Année : 2017

Bilan négatif en matière de handicap en Belgique

Parlement bruxellois
Interpellation de Fatoumata Sidibé, Députée Défi à Pascal Smet, Ministre en charge de la mobilité
Bilan négatif en matière de handicap en Belgique – 11 décembre 2017. Article de presse Les PMR  à l’amende à cause de leur taxi La Capitale , 1er janvier 2018.

L’inclusion des personnes handicapées constitue un enjeu majeur de notre société. La citoyenneté pour tous ne doit pas rester un voeu pieu et il est donc de la responsabilité des acteurs politiques à tous niveaux de mettre en oeuvre des politiques en matière de handicap qui soient les plus intégrantes et intégrées possibles.
La possibilité d’entretenir des rapports sociaux, de travailler, de se déplacer, de bénéficier d’un degré d’autonomie élevé, sont autant de composantes minimales et essentielles permettant à chacun de se sentir inclus et accepté.
Cette inclusion doit se concevoir dans une perspective « universaliste », devrait garantir l’accès à tout, pour tous et figurer dans toutes les politiques publiques.
En Belgique, l’une des e des faiblesses en matière de politiques publiques en faveur de l’intégration des personnes handicapées est l’absence de statistiques. Ce manquement était d’ailleurs relevé dans le mémorandum du Conseil Supérieur National des Personnes Handicapées et du Belgian Disability Forum, constatant que les autorités belges ne disposaient pas de statistiques complètes sur le nombre et les besoins des personnes handicapées vivant en Belgique.
La répartition des compétences décidée par les réformes institutionnelles successives n’a pas créé un cadre propice en matière d’établissement et de développement d’outils statistiques cohérents.
L’urgence en 2014 – et déjà avant cela – était de disposer d’une base de données uniques rassemblant l’ensemble des éléments du dossier. Disposer des statistiques complètes est essentiel pour élaborer une planification correcte et durable des différents aspects de la politique du handicap ou encore d’en déterminer les budgets.
Pour rappel, le Conseil supérieur des personnes handicapées avait fait le point sur les recommandations émises par l’Organisation des Nations Unies pour les personnes handicapées en 2014.
Face au bilan peu élogieux des performances de la Belgique en la matière, le Belgian disability Forum avait indiqué qu’il restait encore du pain sur la planche et rappelait que le prochain rapport périodique de la Belgique est attendu par le Comité des droits des personnes handicapées pour le 02 août 2019. Depuis ce dernier rapport, nous avons, néanmoins, quelque peu avancé en Région bruxelloise. Notre Parlement a adopté une ordonnance relative à l’inclusion des personnes handicapées et les gouvernements de la Région, de la Commission communautaire française et de la Commission communautaire commune ont adopté, simultanément, le « Handiplan ».
Le principe de handistreaming vise à intégrer la dimension du handicap dans l’ensemble des politiques menées à Bruxelles. Par ailleurs, le parlement bruxellois a approuvé une résolution relative à l’accessibilité des infrastructures et des équipements de la STIB aux personnes en situation de handicap.
Le Handiplan a pour objectif de favoriser la mise en place d’une – approche intégrée de la dimension du handicap pour l’ensemble des politiques décidées en Région de Bruxelles-Capitale pour la législature 2014-2019. Plus encore, la Région bruxelloise, la Commission communautaire française et la Commission communautaire commune ont dès lors signé une charte handistreaming, qui se veut un engagement à prendre les mesures qui s’imposent pour rendre Bruxelles plus inclusive.
Les acteurs de terrain ont d’ailleurs salué des avancées en matière de mobilité ces dernières années mais restent sur leur faim quant à la qualité de mais l’accessibilité des lieux, structures ou bâtiments publics.
Cela reste trop souvent un véritable parcours du combattant et les exemples de difficultés quotidiennes que vivent les personnes handicapées pour accéder à certains lieux ou se déplacer via des transports publics sont légions. Au vu des récentes critiques émises par le secteur, c’est l’occasion de faire le point sur l’état de ce dossier.
Monsieur le Ministre, mes questions sont les suivantes :

  •  Au niveau de la STIB, où en sommes-nous dans la planification et l’exécution de la mise en conformité des métros ?
  • Qu’en est-il de l’équipement de bus équipés de rampes et de leur utilisation effective. Combien de lignes des bus sont-elles équipées ? Quelles sont ces lignes ? Qu’en est-il de la régularité de l’entretien des rampes ?
  • Les annonces auditives des arrêts sont-elles généralisées ?
  • Combien de plaintes ont –elles été déposées à la STIB par des usagers PMR ?
  • Au niveau des trams T3000/4000, il semblerait que le signal handicap soit désactivé. Confirmez-vous ce constat ?
  • Quelles sont les conclusions des échanges bilatéraux avec des membres du gouvernement en vue de la mise en oeuvre de l’Handiplan ?
  • Avez-vous eu des contacts constructifs avec le secteur et la société civile ? – Quid de l’accessibilité dans les communes ? Le projet d’ordonnance sur le handistreaming a-t-il été transposé dans les communes ? Si oui, lesquelles ?
  • Vous deviez interroger la STIB sur le stade d’avancement des signalétiques et la possibilité de mettre en oeuvre des mesures rapides pour les PMR. Qu’est-il du cas spécifique de la station BUYL ? Vous aviez, effet, annoncé lors d’une précédente interpellation que vous vous renseigneriez sur cette question spécifique.
  • Au niveau des Minibus PMR, combien sont-ils ? Sont-ils équipés à la fois pour chaises manuelles et électriques ?
  • Qu’en est-il des taxis pour PMR de la STIB ? Combien sont-ils ? Combien sont réellement opérationnels ? Combien de temps faut-il attendre en moyenne pour avoir un taxi PMR ?

LA CAMPAGNE « FRED ET MARIE »

Parlement francophone bruxellois
Intervention de Fatoumata Sidibé, Députée Défi  À MME CÉLINE FREMAULT, MINISTRE EN CHARGE DE L’ACTION SOCIALE – 24 novembre 2017
Concerne : LA CAMPAGNE « FRED ET MARIE »  – La réponse est disponible ici.À la veille du 25 novembre, Journée internationale pour l’élimination de la violence à l’égard des femmes, c’est l’occasion de rappeler la réalité dramatique de ce fléau qui touche des femmes partout dans le monde, en tout temps et en tout lieu.
Pour rappel, d’après l’enquête 2014 de l’Agence des droits fondamentaux de l’Union européenne, plus d’une femme sur trois en Belgique a subi des violences physiques et/ou sexuelles depuis l’âge de quinze ans. Pour une sur quatre, ces violences étaient le fait d’un partenaire ou ancien partenaire. À Bruxelles, en 2016, il y a eu 2.300 plaintes pour violences conjugales, plus de 500 plaintes pour violences sexuelles, dont 45 viols collectifs. En Belgique en 2017 – et l’année n’est pas terminée – un article du Soir dénombre 38 femmes tuées parce qu’elles étaient femmes.
Et ces drames ne sont pas éloignés de nous. En septembre, j’apprenais avec beaucoup de tristesse et stupéfaction l’assassinat par plusieurs coups de couteau d’une connaissance par son mari. Un drame repris dans les faits divers. Il existe bien sûr des avancées : je pense aux plans d’action nationaux contre les violences faites aux femmes menés depuis 2001. Depuis 2006, il y a eu également des circulaires prônant la tolérance zéro pour une meilleure collaboration entre les services de police/le Parquet et les services d’aide pour l’accueil des victimes et le suivi des plaintes.
Depuis 2009, il existe une ligne d’écoute téléphonique SOS Violences conjugales et, depuis juillet 2013, une autre ligne est dédiée aux mariages contraints ou subis. Une loi contre le sexisme a été lancée en 2014. Enfin, depuis novembre 2016, une ligne téléphonique SOS Viol, le 0800 98 100, a été rendue gratuite. C’est une bonne avancée.  
Il reste toutefois de nombreux défis et enjeux à relever : les places d’urgence, les refuges secrets et sécurisés, l’hébergement à long terme. Ce sont des problèmes cruciaux, tout comme la prise en charge de toutes les femmes, quel que soit leur statut administratif.
Je voudrais tout de même pointer deux bonnes nouvelles. D’abord, l’ouverture d’une nouvelle maison d’accueil en Région bruxelloise pour les victimes de violences conjugales, qui peut accueillir 24 personnes – femmes et enfants – dans un refuge tenu secret ; ensuite, la modification cette année du décret relatif aux maisons d’accueil, afin de leur allouer une subvention pour le posthébergement. C’est un poste important, car il permet de garantir la continuité du suivi et de l’accompagnement des bénéficiaires une fois qu’ils ont quitté la maison d’accueil.
J’en viens maintenant aux harcèlements sexistes.
On se souviendra de ce mois d’octobre, de sa déferlante de hashtags et de témoignages de milliers de femmes concernant les agressions qu’elles vivent au quotidien. Si les réseaux sont devenus aujourd’hui un exutoire, c’est qu’il y avait un vide et que ces femmes ne se sentaient pas assez entendues ni écoutées.  
Une digue se rompt aujourd’hui pour toutes ces femmes pour lesquelles le harcèlement sexiste était jusqu’alors passé sous silence. Nous espérons qu’il s’agit aujourd’hui d’un tournant important en la matière. En effet, si la honte n’a pas complètement changé de camp, elle est aujourd’hui aussi présente dans l’autre camp. De nombreuses personnes – notamment les hommes – ont compris l’ampleur du phénomène.
Néanmoins, il nous faut mettre l’accent sur la prévention, l’éducation et la répression. Nous devons aussi lancer régulièrement des campagnes nationales de promotion et d’information. L’éducation à la vie relationnelle, affective et sexuelle (EVRAS) a un rôle important à jouer également puisqu’elle continue à lutter contre les stéréotypes négatifs liés aux femmes, à la fois dans la rue, les médias ou encore la publicité. Le travail que vous réalisez pour le moment n’est pas suffisant. Le monde associatif est déjà sur le qui-vive en la matière.
Fin 2018, la Belgique sera invitée à présenter un rapport sur la mise en œuvre de la Convention d’Istanbul qu’elle a signée et ratifiée.
J’en viens à mes questions, Madame la présidente.  

