination directe, la discrimination indirecte, l’injonction de discriminer, le harcèlement, le harcèlement sexuel et le refus de mettre en place les aménagements raisonnables en faveur d’une personne handicapée. Est également prise en compte la protection contre les discriminations fondées sur le changement de sexe et l’identité de genre. Dans certaines situations, des actions positives temporaires seront permises.

Il est difficile d’apporter la preuve d’un acte discriminatoire. Un élément important de cette ordonnance est le renversement de la charge de la preuve. Le demandeur doit déposer des faits ou preuves qui peuvent mener à une présomption de discrimination et c’est l’inculpé qui est chargé de rejeter cette présomption. Le texte prévoit également, lors de l’introduction d’une plainte, des mesures supplémentaires pour les personnes agissant à titre de témoin, de conseiller, d’avocat ou d’assistant au profit de la personne concernée.

Le texte prévoit également qu’Unia et l’Institut pour l’Égalité des Femmes et des Hommes s’engagent à promouvoir l’égalité de traitement entre les personnes. Un chapitre pénal et un chapitre civil ont été prévus étant donné que le droit européen prévoit de mettre en place des « sanctions effectives, proportionnées et dissuasives » en cas de contravention à la législation. Grâce à la transposition de cette directive européenne, désormais, la région pénalise les discriminations dans l’accès des biens et services.

Il importe de combler les lacunes existantes, mais la secrétaire d’État n’est pas opposée à une ordonnance-cadre  à portée générale luttant contre toute forme de discrimination pour la région de Bruxelles.

Je voudrais à présent aborder la proposition de résolution relative à la discrimination à l’entrée des discothèques et autres lieux de sorties.

Je voudrais remercier les députés de la majorité pour avoir accepté de porter ce projet avec moi. Remercier également Ecolo et Groen qui se sont ajoutés à la liste des cosignataires.

A Bruxelles, des discothèques, bars, restaurants, lieux de sortie refusent encore l’entrée à certains clients en raison de leur origine, leur genre, leur âge, leur orientation sexuelle, leur situation de handicap, leurs convictions religieuses ou philosophiques. Cette proposition de résolution n’est donc pas restrictive.

Dans le rapport Unia, on relève que l’année 2016 est marquée par une augmentation de 31% du nombre de dossiers dans le domaine des biens et services. 500 dossiers de discrimination ont été ouverts dans les secteurs du logement (37%), des transports (15%), des organismes financiers (12%), des commerces (10%), de l’horeca (8%), des services sociaux et de la santé (8%).

Au niveau du racisme dans les biens et services, le principal sous-domaine pour lequel Unia est sollicité concerne le refus de location d’un bien immobilier. Suivent, dans une moindre mesure, les refus d’accès à des discothèques ou des bars.  En ce qui concerne les critères « raciaux », l’augmentation du nombre total de dossiers est de 6% par rapport à l’année 2015.  Dans le domaine des biens et services, la hausse est de 28% pour ce critère. Il s’agit essentiellement de problèmes de refus de location de logement, d’insultes dans des commerces ou encore de refus d’accès à des discothèques, cafés.

Si dans le développement de la proposition de résolution, il est beaucoup questions de critères raciaux, c’est parce ce que la prise en compte est récente et que ce type de discrimination commence à sortir de l’invisibilité.

A Bruxelles, des discothèques, bars, restaurants, lieux de sortie refusent encore l’entrée à certains clients en raison de leur origine. Il ne s’agit pas de pratiques marginales mais d’un  problème structurel par lequel certains groupes sont plus concernés que d’autres.

Les auteurs de la présente proposition de résolution entendent prendre à bras le corps la problématique de la discrimination à l’entrée des discothèques et autres lieux de sortie en Région de Bruxelles – Capitale. Nous en appelons à prendre des mesures en vue de traiter cette forme spécifique de discrimination. Bien sûr, on peut être comme on dit de souche et se faire discriminer.  Mais depuis de nombreuses années, j’entends de nombreuses personnes et particulièrement les jeunes se plaindre de refus répétés à leur encontre dans certains bars, discothèques, lieux de sortie. Ce type de discrimination commence à sortir de l’invisibilité même si cela fait des années  que des actions contre ce type de discrimination sont menées chez nous. Des tests de mise en situation ont permis de dénoncer la discrimination dans l’horeca,  discothèques et les bars dansants.

Dans différentes villes européennes, des nuits du testing ont été et sont organisées à l’entrée des boîtes de nuit. Des testeurs volontaires de différentes origines ethniques, ont tenté d’entrer en toute légalité dans des établissements de nuit. Sans surprise, ces tests ont montré que l’accès des testeurs d’origine étrangère a régulièrement été refusé. J’ai souvent l’occasion d’entendre plusieurs jeunes d’origine étrangère qui se plaignent de ces pratiques discriminatoires récurrentes. On leur refuse l’entrée puis quelques minutes plus tard, accepté des personnes de type européen et ce souvent sans motif objectif qui puisse justifier cette différence de traitement.  

« On sait quand on sort de la maison mais on ne sait pas quand et si on va nous laisser entrer dans une discothèque ». Ou encore ce jeune d’origine étrangère accompagné de deux amis de type européen qui ont pu entrer alors qu’à lui, on lui a refusé l’accès.  Ils ont dû trouver un autre endroit. Cela c’est quand il y a solidarité. Sinon les autres rentrent et vous laissent dehors. Et si vous avez la mauvaise idée de venir entre vous c’est-à-dire sans mixité, vous avez peu de chances.

Il y a toujours un excuse : « ça ne va pas être possible pour vous, c’est un club privé. Ici »,  «  Vous êtes trop nombreux « ,  » Il y a trop de monde à l’intérieur  » « Il n’y a pas de fille qui vous accompagne « .  » Vous n’êtes pas des habitués ».  Mais comment voulez-vous qu’on soit des habitués si on ne les laisse jamais entrer.

Le plus pervers, c’est que pour filtrer leur clientèle, les gérants emploient aussi des portiers d’origine étrangère chargés de sélectionner la clientèle. Soit les jeunes insistent et cela peut mal se terminer par l’arrivée de la police. Et quand celle-ci arrive, il arrive qu’ils disent « vous voyez bien qu’il n’est pas raciste. La preuve c’est qu’il est étranger comme vous ! Comme si le racisme avait une couleur ».

Mais rares sont ceux qui insistent. Ils ont l’habitude. Il leur arrive de faire des kilomètres dans la soirée avant de trouver une discothèque qui les accepte. Ils veulent bien sortir mais on ne les laisse pas entrer. La confrontation régulière aux refus et exclusions est une violence.

Ils sont à la fois résignés, désespérés et humiliés.  Et révoltés. A force de se faire virer de partout, ils finissent par ne plus sortir ou à passer les soirées entre eux. Déjà que la mixité sociale et culturelle est loin d’être un fait à Bruxelles, de telles pratiques contribuent au repli, au fractionnement, à porter atteinte à la cohésion sociale.

Les patrons, portiers savent que c’est de la discrimination. Alors concrètement les motifs pour interdire l’accès sont très flous. D’ailleurs, il ne s’agit pas d’une interdiction radicale et absolue, mais bien d’une « admission sélective ». Il s’agirait, entre autres, de restreindre le nombre de personnes de manière préventive, soit pour éviter une baisse de la fréquentation du lieu, soit par mesure de sécurité, soit pour accueillir les habitués comme il se doit étant donné qu’ils ne seraient pas en mesure de laisser entrer tout le monde. Le problème c’est que c’est souvent certains groupes ethniques qui sont recalés.

