Mois : mars 2017

Le vélo au féminin

Parlement régional

QUESTION ORALE DE FATOUMATA SIDIBÉ À M. PASCAL SMET, MINISTRE DU GOUVERNEMENT DE LA RÉGION DE BRUXELLESCAPITALE, CHARGÉ DE LA MOBILITÉ ET DES TRAVAUX PUBLICS – 20 mars 2017. La réponse est disponible ici.
Concerne :  « le vélo au féminin ».
Il n’y a jamais eu autant de cyclistes à Bruxelles. Ainsi, l’Observatoire bruxellois du vélo vient de révéler qu’en 2016, les cyclistes étaient 30% plus nombreux dans les rues de Bruxelles que l’année précédente. C’est surtout entre mai et septembre derniers que cette augmentation a été significative, selon les comptages réalisés par l’asbl Pro Velo. Elle y voit une conséquence des attentats.Ainsi, après le 22 mars, la hausse a surtout été remarquée sur les axes correspondant aux lignes de métro
passant par la station Maelbeek, l’une des cibles des attentats.
D’autres facteurs probables sont la fermeture des tunnels, la création du piétonnier et, bien sûr, la clémence
du temps estival. Selon les constats, le carrefour Mérode est sans conteste le point de passage le plus important, avec 760 cyclistes par heure en moyenne. La rue de la Loi (692 cyclistes) et l’avenue de la Couronne complètent le trio de tête des moyennes annuelles. Vous avez annoncé votre volonté de faire encore grossir ce peloton.
Au-delà de ces constats, qui montrent que la pratique du vélo peut constituer une réelle solution alternative en termes de mobilité, je voudrais discuter du vélo au féminin. Des statistiques sur la pratique et les ventes montrent qu’il ne cesse de progresser depuis quelques années. Si le vélo peut encore conquérir des utilisateurs, c’est donc aussi du côté des femmes qu’il faut agir.
Un regard sur le passé nous rappelle que les femmes ont dû conquérir de haute lutte le droit de pédaler, à la fin du 19e siècle et au début du 20e siècle. Dans certains pays, le vélo reste mal perçu quand il est utilisé par les femmes. Comme tout outil de mobilité, il est en effet un instrument important sur la voie de l’autonomie et de la liberté.

Les femmes ont, en outre, un rôle prédictif important en matière de mobilité au sein des foyers. Les fabricants et les experts en marketing l’ont bien compris. En vue d’inciter les femmes à recourir davantage au vélo pour leurs déplacements quotidiens, il serait bon d’intégrer les « études de genre » dans les conceptions et les projets d’urbanisme. En effet, avant de concevoir l’espace physique, l’espace social doit être analysé sous le prisme du genre.
L’objectif ultime est de concevoir, dès la phase de réflexion urbanistique, une ville dans laquelle les femmes trouvent leur place et où les aménagements piétonniers et cyclables correspondent à leurs attentes. Une ville interrogeant les femmes et portant donc une attention particulière à leurs déplacements, serait, in fine, une ville conçue pour tous et accessible à tous.
Depuis 1991, la ville de Vienne, par exemple, étudie la répartition des activités et des déplacements entre les genres à l’échelle de la capitale autrichienne. Il s’avère que la circulation automobile est surtout masculine et que les transports en commun et les déplacements à pied sont surtout féminins. Une étude semblable a été menée sur notre territoire.
Aujourd’hui, les constats sont d’une grande importance en vue de mener des politiques adaptées. Hormis ceux que j’ai cités et qui figurent dans l’étude, quels sont les axes les plus fréquentés par les cyclistes ?

  • Pouvez-vous nous rappeler les chiffres des accidents impliquant des cyclistes ? Combien de ces accidents concernent des femmes ?
  • Pourriez-vous nous dresser le bilan des actions entreprises pour rendre la ville plus cyclable ? Quels sont les aménagements cyclistes récents ? Qu’en est-il de la sécurisation des pistes cyclables ?
  • Enfin, les femmes représenteraient désormais 34,2% des cyclistes quotidiens. Pouvez-vous nous donner un état des lieux des actions spécifiques menées en leur faveur pour augmenter leur potentiel d’utilisation ?

