Lors du Forum de ce dimanche 24 janvier 2010, lequel a rencontré un franc succès en réunissant quelque 600 participants, le président Olivier Maingain a dévoilé les nouveaux nom et logo du parti.
Ne dites plus « Front démocratique des Francophones » mais bien « Fédéralistes Démocrates Francophones ». Le FDF, qui a vu le jour en 1964, adapte son image de marque à la réalité politique qui l’entoure. « En donnant cette signification à l’acronyme FDF, nous sommes la première force politique à faire ce pari : s’identifier aux citoyens qui partagent nos convictions – les fédéralistes -, plutôt que demander aux gens de s’identifier à une structure », a expliqué Olivier Maingain.
Une démarche que le président du MR, Didier Reynders, a personnellement soutenu en assistant à ce Forum qui était articulé autour de plusieurs groupes de travail : structures du parti, communication du parti, relations avec le monde associatif, relations avec le secteur de la jeunesse et relations avec les communautés d’origine étrangère.
Voici le discours complet tenu par Olivier Maingain lors de ce dimanche matin.
En donnant cette signification à l’acronyme FDF, nous avons fait le choix de parler aux citoyens et non de privilégier la structure d’un parti. Nous sommes la première force politique à faire ce pari : s’identifier aux citoyens qui partagent nos convictions, plutôt que de demander aux gens de s’identifier à une structure. Notre message est audacieux, moderne, actuel. Les citoyens sont fatigués des égocentrismes des partis, des querelles d’influences, de la médiocrité de ceux qui croient que le pouvoir leur permet toutes les bassesses ou toutes les pitreries. Les citoyens attendent de leurs élus qu’ils soient des femmes et des hommes de conviction, ayant une vision de l’avenir et refusant de succomber à la loi de l’immédiateté.
Les électeurs ne se sont pas trompés en juin 2007. Ils ont voulu un changement radical de la conduite des affaires publiques, en refusant les dérives du pouvoir politique qui conduisent à son enlisement et à l’affaiblissement de la capacité économique de notre pays. En Wallonie et à Bruxelles, ils se sont aussi opposés à la menace du nationalisme flamand. On sait ce qu’il en est advenu. Les périls sont encore bien présents car les forces politiques les plus immobiles ont préféré exploiter les peurs qu’assumer des choix clairs et pertinents.
Les raisons qui ont conduit à la création de la Fédération PRL-FDF demeurent d’une actualité et d’une justesse incontestables. Avec Antoinette Spaak, Georges Clerfayt et tant d’amis libéraux ou fédéralistes, Jean Gol avait le sens de l’histoire. Il savait qu’il n’y aurait pas de redressement de la Wallonie et de Bruxelles si ne se constituait pas une force politique décidée à tenir tête à la domination outrancière du parti socialiste au sud du pays et à l’arrogance du nationalisme flamand allant jusqu’à menacer l’existence de l’Etat belge. Il n’est pas d’autre force politique au sud du pays capable d’assumer ce rôle indispensable à l’avenir de la Wallonie et de Bruxelles. Le parti socialiste qui n’a qu’une force très relative en Wallonie, et plus relative encore à Bruxelles, ne peut asseoir son hégémonie que s’il a en face de lui un paysage politique francophone morcelé, émietté, e mpêchant l’émergence d’un véritable contrepouvoir. De même, la Flandre nationaliste ne peut prétendre guider à sa guise l’Etat belge vers ce confédéralisme qu’elle appelle de ses vœux, qu’à la condition que la Communauté Wallonie-Bruxelles soit politiquement affaiblie.
Il faut donc une force de mouvement, d’entraînement et de rassemblement qui tienne le langage de la lucidité et de la clarté aux Wallons et aux Bruxellois. A cet égard, la nouvelle version du projet fondateur du MR, à laquelle nous avons contribué, nous paraît traduire une évolution que nous appelions de nos vœux. Sous réserve d’adaptations et de compléments encore nécessaires, nous y décelons un ton juste, une analyse rationnelle, une ambition convaincante. Cette avancée doit beaucoup à la qualité de plume et à la profondeur de vue de Richard Miller. Nous savons qu’il a conduit ce travail en parfaite connivence intellectuelle et politique avec le président du MR. Je tiens à te redire, cher Didier, combien les épreuves récentes nous ont permis d’apprécier tes vraies qualités. Il n’est d’estime pour un politique que s’il a la capacité de garder une ligne de conduite, de préserver l’essentiel. Tu as la carrure d’un homme d 217;Etat et nous t’en sommes reconnaissants.
