Category: Presse

Belges et issus d’une minorité, nos élus sont-ils tous égaux ?

Octobre 2016, revue Regards : Belges et issus d’une minorité, nos élus sont-ils tous égaux ?
« Cet incident au sein d’une enceinte parlementaire censée incarner les valeurs et principes démocratiques n’est pas un simple dérapage ». C’est  le reflet de la régression raciste qui s’est installée dans de nombreuses sphères de notre société.  Il nous en dit long sur la manière dont les élus de la diversité sont parfois perçus : des élus pas comme les autres, qui occupent une place en quelque sorte illégitime.  On en est à la 2ème, 3ème génération et on continue à dire « retourne chez toi ». Jusque quand reste-t-on immigré ? J’ignore si les élus belges issus de l’immigration sont habitués à ce genre de dérapages mais il y a des milliers de citoyens d’origine plurielle qui sont confrontés au quotidien à la violence de cette expression. Le message donné est le suivant : « quoi que vous fassiez, vous ne serez jamais des Belges à part entière ».  Ce n’est pas ainsi qu’on va construire et faire société ensemble. D’autre part, il est bon de rappeler que plus que quiconque, les élus d’origine plurielle ont le devoir de faire vivre ici et au-delà de nos frontières les  valeurs démocratiques auxquels ils adhèrent en tant que citoyens.  La députée aurait-elle eu droit à ce genre de réflexion si elle avait été un homme ? Il y a fort à parier que non car sexisme et racisme se superposent et se renforcent. L’incident est peut-être clos mais « l’effet Meryame », qui a provoqué une onde de choc, nécessite  de montrer l’exemple et de poser des actes.  Finies les remarques sexistes et racistes sur les bancs et dans les locaux des parlements !  

 

Fatoumata Sidibé
Députée bruxelloise

Communiqué de presse du 21 juin 2016 : Pour DéFI Femmes, il faut corriger l’inégalité des femmes face à la pension !

Le mardi 21 juin 2016

La présidente de DéFI Femmes, Fatoumata Sidibé, s’inquiète de la nouvelle menace qui pèse sur la pension des femmes, cette fois-ci dans le cadre de la réforme de la pension minimum avancée par le ministre fédéral MR des Pensions.

“ Vouloir rendre la pension minimum moins accessible aux personnes qui ont travaillé à temps partiel, c’est clairement cibler les femmes puisque si  1 travailleur sur 4 travaille à temps partiel, c’est le cas de seulement 9 % des hommes et de 44 % des femmes” rappelle la présidente,  pour qui  la réforme des pensions imposée l’année dernière était déjà discriminatoire.

“Beaucoup de femmes peinent à avoir une carrière suffisamment remplie pour pouvoir accéder à une pension décente, alors allonger la carrière requise sans apporter de correctifs c’était déjà faire des femmes les premières victimes de la réforme des pensions”, rappelle Fatoumata Sidibé.

En ce qui concerne les correctifs, DéFI Femmes souhaite notamment revoir  le système de la compression en temps plein des années prestées volontairement à temps partiel pour des raisons familiales. “ Pour illustrer ce mécanisme en bref :  si une année à mi-temps est réduite à 6 mois de carrière pour le calcul de la pension, c’est fatalement plus difficile d’avoir une carrière complète !” résume la présidente.

D’autres correctifs recommandés par le Conseil d’égalité entre les hommes et les femmes permettraient de limiter le recours à la pension minimale, comme offrir la possibilité de rattraper les périodes de retrait du marché du travail pour raisons familiales par des cotisations volontaires.

“ Toutefois, le gouvernement De Wever/Michel ne veut rien entendre, et si maintenant il durcit les règles d’accès à la pension minimale, les retraitées basculeront encore plus vite dans la pauvreté” conclut Fatoumata Sidibé. 

 

Droits de l’Homme : La présidente du Sénat belge se voile la face

Communiqué de Presse, 6 mai 2016
Droits de l’Homme : La présidente du Sénat belge se voile la face

Fatoumata Sidibé, députée bruxelloise DéFI, est profondément choquée par le port du voile de la présidente du Sénat, madame Christine Defraigne, lors d’une récente visite en Iran fin avril 2016 dans le cadre d’une mission diplomatique.

