Bilan de la lutte contre la maltraitance des personnes âgées.

Parlement francophone bruxellois

Interpellation de Fatoumata SIDIBE à Emir KIR, Ministre de l’Action sociale et de la Famille – 18 mars 2011
Concerne : bilan de la lutte contre la maltraitance des personnes âgées. L’interpellation est disponible ici

Monsieur le Ministre,

Les avancées dans le domaine de la médecine nous permettent d’accroître notre longévité de vie et ce, dans des conditions physiques et psychologiques le plus souvent acceptable. Cet état de fait n’est pas sans conséquence puisqu’au aujourd’hui, nous devons faire face à un vieillissement de la population dont la gestion reste un défi de taille.
En effet, il arrive parfois que la prise en charge des aînés par leurs proches ne soit pas possible et cela peut amener des situations génératrices de maltraitance, même si celle-ci est involontaire.

J’ai déjà eu l’occasion de vous interroger sur ce sujet d’importance et je souhaiterais y revenir afin de connaître les avancées et l’évaluation des mesures prises en la matière. En effet, le sujet reste préoccupant en Belgique, où on estime qu’une personne âgée sur cinq serait victime de maltraitance. Cette problématique constitue un fléau difficile à combattre, dès lors que les victimes se trouvent souvent dans des états de vulnérabilité et de peur et sont bien souvent démunies face à cette situation, malgré les dispositifs d’aide existant.

Lors de ma précédente interpellation, vous annonciez, concernant le profil des personnes maltraitées, qu’il s’agissait généralement de personnes de plus de 80 ans et que ce phénomène concernerait davantage les femmes (75 %). Vous releviez également que dans 66% des cas, ces maltraitances ont lieu au sein d’institution. Autre constat, parmi les types de maltraitance le plus souvent rencontrés, on retrouve: les soins insuffisants, le défaut d’attention, les difficultés de cohabitation avec la famille, la malversation financière et les négligences dans l’administration des médicaments, ainsi que la maltraitance physique et l’agressivité. On le voit, les violences perpétrées à l’égard des personnes âgées ne concernent pas uniquement les atteintes physiques, elles peuvent également être d’ordre moral, médical ou encore financière et elles peuvent avoir des répercussions à différents niveaux, d’autant plus que ces violences sont le plus souvent le fait des proches de la personne.

Une autre problématique qui découle directement de la maltraitance est la question du suicide chez les seniors et il s’agit d’un sujet souvent passé sous silence. Dans un article paru récemment dans la presse , on peut y lire qu’il existe un rapport grandissant entre le suicide et le vieillissement. Les plus de 75 ans et surtout les plus de 85 ans seraient les plus touchés. Une étude récente de l’association « télé accueil » témoigne également de l’ampleur du phénomène. Selon cette association, les sentiments d’inutilité, de solitude, d’éloignement et la précarité sont les sentiments principaux qui amènent les personnes âgées à mettre fin à leurs jours.

Aussi, Monsieur le Ministre, je souhaiterais savoir comment la cocof compte-t-elle améliorer les dispositifs de prévention et d’accompagnement ? Quelles ont été les suites réservées par la Cocof à la table ronde menée sur ce sujet avec les autres niveaux de pouvoir (Région wallonne et communauté française) ? Il me semble que parmi les recommandations émises lors de cette table ronde, on a insisté sur l’importance de la formation du personnel soignant et du secteur social à la prévention des risques tels que les attitudes d’infantilisation mais aussi sur la nécessité de mettre en œuvre des projets de vie dans les maisons de repos. Est-ce que de tels projets sont mis en œuvre dans les maisons de repos et les centres d’accueil ? Combien de séance de formation spécifique pour le personnel ont été organisées en 2010 (liées à la prévention de risques, à la maltraitance, au sens de la vie et de la mort, aux phénomènes dépressifs, etc.)? Ont-elles rencontrées un grand succès ? Quel était le profil des participants ?

Depuis 2009, le service d’écoute pour les personnes âgées maltraitées (SEPAM) est actif à Bruxelles. Il apporte une écoute et une aide aux personnes âgées maltraitées ainsi qu’une aide aux proches et aux professionnels confrontés à la maltraitance des personnes âgées. Ce service d’écoute n’est malheureusement accessible que le lundi après-midi et le jeudi matin. A cet égard, envisagez-vous de rendre dorénavant le service plus accessible ? Par ailleurs, on avait évoqué la difficulté pour les personnes âgées de retenir un numéro de téléphone à plusieurs chiffres et par conséquent de la nécessité de mettre en place un numéro vert à 4 chiffres maximum. Avez-vous évaluez l’opportunité de rendre le numéro du SEPAM plus facilement mémorisable pour nos aînés ?

Lors de ma précédente interpellation, en mai 2010, vous aviez annoncé qu’une centaine de dossier de maltraitance avaient été ouverts au SEPAM pour l’année 2009.  Disposez-vous de données pour l’année 2010 ? Le cas échéant, quel bilan pouvez-vous dresser en la matière ? Est-ce que des pistes spécifiques d’action et de sensibilisation ont été développées compte tenu des données recueillies en 2009 ?

Comme dit précédement, la maltraitance des personnes âgées touche près d’une personne âgée sur cinq, il est donc primordial d’informer et d’avertir un large public, qu’il soit professionnel du secteur ou non. A cette fin, vous aviez mis en place, en 2009, une campagne de sensibilisation. A l’heure actuelle, quel bilan pouvez-vous en tirer ? D’autres campagnes sont-elles envisagées prochainement ? Vous aviez également envisagez de développer un spot télévisé afin de promouvoir le Sepam, plus parlant en termes de visibilité et d’accessibilité. Est-ce qu’un budget a été prévu à cet égard ?

Lors de ma précédente interpellation, vous parliez de la « maison Biloba », qui est un projet pilote qui accueille toutes les communautés au sein d’une seule et même institution. Pourriez-vous dresser un premier bilan de ce projet? Vous aviez également proposé une visite de cette association, est-ce que c’est toujours à l’ordre du jour ?

Où en est la réflexion menée par votre cabinet quant au projet Ville amies des aînés ? Est-ce que des avancées ont été réalisées à cet égard ?

Vous parliez également d’activités intergénérationnelles soutenues par la COCOF et la Fondation roi Baudouin qui consistent à favoriser des échanges entre des personnes âgées et les jeunes générations. Quel bilan pouvons-nous tirer des actions mises en place dans ce cadre ?

Dans le même ordre d’idées, où en est la concrétisation du projet pilote de volontariat pour senior que vous souhaitiez lancer ? Ce projet visait à apporter une petite aide aux seniors qui souhaitaient s’impliquer dans un projet de volontariat.

Enfin, vous aviez mentionné qu’un accord de principe avait été conclu avec le Secrétaire d’Etat au logement pour envisager des maisons communautaires sur les sites de logements sociaux. Qu’en est-il de la concrétisation de cet accord ? Quelles sont les avancées réalisées dans ce dossier ?

Leave a comment