  • Disposez-vous d’un bilan des activités de la ligne d’écoute téléphonique ? Depuis l’affaire Weinstein, constate-t-on des appels relatifs aux harcèlements sexistes ? Cette ligne d’écoute a été renforcée et est à présent joignable 24 heures sur 24 et sept jours sur sept grâce à Télé-Accueil et aux autres pôles de ressources. L’élargissement aux week-ends a-t-il eu des conséquences importantes en termes d’actions et d’appels ?
  • Enfin, quel est le bilan de la campagne Fred et Marie ou Marie et Fred en termes de visibilité et de diffusion ?
  • En ce qui concerne le harcèlement sexiste, quelles sont les réponses de la Commission communautaire française ? Au-delà des journées dédiées aux femmes ou consacrées à la défense de leurs droits, celle-ci envisage-t-elle de mener des campagnes permanentes ?

LES SUBSIDES ACCORDÉS AU THÉÂTRE DES TANNEURS

Parlement francophone bruxellois
Question orale de  MME FATOUMATA SIDIBÉ, Députée DéFI À MME FADILA LAANAN, MINISTRE-PRÉSIDENTE EN CHARGE DE LA CULTURE – 24 novembre 2017
Concerne : LES SUBSIDES ACCORDÉS AU THÉÂTRE DES TANNEURS. – La réponse est disponible ici.Nous avons appris cette semaine par la presse que la ministre de la Culture de la Fédération Wallonie-Bruxelles, Mme Alda Greoli, avait décidé de suspendre la signature du contrat-programme du Théâtre Les Tanneurs, à la suite des accusations de harcèlement moral, d’abus d’autorité et de pressions diverses qui pèsent sur son directeur.  
La Commission communautaire française subventionne-t-elle cette institution ? Si oui, dans quelles proportions ? Si c’est le cas, comptez-vous suspendre ce subside ou préférez-vous attendre, le temps d’y voir plus clair dans cette affaire ?
Avez-vous pris des dispositions pour vous informer au sujet des faits reprochés au directeur et vérifier si la législation sur le bien-être au travail a été respectée au Théâtre Les Tanneurs ?  

Réponse de Mme Fadila Laanan, ministre-présidente.- Comme beaucoup, j’ai découvert, par médias interposés et sur la base de déclarations de certaines femmes, les reproches adressés au directeur du Théâtre Les Tanneurs. Je voudrais simplement rappeler que cette institution ne dépend absolument pas de la Commission communautaire française, mais bien de la Ville de Bruxelles.  
Elle est financée par la Fédération Wallonie-Bruxelles sur la base d’un contrat-programme, avec des représentants de la Ville de Bruxelles et de la Fédération Wallonie-Bruxelles. D’ailleurs, je pense que des administrateurs de cette association siègent au sein de cette assemblée.
Au niveau de la Commission communautaire française, le seul lien de subvention est une opération nommée Passe à l’acte. Celle-ci concerne plusieurs théâtres. Le Théâtre Les Tanneurs reçoit ainsi un subside de 8.000 euros destiné à initier des jeunes à la création contemporaine, à la lecture critique de pièces, etc. Il s’agit donc d’un projet tout à fait ponctuel.  
Je n’ai été saisie de cette affaire par aucun collègue, ni à la Ville de Bruxelles, ni à la Fédération Wallonie-Bruxelles. Je dois vous avouer que, hormis les déclarations faites dans la presse, je n’ai eu aucune information relative à ce dossier. Je suis très choquée de ce que j’ai lu, mais il convient au préalable de laisser libre cours à l’instruction qui sera faite à la suite de ces accusations assez graves.  
Un travail doit donc être réalisé au niveau du conseil d’administration, qui doit rendre des comptes à la Fédération Wallonie-Bruxelles. Par ailleurs, j’ai lu la déclaration de Mme Greoli et je ne suis pas favorable à l’idée de suspendre un contrat-programme. En effet, il s’agit tout de même d’un projet initiant une relation entre une institution, pour des missions de service public culturelles, et la Fédération Wallonie-Bruxelles.
Il est certain qu’une suspension du contrat-programme mettrait en danger la dimension liée à l’emploi et le travail à réaliser. Mme Greoli a vraiment raison de demander des comptes au conseil d’administration, mais il faut être prudent quant aux conséquences que cela peut avoir.
Voilà ce que je peux vous dire concernant cette problématique et la Commission communautaire française. Nous serons évidemment attentifs à la solution apportée au problème évoqué, mais nous ne sommes pas autant impliqués dans l’affaire que la Ville de Bruxelles ou la Fédération WallonieBruxelles.  
Mme la présidente.- La parole est à Mme Sidibé.
Mme Fatoumata Sidibé (DéFI).- Effectivement, il faut laisser l’instruction se dérouler pour éclaircir cette affaire. Ce qui importe, c’est de ne pénaliser ni le théâtre, ni les spectateurs, ni les autres personnes engagées dans ce processus, et de permettre à la culture d’avoir tout son sens dans ce théâtre.

Etat des lieux de la lutte contre les mutilations génitales féminines.

