Discours congrès du 22 avril 2012

Discours de Fatoumata Sidibé au Congrès des FDF le 22 avril 2012 à l’Espace Delvaux à Watermael-Boitsfort.
Chères citoyennes,
Chers citoyens,
Voilà maintenant trois ans que j’ai embarqué à bord du paquebot des FDF. Et quel Paquebot ! A la barre, un capitaine qui garde le cap contre vents et marées, debout à la proue. Et un équipage de vaillantes et de vaillants militants, prêts à aller au bout de leurs engagements.

Les Fédéralistes démocrates francophones, des hommes et des femmes de parole, des hommes et des femmes de convictions !
Après avoir subi mon baptême de l’air aux régionales en 2009 et aux  législatives de 2010, j’ai atterri en douceur à Saint-Gilles, ma première commune de résidence quand je suis revenue en Belgique, il y a trente deux ans.
Les FDF ont saisi cette opportunité pour me demander de faire renaître la section locale de Saint-Gilles. C’est chose faite à présent et à quelques mois des élections communales d’octobre 2012, nous nous apprêtons à relever le défi d’une campagne électorale ambitieuse. J’aurai donc le plaisir et l’enthousiasme de conduire la liste FDF pour les communales de 2012.

Ces élections seront décisives et les défis qui nous attendent sont de taille. En effet, les enjeux économiques et institutionnels ainsi que les conséquences de la réforme de l’Etat ne sont pas sans répercussions sur les communes bruxelloises.
Au cœur de notre campagne, nous porterons :
–    la mise en œuvre de politiques soucieuses de la diversité culturelle et démographique ;
–    la lutte contre les discriminations, la fracture sociale,
–    une vigilance permanente pour la défense des intérêts des francophones majoritaires dans les communes bruxelloises mais également la garantie de l’égalité de traitement de tous les citoyens;
–    la lutte contre toutes les dérives extrémistes, les replis identitaires et communautaires, les nationalismes,
–    la concrétisation du lien  entre les francophones de Bruxelles, de Wallonie et de la périphérie et la garantie des droits de chacun ;
–    l’autonomie du citoyen, la responsabilisation de tous et la solidarité envers les plus faibles ;
–    la promotion de l’égalité hommes/femmes ;
–     l’émancipation économique et le progrès social ;
–    des engagements clairs en faveur d’une citoyenneté plus affirmée au niveau local.