Labellisation des animations EVRAS

Parlement francophone
Mon intervention dans le débat sur la labellisation des animations EVRAS  adressée à Céline Frémault, ministre de l’Action sociale – 17 mars 2017 – La réponse est disponible ici.
Je  me  joins  aux constats, inquiétudes et questions de mes collègues. En septembre dernier, je vous avais d’ailleurs interrogée sur les avancées que nous pouvions espérer par rapport à la généralisation  de  l’éducation  à  la  vie  relationnelle, affective et sexuelle (EVRAS) dans les écoles.Les  objectifs  essentiels  d’un  programme  d’EVRAS  sont la  promotion  de  l’égalité  entre  homme  et  femme,  la
promotion  de  la  santé,  la  lutte  contre  les  violences  de genre,  la  déconstruction  des  idées  reçues,  mais
également  le  développement  de  l’esprit  critique  qui permet  aux  élèves  d’opérer  des  choix  éclairés  pour
s’épanouir  dans  leur  vie  relationnelle,  affective  et sexuelle  et  enfin,  le  respect  de  soi  et  des  autres.
L’EVRAS touche à une question de citoyenneté.
L’ensemble  des  jeunes  dans  les  écoles  fondamentales, techniques,  professionnelles  et  spécialisées  doit
bénéficier  de  ces  animations  d’EVRAS.  C’est  un  droit fondamental.
Madame  la  ministre,  vous  évoquiez  récemment  la création  d’un  label  EVRAS  en  groupe  intrafrancophone
afin  d’identifier  et  de  certifier  les  associations  qui effectuent ces animations dans les écoles. En effet, il y a
un  large  éventail  d’acteurs  et  de  thématiques  en  jeu.  Il est  important  d’avoir  un  minimum  de  connaissances  et
d’éthique  pour  organiser  de  telles  animations  destinées aux jeunes.
Nous  devons  veiller  à  ce  que  certaines  personnes, animées  d’intentions  qui  ne  sont  pas  forcément  en
harmonie  avec  les  valeurs  défendues  par  l’EVRAS  ne puissent  entrer  dans  les  écoles  au  nom  de  l’EVRAS,  y
pratiquer  la  désinformation,  y  promouvoir  certaines valeurs  confessionnelles  sans  objectivation,  sans  mise
en perspective et sans possibilité de contrôle effectif de l’éthique promue et des connaissances développées.
Il  faut  être  vigilant,  surtout  en  ces  temps  de  recul  en matière de droit des femmes, de leurs droits reproductifs
et  sexuels  dont  le  droit  à  l’avortement.  Nous  devons également rester très attentifs, en ces temps de dérives,
aux  discriminations  qui  touchent  les  femmes  ainsi  que les communautés homosexuelle et transgenre.
Pour éviter des dérives inquiétantes, la dispense de ces formations  ne  doit  être  autorisée  qu’aux  organismes
et/ou formateurs labellisés et certifiés par la Commission communautaire française.
S’agissant  du  recueil  de  données  commun  sur  les animations  d’EVRAS,  tous  les  centres  psycho-médicosociaux  (PMS)  doivent  encoder  les  animations dispensées  dans  les  écoles  grâce  au  soutien  de  la ministre  de  l’Enseignement  de  la  Fédération  WallonieBruxelles.
– Qu’en  est-il  de  la  création  d’un  label  en  groupe intrafrancophone qui permettrait d’identifier et de certifier
les associations qui organisent des animations d’ EVRAS dans les écoles ? Des réunions ont-elles eu lieu sur ce
point  ?  Dans  l’affirmative,  quelle  a  été  la  teneur  des débats ?
– Au-delà d’un processus de certification en amont, qu’en est-il  d’une  procédure  de  contrôle  en  aval  ?  Les
formateurs  seront-ils  évalués  ?  Dans  l’affirmative,  à quelle fréquence, par qui et selon quels critères ?
Quel est l’état d’avancement du recueil de données, qui doit être unique, complet et actualisé ?

La ségrégation ciblée à l’encontre des métis issus de la colonisation belge et ses conséquences dramatiques, en ce compris les adoptions forcées

Parlement francophone
Proposition de résolution concernant la « ségrégation ciblée à l’encontre des métis issus de la colonisation belge et ses conséquences dramatiques, en ce compris les adoptions forcées ».  – 17 mars 2017.
Télécharger la proposition, le rapport de la commission et le compte-rendu de la plénière.
Madame la présidente,
chers  collègues,  chers  amis,  je  salue  ce  beau  travail  démocratique  qui  a  été  accompli  ici,  majorité  et opposition  rassemblées.  Cette  proposition  de  résolution est à la fois un grand et un petit pas.