Parlement francophone bruxellois

Interpellation de Fatoumata Sidibé, Députée Défi à Mme Céline Fremault, ministre en charge des affaires sociales – 24 novembre 2017. La réponse est disponible ici.
Concerne : Etat des lieux de la lutte contre les mutilations génitales féminines.A la veille de la journée internationale pour l’élimination de la violence à l’égard des femmes, il est utile de rappeler qu’en 2016, selon l’Unicef, un nouveau bilan faisait état d’une augmentation chiffré du nombre de femmes et de filles ayant subi une mutilation sexuelle.  Elles seraient 200 millions. Dans le dernier recensement de 2014, ce chiffre était de 140 millions. C’est effrayant ! A l’échelle de la Belgique en 2012, on estimait à 13.112 femmes et filles très probablement excisées et 4.084 sont à risque de l’être. Ces chiffres ont doublé depuis 2008. Cela est dû à l’arrivée de femmes originaires des pays où l’excision est traditionnellement répandue et à la naissance d’enfants dans ces communautés.
Derrière ces chiffres, ce sont des millions de femmes et de fillettes qui sont amputées d’une partie de leur corps, une partie de leur vie car les conséquences physiques et psychologiques peuvent perdurer toute la vie.
Les femmes arrivées ici adultes déjà excisées et en âge de donner naissance sont donc une cible privilégiée.
De nouvelles populations immigrées, originaires de pays tels que la Guinée Conakry, la Somalie, la Soudan, l’Ethiopie, l’Egypte, la Côte d’Ivoire, la Sierra Leone, le Sénégal, le Burkina Faso, le Mali, la Mauritanie sont à considérer comme des pays « à risque » en ce que la pratique de l’excision est si ancrée dans les traditions culturelles qu’il est difficile d’imaginer qu’elle disparaisse en immigration, malgré les lois contraires du pays d’accueil. Les femmes immigrées issues ces pays doivent faire l’objet de notre plus grande attention tant en matière de prévention que d’informations ou que de suivi médical.
Il faut donc intensifier la lutte. Je me suis rendue compte que de nombreuses femmes ignorent encore que les MGF sont interdites en Belgique et que l’article 409 du code pénal belge punit de 3 à 5 ans de prison toute forme de mutilation des organes génitaux d’une femme. Il y a également de nombreuses femmes qui ne sont pas touchées par les associations existantes. Car ne les fréquentant pas.
La prévention et la protection des filles et des femmes victimes ou encourant des risques de mutilations génitales doivent donc continuer à être l’objet de toute notre attention et être renforcées. Les professionnels de première ligne, que sont par exemple les hôpitaux, l’Office de la naissance et de l’enfance (ONE) ou le service de promotion de la santé à l’école (PSE), sont par définition au plus près du suivi des familles et de leurs proches. D’où l’importance toute particulière de la formation de ces professionnels. Le rôle de sensibilisation des membres de la diaspora et les échanges avec les pays d’origine tels qu’organisés en ce moment par le GAMS sont évidemment indispensables.
Depuis 2008, le GAMS a initié le Réseau des stratégies concertées de lutte contre les mutilations génitales féminines, avec l’appui méthodologique de l’Observatoire du sida et des sexualités. Ce réseau d’intervenants issus de différents secteurs (ONE), secteur hospitalier, enseignement, communautés migrantes, aide à la jeunesse, centres de planning familial, etc.) a pour objectif de définir un cadre d’intervention commun pour lutter contre cette problématique et renforcer les synergies et les collaborations entre les acteurs et entre les secteurs.
On n’a aucune preuve qu’elle est pratiquée en Belgique mais nous ne sommes pas à l’abri d’excisions clandestines. On sait également que le risque d’un retour au pays plane toujours. Et que durant les vacances, des fillettes et même des bébés risquent excisés dans le pays d’origine, avec ou sans le consentement des parents. Ceux-ci doivent faire face à .de fortes pressions familiales. Par ailleurs, quand les enfants voyagent avec leurs parents, ceux-ci ont généralement besoin d’une autorisation parentale. Les pays à risque étant connus, on pourrait envisager que les autorités communales soient sensibilisées à ce risque et donnent de bonnes informations aux parents notamment que cette pratique est strictement interdite en Belgique et leur donner les contacts des associations.
Il y a aussi le risque que l’excision soit pratiquée dans certains pays européens où les lois sont moins strictes….comme Londres par exemple. Si les suspicions sont plus fortes lors d’un voyage dans le pays d’origine, dans le cas de voyages en Europe, la méfiance est moins de mise.
Vu l’abaissement de l’âge de l’excision, les associations qui luttent contre les mutilations sexuelles féminines avaient demandé de procéder à un examen systématique des organes génitaux externes des enfants – plus particulièrement ceux des petites filles – lors des consultations des nourrissons de l’ONE, à l’instar de ce qui se passe en France et en Espagne. Un tel examen devrait être effectué aussi et chaque fois que les fillettes reviennent de l‘étranger. Cette proposition n’a pas abouti.
Au mois d’aout 2017, par voie de presse, les associations ont prôné la médiation culturelle dans la lutte contre l’excision. Deux animatrices communautaires du GAMS ont été engagées à mi-temps grâce à des subsides  de  la ministre de la petite enfance de la Fédération Wallonie-Bruxelles. Elles sont présentent pour épauler l’ONE dans le cadre d’un projet pilote dans  la Cité ardente. Et leur rôle de sensibiliser les mères venant d’un pays « à risque ». La présence de ces animatrices communautaires dans les locaux de l’ONE permet de sensibiliser des jeunes femmes arrivées en Belgique dans le cadre d’un regroupement familial. Ces dernières ne connaissent pas la loi belge et risquent ainsi de retourner dans leur pays d’origine pour faire mutiler leur petite fille.
Jusqu’ici, le GAMS tentait de répondre aux demandes de l’ONE avec les moyens du bord.  L’ONE comme lieu d’accroche est saluée comme une victoire par l’association.
En matière de lutte contre les mutilations génitales féminines, les ministres en charge de la Santé, Cécile Jodogne et Fremault ont amorcé une étape importante avec la création, en partenariat d’un réseau « social-santé » agréé pour une durée de 3 années.
On se réjouit de ce réseau, piloté par l’association Intact en partenariat avec Le GAMS qui «, a pour objectif de financer, sur le territoire bruxellois, une collaboration concertée et pluridisciplinaire approfondie, comme l’exige la Convention d’Istanbul afin de mieux prévenir les mutilations génitales qui peuvent être infligées aux fillettes et les femmes, ainsi que permettre une prise en charge adéquate des victimes en aval ».
Selon mes dernières informations, les subsides annuels respectivement alloués par les ministres  Cécile Jodogne et Céline Fremault  au GAMS et à Intact, qui constituent toutes deux des centres d’expertise éminemment reconnus dans le domaine, sont de 15.000 EUR, soit au total 30.000 EUR par année. Ce qui porte, sur une durée de 3 années, le montant des subsides structurels ainsi alloués à une somme totale de 90.000 EUR pour les activités du réseau créé entre elles.
C’est très important car les associations souffrent d’un manque de financement structurel et ces nouveaux subsides vont venir renforcer ceux déjà versés de manière plus ponctuelle.
Dès lors, mesdames les Ministres, mes questions sont les suivantes :

  • Quel est l’état des lieux des projets menés par ce réseau et plus particulièrement par le GAMS et INTACT ? Les collaborations entre ces associations et l’ONE sont une bonne nouvelle, avez-vous plus d’informations la collaboration ou le bilan provisoire de celle-ci ?
  • Quid du bilan de l’association « Woman Do » qui offre un accompagnement psychothérapeutique et vient en aide à des femmes exilées en séjour précaire ayant fui des violences, notamment liées à des mutilations génitales.  Quel est le budget alloué à cette association ?
  •  En matière de lutte contre les mutilations génitales féminines (MGF), nous sommes toujours confrontés à l’absence de directives officielles, nationales ou communautaires. Certains autres pays européens ont par exemple rendu un examen médical obligatoire avant et après des voyages en cas de risque d’excision, ou encore lors des visites médicales scolaires. La Belgique a-t-elle avancé sur cette proposition ?
  • Quel est l’état d’avancement de la concertation avec les autres entités dans le cadre du Plan d’action national de lutte contre toutes les formes de violences basées sur le genre

Communiqué de presse 25 novembre 2017

 

Il est temps de faire de la lutte contre les violences faites aux femmes une priorité nationale ! –  23 novembre 2017

A l’approche de la Journée internationale pour l’élimination des violences faites aux femmes, DéFI Femmes, par la voix de sa présidente et députée bruxelloise Fatoumata Sidibé lance un appel : Il est temps de faire de la lutte contre les violences faites aux femmes une priorité nationale !
La violence envers les femmes, qu’elles soient physiques, sexuelles, verbales, psychologiques, sociales, économiques menace les femmes sans trêve ni répit, en temps de paix comme en temps de guerre, dans la sphère familiale, dans la rue, au travail, à l’école, dans les médias, les institutions publiques.
Dénoncer ne suffit plus, il faut agir ! Il faut sortir de la politique de patchwork de mesurettes qui contribuent à la réduction des conséquences, mais ne s’attaquent pas aux causes. Il faut s’attaquer au système patriarcal et sexiste”, pointe la députée DéFI.
Par conséquent, Fatoumata Sidibé propose 10 mesures concrètes : 