Madame Defraigne, en arborant votre voile pour rencontrer le président Hassan Rohani, vous acceptez d’être instrumentalisée comme outil de propagande par le régime des Mollahs. Vous leur donnez le signal que d’abandons en accommodements, nous piétinons nos valeurs démocratiques. Souvenons-nous, en janvier 2016, lors de la visite d’Hassan Rohani à Rome, sous la houlette des intégristes islamistes, l’Italie mit un genou à terre en couvrant les statues du Capitole”, déplore la députée.

Quelle injure pour les femmes iraniennes qui luttent depuis plus de trente sept ans pour sortir de la barbarie de l’intégrisme et se libérer du joug des Mollahs“, souligne Fatoumata Sidibé.

Tout le système fonctionne sur l’oppression des femmes d’abord, de la société tout entière ensuite. La violence contre les femmes est légalisée et l’imagination intégriste ne recule devant rien pour édicter des règles liberticides dans tous les domaines de la vie : mariage, codes vestimentaires, divorce, circulation, travail, espace public, divorce,  garde des enfants, etc.
Les filles peuvent maintenant être mariées à peine âgées de neuf ans, et ce même à leur beau-père. Des agents en civil sont déployés à Téhéran pour signaler et arrêter les femmes qui ne portent pas le voile ou tout simplement pas de la manière qui leur sied. Elles sont punies de coups amendes exorbitantes et d’emprisonnements.

Faut-il le rappeler, le régime de la terreur continue en Iran. On se livre à  des violations des droits humains dont la liste fait frémir d’horreur !
Depuis l’élection présidentielle du soi-disant modéré Hassan Rohani, la situation des droits de l’homme en Iran s’est considérablement détériorée. La dictature théocratique des Mollahs continue à exporter l’intégrisme islamiste dans la région. “L’Iran a le plus grand nombre d’exécutions, parfois publiques, dans le monde par habitant. De nombreux journalistes, prisonniers d’opinions et militants des droits humains sont en prison”, regrette la députée.

Quel message adressons-nous à ces femmes et à ces hommes qui, ici, et à travers le monde risquent leur vie en luttant contre les totalitarismes religieux ?”,  s’interpelle Fatoumata Sidibé.

Nos élites ont le devoir de défendre nos valeurs démocratiques, les droits humains; ceux là même que piétinent les fondamentalistes islamistes que nous prétendons combattre et que nous adoubons parfois au  nom de nos intérêts économiques, géopolitiques ou politiques !“La Communauté internationale, les États doivent placer les droits de l’homme au dessus des intérêts économiques. Et reconnaître le rôle important des femmes dans la lutte contre l’intégrisme islamiste. Ils doivent conditionner les relations avec l’Iran à une réelle amélioration des droits humains et l’arrêt des tortures et des exécutions“, conclut la députée.

 

Personnes transgenres : Une proposition de résolution DéFI cosignée par la majorité bruxelloise

Communiqué de presse

Personnes transgenres : Une proposition de résolution DéFI cosignée par la majorité bruxelloise – Le jeudi 12 mai 2016

Après cinq ans de persévérance et au moment où se déroule Belgian Pride 2016, la députée bruxelloise DéFI, Fatoumata Sidibé, voit enfin sa proposition de résolution relative aux principes de Yogyakarta sur l’application de la législation internationale des droits humains en matière d’orientation sexuelle et d’identité de genre en voie d’aboutissement. “Elle a été cosignée par tous les partis de la majorité et arrivera bientôt en commission”, se réjouit-elle.

Cette proposition de résolution souhaite que la Région bruxelloise s’inspire des principes de Yogyakarta dans le cadre de l’élaboration et la mise en œuvre des politiques régionales. Ce faisant, elle témoignerait de la volonté politique de faire évoluer les mentalités et d’instaurer une société ouverte à la diversité. “Ce texte s’inscrit pleinement dans le cadre de mon engagement pour les droits humains”, rappelle Fatoumata Sidibé.

Par ailleurs, à l’occasion de la Belgian Pride 2016, six associations (Genres Pluriels, les trois coupoles associatives lesbiennes, gays, bisexuelles, trans* et intersexuées (LGBTI) du pays, Arc-en-Ciel Wallonie,çavaria et la RainbowHouse Brussels, ainsi qu’Amnesty international et la Ligue des droits de l’homme), rappellent dans un communiqué que les droits des personnes transgenres seront au cœur de la Belgian Pride2016.  

