Parlement francophone bruxellois
Vendredi 1er juin 2012
Interpellation jointe : Structuration de l’accueil des primo-arrivants, à Charles Picqué, ministre en charge de l’Action sociale – Le compte-rendu page 18 est disponible ici
La question de la structuration de l’accueil des primo-arrivants est régulièrement débattue au sein de notre Parlement. Notre groupe a d’ailleurs
contribué à ce débat en déposant des textes à plusieurs reprises. En 2003 déjà, M. Serge de Patoul cosignait une proposition de décret créant un parcours d’intégration individuel à l’attention des primo-arrivants adultes. Cette proposition a été rejetée par l’actuelle majorité en 2005. On nous a expliqué à l’époque que les outils nécessaires pour l’accueil des primo-arrivants étaient déjà en place et qu’il n’était donc pas nécessaire d’adopter un tel texte.
En février 2011, une nouvelle proposition de décret MR-FDF portant création d’un contrat bruxellois d’intégration et de participation a été soumise en commission. Toutefois, dans la mesure où il apparaissait que le Gouvernement, en collaboration avec ceux de la Communauté française et de la Région wallonne, avançait sur ce dossier, les débats ont été reportés.
Effectivement, le 12 mai 2011, les Gouvernements de la Communauté française, de la Région wallonne et la Commission communautaire française se sont engagés à conclure ensemble un protocole d’accord portant sur la politique d’accueil des migrants primo-arrivants.
Cela fait des années que nous discutons d’un contrat à destination des primo-arrivants, mais les choses tardent à se concrétiser. Les priorités en matière de cohésion sociale ont effectivement été recentrées en ce sens, mais ce n’est pas suffisant.
Le « Welcome Pack » était annoncé pour février 2012 et nous sommes au mois de juin. Le guide à l’usage des nouveaux arrivants à Bruxelles et en Wallonie vient d’être publié sur internet. Il offre une série d’informations pour comprendre le fonctionnement de notre société et pour pouvoir s’orienter dans le dédale administratif.
Il est destiné aux nouveaux arrivants, mais je suis convaincue qu’il va et doit toucher un public plus large, car de nombreux citoyens, qu’ils soient belges ou d’origine étrangère, ne sont pas au fait de leurs droits et devoirs, ni des procédures à suivre pour s’informer et être accompagnés.
Ceux qui sont installés depuis très longtemps sur le territoire doivent aussi avoir la possibilité d’être accompagnés dans leur parcours. Cela ne doit pas se limiter aux primo-arrivants. Certaines personnes présentes depuis longtemps sur notre territoire se trouvent en effet dans des conditions similaires à celles de certains primo-arrivants. Il convient donc de veiller à ce public et à son parcours d’intégration.
À l’instar de M. Maron, j’aurais souhaité savoir si ce guide à l’usage des nouveaux arrivants à Bruxelles et en Wallonie constitue le « Welcome Pack ». Quelles sont les premières réactions des bénéficiaires à l’égard de ce guide? Bien qu’il soit rédigé dans un langage accessible, pour le comprendre, il faut savoir lire et maîtriser le français. Est-il prévu de le traduire dans d’autres langues? Qu’en est-il des projets-pilotes de bureaux d’accueil lancés dans les communes d’Anderlecht, Bruxelles-Ville, Forest, Molenbeek, Saint-Josse-ten-Noode et Schaerbeek? Quels
sont les enseignements que l’on a pu en tirer? D’autres bureaux seront-ils ouverts? Dans quelles communes et suivant quels délais?
Où en sont les modules de formation de formateurs initiés par le Centre bruxellois d’action interculturelle (CBAI)? Ces formateurs ont-ils déjà donné des formations à des primoarrivants ? Avec quels résultats ?
Qu’en est-il du caractère obligatoire de ce parcours? Si cette formule peut être envisagée en Wallonie, elle ne l’est pas en Région bruxelloise, en raison de la structure de nos institutions. Pourtant, vous vous êtes exprimé à différentes reprises en faveur de ce caractère obligatoire.
Personnellement, j’estime que rendre ce parcours obligatoire suppose d’avoir la capacité de répondre à toutes les demandes, ce sur quoi j’émets de sérieuses réserves.
Ensuite, je me demande comment obliger certains publics, dont les femmes avec enfants, à suivre un parcours d’intégration, sans être en mesure d’offrir des classes d’accueil pour la petite enfance, ce qui est loin d’être acquis en Région bruxelloise.