1. Évaluer les Plans d’Action Nationaux contre les violences faites aux femmes lancés depuis 2001 ainsi que les circulaires Tolérance 0 lancés depuis 2006 pour une meilleure collaboration entre les services de police/le parquet et les services d’aide pour l’accueil des victimes et le suivi des plaintes;

2. Retravailler la loi contre le sexisme dans l’espace public du 22 mai 2014, méconnue et difficilement applicable;

3. Evaluer le coût des violences faites aux femmes pour la collectivité ; des études démontrent qu’investir dans la prévention plutôt que dans le curatif et la répression permet de réduire les dépenses;

4. Allouer aux associations des moyens financiers et humains suffisants et pérennes, augmenter les places d’accueil d’urgence et les refuges secrets et sécurisés, prise en charge des toutes les femmes, quel que soit leur statut administratif;

5. Inciter les victimes à aller porter plainte et leur assurer les conditions d’un accueil sûr, collecter des statistiques sur les violences envers les femmes, garantir une formation de tous les professionnels en contact avec des femmes victimes : enseignants, magistrats, policiers, services santé, managers à la prévention du harcèlement sexuel au travail, rendre la justice accessible à toutes les victimes;

6. Après la libération de la parole, il faut libérer l’écoute. Mettre en place un numéro vert dédié aux victimes de harcèlement sexiste;

7. Inscrire dans la loi la notion de non-assistance à personne harcelée. Protéger un harceleur, c’est s’en rendre complice;

8. Lancer régulièrement des campagnes nationales de prévention et d’information;

9. Eduquer au respect, lutter contre les stéréotypes véhiculés par les livres pour enfants et les manuels scolaires, généraliser l’éducation à la vie relationnelle, affective et sexuelle (Evras), lutter contre les publicités sexistes qui renforcent l’image dégradante de la femme;

10. Mettre en œuvre la Convention du Conseil de l’Europe (Convention d’Istanbul) sur la prévention et la lutte contre la violence à l’égard des femmes et la violence domestique.

Il est temps de constituer une chaîne de solidarité contre le patriarcat et le sexisme.  Ce 25 novembre, DéFI Femmes se joint à l’appel à manifestation nationale féministe contre les violences faites aux femmes lancée par Mirabal.

Parce qu’une journée ne suffit pas pour clamer collectivement notre révolte, DéFI Femmes demande que 2018 soit désignée grande cause nationale contre les violences faites aux femmes !

#ViolencesFaitesAuxFemmes
#PrioritéNationale
#25novembre

La prostitution estudiantine et la publicité qui en est faite « #sugarbabies »

Parlement francophone bruxellois
Intervention de Fatoumata Sidibé, à Mme Céline Fremault, ministre en charge de l’Action sociale,
Concerne « la prostitution estudiantine et la publicité qui en est faite « #sugarbabies » » –  6 octobre 2017. La réponse est disponible ici.La prostitution est désormais considérée comme une violence. Elle est incluse à ce titre dans le Plan d’action national de lutte contre toutes les formes de violence basées sur le genre et dans le Plan d’action contre les violences intrafamiliales et sexistes.
Nous avons été nombreuses et nombreux à nous indigner de la campagne orchestrée par un site de rencontres qui propose aux jeunes filles de vendre leurs charmes à des hommes riches. Le slogan s’adressait directement aux étudiantes en les invitant à améliorer leur style de vie et leur quotidien en fréquentant un « sugar daddy ».
Une caravane publicitaire a circulé dans les rues de Bruxelles, sans qu’on puisse y échapper, aux abords d’une université qui est tout de même une porte vers l’émancipation. Cette campagne scandaleuse va à l’encontre de l’égalité hommes-femmes et sous-entend qu’une femme ne peut être indépendante sur le plan financier sans l’apport d’un homme et que, en tout cas, elle a besoin de se faire entretenir.
C’est inacceptable ! C’est une incitation à la prostitution et à la débauche, un appel à la marchandisation du corps, une banalisation de la prostitution, une exploitation de la détresse matérielle, affective, relationnelle et sociale des étudiants les plus vulnérables. La polémique et l’indignation ont abouti à l’introduction de plaintes par les mondes politique, associatif, universitaire et civil. Des communes ont, dans la foulée, interdit la circulation de la caravane sur leur territoire. Le Jury d’éthique publicitaire (JEP) s’est également penché sur la question.
Cette polémique met en exergue la problématique des publicités sexistes dans les médias et dans la rue, mais également les modèles qu’elles véhiculent et leurs conséquences sur les mentalités. Car en renvoyant à une image de soumission et d’infériorité ainsi qu’à des stéréotypes sexistes, ils participent à l’illégalité et à la violence. Il serait vraiment temps que les pouvoirs publics se saisissent de cette question avec force pour trouver un équilibre entre dignité de la personne humaine et liberté de création. Il faut des campagnes de sensibilisation fortes contre le sexisme, notamment à l’adresse du monde de la publicité.
Cette polémique a également mis en évidence un phénomène tabou et occulté, celui de la prostitution étudiante. Ce phénomène touche un public de plus en plus précarisé et vulnérable en raison de l’âge, des difficultés financières et sociales, de l’isolement, de la rupture des liens familiaux et sociaux ou simplement du fait qu’il est méconnu des services sociaux. Ne nous leurrons pas. Nous faisons également face à une évidence, celle de la société consumériste qui incite à la consommation effrénée et dans laquelle la fin parvient à justifier les moyens.
En réponse à une intervention de Mme Susskind il y a deux ans sur la question de la prostitution, vous disiez que les rares travaux réalisés jusqu’à alors en la matière par le docteur Renaud Maes, sociologue et chercheur à l’ULB, démontraient qu’il s’agissait bien d’une activité prostitutionnelle à part entière à laquelle un temps significatif était consacré et qui engendrait un investissement matériel et psychologique très intense, pour des rétributions qui sont dérisoires.
Nous sommes donc loin du cliché selon lequel il s’agit d’un type de prostitution qui viserait uniquement à se faire un peu d’argent de poche ou à acheter un ordinateur, un vêtement, voire à partir en vacances.

  • Avez-vous des données sur la prostitution étudiante tant féminine que masculine ?
  • Vous prévoyiez de lancer une étude sur les nouvelles formes de prostitution, telles que la prostitution étudiante. Son objectif était d’acquérir davantage de connaissances sur les sujets que j’ai déjà évoqués, de collecter, d’actualiser et d’objectiver les données. Elle devait compléter l’étude réalisée par la Région bruxelloise sur la prostitution de rue et en vitrine. Où en est-elle?
  • Qu’en est-il des campagnes de prévention ? Il est urgent de lancer de telles actions pour contrecarrer le discours sexiste ambiant. Il faut aussi informer les jeunes à propos des structures d’aide existantes pour éviter qu’ils entrent dans le cercle de la prostitution dont il est très difficile de sortir.

Etat des lieux de la mise en œuvre des recommandations émises par l’ONU pour les personnes handicapées en 2014

Parlement francophone bruxellois
Interpellation de Fatoumata Sidibé, à Mme Céline Fremault, ministre en charge de la Politique d’aide aux personnes handicapées,
Concerne : l’état des lieux de la mise en œuvre des recommandations émises par l’ONU pour les personnes handicapées en 2014″ – 6 octobre 2017.  La réponse est disponible ici.Le Conseil supérieur national des personnes handicapées (CSNPH) a récemment fait le point sur la mise en œuvre des recommandations émises par l’Organisation des Nations unies (ONU) pour les personnes handicapées en 2014.