Bien que je ne sois pas une habituée des discothèques, j’ai  vécu ce genre de situation, en pleine journée. En 2013, je me suis vue refuser l’accès à un restaurant, sous prétexte que je ressemblais à une jeune femme de type mulâtre qui se livrait à la grivèlerie dans le quartier. Elle mangeait et repartait sans payer sa note.  C’est vrai que j’ai une tête à faire de la  grivèlerie ! La patronne ne voulait rien entendre à mes arguments. J’ai eu beau répéter qu’elle se trompait de personne, montré une carte de visite, elle m’a refusé l’entrée. Il a fallu que j’appelle la presse et la police pour porter plainte. Les policiers m’ont demandé plusieurs fois si je voulais vraiment le faire, si ça en valait la peine. C’est bien la preuve que ces actes ne sont pas vraiment pris au sérieux. C’est si anodin !! Ce n’est pas une infraction prioritaire.

Certes, il ne faut pas sombrer dans les dérives. Bien sûr que les portiers peuvent faire le tri, dans la pratique, en fonction de la tenue vestimentaire, du comportement, de la consommation d’alcool et de drogues, de la taille d’un groupe, etc. Oui, Ils ont le droit de poser des actions préventives de contrôle pour maintenir le calme et l’ordre. Mais il doit être question de facteurs objectivement justifiés pour refuser l’accès, par exemple le fait qu’un client a déjà causé de graves problèmes dans le passé et la probabilité que cela se reproduise à l’avenir.

Mais hélas, les limites de la loi sont souvent dépassées et on tombe dans le délit de faciès.

Trop souvent les clients et notamment les jeunes clients se résignent à accepter cette pratique discriminatoire. Les plaintes sont rares car non seulement peu de victimes connaissent leurs droits mais en plus, rares sont celles qui osent faire une déclaration. Comment fournir la preuve qu’on est discriminé ? L’intervention de la police sur les lieux du délit ainsi que le dépôt de la plainte est importante. Cependant, bon nombre de gens m’ont rapporté que quand ils appellent la police, elle rechigne à acter des faits si anodins en apparence. Ceci pose la question de la formation et de la sensibilisation spécifique des policiers, des exploitants et des portiers.   Et puis, le risque de condamnation est très faible comme le signale Unia. Et quand il y a condamnation, c’est généralement à l’égard des portiers. Il y a une responsabilité dans le chef des exploitants des établissements car ils formulent aussi des discriminatoires ou ferment les yeux sur les pratiques d’admission sélective.

Avec la proposition d’ordonnance votée, il y a un élément important : le principe du renversement de la charge de la preuve. Désormais, ce ne sera plus la victime qui devra prouver la discrimination ; ce seront les propriétaires des boîtes de nuit, des bars, etc. qui devront démontrer l’absence de discrimination.

De manière générale et dans le contexte des attentats que nous connaissons, Unia signale une hausse des signalements auprès d’UNIA pour l’année 2016 de 20%.  Il s’agit de signalements haineux contre le racisme, contre la philosophie, contre les personnes handicapées, contre les homosexuels.

Que faire ? Il faut agir. Travailler sur les mentalités, la concertation mais il faut légiférer.

Il y a de quoi s’inspirer de ce qui se passe dans d’autres villes. Chez nous déjà, à Gand, Anvers, Louvain, même si elles ne sont pas parfaites, les autorités locales mènent des initiatives pour améliorer la politique d’admission.

Prendre exemple sur la ville de Gand, qui depuis 2011, oblige les établissements horeca qui recourent à des services de portiers à installer une caméra de surveillance à l’entrée et/ou à la sortie. Il a été complété en 2013 par l’obligation pour les établissements du secteur Horeca d’afficher clairement à leurs entrées un numéro gratuit central de sms et une adresse mail en vue de signaler des cas de discrimination. Le SMS qui est ensuite transféré vers Unia. Même si Unia estime que  très peu de personnes utilisent ce numéro et que c’est difficile de traiter chaque plainte individuellement », cette mesure doit faciliter le signalement d’éventuels refus d’accès pour des raisons discriminatoires et exercer un effet dissuasif sur les établissements horeca et les portiers.

A Louvain, une autre mesure oblige les portiers à  remplir un registre de refus. Ils doivent réellement justifier pourquoi ils refusent l’accès à certaines personnes.

A Rotterdam, aux Pays-Bas, à l’entrée de presque tous les lieux de sortie, il y a système de  code-barres. Les personnes se sentant victimes de discrimination n’ont qu’à le scanner. Cela permet de repérer les établissements où il y a le plus de plaintes et de pouvoir entamer des discussions avec leurs gérants ». Aucune de ces mesures n’est parfaite mais elles ont le mérite d’exister et témoignent d’une volonté de lutter contre le phénomène.

A côté de ces mesures ‘numéro de sms gratuit, caméras de surveillance, etc., des mesures doivent  être prises. Je pense à la sensibilisation, l’information du grand public, la formation des acteurs de terrain ;

Je pense à une concertation et un dialogue direct avec Unia, le secteur horeca, les autorités locales, les zones de police, le Parquet, les portiers, les exploitants, les associations, les usagers.

Je pense à la mise en œuvre des dispositifs, d’une part, de contrôle et, d’autre part, de suivi des plaintes de ce type de discriminations, en collaboration avec le Centre interfédéral pour l’égalité des chances. De plus, les boîtes de nuit devraient mettre en place un système d’affichage clair reprenant les différentes règles à respecter pour entrer comme l’obligation de porter une chemise ou de disposer d’une carte de membre.

Je pense à des tests de situation à l’instar de ce qui va se mettre en place au niveau du logement et de l’emploi. Les tests de mise en situation se sont avérés être une méthode éprouvée pour dénoncer cette problématique.

L’installation de caméras de surveillance aux entrées de discothèques permettra en cas de plainte,  de vérifier via les caméras si la discrimination est réelle. »

Dans le futur, on pourrait même aller plus loin et instaurer une sorte de label diversité. Les établissements souhaitant lutter contre la discrimination pourraient en faire partie.

Certes, la Région ne dispose pas de la compétence de police. Il faut passer par le niveau local et communal. Il est donc important que la Région apporte soutien et conseil aux communes. Pourquoi ne pas faire un inventaire des bonnes pratiques et de le mettre à la disposition des communes.

Prévention, concertation et sanction.

Je sais, pour certains, ce genre de discrimination est mineure mais aucune discrimination n’est mineure.  Surtout quand elle touche au quotidien de nombreux citoyens. Surtout quand elle est invisible. Surtout quand elle touche à la cohésion sociale. Quand elle mène au repli sur soi. Quand elle alimente l’exclusion.  Quand elle contribue à fragmenter la société. Légiférer est aussi un moyen de travailler sur les changements de mentalités.

Avec ces deux textes, nous posons un acte de plus pour une Région plus interculturelle,  ouverte à toutes et à tous.  Il y a un beaucoup de travail en profondeur à faire pour construire une communauté de citoyens, égaux, généreuse et accueillante, où chacun aurait sa chance. Cela nécessite des efforts, une véritable relation de confiance, de tolérance, de respect mutuel, de réciprocité, de mains tendues. A nous de nous y atteler avec un pacte de solidarité, de justice sociale, de responsabilité et d’égalité. Cela fait partie d’un contrat de  citoyenneté partagée. Car vivre ensemble, c’est aussi s’amuser ensemble.

 

 

Suivi de la proposition de résolution relative aux principes de Yogyakarta

Interpellation de Fatoumata Sidibé, députée DéFI, à la Ministre de l’égalité des chances Bianca Debaets. La réponse est disponible ici.
Concerne : Suivi de la proposition de résolution relative aux principes de Yogyakarta sur l’application de la législation internationale des droits humains en matière d’orientation sexuelle et d’identité – 26 juin 2017 – La réponse est disponible ici.