 La proposition de la députée demande au gouvernement bruxellois :

  •  de  souscrire aux principes de  Yogyakarta et d’en appliquer pleinement les dispositions dans le cadre de la mise en œuvre des politiques régionales afin de mettre un terme à toute discrimination fondée sur l’orientation  sexuelle et l’identité de genre;
  • d’insister auprès du gouvernement fédéral  pour que la  Belgique fasse davantage et reconnaisse officiellement et pleinement les principes de  Yogyakarta.

 La proposition de résolution de la députée s’inscrit également dans le cadre des six associations :
 Les personnes transgenres doivent bénéficier d’un droit à l’autodétermination de leur identité personnelle, identité de genre comprise.

  • La Région bruxelloise doit se doter d’une politique claire de dépsychiatrisation et de dépathologisation des personnes transgenres.
  • Il est nécessaire de garantir la liberté d’accès aux soins librement choisis ainsi que les droits du patient, notamment le libre choix des praticiens.
  • Il faut garantir un traitement qui soit également conforme à la convention internationale des droits de l’enfant pour les personnes transgenres mineures.

 Enfin, le parlement francophone bruxellois accueillera ce vendredi 13 mai une délégation de la Belgian Pride à 18h. “Il est grand temps que la Région bruxelloise garantissent enfin les droits fondamentaux des personnes transgenres”, conclut Fatoumata Sidibé.

 

 

Dix ans déjà ! Lettre de BELGIQUE : Ici, tout va bien.

Comment allait la Belgique il y a dix ans ? Pour répondre à cette question, Pierre Efratas et moi même adressions cette lettre au Mouvement Ni Putes Ni Soumises. Cétait en décembre 2005. Edifiant !

Lettre de BELGIQUE : Ici, tout va bien.

Salut, Sihem.
Ici, tout va bien. Tout. Pas de communautarismes, pas de violences quotidiennes contre les femmes, pas de machisme, pas d’obscurantisme, pas de fascismes, pas de relativisme, pas d’extrémismes, rien que de l’optimisme. D’ailleurs, les émeutes qui ont embrasé la France ces dernières semaines pourraient-elles toucher la Belgique ? Allons donc ! N’oublions pas que notre modèle d’urbanisme, exemplaire, se situe aux antipodes des sinistres banlieues françaises. Tout est riant, pimpant et sent le neuf et l’humain. L’intégration est telle que les quartiers populaires se trouvent parfaitement intégrés au coeur de la ville. Nous n’avons pas de Sarkozy pour tenir des discours incendiaires. Nous pouvons entièrement nous reposer sur notre politique préventive et sur les programmes sociaux mis en place depuis les émeutes de 91 à Forest, Saint-Gilles, Anderlecht et Molenbeek. Notre police de proximité, activement formée et promue, et nos éducateurs de rue, puissamment et constamment soutenus, disposent de tous les moyens pour instaurer dialogue et respect mutuels, et si vous en voyez certains qui sont un peu fatigués, nerveux, voire harassés, c’est normal, avec l’hiver qui vient. Il y a bien 15% de gens au seuil de la pauvreté, sans compter tous les autres, et des morts de froid chaque année, et aussi des jeunes pleins d’avenir qui ont trouvé du boulot dans le dialogue musclé, avec quelques accidents de travail à la clef, mais faut tout de même pas en faire du fromage, et chacun sait combien il en existe de ce côté du Quiévrain.
Non, non, Sihem : tout va bien.

Sur les violences faites aux femmes, il y a bien quelques cas aussi, mais tout de même, tu crois qu’on brûle des femmes chez nous, qu’on les vitriole à l’occasion, qu’on les frappe un peu ? N’en parlons pas trop, ça ferait un scandale. Tu penses vraiment que les mariages forcés et les crimes d’honneur sont présents sur notre territoire ? Certes, Il y a des pratiques traditionnelles et des dérives religieuses que nous trouvons barbares mais il faut être tolérants tout de même et respecter toutes les manières de vivre. Nous n’allons pas nous ingérer dans les moeurs traditionnelles et encore moins dans la vie privée d’autrui. Si certaines se font battre, si d’autres choisissent librement d’être collées à la maison, entre les gosses et la cuisine, voilées du haut en bas, surveillées dans leurs moindres déplacements par de grands frères quelque peu interventionnistes, ou embrigadées par de sympathiques patriarches musclés, il faut respecter la liberté individuelle. On est en démocratie tout de même ! Et puis, si certaines femmes ne se révoltent pas, c’est qu’elles aiment être soumises. C’est leur choix.