Face au bilan peu élogieux des performances de la Belgique en la matière, le Belgian Disability Forum (BDF), une asbl qui examine les traités internationaux et leur application, a, de son côté, indiqué qu’il restait encore du pain sur la planche. Elle a également rappelé que le prochain rapport périodique de la Belgique est attendu par le CSNPH pour le 2 août 2019.
Une des faiblesses en matière de politique publique en faveur de l’intégration des personnes en situation de handicap, est l’absence de statistiques. Ce manquement était d’ailleurs relevé dans le mémorandum du CSNPH et du BDF qui constatait que les autorités belges ne disposaient pas de statistiques complètes sur le nombre et les besoins des personnes handicapées vivant en Belgique.
La répartition des compétences décidées par les réformes institutionnelles successives n’a pas créé un cadre propice en matière d’établissement et de développement d’outils statistiques cohérents. L’urgence, en 2014 déjà, était de disposer d’une base de données unique rassemblant l’ensemble des éléments du dossier. Une bonne politique requiert la prise en compte de tous les handicaps existants. Par ailleurs, des chiffres et statistiques complets sont essentiels pour élaborer une planification correcte et durable des différents aspects de la politique ou encore déterminer les budgets.
Les problèmes restent donc criants en matière d’hébergement, d’emploi, d’accessibilité et de mobilité. Pourtant, nous avons avancé en Région bruxelloise puisque nous avons adopté, sous la législature précédente, un décret relatif à l’inclusion des personnes handicapées.
Les gouvernements de la Région, de la Cocom et de la Cocof ont adopté simultanément le Handiplan qui a pour objectif de favoriser la mise en place d’une politique de handistreaming – approche intégrée de la dimension du handicap – en Région de Bruxelles-Capitale pour la législature 2014-2019. La Région bruxelloise, la Cocom et la Cocof ont dès lors signé une charte du handistreaming, qui se veut un engagement à prendre les mesures qui s’imposent pour rendre Bruxelles plus inclusive. Ce principe vise à intégrer la dimension du handicap dans l’ensemble des politiques menées à Bruxelles.
Au vu des récentes critiques émises par le secteur et par différentes associations, c’est l’occasion de faire le point sur ce dossier.

  • Quel est l’état des lieux des actions menées dans le cadre du Handiplan adopté en juillet 2015 ?
  • À l’échelle de la Commission communautaire française, on avait parlé d’un groupe de coordination composé de l’ensemble des représentants des ministres et des services de la Cocof. Où en est-on à cet égard ? En ce qui concerne les échanges bilatéraux avec des membres du gouvernement en vue de la mise en œuvre du Handiplan, quelles sont les avancées réalisées ?
  • La conférence interministérielle (CIM) du handicap s’est-elle réunie ? Si oui, à combien de reprises ? Le rapport publié dans la presse sera-t-il à l’ordre du jour de la prochaine conférence ou l’a-t-il été ? Quand sera organisée la prochaine conférence ?
  • Vos contacts avec le monde associatif sont-ils constructifs ? Sur quoi débouchent-ils ?
  • Qu’en est-il de l’accessibilité dans les communes ? Le projet d’ordonnance sera-t-il transposé dans les communes ? Si oui, lesquelles ?

 

Evaluation du parcours d’intégration obligatoire pour les primo-arrivants

Parlement francophone bruxellois
Intervention de Fatoumata Sidibé, à M. Rudi Vervoort, ministre en charge de la Cohésion sociale – 6 octobre 2017. La réponse est disponible ici.
Concerne « l’évaluation du parcours d’intégration obligatoire pour les primo-arrivants ». Je remercie mon collègue pour cette interpellation qui nous permet de faire le point sur ce dossier.
Le Parlement francophone bruxellois a adopté en 2013 un décret sur le parcours d’accueil des primo-arrivants. En avril 2017, l’Assemblée réunie de la Commission communautaire commune (Cocom) a voté un projet d’ordonnance sur le même sujet.
L’ordonnance prévoit que les primo-arrivants puissent suivre un parcours d’accueil au choix. Pour le moment, il s’agit soit de celui de la Cocof, soit de celui de la Communauté flamande. L’objectif est que la Cocom définisse à terme un cadre global pour cette obligation, et que la Cocof et la Communauté flamande soient chargées, dans un premier temps, de tracer ces parcours sur le terrain.
Cela représente un progrès, obtenu après un long marathon, qui a débouché sur un chantier que nous aurions aimé plus ambitieux, mais qui est toujours ouvert. Deux BAPA ont été agréés : l’asbl VIA, à Schaerbeek et à Molenbeek, et l’asbl BAPA BXL, sur le territoire de la Ville de Bruxelles, ouverte il y a peu.
Ce parcours très important comprend deux volets. Consacré à l’information sur le parcours, ainsi qu’à la présentation des droits et devoirs des primo-arrivants, le premier volet concerne l’accueil et le bilan social et linguistique.
Le second concerne l’accompagnement individualisé, et permet de suivre des formations linguistiques et des formations à la citoyenneté passant par l’information de base pour se retrouver dans les dédales de notre société. Les bénéficiaires reçoivent une attestation de suivi de ces volets.
Nous aurions souhaité un parcours plus ambitieux. De nombreuses associations de terrain réalisent un travail extraordinaire, et beaucoup de personnes qui ne sont pas primo-arrivantes demandent à pouvoir accéder à cet accompagnement.

  • Quel bilan dresse-t-on des BAPA ouverts ? Quelles sont les éventuelles différences notables entre les BAPA ? Qu’en est-il des chiffres de fréquentation au regard des objectifs fixés par la Cocof et par le dispositif flamand ? Quelles leçons peut-on en tirer ?
  • Qu’en est-il de la participation des femmes à ces activités ? Qu’en est-il de la traduction des sites, du côté francophone, en différentes langues ? Cette traduction me semble importante et nous sommes encore un peu à la traîne sur ce plan.
  • Il est également important que des informations complètes soient disponibles. Est-il envisagé de créer un site internet commun aux BAPA ?
  • Qu’en est-il de l’accord de coopération qui permet aux structures agréées en Cocof et en VGC de mettre en place le cadre obligatoire ? Où en est cet accord de coopération ? Quelles en sont les avancées ?Dans cet accord de coopération, il était question d’instaurer un comité de pilotage afin d’évaluer le processus au fil des mois et des années. Qu’en est-il de ce comité de pilotage et de l’évaluation ? Comment celle-ci sera-t-elle effectuée ?

 

Projet d’ordonnance visant à lutter contre les discriminations en matière d’emploi en Région de Bruxelles-Capitale

Parlement régional bruxellois
Intervention de Fatoumata Sidibé –  Projet d’ordonnance visant à lutter contre les discriminations en matière d’emploi en Région de Bruxelles-Capitale – 13 octobre 2017. 
Télécharger le projet d’ordonnance  de juillet 2017
Télécharger le rapport du
28 septembre 17
PROJET D’ORDONNANCE tendant à lutter contre certaines formes de discriminations et à promouvoir l’égalité de traitement – 7 avril 17
Projet d’ordonnance modifiant l’ordonnance du 4 septembre 2008 visant à promouvoir la diversité et à lutter contre la discrimination dans
la fonction publique régionale bruxelloise 
– 23 mai 2016