Oui, les FDF sont des partenaires loyaux, actifs et influents au sein du MR. Nous contribuons pour une part non négligeable à ses scores électoraux et nous représentons un courant d’opinion qui trouve un soutien de plus en plus large tant en Wallonie qu’à Bruxelles.
Parce que nous savons que nous avons la capacité de convaincre des Wallons et des Bruxellois à rejoindre le MR, nous sommes attachés à notre spécificité, parfaitement conciliable avec notre appartenance au MR.
Nous sommes les fédéralistes démocrates francophones.
Fédéralistes parce que nous avons été les précurseurs de l’indispensable évolution institutionnelle de la Belgique. Mais le fédéralisme n’est pas qu’une organisation institutionnelle de l’Etat. Le fédéralisme est aussi une organisation de la société. Le fédéralisme est le dépassement des clivages philosophiques ou sociologiques. Le fédéralisme est une exigence de respect du pluralisme mais aussi le refus que la société soit partagée entre piliers philosophiques ou religieux, qui ne correspondent plus à la réalité sociologique de nos populations.
Les lieux de décision sont encore trop parcellisés et émiettés, car une construction héritée du 19ème siècle veut que les réseaux d’école, de soins de santé, de services d’aide aux personnes et d’autres domaines essentiels de la vie des citoyens soient répartis entre tendances philosophiques ou religieuses. Une telle organisation n’est plus en rapport avec les convictions réelles des citoyens. Elle est lourde, coûteuse et paralysante. Elle est éloignée des véritables exigences de la vie économique et sociale et elle prive les autorités publiques des véritables leviers de l’efficacité. La Wallonie et Bruxelles souffrent particulièrement de ces maux car l’étroitesse de leurs moyens budgétaires ne leur permet plus d’entretenir une telle complexité institutionnelle. Les fédéralistes veulent donc que la société soit plus harmonieuse, qu’elle dépasse ces clivages du passé pour construire un pluralisme partagé.
Les fédéralistes considèrent également qu’une société moderne ne peut trouver sa dynamique de croissance et de prospérité que si elle rassemble toutes les classes sociales, toutes les populations quelles que soient leurs origines. Le fédéralisme est une conception moderne de la société, éloignée tout autant de l’individualisme que du collectivisme. Dans nombre de pays et de régions du monde où les fédéralistes prônent une évolution institutionnelle de leur Etat, ils sont aussi les promoteurs des réformes économiques et sociales. Les fédéralistes sont convaincus qu’il ne peut y avoir de prospérité économique et sociale sans un Etat bien organisé et institutionnellement équilibré entre ses composantes. De même, l’organisation fédérale d’un Etat ne peut être aboutie que si elle favorise les mécanismes de solidarité entre les populations et entre les entités fédérées. Le fédéralisme porte en lui-même une double exigence : l’autonomie qui rend pl us responsables les entités fédérées, les collectivités et les citoyens et la solidarité qui renforce le projet commun.
Le fédéralisme est toujours menacé dans notre Etat et il n’est pas achevé. Il est menacé par les dévoiements d’une gestion publique au sud du pays qui minent le sens des responsabilités, et par la force centrifuge du nationalisme flamand qui remet en cause les solidarités. La Belgique n’est pas encore un véritable Etat fédéral car l’autonomie et la solidarité qui caractérisent tout système fédéral n’ont pas encore trouvé leurs véritables assises.
Soyons lucides : l’Etat belge peut, à tout moment, basculer dans le vide institutionnel. Le confédéralisme, prôné par tant de forces au nord du pays et que ne dédaigne pas un certain Philippe Moureaux, est cette pente dangereuse vers l’inconnu, le chaos. Le confédéralisme qui menace l’avenir de la Belgique est la cohabitation cynique de l’Etat PS et de l’Etat CD&V. Plus d’une fois, dans l’histoire institutionnelle récente de notre pays, la connivence de l’Etat PS et de l’Etat CD&V a été criante. Ces deux Etats se renforcent pour mieux asseoir leur domination et se partager les lieux de pouvoir. Il n’est pas de fatalité pour les Wallons et les Bruxellois de subir et l’intolérance de l’Etat CD&V et l’arrogance de l’Etat PS.
