Année : 2019

Députée honoraire et chevalier de l’Ordre de Léopold »

Députée honoraire et chevalier de l’Ordre de Léopold »

« Le vendredi 11 octobre 2019, le Parlement bruxellois a organisé, sous la Présidence de Rachid Madrane, une cérémonie de remise des distinctions honorifiques dans les Ordres nationaux.
J’ai le plaisir de vous informer qu’il a « plu à sa Majesté le Roi de me nommer Chevalier de l’Ordre de Léopold par arrêté royal d 23 mai 2019 avec prise de rang le 27 mai 2019 ».

Après le titre de Députée honoraire me voici donc « chevalier »

 

Je dédie cette nomination à la mère feue Saran Coulibaly-Souko et à mon père feu Toumani Sidibé . Je vous remercie pour vos soutiens.

Je suis venue vous dire que je m’en vais. Je ne serai pas candidate aux élections de 2019.

Je suis venue vous dire que je m’en vais. Je ne serai pas candidate aux élections de 2019. Je quitterai l’arène politique au soir du 26 mai.

C’est un choix qui a pris du temps, qui a mûri. Il ne s’agit pas d’un choix contre. Je ne suis en guerre contre personne.

C’est un choix pour être au plus proche de ce que « je suis », de ce que « je veux », de ce que « je vaux ». Il faut autant de courage pour entrer en politique que pour en sortir. Je voudrais exprimer ma reconnaissance à toutes celles et ceux qui m’ont permis d’exercer 10 ans de mandat parlementaire.

Ma gratitude à toutes celles et ceux qui m’ont soutenue et cru en moi. C’est une page que j’ai bien écrite. Je ne me suis pas couchée sur mes convictions. Je suis une femme de combat et d’engagement, et cette parole ne sera jamais tue car elle n’est pas politique. Elle est authentique.

Aujourd’hui, il faut que je parte. Partir avec panache, comme aurait dit mon père, la tête haute, avec honneur et dignité, avec respect de moi et des autres.Je voudrais vous remercier. Il parait qu’il faut mettre autant d’énergie pour ouvrir un dossier que pour le clôturer. Je veux le clôturer avec authenticité et sincérité. Je pars parce que je veux rester debout.

Fatoumata Sidibé quitte Défi: «La politique a bridé ma créativité»

 

Elle n’a prévenu personne à part ses proches mais sa décision est définitive : Fatoumata Sidibé quitte Défi et la politique par la même occasion. «  C’est un cheminement qui s’est imposé à moi, explique-t-elle. Je me suis rendu compte que je ne voulais plus continuer. J’ai l’impression que si je ne pars pas maintenant, je serai étiquetée et bloquée dans une logique de confort qui m’empêchera d’aller vers ce qui est essentiel pour moi.  »

« Un système qui mate les gens »

Tout en se disant « reconnaissante » envers le parti d’Olivier Maingain, elle tient à dénoncer le fonctionnement d’un système «  qui formate et mate les gens  ». «  La politique, c’est quand même un univers où on aime les gens dociles. Cela ne me correspond pas. Je me sens à l’étroit. La politique a bridé ma créativité. Je me demande même si je n’ai pas désappris  », explique celle qui a été journaliste, auteure et peintre.

Il y a quelques semaines, quand le parti lui annonce qu’elle sera 71e sur la liste bruxelloise (sur 72), elle se décide  : la politique, c’est fini. «  J’ignore pourquoi on m’a mis là. C’est vrai que j’aurais eu du mal à partir si cela avait été une place éligible car je suis loyale, j’aurais été au combat.  » Elle décide finalement de prendre la nouvelle « comme un cadeau ». «  Je me suis rendu compte qu’à cette place-là, je n’avais pas envie de me battre alors que mon esprit est déjà ailleurs . »

Pas soutenue sur la laïcité

Fatoumata Sidibié avait rejoint Défi, encore en cartel avec le MR, en 2009. Fondatrice de la version belge de l’association « Ni putes, ni soumises » en 2006, elle avait longuement réfléchi avec d’accepter de rejoindre ceux qui s’appelaient encore FDF. Députée, elle se profile sur les thématiques de la défense des droits des femmes et de la laïcité. Elle n’y arrivera jamais. «  Je n’ai pas senti que j’étais soutenue par rapport à ce combat-là. Défi est un parti franchement laïque mais n’a pas mené ce combat sur le terrain . »

Durant les prochains mois, Fatoumata Sidibé souhaite « se désintoxiquer » du monde politique. Et après ? «  J’ai des projets d’écriture et dans le monde entrepreneurial . » Mais là tout de suite, elle se sent « soulagée » : «  c’est comme être libérée d’un poids  ».