Des intégristes ? Allons, allons. Depuis le 11 septembre, la donne internationale a certes changé, mais ne nous affolons pas. Il y a des chefs religieux autoproclamés qui sont là pour ramener de l’ordre dans les quartiers et enseigner les règles fondamentales: les filles à l’intérieur, les garçons dehors pour surveiller et punir celles qui seraient tentées d’afficher leur féminité de façon trop voyante. Et puisque l’honneur de la famille est entre leurs cuisses et que certains garçons ont quand même parfois des problèmes avec leurs hormones de mâles en mal de pulsions, les filles n’ont qu’à accepter de faire des excursions détournées, honteuses, cachées, du côté de Cythère, avec l’épée de Damoclès par-dessus leurs têtes de pécheresses. Pas d’autre choix mais c’est leur choix et on ne veut pas le savoir.

Oui, tout va bien en Belgique. Il n’y a pas de quoi faire un foin avec la montée des intégrismes, des extrêmes droites noire, brune et verte, avec les sexismes de toutes étiologies, les amalgames guerriers de tous bords, les manifestations haineuses d’homophobie, de racismes multiples, anti Blacks, anti Blancs, anti Beurs, anti Feujs, anti Tout. Pas de quoi. Entre le Vlaams Belang à 25% en Flandre, le Front National qui monte en Wallonie et à Bruxelles, et les émules de Tariq Ramadan qui se répandent, des évangélistes sauce Bush qui commencent à pénétrer nos quartiers, des ultras qui veulent une Europe chrétienne, et des proclamateurs de choc de civilisations, non pas de quoi.

Stop !

Stop les discours autosatisfaits ou volontairement aveugles. Stop les petits conforts et les arrangements avec la réalité. Il y a urgence et tu nous pardonneras certainement le décalage quelque peu grinçant entre la réalité et les discours démissionnaires, tendance tout-le-monde-il-est-beau, tout-le-monde-il-est-gentil. Car en Belgique, comme partout en Europe, l’heure est venue de briser le silence et l’indifférence, de se mobiliser, d’agir.

Assez de passivité !
Face à la loi du silence qui règne dans nos quartiers et nos villes sur les discriminations et les violences faites aux femmes (violences intrafamiliales, physiques, verbales, polygamie, excision et infibulation, mariages forcés, crimes dits d’honneur, contraintes de la tradition, déni du corps féminin, agressions sexuelles, etc.), sur les dérives religieuses, sur le poids des traditions archaïques qui étouffent les femmes et endoctrinent les hommes, nous ne pouvons plus faire l’économie des actes.

Assez de clichés misérabilistes !
Nous voulons rendre la parole à celles et à ceux que la peur empêche de s’exprimer. Nous voulons alerter l’opinion et les pouvoirs publics pour briser l’omerta …pour que plus personne ne puisse dire demain : « on ne savait pas ! »

Assez d’abandons !
Nous ne pouvons pas, sous couvert de respect de la diversité, du différencialisme culturel et du particularisme, être par notre silence, complices de contraintes machistes qui asservissent les femmes et bafouent leurs droits les plus élémentaires.

Nous saluons le combat historique mené – et qui continue d’être mené par celles qui se sont soulevées pour défendre les droits des femmes. Mais, après plus de 50 ans de combats humanistes, l’heure de la pause n’a pas encore sonné. Il s’agit d’un nouveau combat pour toutes celles, et elles constituent une majorité, qui aspirent à un espace de liberté où exister, sans frôler les mûrs, sans se voiler l’esprit et le corps, sans être jugées par le tribunal communautaire, sans se soumettre aux lois sexistes, sans subir les violences ou les traditions qui nient leurs droits les plus élémentaires.

Assez de reculades !
Nous voulons dénoncer la régression du statut des femmes dans nos quartiers, dans nos communes, nos familles, nos écoles.

Nous avons décidé de ne plus attendre que cela aille de mal en pis. Nous avons décidé d’agir de toutes nos forces pour que la vie change pour nous, pour nos familles, pour nos quartiers.

