Jour : 8 mars 2010

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Journée internationale des droits de la femme

Les droits des femmes au cœur du parlement
Stéphanie Bocart

Mis en ligne le 08/03/2010

Parlement régional, Cocof et VGC dédient leur séance des 5 et 12 mars aux droits des femmes. Une proposition d’ordonnance est déposée.
Comme chaque année depuis 1977, le 8 mars est consacré « Journée internationale de la femme ». Et si les femmes ont vu, à force de ténacité, leur condition s’améliorer quelque peu, les acquis restent toutefois très fragiles et les avancées à concrétiser très nombreuses. Aujourd’hui encore, 70 % des femmes demeurent confrontées à la violence au cours de leur vie; l’accès aux marchés du travail et à une profession décente reste limité pour les femmes (en 2008, la population active comptait ainsi 52,6 % de femmes pour 77,5 % d’hommes); une femme sur cinq peine pour s’en sortir financièrement en Belgique;

C’est parce que les parlementaires bruxelloises, tous partis démocratiques confondus (majorité et opposition, francophones et néerlandophones), se savent « privilégiées » qu’elles ont à cœur de profiter de leur statut pour relayer au sein de leur assemblée – Cocof, VGC et parlement régional bruxellois – les combats de toutes les femmes.

Initiée sous la législature précédente (2004-2009), la « Quinzaine des femmes » consiste à dédier, ces vendredis 5 et 12 mars, les séances plénières de chaque assemblée bruxelloise à la thématique de la femme et de ses droits. « Cette Quinzaine est une opportunité récurrente pour nous, femmes et hommes parlementaires, de pointer les carences persistantes en matière d’égalité hommes-femmes et d’idientifier les combats à poursuivre », explique Céline Frémault, chef de file du CDH au parlement bruxellois et cheville ouvrière de la Quinzaine des femmes. « C’est un peu une « vigilance femmes » à travers ce parlement, même si nous ne voulons pas un rôle de gendarmettes, mais c’est un rôle nécessaire et utile », estime-t-elle. Et d’insister : « Il s’agit aussi d’associer à ce processus autant les hommes que les femmes afin qu’ils puissent s’inscrire dans cette perspective ». Mais au-delà, surtout, la Quinzaine constitue « la ligne de départ pour d’autres actions parlementaires, des initiatives législatives, des forums et des partenariats avec le secteur associatif », souligne la députée CDH.

Cette Quinzaine est le fruit de tout un travail mené en aval par les députées bruxelloises. « Depuis deux mois, nous nous sommes réunies entre nous afin de cibler les thématiques sous l’angle du genre sur lesquelles on souhaitait interpeller les ministres compétents. Dans un second temps, nous avons déposé ensemble une proposition d’ordonnance sur le genre relative à la création d’un cadre légal pour la politique de l’égalité hommes-femmes en région bruxelloise, en accord avec le secrétariat de Bruno De Lille (Groen !) (lire ci-contre) », se félicite Céline Frémault.

Que dit cette proposition ? Que chaque ministre et secrétaire d’Etat présente annuellement, à l’occasion de la discussion des notes du budget général, les actions, mesures, projets qui concourent à la promotion de l’égalité entre les hommes et les femmes; que pour chaque projet d’acte législatif et réglementaire, chaque ministre ou secrétaire d’Etat établit un rapport d’évaluation de l’impact du projet sur la situation respective des femmes et des hommes; ou encore que chaque ministre ou secrétaire d’Etat veille à ce que les statistiques que les services publics bruxellois et les organismes d’intérêt public bruxellois produisent, collectent et commandent soient ventilées par sexe.

Violences conjugales, lutte contre les mariages forcés, lutte contre la pauvreté, prévention et santé des femmes, formation, sport au féminin, mutilations génitales, les interpellations des députées brassent le plus largement possible les champs inhérents à la condition féminine.

Ainsi, « si on a une série d’avancées sur le plan formel, on est loin d’avoir gagné quoi que ce soit sur le plan culturel au niveau des représentations », s’exprime Céline Delforge, députée Ecolo. « Il y a même carrément un recul puisqu’il existe des mouvements ouvertement anti-féministes qui entendent bien renvoyer les femmes à leurs casseroles. Dans l’espace public, il convient donc au moins de combattre la publicité sexiste qui véhicule des comportements et stéréotypes d’une vision de l’homme et de la femme totalement inadmissible. Le pouvoir public doit donc aussi pouvoir à un moment donné changer la culture », défend-t-elle.