La politique, un monde violent

Un message aux nouveaux candidats de la société civile recrutés tous azimuts ? «  Attendez-vous à un monde de violence, pas de Bisounours. Si vous voulez être aimé, ne faites pas de la politique. Personne ne vous prendra par la main. C’est chacun pour soi en politique.  »

Ce 8 mars, je fais trêve…

Ce vendredi 8 mars, journée internationale des droits des femmes, a lieu la première grève des femmes en Belgique.
Ce 8 mars, elles seront nombreuses dans les rues en solidarité avec toutes les femmes du monde entier. Elles marcheront contre le système patriarcal, pour défendre leurs droits et revendiquer une égalité réelle dans tous les domaines. Elles marcheront pour un monde meilleur car quand les femmes luttent pour défendre leurs droits, c’est toute la société qui en bénéficie.
Elles sont encouragées à faire grève dans tout ce qu’elles ont l’habitude de faire pour montrer que « quand les femmes s’arrêtent, le monde s’arrête ». Cette grève des femmes, est un mouvement d’une ampleur à portée internationale. Une convergence des luttes des femmes d’ici et d’ailleurs. Une nouvelle vague féministe. Car partout dans le monde, les droits des femmes sont menacés de régression. Et la sororité est désormais le seul rempart. L’alliance des femmes sera leur plus grande force.

Ce 8 mars, pour la première fois en près de vingt ans, je fais trêve. Il n’y aura de ma part ni marche, ni slogans, ni banderoles, ni drapeaux, ni casseroles, ni fleurs, ni couronnes. Parce ce que je ne serai pas à Bruxelles. Ce sera un jour de trêve car en réalité, le 8 mars, c’est tous les jours.
Ce 8 mars, je me pose. Je regarde le chemin parcouru. Celui-là, je le connais. Celui à venir je sais qu’il sera une course de relais, qu’il faut passer le flambeau.

D’aussi loin que je me souvienne, j’ai toujours été féministe. Ce n’était pas un choix mais une nécessité vitale. Pour moi, le féminisme est un humanisme. Il s’agit de refuser d’être déterminée par son sexe biologique, de lutter pour que chaque être humain soit égal en dignité, en respect, en droits et en devoirs. Toute petite, j’étais révoltée contre les injustices, les discriminations et les violences faites aux femmes. Je ressentais d’instinct qu’un autre monde était possible pour elles. Pour certaines, s’extraire de toute forme de domination est le projet de toute une vie.

Très tôt, la révolte s’est abattue sur moi comme une attaque de criquets sur un champ. A huit ans, j’étais déjà féministe sans savoir ce que signifiait ce mot. Je regardais, observais d’un œil perçant et sans complaisance la société malienne patriarcale, étrange syncrétisme d’islam et d’animisme qui, opprime les femmes et les musèle. Ma mère m’avait surnommée « Poudre de Piment »

J’ai eu une éducation entre un père qui brandissait la vertu et l’honneur en devise familiale, une mère conditionnée par les traditions dans une société où régnaient la solidarité, la générosité et la fraternité. Mais cette société était et est encore régie par les traditions, la loi islamique, les us et coutumes, l’obéissance à la norme et l’assignation à résidence identitaire sous l’œil omniprésent et impitoyable du tribunal communautaire.

Ma mère mit du zèle à faire de ses filles, de parfaites futures femmes. Après l’école, j’appris très jeune à aller au marché, à faire la cuisine pour une famille nombreuse, à habituer mes yeux à la fumée des feux de bois, à prendre les braises à mains nues pour les remettre dans l’âtre, à piler le mil, à lessiver à en avoir le dos endolori, à plumer les poulets, à balayer, à nettoyer, à récurer, à puiser l’eau du puits, à courir par ci, par là. J’étais tellement rapide et efficace que ma mère m’appelait autorail, Samantha Ma sorcière bien-aimée.

Très tôt, j’ai compris qu’un diplôme était un passeport pour la liberté. La solitude est un luxe en Afrique. Je me réfugiais dans les livres, je me mettais au lit à la même heure que les poules, pour rêver. Je me faisais la promesse de ne pas vivre la même vie que celle de nos mères. Toute petite, on apprend que la femme se doit, à l’instar du symbole des trois singes, ne rien voir, ne rien dire, ne rien entendre. Elle se doit d’être soumise aux règles édictées par les hommes et pour les hommes.

J’ai souvenance des chansons de mon enfance et des déclamations des griottes, qui telles des oies noires, célébraient le jour du mariage comme le plus beau jour qui était donné à vivre à une femme. Je garde l’image de la mariée, consentante ou non, voilée d’un tissu en coton blanc, pleurant comme une rivière pendant les crues. Je ne comprenais pas pourquoi le plus jour de la vie d’une femme était noyé dans les larmes, comme si le meilleur était derrière elle.