L’heure est venue …

… pour chacune et chacun d’entre nous d’affirmer la mixité, la laïcité et l’égalité comme des valeurs incontournables de la démocratie ;

… de porter ces flambeaux, ces espaces de libertés et de tolérance dans lesquels chaque citoyenne, chaque citoyen, quels que soient son origine, son choix philosophique, son sexe, ses opinions, ses croyances, sa langue, sa culture, puissent vivre ensemble pacifiquement, dans le respect et l’égalité des droits et devoirs démocratiques ;

… de réaliser la laïcité qui préconise la liberté de conscience comme valeur, le libre – examen comme méthode, la séparation des religions et de l’Etat comme organisation, la croyance ou la non-croyance étant des choix intimes, personnels, laissé à la libre appréciation de chacun(e).

… d’entreprendre une action décidée sur le terrain. Face à une société où se multiplient les maux : replis communautaristes et/ou religieux, montée des extrêmes droites, fondamentalisme, racisme, antisémitisme, misogynie, recul inquiétant de la condition féminine, exclusion, pauvreté, délinquance, discrimination, obscurantisme, homophobie …

….d’agir ensemble !
….d’affirmer la responsabilité citoyenne, et de promouvoir la mixité sociale pour lutter contre les enfermements, les replis, les ghettos, la violence et la haine.

Alors, nous aussi, nous prenons la parole et nous vous lançons cet appel pour que dans chaque ville de Belgique, nos sœurs, nos mères, nos frères, nos amis, entendent ce cri de liberté et rejoignent notre combat pour mieux vivre dans nos quartiers.

Fatoumata SIDIBE,
Pierre EFRATAS,
Membres du Collectif Ni Putes Ni Soumises Belgique
09/12/2005

Communiqué de presse 8 mars 2016 : la rue m’appartient aussi…

Communiqué de presse
Journée internationale des Droits des femmes 8 mars 2016
Droits des femmes : la rue m’appartient aussi…

A l’occasion de la journée mondiale des droits des femmes, Fatoumata Sidibé, députée bruxelloise DéFI et présidente de l’association DéFI Femmes, attire l’attention sur la place, le respect et la sécurité des femmes dans l’espace public.

La rue m’appartient aussi !

Il y a une quarantaine d’années, les femmes  revendiquaient  la liberté de porter ou non des enfants quand et si elles le voulaient. Elles ont clamé : “ Mon corps m’appartient “. Ce droit acquis est aujourd’hui menacé et nécessite une vigilance permanente en termes de violences liées au genre, à l’égalité salariale, etc.
“Aujourd’hui, un nouveau combat s’annonce, celui du sexisme ordinaire et le droit de disposer de l’espace public”, pointe Fatoumata Sidibé.
La députée fait référence au sentiment d’insécurité qui nous envahit en traversant une rue mal éclairée ou un long couloir dans un métro. C’est le sentiment qui nous empêche de sortir le soir, de fréquenter certains lieux, qui nous interdit de jouir librement de l’espace public.

“Parce que les femmes ne veulent plus raser les murs,  parce qu’elles en ont marre d’être humiliées, insultées, harcelées, de supporter les regards ou les remarques, de  longer les murs, de limiter leurs déplacements, d’adapter leurs vêtements, de modifier leur manière de s’habiller, de changer de place dans les transports en commun, de contrôler leur attitude, d’établir à l’avance une cartographie mentale de leurs déplacements, d’éviter certains endroits et les déplacements tardifs”, précise la députée.

Elles disent non à cette violence ordinaire, ces murs invisibles qui les empêchent de jouir de l’espace public. Elles brandissent l’arme du respect. 

Elles clament : “ la rue nous appartient aussi ! “

Outre l’application de l’arsenal juridique (loi contre de 2014 contre le sexisme, sanctions administratives, etc.), “ nous demandons des réponses multidisciplinaires “, avance la députée. Une plus grande présence féminine dans la planification et la gestion, notamment en matière de mobilité par exemple.

Ou encore, réserver une place aux filles et aux femmes dans les infrastructures publiques.

Intensifier les campagnes, d’informations et de formations ciblées et via différents canaux (télévision, radios, journaux, réseaux sociaux, transports en commun, outils pédagogiques, contre les stéréotypes de genre, pour le respect.  Travailler sur l’éducation à la vie relationnelle, affective et sexuelle (Evras).

Lutter contre les publicités sexistes qui renforcent l’image dégradante de la femme en la mettant en scène comme un objet, L’utilisation de la femme-objet participe à la banalisation des diverses violences faites aux femmes.  Lancer des campagnes de publicité visant à sensibiliser les agences de publicité et de communication.