Je me réjouis profondément de ce projet d’ordonnance qui s’inscrit dans la liste des outils mis en place par la Région (lois anti-discrimination, Charte de la diversité, Plans de diversité, Label diversité, Guichet anti discrimination, …) pour lutter de manière impérieuse contre les discriminations à l’embauche pour permettre à toute personne d’accéder à un emploi correspondant à ses compétences. Certes il faut évaluer l’efficacité de ces outils mais continuer à explorer d’autres pistes.Car de nombreux citoyens sont discriminés sur la base de leur origine, leur sexe, leur âge, leur handicap, leur genre, leur orientation sexuelle, leurs croyances, etc. Au niveau européen, de nombreuses études attestent que notre pays se situe dans le peloton de tête des pays qui discriminent le plus les personnes d’origine étrangère. En outre, Bruxelles est l’une des capitales où la discrimination à l’embauche est la plus marquée.
Depuis des années, plusieurs études montrent l’ampleur du phénomène : répartition ethno stratifiée des emplois, statut des salaires… En Région bruxelloise, différentes catégories de travailleurs ou de chômeurs n’ont manifestement pas les mêmes chances statistiques d’avoir un emploi meilleur, voire même un emploi.  Selon l’origine, certaines personnes se retrouvent occupées dans des secteurs particuliers entreprises de services, intérim, horeca, soins de santé, nettoyage – tandis que d’autres rejoignent plutôt les secteurs où les salaires sont plus élevés.    La question de l’inadéquation entre l’offre et la demande est très importante, mais à qualification égale, les chances d’accès à l’emploi restent aujourd’hui encore inégales.
On ne peut pas continuer à avancer l’argument classique de l’absence de qualification eu égard à l’augmentation du nombre de diplômés universitaires tant parmi les anciennes générations, ceux qui sont nés ici et les nouveaux arrivants.
A Bruxelles, le taux d’emploi des personnes d’origine belge est de 71,0 %. Alors que celui des personnes originaires d’autres pays européens et du Proche/Moyen-Orient est en moyenne de 35 %. Et pour les personnes d’origine africaine, ce taux est de 38%. Et si le taux de chômage est de 10% pour la population bruxelloise d’origine belge… il atteint 30% pour celle d’origine maghrébine.
Oui, il est en anormal que des emplois de qualité de grade supérieur continuent à être attribués à des citoyens belges au nom à consonance belge alors que d’autres aux noms d’origine étrangère occupent des emplois subalternes ou inférieurs. Il y a aussi les discriminations à l’âge, au handicap, à l’orientation sexuelle.
Cette sous-utilisation du capital humain ne profite pas à l’économie.  Et ne participe pas à une cohésion sociale.
A maintes reprises dans le passé, j’ai vécu des situations de discriminations à l’emploi. Il m’est arrivé dans le passé d’envoyer un CV avec un nom Blanc Bleu Belge pour espérer décrocher ne serait-ce qu’un entretien. A l’époque déjà, nous étions nombreux et nombreux à procéder de la sorte. Nous ne savions pas quoi faire avec les réponses sinon pour nous rendre compte que le critère de l’origine prédominait considérablement dans les causes de difficulté d’accès à l’emploi.
Depuis que je suis dans ce parlement c’est-à-dire en 2009, je n’ai cessé d’interpeller les deux ministres précédents sur les discriminations à l’embauche.
A chaque fois, je suis revenue à la charge avec le CV anonyme, l’évaluation des plans diversités, la surveillance des réglementations en matière d’emploi, le bilan des infractions constatées dans ce cadre, les plaintes pour discrimination et guichet discriminations. Et à chaque fois, il y avait une constante dans mes questionnements : l’opportunité d’appliquer les tests de situation et le mystery shopping ou appel mystère, comme levier à activer afin de soutenir la lutte contre les discriminations sur le marché d’emploi bruxellois.
A chaque fois, nombreux sont ceux de la majorité et de l’opposition qui se sont joints pour soutenir l’opportunité d’avoir recours à cet outil. La lutte contre les discriminations est l’affaire de tous. « Seul on va plus vite. Ensemble, on va plus loin » Voilà ce que nous avons fait, majorité avec des partenaires de l’opposition. Monsieur De Lille a dit que Groen et Ecolo sont le père et la mère. Nous sommes la mère porteuse.
Il fallait des garanties juridiques sur le fait que la Région a les compétences de mettre en place des tests qui aient une valeur légale et qui soient opposables devant les tribunaux. Aucun doute sur la volonté du gouvernement qui dans son entièreté s’est engagé, dans le cadre de la déclaration de politique gouvernementale, à lutter contre toutes les formes de discriminations. C’est d’ailleurs dans ce cadre que cet engagement de lutte contre la discrimination est aujourd’hui décliné en chantiers et actions concrètes dans la Stratégie 2025, ce qui constitue un élément nouveau.
Les tests de situation sont un outil de conscientisation, de sensibilisation, de préventions, d’autorégulation car tous les employeurs ne sont pas conscients de pratiquer la discrimination. Cette ordonnance est également assortie d’un volet sanction à l’égard des employeurs.
Ces tests ne peuvent avoir un caractère provoquant ; ils ne seront pas accomplis à l’aveugle en vue de « coincer » le plus d’entreprises possibles. Ils ne seront utilisés qu’en cas de fortes présomptions de la part de l’Inspection sur un employeur ou une entreprise, si et seulement si une série d’indices préalables comme des plaintes et signalements corroborés par d’autres données établira qu’une entreprise peut être suspectée de pratiques discriminantes à l’embauche.  Les signalements seront faits auprès d’Unia, institut pour l’égalité entre les hommes et les femmes, le guichet anti discrimination d’Actiris.
L’intention de notre texte n’est pas d’infliger de sanctions directes si le test est positif, les sanctions ne viennent qu’après décision de justice ou via des amendes administratives si le dossier n’est pas instruit par l’auditorat.
En ce qui concerne les labels, l’arrêté du 7/5/2009 sur les plans et labels diversité prévoit que ceux-ci peuvent être retirés si l’employeur fait l’objet d’une condamnation pour crime ou délit en tant que personne morale ou en sa qualité d’employeur.
Ce projet d’ordonnance, est réfléchi, concerté et équilibré pour ne viser que les employeurs indélicats qui organisent de manière consciente les pratiques discriminantes. Que ceux qui n’ont rien à se reprocher dorment tranquilles ! Il faudra évaluer la mesure.
Oui, le gouvernement est déterminé à lutter contre ce fléau. Le Ministre Gosuin a effectivement hérité d’un vaste et ancien chantier qui peine à montrer ses fruits. En Belgique, il n’y a pas de statistiques ethniques. Parmi les dix mesures prises par Gosuin, pour la première fois, la mise sur pied d’un monitoring adapté au contexte bruxellois afin d’objectiver, d’évaluer la participation des personnes d’origine étrangère au marché de l’emploi. Ces tests de situation sont  un outil parmi tant d’autres. Il est légitime qu’en plus des actions, déjà menées, nous nous dotions de moyens de contrôler le respect, par les employeurs publics ou privés, de la législation anti-discrimination. A ce jour, l’ordonnance relative à la lutte contre la discrimination et à l’égalité de traitement en matière d’emploi (votée en septembre 2008) n’a mené à aucune sanction : aucune condamnation n’a été faite sur cette base. 
Ce projet d’ordonnance est donc le résultat d’une véritable concertation et d’une réelle volonté politique. Et je remercie le Ministre d’avoir porté ce projet avec prudence, ouverture  mais force, conviction et rapidité. En politique, rien de sert d’avoir raison, il faut avoir raison à temps. Le temps est venu de relever ce défi.
Et demain, selon que l’on s’appelle Kadidiatou, Ibrahim, Abdoul Karim, Mohamed, Cheick Oumar, Alassane, Fatoumata (ce sont les noms de mes frères et sœurs), il faut espérer que les préjugés des employeurs ne vous rendront pas Noirs ou Blancs. Donnons la chance à chaque citoyen et citoyenne de s’insérer dignement et durablement au sein de notre société.
Il y a un proverbe malien qui dit « Yiri Koulou mè o mè djila, a te kè bamba yé » : « Le tronc d’arbre à beau séjourner dans l’eau, il ne sera jamais un caïman ». Si on de vivre et de faire société ensemble, il faut permettre au tronc d’arbre de devenir caïman.

 

PROPOSITION DE RÉSOLUTION relative à la discrimination à l’entrée des discothèques et autres lieux de sortie

En septembre 2017, j’ai pu faire voter une résolution relative à la discrimination à l’entrée des discothèques et lieux de sortie.

Mon intervention en séance plénière du Parlement francophone bruxellois le 19 septembre 2017

C’est avec plaisir que nous avons accueilli ce projet d’ordonnance tendant à lutter contre certaines formes de discrimination et à promouvoir l’égalité de traitement.  Ce projet d’ordonnance vise à, d’une part, adapter le cadre législatif bruxellois aux directives européennes et, d’autre part, tend à répondre aux revendications du secteur luttant contre les discriminations.