Les communes sont au cœur de l’ambition démocratique, de la citoyenneté et du vivre ensemble qui grâce à sa proximité avec les citoyens, peut plus que tout autre pouvoir, raffermir les liens sociaux et renforcer leur adhésion à la démocratie.
La citoyenneté partagée, c’est la participation active à la vie de la cité, la reconnaissance mutuelle des individus entre eux, l’acceptation et le respect des lois et les règles en vigueur, l’égalité en droits et en devoirs pour tous. La citoyenneté partagée ce n’est pas la juxtaposition d’individus  les uns à côté des autres. C’est un ensemble d’hommes et de femmes attachés à un projet commun et partageant des valeurs communes.
Au sein de certaines communes, les défis du vivre ensemble se posent avec plus d’acuité. En effet, face à la richesse de la diversité culturelle, philosophique, religieuse, nous devons parfois faire face à des replis identitaires, des particularismes,  tensions, incompréhensions,  préjugés, rejets, la méconnaissance et peur de l’autre. Tout cela rend étroit le  chemin qui mène au rapprochement, à l’interaction, à l’interculturalisme.
L’actualité récente sur la radicalisation au sein des  communautés de culture musulmane montre combien il est difficile d’avoir un débat serein. On assiste à des amalgames, raccourcis, accusations, stigmatisations, incompréhensions. On est arrivé au point où on ne peut plus évoquer certaines dérives de peur d’être traité d’intolérant, de raciste, d’extrémiste.
Il faut vraiment s’ériger contre les généralisations réductrices qui présentent chaque « musulmane », chaque « musulman », chaque « Noir », chaque « Juif », chaque « croyant », chaque « athée » comme un clone de sa communauté. Comme s’il n’y avait qu’une seule manière de penser, de vivre,  comme si les individus partageaient tous une responsabilité collective. Je l’ai souvent répété, la majorité des citoyens de culture musulmane vivent leur foi ou leur non foi en toute tranquillité. Ils sont souvent assignés à résidence dans « leur communauté », pris en otage par une minorité agissante qui parle en leur nom et qui bénéficie d’un surcroît de respectabilité de la part de certaines tribunes médiatiques et politiques. Et on doit déplorer que l’on ne donne pas souvent la parole à des citoyens de culture musulmane, alors qu’ils sont très nombreux à respecter l’Etat de droit et les valeurs démocratiques. Je déplore aussi que l’on ne montre pas souvent des exemples de réussites.
L’autre est montré du doigt, accusé de ne pas s’être intégré, de ne pas partager nos valeurs communes. Qu’avons-nous donné comme outils pour accueillir, accompagner, insérer les citoyens d’origine étrangère, qu’ils soient présents depuis de nombreuses années en Belgique ou nouveaux arrivants ? Quelles balises donnons-nous pour expliquer  ce qu’est notre société belge ? Quelles clés de compréhension pour connaître leurs droits et devoirs, se situer au sein de la société !
Depuis plusieurs années, en dépit de la mise en œuvre de la politique de cohésion sociale et de projets aux niveaux communal et régional, il y a quand même une dégradation de la cohésion sociale dans certains quartiers de Bruxelles. Sans dénier des actions positives, quels bilans de ces politiques d’intégration ?
Les FDF estiment qu’il est nécessaire de mieux structurer et coordonner les politiques mises en place dans nos communes. Ceux qui sont installés depuis très longtemps sur le territoire ainsi que les primo-arrivants doivent avoir la possibilité d’être accompagnés par un parcours de citoyenneté : connaissance des droits et devoirs, cours de français, mise en exergue des compétences professionnelles, orientation vers le dispositif d’insertion le plus approprié.
Il est important de donner aux parents, qui ne maîtrisent pas la langue de l’enseignement de leurs enfants, la possibilité de suivre une formation en lien avec le programme scolaire. Cet accueil et cet accompagnement sont indispensables afin qu’ils puissent disposer des chances de s’émanciper, participer activement à la vie de la cité et y être reconnus.
Les FDF souhaitent également beaucoup plus de synergies entre les politiques de cohésion sociale, d’enseignement et de culture afin d’élaborer un véritable travail en commun, avec des réponses scolaires et d’apprentissage adéquates pour répondre aux défis du vivre ensemble.
Face à la multiplicité des opérateurs en matière d’accueil, nous FDF, pensons qu’un regroupement des différents dispositifs de cohésion sociale et d’enseignement au sein d’une seule structure de pilotage au niveau de chaque commune serait indéniablement bénéfique.
Il est temps de s’attaquer aux vrais problèmes et briser les schémas d’échecs répétitifs.
Dans notre société  caractérisée par sa diversité, persistent des discriminations, des exclusions.
Un rapport récent d’Eurostat sur les migrants en Europe a montré que la Belgique se situe en tête du peloton en matière de discriminations et d’inégalités liées aux salaires et aux risques d’exclusion sociale. Le risque pour un immigré de passer sous le seuil de pauvreté est 22% plus élevé que pour les Belges de souche. Le niveau de qualification des immigrés de deuxième génération est faible et dépasse les  30%.  Leur taux de chômage dépasse les 30 % dans certains quartiers bruxellois. Les femmes migrantes ont un risque plus élevé d’être exposées à la pauvreté.
J’aimerais aussi vous parler de la jeunesse. Vous savez, celle qui a l’air d’ailleurs et qui pourtant est d’ici.  Nous en sommes à la deuxième, troisième génération et on continue à les traiter d’immigrés. Jusque quand reste-t-on un immigré ?
N’ayons pas peur de le dire : il y a une jeunesse minorisée, discriminée, fragilisée, marginalisée, ghettoïsée, précarisée, désœuvrée, qui se livre à la violence. Cette jeunesse, qui refuse de respecter les règles de notre société, fait un tort énorme à l’ensemble de la communauté qu’elle représente et qui majoritairement ne demande qu’à vivre en paix.  Mais il y a aussi une jeunesse talentueuse, ambitieuse, brillante, motivée, déterminée, courageuse  qui cultive l’excellence.  La jeunesse issue de la diversité est multiple et loin du visage homogène, parfois stigmatisant sous lequel elle est présentée.