Le 18 juillet dernier, notre parlement votait ma proposition de résolution. Un tout petit pas en avant pour faire avancer les droits humains de personnes, en raison de leur orientation sexuelle ou de leur identité de genre. Les principes de Yogyakarta qui visent à promouvoir l’égalité et le respect pour toutes les personnes d’identités de genres ou de préférences sexuelles différentes de celles établies par les normes sociales. Les principes de Yogyakarta constituent un code de conduite pour tout État en matière de droits des personnes LGBT. Ils permettent d’apporter une plus grande clarté et une plus grande cohérence aux obligations qui incombent aux États en matière de droits humains. Ces principes, bien que n’étant pas une norme internationale officielle, sont d’ores et déjà mentionnés par des organes de l’ONU et des tribunaux de différents pays. Cette proposition de résolution s’inscrit dans le prolongement d’autres résolutions déjà votées dans notre pays.
En Belgique aussi, les personnes transgenres sont confrontées aux violences de rue, harcèlement, agressions verbales, physiques, discriminations dans de nombreux domaines notamment de la santé et de l’emploi : licenciement, chômage élevé, harcèlement, refus d’embauche, insulte, brimade, refus d’utiliser les toilettes de leur choix, tel est le quotidien des personnes transgenres avec toutes les difficultés qui s’ensuivent et notamment en termes d’accès aux soins de santé qui nécessitent des moyens financiers. Ils sont nombreux à vivre dans la clandestinité, à ne pas afficher leur identité de genre, par peur de perdre leur emploi, à changer d’emploi à cause de la discrimination fondée sur l’identité de genre.
L’actualité nous montre combien leurs droits restent bafoués dans le monde. Rappelons que notre pays a été l’un des plus progressistes en la matière, mais qu’il y a encore beaucoup de chemin à parcourir pour faire reculer les stéréotypes de genres et l’assignation obligatoire, et parfois arbitraire, des personnes à des catégories genrées strictement binaires. Beaucoup de progrès ont été accomplis en vue de garantir les droits à l’égalité et à la non-discrimination. Cependant, les violations des droits humains des personnes en raison de leur orientation sexuelle constituent une source de préoccupation.
En Belgique, les associations ont avancé quatre priorités essentielles pour le respect des droits fondamentaux des personnes transgenres. Premièrement, dissocier intégralement la reconnaissance du genre à l’état civil et dans tout document officiel, de tout parcours psychiatrique et médical, quel qu’il soit. Les personnes transgenres doivent bénéficier d’un droit à l’autodétermination de leur identité personnelle, identité de genre comprise. C’est une condition nécessaire de leur intégration sociale. Elle implique un droit de protection de toute donnée personnelle.
Deuxièmement, elles demandent à la Belgique de se doter d’une politique claire de dépsychiatrisation et de dépathologisation des personnes transgenres. Celles-ci doivent bénéficier d’un libre accès au soutien psychologique ou aux soins qu’elles choisissent, pour éventuellement modifier leur caractère sexuel primaire ou secondaire, sans subir aucune contrainte. En particulier, l’accès aux soins choisis ne peut en aucun cas être conditionné à un visa ou à une consultation psychiatrique.
Troisièmement, ces associations estiment nécessaire de garantir la liberté d’accès aux soins librement choisis, notamment pour le praticien, ainsi que les droits du patient. L’accès aux soins choisis n’est effectif que si leur remboursement est garanti, quelles que soient les modalités pour y accéder, en toute transparence.
Enfin, les associations rappellent que leurs propositions s’attachent à garantir un traitement qui soit également conforme à la Convention internationale des droits de l’enfant pour les personnes transgenres mineures. La loi belge en vigueur depuis 2007 viole l’ensemble de ces droits et principes. En conditionnant la rectification de l’état civil à une procédure médicale qui va jusqu’à la stérilisation, elle contraint les personnes transgenres à choisir entre la mutilation et une exclusion sociale sans fin. En les enfermant dans un parcours de soins obligatoire et rigide, elle nie leur diversité et leur intégrité physique comme psychologique.
Ma proposition de résolution demandait au Gouvernement de la Région de Bruxelles-Capitale :

  • de souscrire aux principes de Yogyakarta et d’en appliquer pleinement les dispositions dans le cadre de la mise en œuvre des politiques régionales afin de mettre un terme à toute discrimination fondée sur l’orientation sexuelle et l’identité de genre ;
  • d’insister auprès du Gouvernement fédéral pour que la Belgique fasse davantage et reconnaisse officiellement et pleinement les principes de Yogyakarta en vue de l’application effective des dispositions contre la discrimination sur la base de l’orientation sexuelle et de l’identité de genre ;
  • d’appliquer activement, dans le cadre des compétences régionales, la législation anti – discrimination afin d’améliorer l’égalité et le respect des droits humains des personnes transgenres ;
  • d’améliorer la situation des personnes transgenres grâce à la mise en œuvre de la nouvelle stratégie pour l’égalité des chances, de promouvoir dans le cadre des campagnes de sensibilisations existantes la sensibilisation en rapport avec la thématique du genre auprès du grand public afin de briser les stéréotypes et d’informer les groupes cibles des canaux d’aide disponibles et de la protection de leurs droits dans le cadre des dispositions légales relatives à l’égalité entre les femmes et les hommes ;
  • de s’inscrire pleinement dans le respect des principes énoncés dans la résolution du Parlement bruxellois adoptée le 21 février 2014 relative à l’adoption d’un code de conduite en milieu urbain ;
  • de soutenir dans sa politique existante les organisations qui représentent aussi les transgenres ;
  • de reprendre l’identité de genre dans les plans de diversité menés.

Ce texte nous encourage aussi à travailler dans le champ de nos compétences régionales. Il y a eu des actes forts.

Mes questions sont les suivantes :

  • Quelles sont les données récentes concernant les discriminations dont sont victimes les LGBTI ?
  • Avez-vous des échos du fédéral concernant la modification de la loi telle que prévue dans l’accord de majorité fédéral ?
  • Concernant la Carte Mobib, le Ministre Pascal Smet avait demandé à la STIB de mettre au point une solution qui consiste à autoriser à chacun de pouvoir choisir le prénom social qu’il désire, sans devoir se justifier. Le lien est fait avec le numéro de registre national. Quel est le bilan de cette carte Mobib ?
  • Dans le champ des compétences régionales, quelles sont les avancées en la matière ?

 

 

L’état des lieux de la reconnaissance des mosquées à Bruxelles

Interpellation de Fatoumata Sidibé, Députée DéFI à Rudy Vervoort, Ministre président de la région de Bruxelles-Capitale
Concerne : L’état des lieux de la reconnaissance des mosquées à Bruxelles – Le lundi 12 juin 2017. La réponse est disponible ici.

Lors de ma dernière question écrite en 2016, je vous interrogeais sur le nombre de mosquées à Bruxelles. Les chiffres en ma possession faisaient état de 80 mosquées bruxelloises dont quatorze reconnues, soit à peine une sur six. Des dossiers de demandes de reconnaissance étaient dans l’attente d’un avis du SPF Justice. Il y a donc très peu de mosquées reconnues à Bruxelles. Vous répondiez en outre qu’aucune demande de reconnaissance d’une communauté cultuelle locale islamique n’avait fait l’objet d’un arrêté du gouvernement de refus de reconnaissance.
Par ailleurs, vous déclariez que dix dossiers attendaient l’avis du ministre de la Justice ; avis d’ailleurs non soumis à un délai de rigueur. La longueur du délai était justifiée par le cabinet du ministre de la Justice par des considérations budgétaires. En effet, le traitement du (des) imam(s) d’une mosquée reconnue incombe à l’autorité fédérale. Néanmoins, le ministre de la Justice avait annoncé avoir obtenu les budgets nécessaires pour pouvoir donner un adonner un avis quant à 80 mosquées sur le territoire belge d’ici 2019.
Malgré l’absence de reconnaissance régionale, certaines mosquées bénéficient de subsides locaux. Certaines mosquées sont financées par l’étranger ou par leurs fidèles. De nombreuses mosquées non reconnues fonctionnent sous un statut d’asbl. Il y une dizaine d’années, j’alertais sur le phénomène spécifique : les imams des caves. Des chefs religieux autoproclamés se donnent comme mission de redonner aux jeunes en quête de repères une identité religieuse. Si certains pensent sincèrement lutter ainsi contre le chaos, beaucoup de ces prédicateurs témoignent d’une intolérance fondamentale en prêchant l’obscurantisme et le sexisme. D’où la multiplication de mosquées ayant peu de rapports avec l’humanisme musulman, avec les Lumières, avec ses traditions les plus libérales, multiplication qui se fait de manière insidieuse, anarchique et sans aucun contrôle. Au contraire des mosquées non reconnues, les mosquées reconnues sont soumises à une enquête des autorités belges et peuvent bénéficier de subsides.