Le  20  octobre  2016,  nous  avons  eu  une  rencontre  au Parlement initiée par l’Association des métis de Belgique.
Cette  rencontre  nous  a  permis  de  mettre  des  mots  sur des  maux  et  a  donné  corps  et  visages  à  ces
témoignages  et  à  ces  souffrances.  L’ensemble  des forces  démocratiques  est  arrivé  à  la  conclusion  qu’il
fallait  poser  un  acte  fort.  C’est  ensemble  que  nous faisons ici ce travail  de  mémoire  coloniale  d’autant  plus
important  à  l’heure  où  la  Belgique  est  de  plus  en  plus appelée à faire face à son passé colonial.La  colonisation  belge  a  entraîné  des  drames  humains aux  lourdes  conséquences.  Un  proverbe  africain  dit  :
« Lorsque  tu  ne  sais  pas  où  tu  vas,  regarde  d’où  tu viens ».  L’histoire  nous  rattrape  toujours.  Pendant  très
longtemps,  l’expression  « Cachez  ce  métis  que  je  ne saurais voir » a régné en maître. Sous le voile du silence,
se  cachent  les  discriminations  dont  furent  victimes  les métis  nés  de  l’union  entre  des  hommes  blancs  et  des
femmes noires lors de la colonisation belge.
Oui, aborder la question métisse, c’est lever un coin de voile  noir  sur  un  pan  sombre  de  l’histoire  de  la
colonisation  belge  et  sur  sa  mission  soi-disant civilisatrice,  avec  son  cortège  d’exactions,  de ségrégations,  de  discriminations,  de  souffrances,  de blessures,  de  propagande  raciste,  d’exploitation  des richesses,  de  violences,  de  traitements  inhumains  et dégradants et de crimes. Derrière ces métis se cachent des drames humains, des
familles  déchirées,  parfois  de  génération  après génération. C’est l’histoire d’hommes et de femmes sans
statut, des sujets belges spoliés de leurs droits, de leur patrie,  de  leur  identité,  de  leur  nationalité,  de  leur
citoyenneté et de leur dignité.
C’est l’histoire d’amours interdites, qui transgressent la loi coloniale.  L’histoire  de  violences  faites  aux  femmes  et
aux enfants. L’histoire d’enfants métis, ni blancs, ni noirs, nommés  mulâtres,  considérés  alors  comme  inférieurs
aux blancs et supérieurs aux noirs. Il fallait blanchir leur âme. Il fallait les couper de leurs racines africaines et les
placer  en  dehors  de  l’influence  des  blancs.  Car  ils représentaient  une  menace  pour  les  intérêts  de  la
métropole et risquaient de constituer une révolte. Il fallait neutraliser l’ennemi de l’intérieur. En tout cas, il fallait en
faire un allié facilement intégrable dans la société belge, car ils étaient destinés à des emplois subalternes.
Oui,  les  métis  représentaient  un  problème.  Il  fallait trouver des solutions. Et des décrets furent adoptés, au
nom  de  la  dignité  blanche.  Des  enfants  supposés abandonnés,  délaissés,  orphelins  ou  trouvés  furent
enlevés,  arrachés,  kidnappés,  volés  à  leur  mère,  leur village, déplacés et placés dans des orphelinats ou des
pensionnats. Durant des années, ils vécurent entre eux, dans  un  no  man’s  land,  avec  le  sentiment  douloureux
que leurs parents les avaient abandonnés.
À la veille de l’indépendance, de nombreux enfants furent envoyés par l’État belge en Belgique. On a fait signer à
ces  femmes  pauvres  et  illettrées  des  documents  leur laissant croire que leurs enfants iraient étudier en Europe,
dans  de  bonnes  conditions  et  en  vue  de  décrocher  un bon  diplôme,  et  qu’ils  reviendraient  au  pays.  Mais  dès
leur arrivée  –  parfois dès l’aéroport  –  ces enfants ont été cédés  à  des  familles,  ou  mis  sous  tutelle  dans  des
familles d’accueil.
Une famille africaine a témoigné que dans les années 60, dans certains villages ou lieux, on rencontrait des enfants
métis aux yeux hagards qui demandaient où et qui était leur mère, si on connaissait leur village. La réponse était
hélas  non.  J’imagine  la  souffrance  de  ces  enfants.  À certains,  on  a  fait  croire  que  leur  mère  était  morte  ou
qu’elle ne voulait plus d’eux.
Ce  furent  des  enlèvements  forcés.  Déchirures, séparations,  tout  était  fait  pour  couper  le  lien  avec  la
famille maternelle : les courriers étaient interceptés dans les  deux  sens,  les  noms  travestis  afin  de  brouiller  les
pistes et de mieux les perdre dans une identité sans nom. Et  cette  douleur  va  se  transmettre  de  génération  en
génération.
Mais  l’histoire  nous  rattrape  toujours,  et  la  soif  de reconnaissance  et  de  justice  a  été  transmise  par  ces
métis  à  leurs  descendants.  On  a  voulu  les  oublier,  ils veulent écrire leur histoire, qui est aussi la nôtre, celle de