Il faut poser le bon diagnostic, s’inquiéter du mal être dans les quartiers,  de la stigmatisation des jeunes et leur mise à l’écart des processus d’insertion sociale, lutter contre le racisme, la discrimination à l’embauche, au logement, aux biens et services, aux loisirs, la précarité, le déficit de formation, le  chômage, la dégradation des quartiers et le mal être qui y règne, la violence économique et sociale, l’enseignement à plusieurs vitesses, le décrochage scolaire ; phénomène souvent lié à l’entrée dans les circuits de la délinquance, de la montée des violences. Chaque année, des milliers de jeunes quittent l’enseignement sans qualification, sans diplôme, sans possibilité de s’ancrer dans notre société, sans espoir.  Il faut valoriser l’entreprenariat, accompagner les jeunes dans la création de projets, de réseaux, expliquer qu’il y a d’autres alternatives au chômage. Ils méritent mieux que l’assistanat dans lequel ils sont maintenus.
Il faut que la diversité soit présente de partout à tous les niveaux et pas uniquement dans le sport. Les jeunes ont besoin d’exemples. Nous devons relever ce défi si nous ne voulons pas courir le risque d’une déflagration sociale.
De nombreux citoyens sont désespérés et ne croient pas à une citoyenneté qui ne leur offre pas les chances de s’insérer durablement et dignement au sein de la société.  Oui, pour certains citoyens, l’ascenseur social est en panne.
Quand des citoyens se sentent exclus de la sphère professionnelle ou assignés à des places subalternes, il y a un risque qu’ils se replient sur eux-mêmes, sur leurs identités culturelles et religieuses. Cela fait le lit du communautarisme avec les tensions que cela peut entraîner. C’est sur le terreau de la misère sociale que germent les intégrismes et tout cela, dans un contexte international qui apporte son lot d’exacerbation.
Et depuis des années, notamment par rapport à la montée des particularismes et revendications religieuses et identitaires, une certaine classe politique se voile la face, tient des discours auto-satisfaits ou volontairement aveugles, s’arrange avec la réalité, par cynisme, naïveté, calcul électoraliste.
Les FDF veilleront à défendre la neutralité des services publics. Dans l’exercice de leurs fonctions, les personnes assumant une mission de service public se doivent de ne pas manifester, de manière ostensible, leurs convictions religieuses, philosophiques, politiques ou idéologiques. C’est juste une mise entre parenthèses.
Les Fédéralistes démocrates francophones ont le courage d’aborder un débat de fond, complexe, délicat, sensible. Débat difficile où il faut trouver un juste équilibre entre respect des diversités et volonté de construire une société qui s’unit sur un socle commun  plutôt que de se  fractionner dans des particularismes. Nous, Fédéralistes démocrates francophones, appelons de tous nos vœux l’inscription du principe de laïcité de l’Etat dans la Constitution belge et dans les dispositifs légaux des entités fédérées. C’est à notre sens la seule voie possible pour préserver le pluralisme,  permettre la coexistence de toutes les convictions religieuses ou philosophiques et garantir la neutralité des services publics.
L’Etat a le devoir et le droit de fixer les règles pour toutes et tous permettant à chacun de partager respectueusement un espace commun mais aussi le devoir de protéger la société de ceux qui veulent servir leurs intérêts particuliers au détriment de l’intérêt collectif.
C’est aussi cela la citoyenneté. Non pas des droits et devoirs différents sous prétexte d’appartenances culturelles, convictions religieuses et philosophiques mais l’acceptation des droits et devoirs pour tous. Il ne s’agit de nier le droit à la différence mais de l’articuler au vivre ensemble.
Il y a un travail en profondeur à faire pour construire une communauté de citoyens, égaux,  généreuse et accueillante, où chacun aurait sa chance. Bien sûr, cela nécessite des efforts, une véritable relation de confiance, de respect mutuel, de réciprocité, de mains tendues. A nous de nous y atteler avec un pacte de solidarité, de justice sociale, de responsabilité et d’égalité !
Chères citoyennes, chers citoyens
Pour terminer, le scrutin communal du 14 octobre prochain prendra une dimension toute particulière dans les communes bruxelloises. En effet, la stratégie flamande, de la N-VA et du CD&V notamment, est claire comme de l’eau de roche : pour s’emparer plus aisément de la Région de Bruxelles, le but est de l’affaiblir en diminuant le nombre de ses communes par le biais des fusions. Ils savent que la résistance sera forte dans les communes, principalement celles où les FDF sont au pouvoir.
Ces communes bruxelloises dérangent, car elles échappent aux exigences flamandes. C’est ce qui met mal à l’aise les partis du nord. Et pas uniquement les politiques. Le patronat flamand (Voka) et même le patron flamand Rudy Thomaes, l’actuel administrateur délégué de la Fédération des Entreprises de Belgique, se sont clairement prononcés pour la fusion des communes à Bruxelles.
C’est une vieille idée notamment du socialiste flamand Pascal Smet, ancien ministre régional bruxellois. En diminuant le nombre des communes bruxelloises, ces Flamands espèrent affaiblir automatiquement la résistance communale. Il leur sera plus facile de s’attaquer à 6 grandes communes – correspondant aux 6 zones de police par exemple –  qu’aux 19 entités actuelles. Ici, il ne s’agit pas de diviser pour régner, mais bien de regrouper pour régner !
Dès lors, le 14 octobre prochain, tous ceux qui voteront pour des listes bilingues sur lesquelles figureront des candidats radicaux flamands, principalement CD&V, savent à quoi s’en tenir. A l’image de Brigitte Grouwels au gouvernement bruxellois, ces candidats CD&V tenteront d’imposer la stratégie de leur parti s’ils sont élus. Et les francophones, qui leur auront fait confiance, n’auront plus qu’à s’en mordre les doigts. En clair, les Bruxellois voteront le 14 octobre en pensant AUSSI à leur Région, ce sera la particularité de ce scrutin bruxellois.
Les FDF, c’est un projet clair et cohérent.
Les FDF, c’est à la fois la force des convictions et le courage de les défendre.
C’est avec fierté et enthousiasme que je conduirai la liste FDF à Saint-Gilles.
Fatoumata Sidibé
Députée bruxelloise
Cheffe de file FDF aux élections communales d’octobre 2012

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