Qui dit reconnaissance dit aussi contrôle. En ces temps de débats autour de l’extrémisme et la radicalisation, il faut être vigilant aux alliances contre nature avec certains pays dont le financement est un facteur de la montée de l’intégrisme dans le monde. Il convient de questionner le mode de financement des mosquées par des régimes qui ne respectent pas la Convention Européenne des Droits de l’Homme et distillent des prêches à l’opposé de nos valeurs démocratiques. Même si les voies qui mènent à la radicalisation sont nombreuses et se passent aussi à l’extérieur des mosquées, dans la rue, les réseaux sociaux, etc.
Suite aux attentats, le gouvernement fédéral a adopté un plan en 18 points. Il comprend entre autres, l’exclusion des prêcheurs de haine et le démantèlement des lieux de culte non reconnus qui appellent au djihad. Le contrôle des mosquées par la police locale se voit donc encouragé.

Enfin, il m’a été rapporté qu’un avant-projet d’ordonnance relatif à la modernisation de la législation cultuelle était en cours d’élaboration. Celui-ci devrait préciser les conditions de reconnaissance des établissements cultuels locaux, et prévoit des éléments analogues à ceux implémentés en Flandre. Vous faisiez également référence à la mise en place d’un système d’enregistrement » obligatoire (distinct de la « reconnaissance ») de tous les lieux de culte.

Monsieur le Ministre-Président peut-il me faire savoir :

  1. Quel est l’état actuel d’avancement des reconnaissances des mosquées à Bruxelles ? Combien sont reconnues ? Combien sont en attente de reconnaissance ? Certaines sont-elles recalées ? si oui, pourquoi ? Est-ton en retard ou en avance par rapport à la Région wallonne et flamande ?
  2. Quelles sont les concertations avec les communes ?
  3. Qu’en est-il de l’état d’avancement du projet d’ordonnance visant à réformer la législation relative aux cultes ? Le renforcement des conditions d’agrément est-il prévu dans la réforme des cultes à venir ? Disposez-vous d’informations concernant le calendrier de la réforme ?
  4.  Qu’en est-il de l’information auprès des mosquées ? Quelles sont les collaborations avec l’exécutif des musulmans de Belgique ?

L’aide aux associations actives en matière de soutien aux femmes en situation de mariages forcés

Parlement francophone
Interpellation à Mme Céline Frémault, ministre en charge des affaires sociales.
Concerne : L’aide aux associations actives en matière de soutien aux femmes en situation de mariages forcés -Le vendredi 9 juin 2017. La réponse est disponible ici.

Je reviens vers vous avec un sujet qui me tient particulièrement à cœur et sur lequel j’ai déjà eu l’occasion de vous interroger. Afin de procéder au suivi de terrain des politiques menées j’ai récemment rencontré plusieurs associations membres du Réseau Mariage et Migration actif  dans la lutte contre le phénomène des Mariages forcés et les violences liées à l’honneur ainsi que dans la  protection et le suivi des victimes contraintes au mariage. Il me paraissait intéressant de faire un état des lieux actualisé de leurs vécus sur le terrain, leurs difficultés et leurs revendications. Le Réseau Mariage et Migration est  réseau de réflexion et d’action qui lutte contre toutes les formes de mariages – forcés, précoces, arrangés, coutumiers, thérapeutiques – pouvant priver des hommes et des femmes d’une liberté essentielle : celle de choisir leur partenaire. C’est surtout un réseau concret d’accueil, d’accompagnement, de protection et de suivi des victimes. Le Réseau  a cherché à recadrer ses activités ces dernières années afin de se recentrer sur leurs missions de base.
Ceci étant, bien évidemment, les associations m’ont relayé un certain nombre de difficultés que je souhaiterais vous soumettre afin que le gouvernement puisse s’en saisir et/ou continuer son action en cette matière, d’une manière adéquate et ciblée au regard des besoins réels.
Pour rappel, l’incrimination des mariages forcés figure bien dans notre code pénal dans la loi du 25 avril 2007 en vertu de laquelle « il n’y a pas de mariage non plus lorsque celui-ci est contracté sans le libre consentement des deux époux et que le consentement d’au moins un des époux a été donné sous la violence ou la menace ». La loi du 2 juin 2013 a augmenté les peines incriminant les mariages forcés et simulés, et a également créé une incrimination nouvelle pour la cohabitation légale forcée et simulée.

Malgré l’incrimination pénale consacrée, cette problématique reste souvent difficile à appréhender et doit l’être avec toute la prudence nécessaire en raison du danger de stigmatisation, notamment. En effet, le recours aux mariages forcés s’explique davantage par des données culturelles plutôt que par des caractéristiques raciales, ethniques ou religieuses spécifiques.

Il apparait très clairement que le secteur associatif prenant en charge les victimes de mariages forcés se trouve régulièrement confronté à des difficultés de plusieurs ordres que je me permets de vous détailler succinctement.

1. L’hébergement d’urgence

Les structures existantes sont bien souvent destinées de prime abord à un public de victimes de violences familiales et intrafamiliales. Outre la pénurie de places d’accueil, les conditions d’accès à ces établissements leurs sont dès lors régulièrement refusé ou au minimum sont tributaires de négociations ou arrangements amiables incertains qui ne font qu’augmenter l’état de stress des personnes en situation de détresse.

Vu la pénurie de place dans les structures d’accueil d’urgence à Bruxelles et pour des raisons de sécurité, les associations sont souvent contraintes à de longs déplacements dans toute la Wallonie pour espérer y trouver une place d’accueil temporaire. Il arrive qu’après une prise de rendez-vous, la maison d’accueil rechigne à héberger la victime pour plusieurs raisons :

  • soit par manque de place ;
  • soit ce que la maison d’accueil a peur des représailles quand elle se rend compte que la victime est en danger ;
  • soit parce que la victime n’a pas porté plainte ; ce à quoi les associations répondent qu’il n’y en pas et qu’il n’y en aura pas ;
  • soit parce qu’après l’entretien, la structure d’accueil se rend compte que la victime ne se sentira pas bien dans leur centre ;
  • soit parce le phénomène des mariages forcés est minimisé et mal connu.

Une piste que le réseau utilise est celui des auberges de jeunesse.

Il est d’ailleurs très interpellant voire inacceptable que l’une des solutions à ce manque de places d’hébergement d’urgence soit l’hébergement aux domiciles privés de personnes bénévoles dont des membres du Réseau.  La mise en lien avec la police est systématique.

Une demande du secteur est la création d’une structure d’accueil spécifique avec adresse secrète. Pour rappel, en octobre 2010, j’ai déposé une proposition de résolution visant à créer des structures d’accueil spécifiques pour l’accompagnement des victimes de mariages forcés, contraints ou subis. Elle avait été rejetée car jugée prématurée par rapport au tempo et à la résolution votée précédemment. Le Ministre Kir proposait de laisser le plan se poursuivre, d’avoir un moment d’évaluation et d’attendre que le secteur puisse se positionner à ce sujet.