la Belgique. Car comme le dit un proverbe africain,  « tant que  les  lions  n’auront  pas  leurs  propres  historiens,  les
histoires de chasse ne peuvent que chanter la gloire du chasseur ».
En  diffusant  des  études,  des  publications,  des  films  et des documentaires, l’asbl Métis de Belgique a réalisé le
travail de lobbying qu’il fallait pour faire bouger les lignes aux niveaux politique et parlementaire.
Nous  sommes  face  à  des  victimes  d’hier,  mais  surtout, aujourd’hui, face à des adultes debout et dignes. Ils ont
faim de justice, de leurs racines africaines, de dignité et de réparation. Les métis ont faim de citoyenneté.
Je  pense  à  ces  enfants  métis  qui,  à  la  suite  de l’indépendance du Congo, se sont vu retirer la nationalité
belge. Je pense à celles et ceux qui n’ont pu se rendre de manière régulière dans leur pays d’origine ou qui se
sont retrouvés sans papiers.
Je pense à celles et ceux qui attendent toujours, à  celles et ceux qui cherchent toujours. Je pense à celles et ceux
qui  n’ont  pas  opté  à  temps  pour  la  nationalité  belge,  à celles et ceux qui sont sans papiers et « sang papiers ».
Je pense encore à toutes ces mères africaines qui sont toujours à la recherche de leurs enfants métis, ces mères
qui ont été abandonnées par le père, car l’union officielle n’était pas acceptée. Je pense à tous ceux et celles qui
sont morts sans savoir.
Cette  proposition  de  résolution  est  un  petit  et  un  grand pas. Elle demande que  des mesures soient prises pour
régler  la  question  de  l’accès  aux  archives,  des  actes juridiques  liés  aux  naissances  et  mariages,  de  la
possession  de  la  nationalité  belge,  du  soutien psychologique.
À  la  reconnaissance,  il  faut  associer  le  pardon  et  la réparation. Parler de la question des métis, c’est regarder
en face, assumer nos responsabilités. C’est un devoir de mémoire,  un  devoir  de  vérité,  un  devoir  de  dignité.  La
Belgique  doit  se  soumettre  au  devoir  d’histoire  et  de mémoire en restituant les vérités historiques de l’époque
coloniale. Cela passe par un travail scientifique et objectif qui  doit  établir  les  faits  et  les  responsabilités  des
institutions  belges  dans  la  colonisation  au  Congo,  au Rwanda  et  au  Burundi.  Car  la  colonisation  a  été
accompagnée  d’une  propagande  raciste  dont  nous percevons  les  effets  encore  aujourd’hui.  Ce  travail  doit
également  mettre  en  avant  la  contribution  de  la colonisation à la richesse de la Belgique.
Il  faut  reconnaître,  connaître  et  faire  connaître.  Cela passe  aussi  par  l’enseignement  dans  les  écoles  de
l’histoire  de  la  colonisation  et  de  l’immigration,  par  la désignation et la promotion de lieux de mémoire, par la
lutte  acharnée  contre  les  stéréotypes  qui  rappellent  la période coloniale et, avant elle, l’esclavage.
C’est un devoir de mémoire pour le passé, le présent et le futur, pour les jeunes générations, pour ne pas oublier,
pour comprendre le présent et faire société ensemble.
En effet, le racisme est loin d’être mort. Il existe encore un  racisme  contre  les  noirs,  normalisé  et  à  ce  point
banalisé qu’il en devient invisible et n’indigne plus. Je fais référence  à  l’afrophobie  et  à  la  négrophobie,  et  je
rappelle  à  ce  titre  les  propos  d’Albert  Camus  :  « Mal nommer les choses, c’est ajouter au malheur du monde ».
Le  racisme  d’aujourd’hui  a  une  histoire  particulière, découle  d’un  cheminement  particulier  et  doit  être
combattu  à  l’aide  d’un  traitement  particulier.  Aujourd’hui encore,  nos  enfants  et  petits-enfants  se  font  traiter  de
« mulâtres », de « bamboulas », de « cacas », de « sales nègres ».
Il  est  effectivement  temps  de  prendre  en  considération cette  progression  des  actes  racistes  et  des
discriminations  faits  à  leur  encontre.  Aujourd’hui,  une parole  collective  et  positive  se  fait  entendre  et  nous
devons  nous  en  féliciter,  car  elle  nous  permettra  de construire ensemble cette Belgique qui nous est chère.
Avec  cette  résolution,  nous  espérons  que  les  sanglots longs  des  sangs  mêlés  se  calmeront  et  que  la  plupart
d’entre  eux  pourront  combler  le  trou  béant  laissé  par leurs racines arrachées, panser leurs blessures, retracer
leur filiation, retrouver un frère, une sœur ou une mère.
En  effet,  le  temps  presse  et  la  quête  des  origines  a marqué  de  nombreuses  vies,  en  ce  compris  celles  des
deuxième  et  troisième  générations,  pour  lesquelles  il s’agit d’une question existentielle.