Face au péril du confédéralisme, nous avons été les premiers à répondre par l’affirmation de la Fédération Wallonie-Bruxelles. Nous avons été les premiers à plaider l’unité de nos deux Régions. Nous ne sommes ni des régionalistes bruxellois, ni des régionalistes wallons. Nous sommes des fédéralistes francophones. Nous savons tous que face à l’Etat flamand qui se construit, seule l’unité de la Wallonie et de Bruxelles nous permettra de faire jeu égal, tant sur le plan économique et social que sur le plan politique. Les Wallons et les Bruxellois vivent cette unité francophone dans leur réalité familiale, professionnelle, culturelle. Aujourd’hui, les fédéralistes d’union de la Wallonie et de Bruxelles ont convaincu bien plus d’esprits au sud du pays que les tenants d’un repli régionaliste qui ne renforce en définitive que le sous-régionalisme et le féodalisme provincial. Aujourd’hui, les politiques publiques en Wallonie et à Bruxel les sont en retard pour soutenir l’économie de la connaissance, la seule qui garantira notre prospérité future car les Régions wallonne et bruxelloise n’ont pas encore mis en commun leurs moyens budgétaires consacrés à la recherche scientifique fondamentale et appliquée, à la formation, à la qualification des jeunes, au développement de la haute technologie. A chaque fois que nous conjuguons nos efforts, notamment dans des centres de recherches universitaires qui sont établis à Bruxelles et en Wallonie, à chaque fois nous faisons la preuve que nous comptons parmi les meilleurs. C’est une question de masse critique. Si des grands programmes de recherche demandent que l’Europe joue un rôle fédérateur, comment croire que nous pouvons exceller en divisant nos maigres moyens dans l’espace francophone.
Nous sommes des fédéralistes parce que l’Europe ne peut avoir l’ambition politique de peser sur le cours des affaires du monde que si elle est une fédération d’Etats. Les principes du fédéralisme qui valent en Belgique ont tout autant leur pertinence à l’échelle européenne. Le fédéralisme est le fondement même de l’avenir de l’Europe politique. Tous ceux qui ne veulent pas que l’Europe soit politique, en rejettent les avancées fédérales. Et ceux-là ne font pas qu’affaiblir l’Europe, ils affaiblissent aussi les Etats membres de l’Union européenne.
Le fédéralisme est le seul mode de construction réussie de l’Europe et de son affirmation dans le monde. Toute autre évolution permettrait à d’autres puissances de nous imposer leurs volontés. Le fédéralisme est aussi pour les Européens le choix de la dignité.
Les fédéralistes sont des démocrates. L’Etat fédéral ne peut être que démocratique. Il n’est pas de fédéralisme dans un Etat totalitaire et ce n’est pas le hasard si, au lendemain de la Seconde Guerre mondiale, le plus grand Etat européen, l’Allemagne, pour renouer avec la démocratie, a fait le choix de la structure fédérale. Le fédéralisme est le respect de la diversité et la démocratie ne peut s’affirmer qu’en conciliant les différences, les particularismes, les identités.
Tout système de pensée qui veut que la puissance publique soit au service d’une seule identité ou d’une seule idéologie, est incompatible avec le fédéralisme. Voilà pourquoi le fédéralisme est à l’opposé du nationalisme car le nationalisme menace la démocratie. Le fédéralisme, c’est le respect des identités multiples, c’est la reconnaissance des droits des minorités, c’est la volonté de rassembler sans force quiconque à se renier.
Voilà pourquoi les fédéralistes que nous sommes, sont si sourcilleux, dans la gestion des affaires publiques, à respecter les droits de tous les citoyens, quels qu’ils soient.
Dois-je aussi vous dire ma préoccupation devant les dérives de l’Etat de droit en Belgique. Une démocratie n’est forte que lorsque l’Etat de droit est incontesté. Ces dernières années, nous avons connu trop de manquements aux principes fondateurs de l’Etat de droit. Ces atteintes viennent tant du monde politique que du monde judiciaire. La séparation des pouvoirs est malmenée, l’indépendance des magistrats est devenue incertaine. On connaît les déviances des chambres flamandes du Conseil d’Etat qui prennent des libertés avec la Constitution dès qu’un contentieux linguistique leur est soumis. La Cour constitutionnelle n’offre pas encore les vraies garanties d’une Haute Cour garante du respect de la Constitution. Les récentes déclarations de son premier président intervenant dans le dossier BHV ont révélé combien sa composition demeurait trop dépendante du pouvoir politique. Les liens entre certains responsables politiques et les magistrats font naître le doute sur l’impartialité et l’objectivité des décisions de justice rendues. Une telle évolution est inquiétante. Il est temps que les autorités politiques et judiciaires se ressaisissent. Voilà pourquoi j’ai lancé, il y a peu, un appel pour que, en concertation avec le pouvoir judiciaire, les pouvoirs exécutif et législatif constituent un collège de personnalités d’expérience qui formulera des propositions pour la sauvegarde de l’Etat de droit. C’est une question urgente.