2. L’information et le soutien de première ligne

 a) Ligne téléphonique

Une ligne téléphonique est effective depuis plusieurs années. Ce dont nous pouvons nous féliciter. Toutefois, la prise en charge des permanences n’est possible que grâce à  la coordination entre quelques associations membres du Réseau qui se partagent les plages horaires et si cela a permis l’élargissement de la plage horaire, cela rend impossible l’ouverture de la ligne les week-ends, ce qui serait pourtant une avancée considérable. Il semblerait d’ailleurs que le vendredi soit un jour où on note une augmentation des appels téléphoniques.

Cette ligne téléphonique mène à un accompagnement concret. Le travail des associations ne se limite pas aux victimes majeures. Il leur arrive également de suivre des mineures pour les préparer au départ de la famille jusqu’à ce qu’elles soient majeures. Le constat est que ces cas traités par l’aide à la jeunesse mènent à une médiation qui ne marche pas. Concernant les mineures, ce travail se fait toujours en collaboration avec la police.

b) Distribution automatique des informations dans les communes

L’on constate que beaucoup de jeunes femmes n’ont pas accès ou connaissance des structures susceptibles de les aider et accompagner. L’un des moyens évoqués serait de fournir ses informations dans les paquets d’informations fournis aux nouveaux inscrits dans les communes.

c) Publication d’un folder général d’informations

La première édition fascicule « Temps des vacances » date de plusieurs années maintenant. Les associations souhaiteraient vivement pourvoir actualiser celui-ci. Cependant les moyens financiers sont insuffisants et la réédition pourrait bien être compromise. Or, les vacances scolaires approchant, nous savons qu’il s’agit d’une période critique en termes de mariages forcée. Et les campagnes de prévention et de sensibilisation sont dès lors plus qu’essentielles.

3. Procédures de suivi et liaisons entre les associations du Réseau et les maisons d’accueil :

Les associations du Réseau ont également fait état des difficultés à obtenir des informations de suivi des jeunes femmes après leur placement en maisons d’accueil. Or, en termes de sécurité et de suivi, ces informations sont parfois capitales afin de continuer à protéger la jeune femme. En effet, et nous en revenons au caractère inadéquat de certaines structures d’accueil, certaines jeunes femmes ont été retrouvées par leur mari ou leur famille suite à des manquements dans la transmission d’informations entre les structures d’aides.

Madame la ministre, au vu des revendications précises du secteur, mes questions sont les suivantes :

  1. Une réflexion est-elle en cours concernant la création d’un lieu, sur le territoire bruxellois, d’une adresse tenue secrète destiné à l’hébergement d’urgence des victimes de mariages forcés ?
  2. En matière d’hébergement, avez-vous des exemples de bonnes pratiques dans d’autres pays européens ?
  3. Les conditions d’accueil dans les structures d’aides peuvent-elle moins contraignantes de sorte que l’absence de PV ne soit pas un obstacle ? En effet, on leur demande souvent de justifier du dépôt de plainte pour pouvoir être prise en charge. Or, dans cette problématique délicate des mariages forcés, cette exigence est fréquemment rédhibitoire pour les victimes qui sont en état de détresse, de peur et de fuite et qui ne souhaitent pas porter plainte contre leurs familles.
  4. Quelles sont vos propositions de solutions afin d’aider le Réseau à communiquer plus massivement et à leur donner les moyens d’étendre leur offre d’aide téléphonique ?
  5. Concernant les fascicules d’information, avez-vous connaissance de l’impact de campagnes d’information ? De nouvelles campagnes de sensibilisation à la problématique des mariages forcés sont-elles prévues dans les prochaines semaines ou mois ?
  6. La COCOF ne pourrait-elle pas jouer un rôle plus actif dans la centralisation des données de suivi afin de coordonner plus efficacement les actions des structures d’accueil qui prennent successivement en charge une même victime ?

 

Vie Culturelle et inclusion des personnes en situation de handicap.

 Parlement francophone bruxellois
Interpellation de Mme Fatoumata SIDIBE, Députée bruxelloise DéFI, à Mme Fadila Laanan, Ministre-Présidente, chargée du Budget, de l’Enseignement, du Transport scolaire, de l’Accueil de l’Enfance, du Sport et de la Culture et Madame Cécile Frémault, chargée de la politique d’aide aux personnes handicapées.  La réponse est disponible ici.
Concerne : Vie Culturelle et inclusion des personnes en situation de handicap.  Notre parlement a voté un projet de décret portant intégration de la dimension du handicap dans les lignes politiques de la Commission communautaire française. Le « Handistreaming » peut être défini comme la prise en compte de la dimension du handicap, de la protection et de la promotion des personnes handicapées dans toutes les lignes politiques. Ce principe repose donc sur une approche préventive, transversale et systématique.
La Convention de l’Organisation internationale des Nations unies (ONU) relative aux droits des personnes handicapées a été signée le 13 décembre 2006. Elle évoque aussi le principe de l’inclusion et prévoit, dans son article 30, que « les États parties reconnaissent le droit des personnes handicapées de participer à la vie culturelle, sur la base de l’égalité avec les autres, et prennent toutes mesures appropriées pour faire en sorte qu’elles (…) aient accès aux lieux d’activités culturelles tels que les théâtres, les musées, les cinémas, les bibliothèques et les services touristiques et, dans la mesure du possible, aux monuments et sites importants pour la culture nationale ».
L’accès à la culture est un droit fondamental. En matière d’accessibilité des personnes en situation de handicap, il faut une approche globale, transversale, qui tienne compte des spécificités de chaque handicap.
En janvier 2016, vous nous partagiez les ambitions du gouvernement sur l’accessibilité à la culture des personnes handicapées en ces termes :
« Dès 2016, les arrêtés du gouvernement francophone bruxellois octroyant des subventions pour l’organisation d’événements culturels comprendront un article particulier qui recommandera que l’événement soit rendu accessible aux personnes en situation de handicap.
Les infrastructures et événements dépendant de la Commission communautaire française – comme les théâtres – renforceront l’accessibilité de leurs bâtiments pour permettre aux personnes en situation de handicap de participer aux activités présentées. Sur la base des avis rendus par les organisations agréées par la Commission communautaire française, un plan pluriannuel d’aménagements sera présenté au gouvernement en 2017. »
Mes questions sont les suivantes :

 Quel est le bilan des actions menées par la Commission communautaire française en faveur de l’inclusion des personnes en situation de handicap dans la vie culturelle bruxelloise ? Les organisations agrées ont-elles remis leurs avis ? Le plan pluriannuel d’aménagements est-il finalisé ?

 Au niveau de l’action sociale, comment les synergies nécessaires à l’inclusion de tous sont-elles mises en place entre les associations de terrain et les institutions culturelles pour les publics en situation de handicap ?
 Quels sont les projets réalisés en matière d’aménagement des programmes culturels dans le sens d’une adaptation aux déficiences des personnes concernées ? Quel bilan en termes de fréquentation ? Quel est le bilan des infrastructures aménagées en vue de faciliter l’accès des personnes handicapées aux espaces culturels.
 Quels sont les budgets alloués ?
 En ce qui concerne les infrastructures appartenant à la Commission communautaire française, quelles sont les asbl para-Commission communautaire française qui ne sont équipées pour l’accès des personnes porteuses d’un handicap ? 
 Quelles sont les synergies avec les collectivités locales ?
 Quid du bilan de la publication du guide Bruxelles pour tous ; guide touristique du voyageur à mobilité réduite ? 
 Quels sont les actions ciblées vers les enfants en situation de handicap ?
 L’été rime avec la période des festivals. Ces lieux doivent être accessibles pour tous. Qu’est-ce qui est prévu en termes d’information et d’adaptation des lieux de festival ?  Vous aviez annoncé que vous envisagez en Région bruxelloise, la création d’un label de type Access-i, ou tout simplement étendre celui-ci davantage sur le territoire bruxellois afin de se doter d’un référent reconnu par tous au niveau des critères d’accessibilité. Qu’en est-il ?
 Les opérateurs culturels sont-ils systématiquement sensibilisés à la problématique de l’accès de l’offre et de l’infrastructure culturelle ?
 Comment cette thématique est-elle prise en compte dans le Plan Culturel pour Bruxelles ?
 Quelle collaboration avec l’ensemble des ministres dans le cadre du « Handiplan » ?