 

 

 

La violence intrafamiliale et la violence conjugale

Parlement régional
Interpellation adressée à Bianca Debaets, ministre en charge de l’égalité des chances.  La réponse est disponible ici.
L’étude sur la violence intrafamiliale et la violence conjugale basée sur l’enquête de santé 2013 – 13 mars 2017.
En novembre 2016, je vous interrogeais sur votre politique générale de lutte contre les violences faites aux femmes. Vous disiez avoir donné mission, à l’Université de Gand de réaliser une étude sur la prévalence et les conséquences de la violence à l’égard des femmes en Région bruxelloise. Nous étions, à cette époque, dans l’attente de la publication du rapport de l’Institut pour l’Egalités hommes-femmes relative aux violences intraconjugales et conjugales qui devait nous apporter une série de données qualitatives sur cette problématique fondamentale.
L’étude est bel et bien parue en ce début d’année. Se basant sur l’Enquête nationale de Santé de 2013 portant sur la population générale en Belgique, qui comporte de nombreuses informations relatives aux victimes de sexe féminin et masculin, l’Institut pour l’égalité des femmes et des hommes (IEFH) a collecté et traité les informations relatives à la santé chez les ménages participants. Cette approche spécifique a permis, selon les auteurs de l’étude, « d’avoir une vision détaillée de la situation de santé aussi bien des victimes de violence intrafamiliale et de violence conjugale que des auteurs de ces actes de violence ».
Les principaux thèmes traités dans l’étude de l’IEFH sont les suivants :

  • Le lien entre violence intrafamiliale, et la santé physique et mentale des victimes,
  • L’utilisation par les victimes des services de santé,
  • Le lien entre le fait d’être victime de violence et des facteurs de risque potentiels (consommation de cigarettes, d’alcool ou de drogue),
  • L’existence de caractéristiques de nature socio-démographique.

Je suis un peu perdue. Cette étude est-elle celle qui devait être réalisée par l’université de Gand ou bien est-ce une autre ?
Car je suis quelque peu étonnée par la méthodologie de cette étude de l’Institut qui était censée réaliser une étude sur la prévalence et les conséquences de la violence à l’égard des femmes en Région bruxelloise. Or, cette étude fait le lien entre violences et état de santé des victimes et des auteurs. Elle se base sur l’ensemble de la Belgique, ne s’est adressée qu’à des personnes vivant en ménage et les critères de définition retenus ne correspondent pas exactement à ceux sur lesquels se sont accordés, en 2010, l’ensemble des niveaux de pouvoir réunis en Conférence interministérielle pour définir ce qu’est la violence conjugale.
Les résultats de l’étude révèlent qu’en 2013 en Belgique, 1,1 % de la population de 15 ans et plus a été victime de violence intrafamiliale au cours des 12 derniers mois, tandis que 1,3 % de la population de 18-74 ans a été victime de violence conjugale et qu’il n’existe à ce propos aucune différence significative entre les hommes et les femmes. Cela peut notamment s’expliquer par le fait que la forme de violence intrafamiliale et de violence conjugale la plus fréquente est la violence psychologique ou verbale (95 %). Une victime de violence intrafamiliale et de violence conjugale sur trois fait état de violence physique (dont la violence sexuelle).