“ Nous disons la rue m’appartient aussi ! “, conclut Fatoumata Sidibé.

 

Anne-Sophie Jiménez Rueda
Porte -parole / Attachée de presse – DéFI
asjr@defi.eu
0494/33.55.03

 

 

FATOUMATA Fathy SIDIBÉ, LA FORCE DES IDENTITÉS PLURIELLES

Interview Vitrine africaine : FATOUMATA Fathy SIDIBÉ, LA FORCE DES IDENTITÉS PLURIELLES

Elle vit dans le plat pays belge depuis 35 ans. Les projecteurs sont braqués aujourd’hui sur une autre représentante de la diversité plurielle africaine présente en Belgique. Fatoumata Fathy Sidibé, femmes à plusieurs casquettes est ce que l’on pourrait appeler une femme de caractère. Et le caractère, lorsque l’on est une femme, de surcroît engagée en politique dans une société où le sexisme perdure, il faut en avoir et surtout le dévoiler. Elle n’en manque pas. Bien au contraire.

De juin 2009 à juin 2014, elle a siégé comme députée au Parlement régional bruxellois pour le groupe politique Fédéralistes Démocrates Francophones (FDF devenu DéFI)). Elle a été présidente de la Commission Affaires Sociales au Parlement Francophone Bruxellois et présidente du groupe des FDF au Parlement Francophone Bruxellois. Suite aux élections régionales du 25 mai 2014, elle siège de nouveau comme députée pour la législature 2014-2019. Elle est également auteure et artiste peintre.

Entretien avec une dame engagée aux parcours multiples, se définissant comme une femme plurielle.

INTERVIEW FATOUMATA SIDIBÉ

 

Au regard de l’actualité des derniers mois liée à l’afflux des migrations vers l’Europe, une réaction ?

Nous sommes véritablement face à une situation qui nous questionne sur la manière dont l’Europe organise et gère l’accueil des réfugiés. Il faut une répartition contraignante des candidats réfugiés politiques entre Etats membres. Au sein de mon groupe, nous avons toujours plaidé pour répartition obligatoire des réfugiés sur l’ensemble des communes. De plus en plus d’amalgames sont malheureusement rendus sur cette problématique. Si l’Europe accueille un flot important de réfugiés, il est bon de rappeler que, selon l’UNHCR, en 2014, 86 % des réfugiés dans le monde se trouvent dans des pays en développement ! Il faut cesser de jouer sur les peurs et les amalgames. Les motifs pour quitter son pays sont multiples, nombreux sont ceux qui fuient face à la guerre ou aux persécutions. Si on accueille dignement ces nouveaux arrivants et leur donner les possibilités de s’insérer dans la vie économique et sociale, ils ne seront pas un problème mais une solution. Il faut saluer la solidarité d’un grand nombre de citoyens qui ont multiplié les initiatives en faveurs des demandeurs d’asile.

Que faut-il aux communautés africaines de Belgique pour se défendre face aux préjugés ?

La première chose à faire c’est s’organiser autour de ce qui nous uni c’est-à-dire la citoyenneté. Or, le déficit d’organisation est l’épine dans le pied de la communauté africaine depuis plusieurs décennies. Nous n’avons aucun lobby sérieux et fort pour défendre les intérêts communs. Il n’y a pas assez de forces qui convergent les unes vers les autres. Le clivage est tel qu’avant de songer à se défendre il nous faut d’abord penser à décloisonner les différentes communautés. Les politiques utilisent ce clivage et s’en servent pour nous diviser encore plus pour mieux régner.  Les extrémistes ajoutent leur couche en divisant les sociétés, créant le chaos organisé. Ainsi se créent peu à peu des communautés et non des citoyens. Au niveau politique, je suis la seule femme subsaharienne au Parlement régional bruxellois. 

Le secteur associatif ne peut-il pas servir de bouclier ?

Encore faudrait-il que les associations arrivent toutes à parler d’une même voix. Malheureusement ce secteur est aussi politisé. Le piège de tous ces organismes ? Les subsides pourtant nécessaires mais insuffisants et il faut se partager le gâteau ! Il faut reconnaître le travail, souvent bénévole, réalisé par le monde associatif qui pallie les manquements de certaines politiques d’insertion.

