La progression du risque de transmission du VIH

Parlement francophone bruxellois

Interpellation de Mme Fatoumata SIDIBE, Députée bruxelloise FDF, à Mme Cécile Jodogne, Ministre, chargée de la Fonction publique et de la politique de la Santé.

Concerne :    La progression du risque de transmission du VIH. La réponse est disponible ici.

Récemment, l’Institut scientifique de Santé Publique a révélé des chiffres inquiétants relatifs à la progression des Infections sexuellement transmissibles. Il s’agit ici principalement de la chlamydia, la gonorrhée et la syphilis. Les courbes d’incidence sont problématiques, et les chiffres relatifs au VIH disponibles sont préoccupants. Comparativement à la moyenne européenne, la progression des infections sexuellement transmissibles est alarmante en Belgique. L’incidence de ces infections a fortement augmenté dans notre pays en 2013, particulièrement en Région bruxelloise. Les chiffres données portées à notre connaissance à   l’occasion, du 1er décembre, journée mondiale de lutte contre le VIH Sida sont interpellantes :

En 2013, 1115 nouveaux cas d’infection par le VIH ont été diagnostiqués en Belgique, ce qui correspond à 3 nouveaux cas en moyenne chaque jour.

 

L’épidémie de VIH concerne essentiellement des hommes ayant des relations sexuelles avec des hommes (HSH), principalement belges ou européens, et des hommes et femmes, principalement originaires de pays d’Afrique subsaharienne, qui ont contracté le virus par le biais de rapports hétérosexuels.

Le nombre de diagnostics d’infections par le VIH a diminué de 9 % par rapport à 2012.

La baisse observée en 2013 s’explique essentiellement par une diminution du nombre de diagnostics VIH parmi la population provenant d’Afrique subsaharienne.

Les chiffres des nouvelles contaminations se maintiennent à un niveau très élevé…

 

Toujours selon l’Institut, les chiffres disponibles seraient en plus sous-évalués. En épidémiologie, une incidence élevée implique un risque accru de contracter la maladie pour la population cible.

Le dernier rapport de l’Organisation Mondiale de la Santé confirme cette tendance selon laquelle l’incidence n’a cessé d’augmenter ces dernières années, surtout chez les hommes.

Le même rapport affirme en outre que les Etats ne sont pas impuissants face à l’épidémie car il est avéré que de bonnes politiques de santé publiques peuvent freiner le phénomène.

Enfin, des acteurs de terrains reconnus s’inquiètent par ailleurs de l’absence d’avancées réelles dans le cadre du Plan national de lutte contre le sida, lancé le 15 octobre 2013.

Parmi les mesures phares du Plan figure notamment le dépistage délocalisé et démédicalisé, nouveau paradigme de prévention et dont l’objectif est de briser la chaîne des infections sexuellement transmissibles tout en améliorant la prise en charge, rappelle l’ASBL Ex Aequo. Les insuffisantes initiatives en matière de prévention sont également pointées du doigt. A cet égard, le directeur de la Plateforme Sida Thierry Martin opère un lien direct entre notre situation et l’usage du préservatif.

Le dépistage préventif est un outil essentiel pour diminuer le risque de contamination. Il doit être une priorité.

Surtout, il implique l’intensification des dépistages pour faire baisser le pourcentage de dépistages tardifs.

Or, concernant les tests de dépistage du VIH et diagnostics tardifs, les chiffres sont en baisse.

En 2013, le nombre de tests de dépistage du VIH a légèrement diminué avec 62 tests réalisés par 1000 habitants, ce qui correspond à une baisse de 1 % du nombre de tests par rapport à 2012.  Le pourcentage de diagnostics tardifs est resté important (43 %) et augmente considérablement le risque de nouvelles transmissions du VIH.

La proportion de diagnostics tardifs varie en fonction du mode de transmission : 46 % pour les cas d’infection contractée par contacts hétérosexuels et 40 % chez les HSH. Ces trois dernières années, une hausse des diagnostics tardifs a été enregistrée chez les HSH.

La prévention passe par l’information et la sensibilisation du grand public et des groupes à risques. Enfin, si ce Plan souligne à juste titre l’importance d’une prévention ciblée vers les deux groupes de population les plus concernés par le VIH (les hommes ayant des relations avec des hommes et les migrants), il n’en reste pas moins capital de poursuivre la sensibilisation et la prévention vers le public général et vers d’autres groupes à risque tels que les travailleurs et travailleuses du sexe, les consommateurs de drogues par injection, les détenus.

Le VIH est susceptible de se transmettre dans tous les milieux.  Il est donc important de poursuivre les campagnes et actions de sensibilisation au dépistage menées par les acteurs de la lutte contre le sida. Par ailleurs, les discriminations dont sont victimes les personnes séropositives persistent. Concomitamment à l’information, à la prévention, la dé stigmatisation des personnes vivant avec le VIH et la lutte contre les discriminations à leur encontre doivent être poursuivis.

« Faut-il attendre d’être vaincu pour changer ? » soulève avec justesse une maxime africaine. Aujourd’hui, faire le point ne suffit plus, il faut désormais agir. Il est vrai que dans les pays développés, on meurt de moins en moins du sida grâce aux traitements tri thérapeutiques. Ce qui implique que la prévalence augmente et tend à se stabiliser. Néanmoins, il faut à tout prix éviter la banalisation du risque de transmission. Nous devons donc nous recentrer sur l’incidence, véritable indicateur du risque. Il importe de diminuer le nombre de nouveaux cas et défendre une approche chiffrée. Dans ce cadre, des politiques de  prévention efficaces sont indispensables.

Je souhaiterais donc, Madame la Ministre, obtenir les éclaircissements suivants :

  • Les campagnes précédentes ne semblent pas avoir eu un effet décisif sur la réduction du risque de transmission des IST. Comment l’expliquez-vous ? Que comptez-vous faire afin d’améliorer l’impact des campagnes de prévention ?
  • Bruxelles est le nœud gordien, sinon l’épicentre de cette épidémie. Le tableau de bord de la santé en Région bruxelloise est un indicateur important pour préparer notre réponse, et son dernier rapport date de 2010. Quand le Tableau sera-t-il réactualisé ?
  • Une attention particulière doit être portée sur les groupes à risque, tels que les communautés homosexuelles. Comptez-vous intégrer cette dimension lors de vos prochaines campagnes de prévention ?
  • Au vu de la prévalence du  VIH  chez les personnes originaires d’Afrique subsaharienne, de quelle manière ces associations d’origine subsaharienne sont-elles intégrées au sein de la stratégie de prévention ?
  • Où en est la prévention des risques, notamment dans les prisons ? Je sais que des actions ont été menées dans ce domaine.
  • Les acteurs de terrain sont essentiels dans ce combat, et l’heure est aux coupes budgétaires. Pourriez-vous nous communiquer le possible impact des politiques d’austérité au fédéral sur le Plan National de Lutte contre le Sida ?