Pour Elke Van Den Brandt (Groen !), « cette initiative n’est pas un luxe, c’est une nécessité de se battre pour les femmes ». Fatiha Saïdi (PS) enchaîne : « Cette Quinzaine n’est pas le conclave des pleureuses, mais bien une façon de mettre en avant toutes les ressources que les femmes peuvent déployer, en ce compris dans des situations de précarité extrême ». Quant à Fatoumata Sidibé (MR), elle résume : « Un slogan me tient à cœur : « Dites-moi quels droits vous accordez à vos femmes et je vous dirai comment va votre démocratie ». Les femmes sont les baromètres de notre société et, partant, sont un indicateur à suivre à la trace ».

Violence contre les femmes : la campagne du Parlement européen

8 mars 2010 : Nouvelle campagne du Parlement Européen contre les violences faites aux femmes

La violence à l’égard des femmes doit être considérée comme une violation des droits de l’homme, et notamment du droit à la vie, à la sécurité, à la dignité et à l’intégrité physique et morale.La violence à l’égard des femmes doit être considérée comme une violation des droits de l’homme, et notamment du droit à la vie, à la sécurité, à la dignité et à l’intégrité physique et morale.

Ce 8 mars 2010, le Parlement Europeen dedie une page speciale à la lutte contre les violences faites aux femmes. La date du 8 mars 2010, Journée internationale des Droits des Femmes, est symbolique et témoigne de la volonté du Parlement Europeen de consacrer comme priorite la politique de lutte contre les violences faites aux femmes.

Tout au long du mois de mars, cette page couvrira les évènements organisés par le Parlement européen sur le thème des violences faites aux femmes. Députés européens, députés nationaux, invités de marque, experts et grand public contribueront à un large débat grâce à des séminaires, des actions ciblées ou même via Facebook.

Cette page tend également à rappeler que, le 26 novembre 2009, le Parlement européen a adopté une résolution – rédigée par la commission parlementaire des droits de la femme et de l’égalité des genres – pour lutter contre ce fléau, invitant, entre autres, la Commission à élaborer une directive globale sur la prévention et la lutte contre toutes les formes de violences à l’égard des femmes.

En préambule à cette journée, le Parlement Européen diffusait ce week-end deux reportages ainsi que la retranscription de deux interview avec Colette de Troy du Lobby Européen des Femmes et Fatoumata Sidibe, Présidente de la branche belge de l’association  » ni pute ni soumise « .

A la question :  » Quel est le pire ennemi pour les femmes : l’homme violent ou le silence qui entoure cette violence ?  » Colette de Troy qui répond  » les deux  » conclut son intervention en réclamant l’instauration d’une politique européenne contre les violences faites aux femmes à l’instar de celle qui existe en matière d’égalité, faisant à juste titre remarquer, que certains pays d’Europe n’ont même pas de législation en la matière.

Quant à Fatoumata Sidibe, Présidente de  » ni pute ni soumise  » en Belgique, qui intervient principalement  ici sur le sujet des femmes issues de l’immigration, cette dernière souligne la régression patriarcale dont les femmes sont l’objet (contrôle vestimentaire, contrôle de la virginité qui est propre à toutes les religions et qui revient en force actuellement) et met en exergue la nécessité d’un travail d’éducation et d’un travail sur les droits et les devoirs fondamentaux. Il y a une regression sur le plan international, explique-t’elle, car la crise a provoqué un repli identitaire.

Les interview sont entrecoupées de deux reportages qui reviennent sur les raisons ayant conduit des femmes victimes de violences domestiques à être incarcérées en Pologne et sur l’inaction des pouvoirs publics, un second reportage se focalise, quant à lui, sur l’émancipation des femmes au Maroc

Ce 8 mars, la Suédoise Eva-Britt Svensson, présidente de la commission parlementaire des droits des femmes, débattra en direct sur Facebook des moyens de mettre fin à ces violences et de l’aide aux victimes. Chacun peut poser ses questions sur Facebook, lundi à partir de 17h15 !

En savoir plus :

* Le chat’ sur Facebook, lundi à 17h15
* Violence contre les femmes : la campagne du Parlement européen
* Interview d’Eva-Britt Svensson
http://justice-et-violences-conjugales.blogspot.com/2010/03/parlement-europeen-violences-femmes.html