Fatoumata SIDIBE

La nouvelle campagne de promotion à destination des propriétaires en vue de sensibiliser à la mise à location de leurs biens

Interpellation de Mme Fatoumata SIDIBE, Députée bruxelloise DéFI, à Mme Céline FREMAULT, Ministre, chargée du Logement, de l’Environnement, de l’Energie et de la Qualité de vie. La réponse est disponible ici.
Concerne :    La nouvelle campagne de promotion à destination des propriétaires en vue de sensibiliser à la mise à location de leurs biens
Madame la Ministre,
Les AIS représentent un acteur important dans la mise à disposition de logements de qualité à des prix abordables grace à l’aide de la Région de Bruxelles-Capitale. C’est une formule qui permet aux propriétaires de louer leurs biens sans risque et sans souci, tout en permettant l’accès au logement à un public aux revenus modestes (gestion locative paiement des loyers chaque mois que le bien soit occupé ou non; entretien du logement, couverture des éventuels dégâts locatifs; aide à la rénovation; avantages fiscaux, etc.). En contrepartie, les propriétaires doivent cependant accepter la définition d’un loyer inférieur au prix du marché.
Quelque 4500 propriétaires ont déjà mis une maison ou un appartement en location à Bruxelles, soit quelque 10% de plus qu’un an auparavant, selon la Fédération des Agences Immobilières Sociales de la Région-capitale (FEDAIS). Le secteur est en croissance et les profils des propriétaires se diversifient (privés, investisseurs privés, personnes morales comme personnes physiques). En date du 2 mai 2017, les AIS ont lancé une nouvelle campagne de promotion à destination des propriétaires de biens situés à Bruxelles. J’ai eu à l’occasion de l’entendre à la TV et à la radio mais sans doute a-t-elle été diffusée par d’autres moyens ? La campagne était censée durer tout le mois de mai.
C’est une belle initiative pour informer et sensibiliser les propriétaires aux avantages à mettre leur bien en location via les agences immobilières sociales. Il est donc important de donner aux propriétaires le maximum d’informations cohérentes et transparentes en vue de rassurer ceux qui hésitent à franchir le pas.
Certaines AIS proposent un bail principal, d’autres un mandat de gestion. Cependant, à moins de contacter les AIS individuellement, avec parfois le risque d’obtenir des informations disparates, il me revient qu’il est difficile pour le propriétaire de faire la distinction entre ces deux formules, d’autant plus qu’il n’est pas aisé pour le propriétaire d’obtenir un modèle de contrat type de bail ou de mandat de gestion. Dès lors, il est difficile pour le propriétaire d’avoir une information claire et précise. De manière générale, les différences de régime d’une AIS à l’autre rendent la compréhension difficile.
La situation du propriétaire bailleur est en effet différente selon qu’il signe un contrat type de bail ou de mandat de gestion avec l’AIS.
De ce que j’ai cru comprendre, et vous me reprendrez dans votre réponse, alors que la fin du contrat de bail met automatiquement fin au contrat de sous location conclut entre l’AIS et le locataire.

La fin du contrat de mandat de gestion n’entraine pas la fin du contrat de location signé entre l’AIS et le locataire. En effet, le propriétaire devra garder le locataire aux mêmes conditions de location mais ne pourra pas bénéficier des garanties de l’AIS.
Cela m’amène à mes questions :

  • Ne conviendrait-il pas d’expliciter clairement sur le site de la FEDAIS ce que recouvre la signature d’un mandat de gestion ou d’un bail principal ?

Les AIS affirment fonctionner sur le principe de non-concurrence. Certaines dispensent des informations par téléphone, d’autres proposent généralement de fixer rendez-vous pour une visite avant d’avancer sur base d’une proposition. En outre, beaucoup d’AIS rechigneraient à communiquer des informations par mail.
Comment dès lors fixer un rendez-vous sans avoir obtenu le maximum d’informations ?

  • Des initiatives sont-elles prévues afin d’harmoniser les procédures des AIS ?

Concernant la durée des baux, certaines AIS proposeraient uniquement un contrat de bail de 9 ans ferme. Certaines AIS proposent des contrats de 3, 6, 9 ans.

  • Quelles sont les raisons qui amènent à proposer l’un ou l’autre de ces types de contrat ?

Il me revient que le contrat de bail peut comporter une clause stipulant pour le propriétaire l’impossibilité de mettre fin au mandat et au bail à tout moment, comme le prévoit la législation des baux, pour occupation personnelle ou par un membre au premier degré de la famille.

  • Confirmez-vous cette information ?

Il me revient qu’il arrive qu’une AIS puisse refuser de renouveler le contrat de bail d’un locataire.

  • Pourriez-vous me dire si ces cas sont nombreux ? Si oui, pour quels motifs ? Qu’advient-il du locataire ?

Certaines AIS permettent l’inscription directe. D’autres AIS n’inscrivent que les candidats locataires qui reçoivent un accompagnement social des services partenaires.

  • Pourriez-vous me lister les AIS où l’inscription est directe ?
  • En 2017, quels sont les plafonds indexés utilisés pour les loyers selon le nombre de chambres et le type de bâtiments, selon que les revenus de l’occupant excèdent ou pas le seuil d’admission du logement social ? Pourriez-vous me communiquer la grille ad hoc ?

Je vous remercie d’avance pour vos réponses.

Les logements adaptés et adaptables pour personnes en situation de handicap

Parlement bruxellois
INTERPELLATION DE MME FATOUMATA SIDIBÉ À MME CÉLINE FREMAULT, MINISTRE DU GOUVERNEMENT DE LA RÉGION DE BRUXELLES-CAPITALE, CHARGÉE DU LOGEMENT, DE LA QUALITÉ DE VIE, DE L’ENVIRONNEMENT ET DE L’ÉNERGIE. La réponse est disponible ici.
Les logements adaptés et adaptables pour personnes en situation de handicap – Le jeudi 18 mai 2017

On le sait, l’accès à un logement décent à un prix décent à Bruxelles est difficile. Concernant les personnes à mobilité réduite, la situation est également très difficile. La région bruxelloise manque de logements adaptés aux PMR.
Conformément à la déclaration de politique générale veillant à renforcer la transversalité de la politique du handicap, les Gouvernements bruxellois (Cocof – Cocom – Régional) ont adopté simultanément un «HANDIPLAN». Celui-ci a pour objectif de favoriser la mise en place d’une politique d’Handistreaming en Région de Bruxelles-Capitale pour la législature 2014-2019.  Le principe d’Handistreaming vise à intégrer la dimension « handicap » dans l’ensemble des politiques menées à Bruxelles, et ce lors de l’élaboration, de l’exécution et de l’évaluation des politiques menées, tout en soutenant l’implication et la collaboration de la société civile. Il s’attaque aux obstacles qui compromettent la participation des PMR à la vie économique, sociale et culturelle. Ce principe constitue un progrès important pour notre Région, plusieurs fois condamnée dans ce domaine. Le train est en marche. Plus de 30% de la population bruxelloise connaissent des problèmes de mobilité liés à la maladie, à l’âge, à un handicap provisoire ou définitif.  Les liste d’attente pour bénéficier d’un logement adapté aux personnes à mobilité réduite est en effet longue. La création de logements adaptés aux PMR est une urgence pour réduire ces délais et fournir une offre plus en adéquation avec la demande. Il faut également créer de structures encadrées et ce, afin de veiller à la bientraitance de ce public fragile.
La région bruxelloise se doit de mettre en place une politique d’inclusion respectueuse des droits humains. La Région bruxelloise se doit de mettre en place une politique d’inclusion respectueuse des droits humains. Plusieurs projets de logement sont en cours ou ont abouti. La presse nous apprenait d’ailleurs il y a quelques jours que la Région bruxelloise avait l’intention de créer plus de logements adaptés aux personnes handicapées. Vous avez également fait part de votre volonté d’éviter la création de structures non encadrées qui seraient source de maltraitances éventuelles à l’encontre de personnes fragiles.
Mes questions sont les suivantes :