 

Vous avez un riche parcours personnel…

Je suis entrée en politique il y a 6 ans. Ce n’est moi qui suis allée vers la politique mais la politique qui est venue à moi. On est venu me chercher. J’ai mis un an et demi pour accepter. C’est grâce à un riche parcours personnel que j’ai effectué avant en amont qui m’y a porté. Licenciée en communication sociale et journalisme, j’ai travaillé dans le domaine de la communication, de l’édition, des relations publiques et du social.  Comme journaliste free-lance, j’ai collaboré à de nombreux magazines belges et étrangers.   J’ai été responsable de projets au Centre régional du Libre Examen de Bruxelles où, outre l’organisation de colloques et de conférences, j’ai mené des études et publications sur la problématique des femmes issues de l’immigration. J’ai collaboré également à des ouvrages collectifs concernant des enjeux de société. Je suis cofondatrice du Comité belge Ni Putes Ni Soumises dont j’ai assuré la présidence jusqu’en février 2009.  Dans ce cadre, j’ai lancé et coordonné la publication du Guide belge du respect, un outil pratique pour « construire le vivre ensemble, filles et garçons, égaux en droits et en devoirs » et du Kit du Respect, un outil d’animation pédagogique à destination des structures éducatives et associatives. 

Femmes violées en RD. Congo. Depuis 2013 vous êtes présidente de l’association des Femmes FDF (DéFI). En tant que femme, que pensez-vous de l’attitude des médias face à cette injustice ?

Silence assourdissant. C’est à grâce au docteur Mukwege, médecin-directeur de l’Hôpital de Panzi dans le Sud-Kivu, que le silence a été quelque peu été brisé. Il interpelle les dirigeants du monde et secoue les consciences pour briser le silence assourdissant de la communauté internationale et appeler à mettre fin aux atrocités sans nom commises en RD Congo. Mais rien ne bouge réellement. On tue l’Afrique, on massacre l’Afrique, Et les dirigeants africains se taisent dans toutes les langues. Ils sont aux premières loges pour rendre hommage à des morts sur d’autres cieux mais aphones quand il s’agit de se mobiliser pour le continent. C’est d’abord à nos dirigeants de se lever. Si nous savons pleurer les morts des autres, nous avons aussi besoin que le monde entier fasse une minute de silence pour ces horreurs. Ce n’est d’ailleurs pas une minute de silence qu’il faut mais une clameur géante, un concert de révolte : pour toutes les femmes violées, enlevées, mutilées, torturées, l’émigration clandestine, les naufrages des migrants, les drames de l’immigration, aux guerres qui déchirent le continent. Quant aux médias, ils participent à un climat d’indignation sélective.

Vous faites partie des nombreux exemples de réussite pour la jeune diaspora africaine…

Sans doute. Moi, j’ai fait un long mon chemin semé d’embûches. J’ai travaillé dans différents secteurs : privés, associatifs, militante. Je suis auteure, artiste peintre. Tout ce background fait désormais partie de moi, la femme plurielle que je suis aujourd’hui. La chance m’a été donnée à un moment, et j’ai su l’attraper. Vous parlez d’exemple de réussite. La diaspora africaine en Belgique compte beaucoup d’exemples de réussite dans tous les domaines : entreprenariat, innovation technologique et scientifique, enseignement, médical, etc. Il y a des milliers d’autres exemples de réussite africaine qui ne sont pas toujours mises en avant. Il faut les rendre visibles afin d’inspirer la jeunesse. Et puis, il y a une grande différence entre réussir dans la vie et réussir sa vie.

Pour terminer… DÉFI, nouveau nom de votre parti FDF

Le 13 novembre 2015 marque la date du changement officiel de nom parti. Désormais on ne nomme DéFI signifiant « Démocrate Fédéraliste Indépendant ». Le moment était venu de relever un nouveau défi, de se redéployer. Le mot essentiel et clé est « indépendant ». Pourquoi indépendant ? Nous sommes indépendants à l’égard des structures traditionnelles et ne nous situons pas dans le clivage gauche-droite. Depuis notre divorce d’avec le Mouvement Réformateur, nous avons affirmé, au-delà des questions communautaires et institutionnelles, nos spécificités au niveau socio-économique. Nous sommes des libéraux sociaux qui défendons la justice sociale, l’esprit d’entreprise, la laïcité de l’État. 