On n’est guère surpris non plus d’apprendre la corrélation entre violence intrafamiliale/violence conjugale et une détérioration marquée de l’état de santé physique et/ou mental des victimes de violences. Cela se traduit par de grands problèmes psychologiques, des sentiments dépressifs, des troubles anxieux, des pensées suicidaires voire des tentatives de suicide. Également, les victimes consomment plus de médicaments psychotropes et d’antidépresseurs prescrits, consultent davantage des psychothérapeutes ou psychologues, des praticiens d’une médecine non conventionnelle (homéopathe, acupuncteur, chiropracteur, ostéopathe). Il ressort donc de manière assez significative que les victimes ont des dépenses mensuelles moyennes pour les soins de santé plus importantes.

L’étude révèle, en outre, que la violence intrafamiliale et la violence conjugale apparaissent plus souvent à un âge mûr, et plus spécifiquement dans le groupe d’âge des 45-54 ans et que le statut socio-économique (niveau Parlement bruxellois d’instruction, revenus et statut professionnel) n’a aucun effet protecteur contre la violence intrafamiliale et la violence conjugale. La composition de la famille n’a elle non plus pas d’influence sur ces formes de violence.

Dans un article paru dans la DH du 07 février 2017, vous affirmiez néanmoins que les victimes de violences sont souvent en situation de précarité. Bien que des centres d’aide et d’accueil existent, ce constat de la précarité d’une majorité des victimes de violences intrafamiliales, s’il est vérifié, ne fait que conforter le fait que ces personnes n’ont dés lors, trop souvent, ni les moyens de fuir, ni les moyens de se soigner (physiquement ou psychologiquement). Et lorsqu’on lit, dans ce même article que, six plaintes par jour sont enregistrées en Région bruxelloise pour faits de violences conjugales, l’ampleur de la problématique prend toute sa triste dimension.

Pour en revenir aux résultats de l’étude, en termes de prise en charge et de suivi des victimes, le constat est également sans appel. Les victimes s’adressent en premier lieu aux réseaux informels (famille et amis), plutôt qu’à des services formels comme un service médical ou la police. Ainsi, un quart des victimes ne recherchent aucune aide pour de multiples raisons dont la honte, la stigmatisation, etc.

Enfin, l’étude aborde également un aspect souvent ignoré ou moins connu en ce qu’elle fournit des informations sur l’état de santé des auteurs de violences intrafamiliales et/ou conjugales.

A la lumière de ces constats, il est évident que les mesures d’accompagnement spécialisées, l’écoute téléphonique, l’accueil, une aide administrative et sociale, un espace de parole en individuel ou en couple, un groupe d’entraide et de parole pour femmes ; et bien entendu l’hébergement et le suivi post hébergement pour femmes avec ou sans enfant(s) à une adresse confidentielle ; ces dispositifs révèlent toute leur importance ! Enfin, au-delà de l’accueil des victimes, la prévention et la prise en charge des violences conjugales, il faut également promouvoir une approche globale et intégrée et le soutien aux acteurs impliqués sur le terrain.

La violence intrafamiliale a de multiples incidences sur les victimes tant au niveau physique, psychologique, social, qu’économique. C’est donc un véritable problème non seulement de santé publique, mais également, tout simplement un enjeu fondamental de respect de la dignité humaine. L’autorité bruxelloise se doit, dans la limite de ses compétences bien entendu, d’être au premier plan dans la lutte contre les violences intrafamiliales et conjugales.