Il y a un an, j’ai déposé une proposition de résolution relative à la discrimination à l’entrée des discothèques et autres lieux de sortie. Elle a été agencée en même temps que la proposition d’ordonnance. En effet la proposition de résolution demandait en son point 1, la transposition de la directive européenne 2004/113/CE du 13 décembre 2004 du Conseil mettant en œuvre le principe de l’égalité de traitement entre les femmes et les hommes dans l’accès à des biens et services et la fourniture de biens et services

La discussion générale de la proposition résolution a donc eu lieu conjointement avec la discussion générale du projet d’ordonnance

Pour commencer par le projet d’ordonnance, il vient compléter la législation anti-discrimination en matière de lutte contre les discriminations dans les biens et les services.  Son champ d’application offre non seulement une protection en termes d’accès aux biens et services, mais aussi en termes d’accès et de participation à des activités économiques, sociales, culturelles ou politiques, ainsi qu’en matière de protection et avantages sociaux dans toutes les compétences régionales.  Il ne s’agit pas seulement de biens et services rémunérés. Les biens et services non rémunérés sont inclus.

Avec dix-neuf critères protégés, le texte prévoit une meilleure protection face à 6 motifs de discriminations telles que la religion, le handicap, l’âge et l’orientation sexuelle, la discrimination directe, la discrimination indirecte, l’injonction de discriminer, le harcèlement, le harcèlement sexuel et le refus de mettre en place les aménagements raisonnables en faveur d’une personne handicapée. Est également prise en compte la protection contre les discriminations fondées sur le changement de sexe et l’identité de genre. Dans certaines situations, des actions positives temporaires seront permises.

Il est difficile d’apporter la preuve d’un acte discriminatoire. Un élément important de cette ordonnance est le renversement de la charge de la preuve. Le demandeur doit déposer des faits ou preuves qui peuvent mener à une présomption de discrimination et c’est l’inculpé qui est chargé de rejeter cette présomption. Le texte prévoit également, lors de l’introduction d’une plainte, des mesures supplémentaires pour les personnes agissant à titre de témoin, de conseiller, d’avocat ou d’assistant au profit de la personne concernée.

Le texte prévoit également qu’Unia et l’Institut pour l’Égalité des Femmes et des Hommes s’engagent à promouvoir l’égalité de traitement entre les personnes. Un chapitre pénal et un chapitre civil ont été prévus étant donné que le droit européen prévoit de mettre en place des « sanctions effectives, proportionnées et dissuasives » en cas de contravention à la législation. Grâce à la transposition de cette directive européenne, désormais, la région pénalise les discriminations dans l’accès des biens et services.

Il importe de combler les lacunes existantes, mais la secrétaire d’État n’est pas opposée à une ordonnance-cadre  à portée générale luttant contre toute forme de discrimination pour la région de Bruxelles.

Je voudrais à présent aborder la proposition de résolution relative à la discrimination à l’entrée des discothèques et autres lieux de sorties.

Je voudrais remercier les députés de la majorité pour avoir accepté de porter ce projet avec moi. Remercier également Ecolo et Groen qui se sont ajoutés à la liste des cosignataires.

A Bruxelles, des discothèques, bars, restaurants, lieux de sortie refusent encore l’entrée à certains clients en raison de leur origine, leur genre, leur âge, leur orientation sexuelle, leur situation de handicap, leurs convictions religieuses ou philosophiques. Cette proposition de résolution n’est donc pas restrictive.

Dans le rapport Unia, on relève que l’année 2016 est marquée par une augmentation de 31% du nombre de dossiers dans le domaine des biens et services. 500 dossiers de discrimination ont été ouverts dans les secteurs du logement (37%), des transports (15%), des organismes financiers (12%), des commerces (10%), de l’horeca (8%), des services sociaux et de la santé (8%).

Au niveau du racisme dans les biens et services, le principal sous-domaine pour lequel Unia est sollicité concerne le refus de location d’un bien immobilier. Suivent, dans une moindre mesure, les refus d’accès à des discothèques ou des bars.  En ce qui concerne les critères « raciaux », l’augmentation du nombre total de dossiers est de 6% par rapport à l’année 2015.  Dans le domaine des biens et services, la hausse est de 28% pour ce critère. Il s’agit essentiellement de problèmes de refus de location de logement, d’insultes dans des commerces ou encore de refus d’accès à des discothèques, cafés.

Si dans le développement de la proposition de résolution, il est beaucoup questions de critères raciaux, c’est parce ce que la prise en compte est récente et que ce type de discrimination commence à sortir de l’invisibilité.

A Bruxelles, des discothèques, bars, restaurants, lieux de sortie refusent encore l’entrée à certains clients en raison de leur origine. Il ne s’agit pas de pratiques marginales mais d’un  problème structurel par lequel certains groupes sont plus concernés que d’autres.

Les auteurs de la présente proposition de résolution entendent prendre à bras le corps la problématique de la discrimination à l’entrée des discothèques et autres lieux de sortie en Région de Bruxelles – Capitale. Nous en appelons à prendre des mesures en vue de traiter cette forme spécifique de discrimination. Bien sûr, on peut être comme on dit de souche et se faire discriminer.  Mais depuis de nombreuses années, j’entends de nombreuses personnes et particulièrement les jeunes se plaindre de refus répétés à leur encontre dans certains bars, discothèques, lieux de sortie. Ce type de discrimination commence à sortir de l’invisibilité même si cela fait des années  que des actions contre ce type de discrimination sont menées chez nous. Des tests de mise en situation ont permis de dénoncer la discrimination dans l’horeca,  discothèques et les bars dansants.

Dans différentes villes européennes, des nuits du testing ont été et sont organisées à l’entrée des boîtes de nuit. Des testeurs volontaires de différentes origines ethniques, ont tenté d’entrer en toute légalité dans des établissements de nuit. Sans surprise, ces tests ont montré que l’accès des testeurs d’origine étrangère a régulièrement été refusé. J’ai souvent l’occasion d’entendre plusieurs jeunes d’origine étrangère qui se plaignent de ces pratiques discriminatoires récurrentes. On leur refuse l’entrée puis quelques minutes plus tard, accepté des personnes de type européen et ce souvent sans motif objectif qui puisse justifier cette différence de traitement.  

« On sait quand on sort de la maison mais on ne sait pas quand et si on va nous laisser entrer dans une discothèque ». Ou encore ce jeune d’origine étrangère accompagné de deux amis de type européen qui ont pu entrer alors qu’à lui, on lui a refusé l’accès.  Ils ont dû trouver un autre endroit. Cela c’est quand il y a solidarité. Sinon les autres rentrent et vous laissent dehors. Et si vous avez la mauvaise idée de venir entre vous c’est-à-dire sans mixité, vous avez peu de chances.

Il y a toujours un excuse : « ça ne va pas être possible pour vous, c’est un club privé. Ici »,  «  Vous êtes trop nombreux « ,  » Il y a trop de monde à l’intérieur  » « Il n’y a pas de fille qui vous accompagne « .  » Vous n’êtes pas des habitués ».  Mais comment voulez-vous qu’on soit des habitués si on ne les laisse jamais entrer.

Le plus pervers, c’est que pour filtrer leur clientèle, les gérants emploient aussi des portiers d’origine étrangère chargés de sélectionner la clientèle. Soit les jeunes insistent et cela peut mal se terminer par l’arrivée de la police. Et quand celle-ci arrive, il arrive qu’ils disent « vous voyez bien qu’il n’est pas raciste. La preuve c’est qu’il est étranger comme vous ! Comme si le racisme avait une couleur ».

Mais rares sont ceux qui insistent. Ils ont l’habitude. Il leur arrive de faire des kilomètres dans la soirée avant de trouver une discothèque qui les accepte. Ils veulent bien sortir mais on ne les laisse pas entrer. La confrontation régulière aux refus et exclusions est une violence.

Ils sont à la fois résignés, désespérés et humiliés.  Et révoltés. A force de se faire virer de partout, ils finissent par ne plus sortir ou à passer les soirées entre eux. Déjà que la mixité sociale et culturelle est loin d’être un fait à Bruxelles, de telles pratiques contribuent au repli, au fractionnement, à porter atteinte à la cohésion sociale.