Lien internet pour en savoir davantage sur son parcours, sa biographie, ses œuvres et activités extrapolitiques : 

www.fatoumatasidibe.be

www.fathysidibepeintre.com

IL EST TEMPS DE LEVER LE VOILE SUR LA LAÏCITE DE L’ETAT !

IL EST TEMPS DE LEVER LE VOILE SUR LA LAÏCITE DE L’ETAT !
Mon opinion dans le Soir du 17 décembre 2015.
 
La récente décision de justice, qui a donné raison à trois employées voilées chez Actiris est une alarme assourdissante. Le principe de neutralité de l’Etat a montré ses milites. Il est temps pour le législateur de prendre ses responsabilités et de légiférer sur l’interdiction du port des signes convictionnels ostentatoires par les agents assumant une mission dans les services publics.
Mon voile ne m’appartient pas !
Il y a dix ans, lorsque j’ai cofondé le comité belge Ni Putes Ni soumises, nous alertions déjà sur l’omerta qui régnait dans les quartiers, la mainmise du religieux sur les destins des filles, la montée des replis communautaires, de la radicalisation, l’instrumentalisation de la religion à des fins politiques. Nous alertions sur la prolifération de l’Islam des caves par des autoproclamés procurateurs de dieu, parfois téléguidés de l’étranger pour propager un Islam archaïque, obscurantiste, contraire à notre Etat de droit. Les fanatiques et la manne des pétrodollars ont trouvé un terreau fertile à la propagation de leur message. La prolifération du voile a été le signe visible de la transformation de la société et de son fractionnement. Qu’il soit porté par choix personnel, sentiment religieux, tradition, marquage identitaire ou par mode, il n’en demeure pas moins que ce voile est aujourd’hui sacralisé par des intégristes musulmans qui en ont fait un symbole politico-idéologique. On ne peut pas combattre l’extrémisme religieux tout en étant complaisant sur la question du voile dans la sphère de l’Etat.
Que celles qui disent que c’est leur choix pensent à toutes celles dont ce n’est pas le choix !
Je pense à ces femmes que je rencontre. Khadija porte le voile mais l’enlève en cachette. Jusqu’au jour où elle est prise en flagrant délit par son frère, gardien de l’honneur de la famille. Aminé est pharmacienne. Plusieurs personnes sont venues la mettre en garde ; « elle n’aurait pas de clients tant qu’elle ne porterait pas le voile ! ». Djemila a 10 ans. Sa mère la voile en dehors de l’école. Son argument : « quand elle sera grande, elle sera habituée et ne pourra plus s’en passer ». Rachida, elle s’est entendue dire dans une boucherie « Je ne sers pas les femmes impures ! ». Lasse d’être traitée de pute, Salimata a voulu porter plainte mais s’est entendu dire « Pourquoi vous ne le portez pas, ce voile, pour avoir la paix ?».
Pour de nombreuses citoyennes, le voile est devenu synonyme de pressions, de harcèlement, de régression de leur statut. Pour être respectée, il faut porter le voile.
Selon certains, c’est un outil d’émancipation qui permet d’avoir accès à la formation, à l’emploi, aux loisirs. Est-ce une liberté que d’accepter un enfermement pour en fuir un autre ? Il y a certes des discriminations en matière d’emploi et elles doivent être combattues mais arguer que l’interdiction menace l’accès des femmes au marché du travail, c’est faire preuve de mauvaise foi ! C’est l’injonction de porter le voile, donnée par un courant obscurantiste, qui est discriminante. Le port du voile participe aussi à une stratégie d’auto discrimination !
La sphère publique n’a pas à se soumettre à des prescrits religieux, déguisés sous couvert d’identité culturelle ! Un agent n’a pas à y afficher de manière ostentatoire ni ses convictions religieuses ni son athéisme. La foi est du domaine de la sphère privée. Chacun est libre ou non d’y manifester ses convictions. La citoyenneté, c’est aussi s’élever au-dessus de nos identités multiples pour définir ce qui nous est commun et nous rassemble.
Ne nous voilons pas la face, la majorité silencieuse des musulmans, premières victimes de l’intégrisme islamiste, savent que la loi civile doit passer avant les prescrits religieux, que la laïcité de l’Etat est le garant de leur liberté religieuse ! La montée de l’intégrisme islamiste et de l’extrême droite est nourrie par nos démissions collectives.
Fatoumata Sidibé
Députée bruxelloise DéFI
Auteure et artiste peintre