La problématique des femmes en surpoids

Interpellation de Mme Fatoumata SIDIBE, Députée bruxelloise FDF, à Mme Cécile Jodogne, Ministre, chargée de la Fonction publique et de la politique de la Santé. 9 juin 2015. La réponse est disponible ici.

Concerne : la problématique des femmes en surpoids

Si mon interpellation porte sur la problématique des femmes en surpoids, ce n’est pas par manque d’intérêt pour le surpoids des hommes mais parce ce que j’ai été interpellée par des titre d’un article du 6 mai sur express.be : C’est en Belgique qu’il y aura le plus de femmes en surpoids en 2030.

Les dernières données relatives à l’Indice de Masse Corporelle des femmes en Europe publiées par l’Organisation Mondiale de la Santé sont préoccupantes pour notre pays. En Belgique, le rapport prédit une proportion inquiétante de femmes en surpoids d’ici 2030, avec 89% des femmes de plus de 18 ans présentant un indice de masse corporel (IMC) supérieur à 25.

Pour rappel, l’IMC est un indice qui représente le rapport entre la taille et le poids d’une personne. Il se calcule en divisant le poids d’une personne en kilogrammes par sa taille en mètres au carré. A vos balances et calculettes 😉

Pour un indice compris entre 25 et 30, on parle de surpoids. Dès qu’il dépasse la valeur de 30, il s’agit d’obésité.

Dans notre pays, l’Institut scientifique de santé publique (ISP) a également produit un rapport de l’Enquête nationale de santé de 2013. Il apparaît que plus d’un Belge sur quatre ne pratique aucune activité physique.

Près de la moitié des adultes (48%) et un jeune sur cinq sont en surcharge pondérale. En outre, les populations à plus faible niveau d’instruction sont davantage touchées par le phénomène de surpoids.

Clamer que le surpoids et l’obésité sont des risques majeurs de maladies chroniques est une lapalissade. Les risques associés sont plus précisément le diabète sucré, le cholestérol, l’hypertension, des problèmes respiratoires et de fertilité ou encore un plus grand risque de cancers.

L’obésité est donc un grave problème de santé publique à l’origine de nombreuses complications qui entraînent une surmortalité et touche les personnes de plus en plus jeunes.

La prévention a un rôle important et doit être une priorité. Informer, conseiller sur l’importance d’une saine gestion de son poids, d’une alimentation équilibrée et la pratique d’activité physique, sans pointer du doigt celles  et ceux qui n’entrent pas dans la norme.

Car ce serait contribuer à renforcer l’exclusion et la discrimination à leur égard. Je reprends une expression tirée d’une communication de l’asbl Question Santé, Surpoids et obésité : quand prévention rime avec discrimination, cela ne nous amène-t-il pas à passer de « responsable » de sa santé à « coupable » ?

Si on effet il est possible d’agir individuellement sur certains facteurs qui influencent notre corpulence, il y en est de multiples qui sont moins maîtrisables : l’environnement, le mode de vie, le stress, l’isolement, des emplois sédentaires, les moyens de déplacement, l’abondance de l’offre alimentaire, les aspects socio-économiques, culturels les caractéristiques génétiques et biologiques.

Il est donc important d’agir sur les conditions de vie et de l’hygiène de vie.

A titre d’exemple, la France a décidé cette année d’interdire les « fontaines à sodas » dans les lieux ouverts au public ou recevant du public afin de protéger la population contre une surenchère commerciale incitant à certaines consommations excessives et néfastes pour la santé. Une telle législation est-elle envisagée en Belgique à l’avenir ?

Ce serait une mesure encourageante. Il est avéré qu’une boisson sucrée, prenons l’exemple d’une canette, contient près de 125 kilocalories. Pour une femme qui a besoin de 2.000 kilocalories par jour, deux canettes, c’est déjà beaucoup. Interdire les distributeurs ne suffit pas bien sûr.

La prévention du surpoids doit s’inscrire dans une politique plus générale d’éducation à un équilibre alimentaire qui inclut l’exercice physique. Il faut une volonté politique à long terme et des programmes pluridisciplinaires.

Pour aller plus loin, je voudrai  mentionner quelques récentes recherches qualitatives.

Le Dr. Luc Berghmans a dégagé sur le sujet plusieurs pistes pour tenter de mieux appréhender les politiques de prévention lors du colloque « Happy Body » du 16 décembre 2014 organisé par la Fondation contre le Cancer.

En effet, nous sommes dans une situation paradoxale où les initiatives des associations augmentent parallèlement à une diminution de l’évaluation et de la coordination des pouvoirs publics. Le docteur appelle donc à des solutions structurelles, consubstantielles à un meilleur financement et à une action politique. Il appelle également à décloisonner la concertation entre les communes pour améliorer les perspectives locales.

Les enfants de parents en surpoids sont également concernés ! Il est par conséquent urgent de défendre des mesures préventives à l’encontre des femmes enceintes et en âge de procréer et ce ; pour prévenir l’obésité maternelle : c’est la conclusion du projet européen Dorian.

 

Aussi, les personnes nées de mères ayant conservé un surpoids à la fin de la grossesse ont un risque plus élevé de développer des maladies cardio-vasculaires et neuro-vasculaires ou encore un diabète de type 2 à l’âge adulte. Pour cette étude dirigée par le professeur John Eriksson à Helsinki, 13.000 personnes ont été suivies de leur naissance (dans les années 1930-1940) jusqu’à l’âge de 60-70 ans.

Autre constat: le surpoids de la mère influence le profil métabolique, le poids et le développement cardiaque de ses enfants. Ce résultat est issu de l’analyse de 90 mères et de leurs enfants.

En Belgique, une étude a été réalisée par le Centre d’épidémiologie périnatale sur base du registre de naissances de 2009.

38.675 naissances ont été analysées à Bruxelles et en Région wallonne. Il en ressort que les admissions de nouveau-nés aux soins intensifs sont plus élevées pour ceux dont les mères étaient obèses (38 % de plus) que pour les autres. Lorsque l’accouchement était provoqué, ce taux était de 34 % contre 45 % pour un accouchement naturel.

Enfin, je voudrais parler du Plan national nutrition santé (PNNS). Un rapport d’évaluation de ce plan a été rédigé par l’université de Liège (ULg) voici quelques années.

Si cette initiative avait été soulignée à l’époque par de nombreux acteurs de la santé, car pour la première fois étaient réunis des acteurs fédéraux et des entités fédérées, le rapport d’évaluation de l’ULg avait pointé précisément le fait que la déclinaison opérationnelle du plan avait péché par un manque de collaboration, de synergie et d’information dans les processus de transmission de l’information entre les entités fédérées elles-mêmes et entre les entités fédérées et le niveau fédéral.

Le Plan national nutrition santé (PNNS) fait l’objet d’un transfert dans le cadre de la sixième réforme de l’État. La Commission communautaire française a reçu une petite fraction du budget de ce plan.

Mes questions sont les suivantes :

 

 Quelles sont les études nationales menées en matière d’obésité ?

 Quels sont les mesures de prévention mises en place ? Comment lutter contre cette fatalité à l’horizon 2030 ?

 Quelles sont les concertations existantes entre les entités fédérées et la Ministre fédérale ?

 

Fatoumata SIDIBE

 

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