Madame la Secrétaire d’État, mes questions sont les suivantes :

  • Cette étude est-elle celle qui devait être réalisée par l’université de Gand ou bien est-ce une autre ?
  • Quel est votre avis sur cette étude et sa méthodologie ? Répond-elle à vos attentes ?
  • A la lumière de cette étude, pourriez-vous dresser un bilan des actions menées en matière de lutte contre les violences conjugales et intrafamiliales ?
  • En référence à vos propos tenus dans la DH du 07 février, qu’envisagez-vous afin de protéger les victimes de violences intrafamiliales en situation de précarité ? De plus, les données de l’étude qui affirme que le milieu socio-économique n’a pas d’incidence sur la probabilité de subir des violences conjugales et votre déclaration selon laquelle il s’agit le plus souvent de personnes précarisées se contredisent. Pouvez-vous nous fournir les chiffres sur lesquels vous vous basés ou du moins nous éclairer sur cette contradiction ?
  • Où en est l’application des mesures prévues dans le plan d’action national de lutte contre toutes les formes de violence basée sur le Genre et plus spécifiquement les priorités 2 et 3 orientées vers la prévention de la violence et la protection et le soutien des victimes ?
  • Je pense entre autres à la prise en charge des enfants exposés aux violences conjugales, à l’obligation faite aux maisons d’accueil d’enregistrer les motifs de l’hébergement, la réflexion visant à l’harmonisation des données récoltées par l’ensemble du secteur dans le cadre du Centre d’appui de lutte contre les violences entre partenaires. En matière de prévention et de sensibilisation, quel est le bilan des dernières campagnes ?
  • Serait-il possible de disposer de la liste des d’associations bruxelloises que vous subsidiez en matière de prévention et de la sensibilisation sur cette thématique ?

Commmuniqué de presse : Les violences faites aux femmes passent aussi par les mariages forcés !

#08/03

Le mercredi 8 mars 2017

Pour Fatoumata Sibibé, députée bruxelloise DéFI et co-fondatrice du comité Ni putes ni soumises, les violences faites aux femmes passent aussi par les mariages forcés !

Dans les cas de mariage forcé, la famille des victimes devient leur pire ennemi ! « La question essentielle aujourd’hui est celle de l’hébergement des victime afin de couper définitivement tout lien familial !« , pointe la députée.

Il est difficile pour les victimes de briser le silence, de sortir de ce drame de la sphère familiale, de dénoncer cette violence psychologique et parfois physique car il s’agirait de porter plainte voire de traîner leur propre famille en justice. « Le conflit de loyauté est énorme« , indique Fatoumata Sidibé.

En 2014,  selon le réseau Mariage et Migration, les victimes de mariages forcés sont âgées entre 18 et 25 ans. (45 %). 15 % n’ont pas atteint la majorité. 15%  sont âgées de 26 ans et plus. Les victimes de mariage forcé recensées sont principalement originaires du Maghreb (40 %), suivi de l’Afrique subsaharienne (20 %), de l’Asie du Sud-Est (15 %) et de l’Europe de l’Est (5 %).

Fatoumata Sidibé s’est très clairement exprimée sur le sujet ce mardi 7 mars sur BX1.

#JournéeInternationaleDeLuttePourLesDroitsDeLaFemme

Communiqué de presse Colonisation, Il est temps de mettre fin à l’amnésie mémorielle !

 

Le lundi 6 mars 2017

Suite aux récentes déclarations d’Emmanuel Macron sur le rôle “criminel” de la France en Algérie, quelle est la position de DéFI sur le travail de réconciliation avec son ancienne colonie, la République démocratique du Congo ?

La Belgique et le Congo ont une histoire partagée. La Belgique doit affronter son passé colonial; un passé qui laisse des empreintes, encore douloureuses, sur le présent.
Il y urgence de se soumettre au devoir d’histoire et de  restituer les vérités historiques liées à l’époque coloniale”, indique Fatoumata Sidibé, députée bruxelloise DéFI.Un devoir de mémoire doit être mené. Il passe par un travail scientifique et objectif, qui doit établir les  faits et les responsabilités des institutions belges dans la colonisation au Congo, au Rwanda et au Burundi. En effet, la colonisation a été accompagnée d’un cortège de propagande raciste, d’exploitation, de violences, de traitements inhumains et dégradants, de crimes.
Ce travail doit également se faire sans occulter la contribution de la colonisation à la richesse de la Belgique”, précise Fatoumata Sidibé.
Il faut reconnaître, connaître et faire connaître. Cela passe aussi  par l’enseignement de l’Histoire de la colonisation  et de l’immigration dans les écoles, la désignation et la promotion de lieux de mémoires,  la lutte contre les discriminations, les stéréotypes et les préjugés, qui ne sont pas sans rappeler celles qui ont marqué la colonisation.
Reconnaissance, pardon, justice et réparations.
La citoyenneté partagée passe  aussi par la réconciliation  d’une société avec son histoire.