Les patrons, portiers savent que c’est de la discrimination. Alors concrètement les motifs pour interdire l’accès sont très flous. D’ailleurs, il ne s’agit pas d’une interdiction radicale et absolue, mais bien d’une « admission sélective ». Il s’agirait, entre autres, de restreindre le nombre de personnes de manière préventive, soit pour éviter une baisse de la fréquentation du lieu, soit par mesure de sécurité, soit pour accueillir les habitués comme il se doit étant donné qu’ils ne seraient pas en mesure de laisser entrer tout le monde. Le problème c’est que c’est souvent certains groupes ethniques qui sont recalés.

Bien que je ne sois pas une habituée des discothèques, j’ai  vécu ce genre de situation, en pleine journée. En 2013, je me suis vue refuser l’accès à un restaurant, sous prétexte que je ressemblais à une jeune femme de type mulâtre qui se livrait à la grivèlerie dans le quartier. Elle mangeait et repartait sans payer sa note.  C’est vrai que j’ai une tête à faire de la  grivèlerie ! La patronne ne voulait rien entendre à mes arguments. J’ai eu beau répéter qu’elle se trompait de personne, montré une carte de visite, elle m’a refusé l’entrée. Il a fallu que j’appelle la presse et la police pour porter plainte. Les policiers m’ont demandé plusieurs fois si je voulais vraiment le faire, si ça en valait la peine. C’est bien la preuve que ces actes ne sont pas vraiment pris au sérieux. C’est si anodin !! Ce n’est pas une infraction prioritaire.

Certes, il ne faut pas sombrer dans les dérives. Bien sûr que les portiers peuvent faire le tri, dans la pratique, en fonction de la tenue vestimentaire, du comportement, de la consommation d’alcool et de drogues, de la taille d’un groupe, etc. Oui, Ils ont le droit de poser des actions préventives de contrôle pour maintenir le calme et l’ordre. Mais il doit être question de facteurs objectivement justifiés pour refuser l’accès, par exemple le fait qu’un client a déjà causé de graves problèmes dans le passé et la probabilité que cela se reproduise à l’avenir.

Mais hélas, les limites de la loi sont souvent dépassées et on tombe dans le délit de faciès.

Trop souvent les clients et notamment les jeunes clients se résignent à accepter cette pratique discriminatoire. Les plaintes sont rares car non seulement peu de victimes connaissent leurs droits mais en plus, rares sont celles qui osent faire une déclaration. Comment fournir la preuve qu’on est discriminé ? L’intervention de la police sur les lieux du délit ainsi que le dépôt de la plainte est importante. Cependant, bon nombre de gens m’ont rapporté que quand ils appellent la police, elle rechigne à acter des faits si anodins en apparence. Ceci pose la question de la formation et de la sensibilisation spécifique des policiers, des exploitants et des portiers.   Et puis, le risque de condamnation est très faible comme le signale Unia. Et quand il y a condamnation, c’est généralement à l’égard des portiers. Il y a une responsabilité dans le chef des exploitants des établissements car ils formulent aussi des discriminatoires ou ferment les yeux sur les pratiques d’admission sélective.

Avec la proposition d’ordonnance votée, il y a un élément important : le principe du renversement de la charge de la preuve. Désormais, ce ne sera plus la victime qui devra prouver la discrimination ; ce seront les propriétaires des boîtes de nuit, des bars, etc. qui devront démontrer l’absence de discrimination.

De manière générale et dans le contexte des attentats que nous connaissons, Unia signale une hausse des signalements auprès d’UNIA pour l’année 2016 de 20%.  Il s’agit de signalements haineux contre le racisme, contre la philosophie, contre les personnes handicapées, contre les homosexuels.

Que faire ? Il faut agir. Travailler sur les mentalités, la concertation mais il faut légiférer.

Il y a de quoi s’inspirer de ce qui se passe dans d’autres villes. Chez nous déjà, à Gand, Anvers, Louvain, même si elles ne sont pas parfaites, les autorités locales mènent des initiatives pour améliorer la politique d’admission.

Prendre exemple sur la ville de Gand, qui depuis 2011, oblige les établissements horeca qui recourent à des services de portiers à installer une caméra de surveillance à l’entrée et/ou à la sortie. Il a été complété en 2013 par l’obligation pour les établissements du secteur Horeca d’afficher clairement à leurs entrées un numéro gratuit central de sms et une adresse mail en vue de signaler des cas de discrimination. Le SMS qui est ensuite transféré vers Unia. Même si Unia estime que  très peu de personnes utilisent ce numéro et que c’est difficile de traiter chaque plainte individuellement », cette mesure doit faciliter le signalement d’éventuels refus d’accès pour des raisons discriminatoires et exercer un effet dissuasif sur les établissements horeca et les portiers.

A Louvain, une autre mesure oblige les portiers à  remplir un registre de refus. Ils doivent réellement justifier pourquoi ils refusent l’accès à certaines personnes.

A Rotterdam, aux Pays-Bas, à l’entrée de presque tous les lieux de sortie, il y a système de  code-barres. Les personnes se sentant victimes de discrimination n’ont qu’à le scanner. Cela permet de repérer les établissements où il y a le plus de plaintes et de pouvoir entamer des discussions avec leurs gérants ». Aucune de ces mesures n’est parfaite mais elles ont le mérite d’exister et témoignent d’une volonté de lutter contre le phénomène.

A côté de ces mesures ‘numéro de sms gratuit, caméras de surveillance, etc., des mesures doivent  être prises. Je pense à la sensibilisation, l’information du grand public, la formation des acteurs de terrain ;

Je pense à une concertation et un dialogue direct avec Unia, le secteur horeca, les autorités locales, les zones de police, le Parquet, les portiers, les exploitants, les associations, les usagers.

Je pense à la mise en œuvre des dispositifs, d’une part, de contrôle et, d’autre part, de suivi des plaintes de ce type de discriminations, en collaboration avec le Centre interfédéral pour l’égalité des chances. De plus, les boîtes de nuit devraient mettre en place un système d’affichage clair reprenant les différentes règles à respecter pour entrer comme l’obligation de porter une chemise ou de disposer d’une carte de membre.

Je pense à des tests de situation à l’instar de ce qui va se mettre en place au niveau du logement et de l’emploi. Les tests de mise en situation se sont avérés être une méthode éprouvée pour dénoncer cette problématique.

L’installation de caméras de surveillance aux entrées de discothèques permettra en cas de plainte,  de vérifier via les caméras si la discrimination est réelle. »

Dans le futur, on pourrait même aller plus loin et instaurer une sorte de label diversité. Les établissements souhaitant lutter contre la discrimination pourraient en faire partie.

Certes, la Région ne dispose pas de la compétence de police. Il faut passer par le niveau local et communal. Il est donc important que la Région apporte soutien et conseil aux communes. Pourquoi ne pas faire un inventaire des bonnes pratiques et de le mettre à la disposition des communes.

Prévention, concertation et sanction.

Je sais, pour certains, ce genre de discrimination est mineure mais aucune discrimination n’est mineure.  Surtout quand elle touche au quotidien de nombreux citoyens. Surtout quand elle est invisible. Surtout quand elle touche à la cohésion sociale. Quand elle mène au repli sur soi. Quand elle alimente l’exclusion.  Quand elle contribue à fragmenter la société. Légiférer est aussi un moyen de travailler sur les changements de mentalités.

Avec ces deux textes, nous posons un acte de plus pour une Région plus interculturelle,  ouverte à toutes et à tous.  Il y a un beaucoup de travail en profondeur à faire pour construire une communauté de citoyens, égaux, généreuse et accueillante, où chacun aurait sa chance. Cela nécessite des efforts, une véritable relation de confiance, de tolérance, de respect mutuel, de réciprocité, de mains tendues. A nous de nous y atteler avec un pacte de solidarité, de justice sociale, de responsabilité et d’égalité. Cela fait partie d’un contrat de  citoyenneté partagée. Car vivre ensemble, c’est aussi s’amuser ensemble.