  • Qu’en est-il de l’accueil des personnes en situation de handicap dans le logement social ? Quelle est l’avancement de cette inclusion au sein de la SLRB ?  Combien de logements sont adaptés aux PMR dans la capitale ?  Quel est le temps d’attente moyen pour un logement ?
  • Combien de personnes en situation de handicap sont en attente d’un logement ?
  • Le nouvel arrêté organisant les AIS consacre un chapitre sur les logements destinés aux personnes handicapées. Il prévoit la possibilité pour une AIS de réserver des logements destinés spécifiquement à un projet de logement pour personnes handicapées dans le cadre d’un partenariat avec un organisme agréé par la Commission communautaire française (Cocof), la Commission communautaire commune (Cocom) ou la Commission communautaire flamande (Vlaamse Gemeenschapscommissie, VGC) et qui prévoit dans son objet social une mission d’inclusion de la personne handicapée. Combien de logements pour personnes en situation de handicaps sont repris dans le parc immobilier des AIS
  • Concernant l’attribution de ces logements, il est prévu que l’AIS devra conclure une convention de coopération avec un organisme agréé et dont l’objet social comporte une mission d’inclusion de la personne handicapée.
    Qu’en est-il de l’accompagnement social des occupants par l’association partenaire ?
  • Quel est le bilan du guide Handi-Cap logement réalisé par l’asbl Accès et mobilité pour tous (AMT et destiné à sensibiliser, informer et aider les professionnels à construire et à rénover des bâtiments pour qu’ils soient adaptables, adaptés et accessibles.
  • Concernant le Fonds du logement, Il était question de pourparlers avec le centre La Clairière en vue de construire, à Watermael-Boitsfort, un immeuble comportant dix-huit chambres communautaires. Où en est ce projet ?
  • De manière générale, quel est le bilan des projets qui ont vu le jour ou en cours ?
  • Qu’en est-il des réunions mensuelles avec le Collectif accessibilité Wallonie -Bruxelles (Cawab)
  • Quels sont les avancées de la commission PMR à la Société du logement de la région bruxelloise (SLRB) ?
  • Le nouvel arrêté AIPL (Associations d’insertion par le logement) pour aider les PMR à trouver des solutions en matière de logement donne- t-il des résultats ?

Evaluation du dispositif hivernal 2016-2017 pour personnes sans abri de Bruxelles

ARCC
Interpellation de Mme Fatoumata SIDIBÉ (F) à M. Pascal SMET et Mme Céline FREMAULT.
Concernant « l’évaluation du dispositif hivernal 2016-2017 pour personnes sans abri de Bruxelles » – 3 mai 2017. La réponse est disponible ici.

Avec le printemps, on assiste à la fermeture progressive des centres ‘hébergement pour les personnes sans abri, ouverts durant le Plan hiver. Le lundi 27 mars, la fermeture graduelle des lieux d’hébergement a débuté par celle du centre de Haren qui constituait le volet fédéral du Plan hiver qui a accueilli 300 hommes seuls. Ces 300 places hivernales  s’ajoutaient aux 750 ouvertes par la Région.
Par conséquent, depuis le mois d’avril, la capacité d’accueil ne permettra plus de répondre à toutes les demandes, et la priorité sera donc déterminée par la vulnérabilité de la personne sans abri : familles avec enfants, femmes seules, hommes malades, etc.
À côté du Samu social, opérateur principal, de nombreux acteurs sont confrontés au problème du sans-abrisme: les restaurants sociaux, les maisons médicales, les associations comme Médecins du monde ou  Infirmiers de rue, le secteur de la santé et de l’action sociale, mais aussi les acteurs de premier plan que sont les communes, les CPAS et les centres d’urgence.
Le Samu social devait veiller, avec les CPAS, au bon fonctionnement du dispositif hivernal.
Il revenait au Collège réuni de fournir les moyens supplémentaires pour lui permettre d’assurer cette mission. Au-delà de la pénurie éventuelle de places d’accueil, il importait d’éviter que des sans -abris ne soient obligés de rester à la rue alors que des places d’accueil qui avaient été réservées n’étaient pas occupées.
Il y a aussi l’important travail de maraude, qui permet d’aller à la rencontre de celles et ceux qui ne sont plus  en situation de formuler une demande d’hébergement ou qui refusent de dormir dans un centre d’urgence.
Tous les indicateurs confirment une augmentation générale, au fil des ans, de la population des sans -abri et des demandes journalières d’hébergement de la part des familles, des femmes isolées ou avec enfant(s), ainsi qu’une augmentation des personnes chronicisées dans l’errance à Bruxelles et, dans cette catégorie, du nombre de femmes. Selon le Samu social, en 2015-2016, le nombre de femmes différentes hébergées a augmenté par rapport aux deux hivers précédents, plus précisément, un accroissement de 27% par rapport à l’hiver 2014- 2015. Le  Samu social insiste également sur le fait que le turn-over est plus faible pour ce public, qui tend à rester plus longtemps dans ces centres d’hébergement, et sur la question interpellante des troubles psychosociaux, qui représentent une cause majeure de rupture.
Le traitement des chiffres qui sont avancés par le Samu social révèle une hausse inquiétante du nombre de  sans-abri. On constate également une tendance importante et préoccupante, à savoir l’augmentation du nombre d’enfants en situation d’errance. Ainsi, on a pu lire dans la presse hier que 90 familles dorment pour l’instant dans les hébergements d’urgence, soit 120 enfants. C’est un phénomène très important.Je voudrais ouvrir une parenthèse par rapport à l’inauguration du centre de jour Doucheflux qui a eu lieu ce 26 avril dans son nouveau bâtiment, à Anderlecht. Il s’agit d’un projet pionnier inédit pour personnes précarisées que nous suivons depuis de nombreuses années. Il est vraiment le fruit de plus de cinq ans de mobilisation et offre effectivement des services de jour. Il est important de noter que ce lieu centralise en un  seul et même endroit, des douches, un salon-lavoir, des consignes, un guichet d’information, ainsi qu’un espace lumineux qui permettra d’organiser des rencontres, activités et formations.
Mes questions sont les suivantes:

  1. Ce projet ambitieux a pu voir le jour grâce à des bénévoles, donateurs, investisseurs, sponsors ou soutiens privés. On sait aujourd’hui que l’association a besoin également du soutien des autorités publiques afin de prendre en charge les finitions, l’équipement et d’assurer la pérennisation du centre. Je l’ai dit, depuis la fin du plan hivernal, plusieurs centaines de personnes dont de nombreux enfants et familles ont été priées de quitter les bâtiments. Mes questions  sont donc les suivantes. Quel est le bilan du Plan Hiver 2016-2017 ?
  2. Avez-vous des informations par rapport au nombre d’enfants en situation d’errance ?
  3. Quelles sont les mesures de prévention mises en place pour faire face au défi grandissant ?
  4. Vous annonciez en novembre 2016 que le bâtiment du boulevard Poincaré destiné à l’accueil hivernal serait rénové afin d’accroître de 110 places les possibilités d’accueil. Le permis a-t-il été délivré ?
  5. Quid des conteneurs, destinés aux sans-abri qui possèdent un chien qui devaient être installés dans le foyer Georges Motte pour répondre aux exigences de sécurité et ne plus devoir affronter les problèmes que l’on a connus l’année dernière ?
  6. Quel est l’état des collaborations avec le pouvoir fédéral ?