Nous sommes des francophones. Nous ne le sommes pas par rejet d’une autre langue ou d’une autre culture. Nous avons un attachement sincère à la Francophonie plurielle, bien éloignée d’un nationalisme français ombrageux. La langue française n’est pas supérieure à une autre, elle n’est pas par elle-même plus porteuse de valeurs qu’une autre, mais elle n’acquiert son rayonnement que si elle se met au service des causes les plus nobles. Le désastre qui frappe Haïti nous rappelle ce que la Francophonie doit à cet Etat. Notre solidarité avec ce peuple si cruellement frappé et toujours si digne est celle de la fraternité humaine. Mais la Francophone a une dette de reconnaissance à l’égard d’Haïti et cette dette nous force à poser des gestes politiques, notamment sur le plan financier, pour que ce pays ne soit plus jamais confronté aux souffrances dues à la faiblesse de l’autorité publique.
Quand nous nous disons francophones, c’est par exigence de justice. En Belgique, les droits des Flamands ne sont en rien menacés. Ni leurs droits individuels, ni leurs droits collectifs.
Nous ne ressentons aucun motif de satisfaction lorsque nous apprenons le drame social de la fermeture d’Opel à Anvers. Au contraire, parce que la Wallonie a payé un lourd tribut social à des mutations économiques mal maîtrisées, nous n’ignorons pas ce que peuvent être les revirements de la vie économique. Comme nous sommes des fédéralistes convaincus, nous sommes soucieux du devoir de solidarité avec ceux qui perdent leur emploi, dans quelque région du pays que ce soit. Mais que la Flandre politique en tire alors les conséquences, en sachant qu’il n’y aura pas un emploi gagné à Anvers parce que Bruxelles-Hal-Vilvorde serait scindé et que les Francophones seraient niés dans leur existence en périphérie bruxelloise.
Au contraire, scinder BHV, aux conditions voulues par la plupart des partis flamands, c’est enfermer la Flandre dans cette logique nationaliste infernale qui la conduira non seulement à un recul démocratique mais aussi, tôt ou tard, à sa perte économique et sociale.
Si pour Mark Eyskens BHV n’est qu’une querelle de village, c’est que l’avenir de la Belgique n’est pour lui qu’un enjeu de clocher. De l’issue qui sera donnée au débat sur BHV, nous saurons qui des fédéralistes ou des séparatistes auront gagné la partie. Voilà pourquoi, nous allons lancer une vaste campagne d’information sur le thème « Non au séparatisme, oui à l’élargissement de Bruxelles ». Les citoyens ont le droit à la vérité : ceux qui, dans les rangs francophones, n’auront pas le courage de dire non à la scission de Bruxelles-Hal-Vilvorde, ou n’en exigeront pas la contrepartie essentielle qu’est l’élargissement de Bruxelles, n’auront pas davantage le courage de dire non à la scission de la sécurité sociale. Bruxelles-Hal-Vilvorde scindé sans élargissement de Bruxelles, c’est le début du chaos pour l’Etat belge.
Oui, nous sommes les fédéralistes démocrates francophones parce que nous avons des valeurs et des principes d’une cohérence irréfutable, parce que nous agissons par conviction et que la force de rassemblement qui nous a permis de recueillir la confiance de tant de Wallons et de Bruxellois depuis plus de 40 ans, est aujourd’hui plus affirmée.
Merci de votre confiance, merci de partager et de faire partager les convictions des fédéralistes démocrates francophones.
Les raisons qui ont conduit à la création de la Fédération PRL-FDF demeurent d’une actualité et d’une justesse incontestables. Avec Antoinette Spaak, Georges Clerfayt et tant d’amis libéraux ou fédéralistes, Jean Gol avait le sens de l’histoire. Il savait qu’il n’y aurait pas de redressement de la Wallonie et de Bruxelles si ne se constituait pas une force politique décidée à tenir tête à la domination outrancière du parti socialiste au sud du pays et à l’arrogance du nationalisme flamand allant jusqu’à menacer l’existence de l’Etat belge. Il n’est pas d’autre force politique au sud du pays capable d’assumer ce rôle indispensable à l’avenir de la Wallonie et de Bruxelles. Le parti socialiste qui n’a qu’une force très relative en Wallonie, et plus relative encore à Bruxelles, ne peut asseoir son hégémonie que s’il a en face de lui un paysage politique francophone morcelé, émietté, e mpêchant l’émergence d’un véritable contrepouvoir. De même, la Flandre nationaliste ne peut prétendre guider à sa guise l’Etat belge vers ce confédéralisme qu’elle appelle de ses vœux, qu’à la condition que la Communauté Wallonie-Bruxelles soit politiquement affaiblie.