PROJET D’ORDONNANCE CONCERNANT LE PARCOURS D’ACCUEIL DES PRIMO-ARRIVANTS

ARCC
Intervention de Fatoumata Sidibé – PROJET D’ORDONNANCE CONCERNANT LE PARCOURS D’ACCUEIL DES PRIMO-ARRIVANTS – 21 avril 2017.<--break-> » src= »/sites/all/modules/wysiwyg/plugins/break/images/spacer.gif » title= »<--break-->« >  <a href=La réponse est disponible ici.  L’ordonnance est disponible ici.

Cela fait longtemps que mon groupe DéFI demande la mise en place d’un parcours d’accueil et d’accompagnement des primo-arrivants avec module d’initiation à la citoyenneté, acquisition des langues et suivi en termes d’orientation professionnelle. Quand on arrive dans un pays étranger, on apprécie d’être accueilli par des structures qui vous donnent une série d’informations pour aider à comprendre comment fonctionne la société et comment se diriger dans le dédale administratif. Il s’agit aussi de donner des bases pour connaître les droits et devoirs et comprendre les normes, principes et valeurs qui régissent notre société. La connaissance des langues ainsi que les bases de la citoyenneté sont des outils indispensables à une participation à la vie économique, sociale et politique.

C’est donc d’éducation permanente qu’il s’agit. Celle-ci offre aux citoyennes et citoyens une ouverture sur le monde, mais aussi un univers de savoirs, de réflexions, de remises en question des idées préconçues, d’émancipation et d’épanouissement. C’est un outil d’intégration, de participation, qui donne à terme les chances de s’insérer dignement et durablement au sein de notre société. Mais l’intégration ne se résume pas au parcours d’accueil : il y a l’insertion socioprofessionnelle, la question de l’accès à l’emploi, du logement, de la lutte contre les discriminations. L’intégration, c’est une main tendue dans les deux sens.

Dans le cadre de cette ordonnance, le primo-arrivant est défini comme l’étranger majeur, de moins de 65 ans, qui séjourne légalement en Belgique depuis moins de trois ans et est inscrit pour la première fois avec un titre de séjour de plus de trois mois au registre national d’une commune du territoire bilingue de Bruxelles-Capitale.

À côté de ces primo-arrivants ciblés, il faut rappeler qu’il y a ceux qui sont présents depuis peu, mais comptabilisent à peine moins de trois ans en Belgique. Nous savons également que de nombreuses personnes, belges ou d’origine étrangère, ne sont pas toujours au courant de leurs droits ou des arcanes de l’administration. Ceux qui sont installés depuis très longtemps sur le territoire devraient aussi avoir la possibilité d’être accompagnés dans leur parcours. Limiter celui-ci aux primo-arrivants serait dommageable.

Il est vrai que certaines personnes sont ici depuis longtemps dans les mêmes conditions que des primo-arrivants. Actuellement, dans les bureaux d’accueil existants, on trouve des personnes volontaires, qui ne remplissent pas toujours les conditions de l’accueil, mais qui suivent ces parcours. Il faut leur donner la possibilité de suivre ce parcours de façon volontaire, à côté des personnes qui sont obligées de le faire. La question du caractère obligatoire a fait l’objet de nombreux débats. L’obligation est une véritable main tendue et un droit. C’est ainsi que nous la concevons. Cette main tendue est saisie. En effet, sur le terrain, beaucoup d’associations témoignent du fait que les listes d’attente sont longues et qu’elles peinent donc à répondre à la demande.

Le caractère obligatoire permet à chacun d’avoir les mêmes opportunités d’accueil et d’accompagnement, mais il fait surtout sens lorsqu’on pense à la dimension du genre et à la promotion de l’égalité entre les hommes et les femmes. Sans cette obligation, ce sont les femmes qui seront discriminées, car il s’en trouvera toujours certains pour les écarter. Certaines femmes sont souvent isolées socialement. La participation à ce parcours représente pour elles une véritable bouffée d’oxygène, mais aussi l’occasion de s’inscrire dans un projet d’émancipation, de valorisation et de responsabilisation citoyenne.

Avec l’obligation, les femmes pourront se soustraire à certaines formes de contraintes auxquelles elles sont soumises dans leur milieu social, culturel ou familial. Cela pose bien sûr la question des places d’accueil pour la petite enfance dans la Région, une question épineuse qui est loin d’être résolue.

Le parcours d’accueil est un véritable outil de cohésion sociale. Nous nous réjouissons de ce parcours qui va être mis en place, même si nous aurions souhaité plus d’ambition. L’ordonnance prévoit que les primo-arrivants puissent suivre un parcours d’accueil au choix. Pour le moment, il s’agit soit du parcours d’accueil de la Cocof, soit de celui de la Communauté flamande.

L’ordonnance propose également de s’appuyer dans un premier temps sur les dispositifs existants et nombreux, tant à la Cocof qu’à la Communauté flamande. Il s’agit donc de définir un socle commun dans l’ordonnance sur les périmètres de l’obligation. Il faut être réaliste et pragmatique. En cela, il faut une concertation avec les autres entités.

C’est donc bien dans un arrêté d’exécution, mais aussi au sein de l’accord de coopération, que tout cela sera précisé. L’objectif est que la Cocom mette en oeuvre le cadre global de l’obligation et que la Cocof et la Communauté flamande soient les entités qui s’occupent dans un premier temps des parcours sur le terrain. Cela étant, le texte proposé permet également à la Cocom d’organiser, elle aussi, un bureau d’accueil dans un second temps.

La Cocom peut servir d’organe de concertation et de coordination afin de rester le plus cohérent possible.

Le positionnement de DéFI est similaire à celui qu’il observe sur l’accueil de la petite enfance : nous ne sommes pas partisans d’une politique bicommunautaire pour les matières personnalisables, mais nous nous y adaptons.

Aujourd’hui, 7.000 places d’accueil sont déjà financées, 4.000 par la Cocof, 3.000 par la Communauté flamande. Celle-ci prévoit 2.400 places supplémentaires. On pourrait donc offrir 10.000 places.

La question est celle de la suffisance. Nous savons que des besoins nouveaux risquent d’arriver : le nombre indicatif de 11.000 primo-arrivants par an est avancé.

Le bilan d’accueil dressé par les bureaux d’accueil des primo-arrivants et le Brussels Onthaalbureau voor Inburgering (BON) permettra de mieux orienter notamment vers les cours de langues. Certains en seront sans doute dispensés. Il faut aussi mutualiser les dispositifs existants. Notre Région compte un grand nombre d’opérateurs qui proposent déjà des cours de langues financés par le secteur public. Un processus de reconnaissance des cours donnés par d’autres opérateurs bruxellois doit être initié. Objectivation et partenariats sont donc indispensables.

C’est là que la sanction aura tout son sens. Mais je pense sincèrement que les personnes qui suivront ce parcours seront convaincues de sa plus-value et le percevront comme un droit. On risque de se retrouver dans des situations où certaines personnes souhaitant s’inscrire ne trouvent pas de place. Il faut une donc obligation de moyens, une cohérence et une évaluation des dispositifs.

Nous saluons donc ce projet et attendons avec impatience les arrêtés d’exécution qui mettront en place cette concertation.