Aujourd’hui encore, dans les chansons des griottes, j’entends encore ânonner que le mariage est abnégation, sacrifice, soumission, souffrance, résignation. Que le destin de la femme est de souffrir. Que c’est par le biais de son mari qu’une femme peut entrer au paradis. Que le mariage et la naissance d’un fils sont les deux jours de gloire d’une femme. Qu’une femme peut donner naissance à un génie mais ne sera jamais elle-même un génie. Que pour ses enfants, la femme doit tout endurer encore et encore car ses sacrifices porteront chance à ses enfants. Un vrai lavage de cerveaux ! Aux filles démunies de bourses entre les jambes, les interdits, les enfermements, les injustices, les inégalités transmises de générations en générations par des mères qui n’ont connu que la douleur et l’abnégation et qui, telles certaines esclaves, ont intégré leurs chaînes comme normales et légitimes et ne veulent pas de la liberté, quand bien même elle leur était offerte.

Et ce n’est pas tout. Dans certaines ethnies, dès son jeune âge, toutes les précautions avaient déjà été prises pour calmer les ardeurs futures de la fillette. On procède aux sacrifices rituels. Une horde de femmes, transformées en bourreaux, exécutent le complot barbare criminellement ourdi. Tôt matin, on réveille la petite fille. Elle sait, l’intuition féminine est précoce, que quelque chose de pas religieux se trame. Son exécution est programmée et nul ne viendra interrompre le sacrifice rituel. Elles sont plus de 200 millions à subir cette torture. L’excision puisqu’il l’appeler par son nom. Un traitement inhumain dégradant, une atteinte fondamentale aux droits de l’homme. La forme la plus horrible du contrôle de la sexualité féminine. Ainsi coupées et cousues, elles seront des épouses soumises et des mères fécondes ; unique finalité de leur destin de femmes. C’est pour toutes les femmes du monde entier qu’il faut se battre. Car chaque femme opprimée rend possible l’oppression de l’autre.

Aujourd’hui, des centaines de milliers de femmes marcheront dans le monde. Pour tant de raisons. Mes pensées iront à cette jeune fille au village, portant un enfant dans le ventre, un sur le dos, un fardeau sur la tête. Pour qui la marche vers l’émancipation sera longue, très longue. Je veux qu’elle sache qu’il n’est pas possible que le destin de générations et de générations de femmes soit déterminé, qu’il y a une issue quelque part. Les mères opprimées ne sont pas destinées à mettre au monde des filles opprimées. On peut briser le cercle. Il n’y a pas de fatalité.

#8mars #égalité #JourneeInternationaleDesDroitsDesFemmes #Fatoumatasidibé #Bruxelles

Mutilations génitales: les députés bruxellois veulent intensifier la prévention et le dépistage

  • Jérôme Durant
    Ce mercredi, c’est la Journée mondiale de tolérance zéro à l’égard des mutilations génitales féminines. Hasard de calendrier, le parlement francophone bruxellois a voté hier, en commission et à l’unanimité, une résolution visant à intensifier la prévention et le dépistage des victimes d’excision. La mesure centrale que veut encourager ce texte à portée essentiellement symbolique, c’est la systématisation d’un examen gynécologique annuel pour les jeunes filles identifiées comme à risque. Il faut dire que, si la pratique est interdite et passible de poursuites pénales en Belgique depuis 2001, les statistiques sont alarmantes.

    Sur notre territoire, vivraient près de 18.000 femmes excisées, et près de 9000 petites filles qui courent le risque de l’être un jour. C’est quatre fois plus qu’il y a dix ans. Ce recensement, c’est au Groupe pour l’abolition des mutilations sexuelles (GAMS) qu’on le doit. L’explication à cette hausse se trouve dans le profil de la migration à destination de la Belgique. De plus en plus souvent, des femmes venues d’Egypte, d’Ethiopie, ou encore de Guinée : autant de pays où la pratique de l’excision est très courante. Dans l’énorme majorité des cas, l’excision a eu lieu dans le pays d’origine, avant l’arrivée en Belgique ou, plus souvent encore, lors de vacances.

    La période des vacances, c’est celle des couteaux

    « Si je prends l’exemple de la Guinée-Conakry, on est à 97% d’excision, pointe Fabienne Richard, directrice du GAMS. Donc une petite fille qui est née en Belgique, qui est intacte, qui repart l’été en vacances, pour nous, c’est inquiétant. » Face à cette réalité, les acteurs de terrain obtiennent parfois du parquet des interdictions de quitter le territoire belge. Mais, le plus souvent, l’impuissance est la règle.

    Et puis, il y a une autre facette au problème. En Europe, bien, que difficilement quantifiable, l’excision clandestine est une réalité . « La semaine dernière, il y eu une condamnation au Royaume-Uni pour excision, fait remarquer Fabienne Richard. J’ai moi-même eu des témoignages directs de jeunes filles qui ont pris l’Eurostar pour aller à Londres dans ce but-là. »

    Probablement que des choses se sont passées en Belgique

    A l’hôpital Saint-Pierre, le gynécologue Martin Caillet abonde dans ce sens. « En région parisienne, il y a eu de nombreux procès et condamnations, poursuit celui qui dirige le seul centre spécialisé dans les mutilations génitales féminines en Belgique francophone. Ce sont nos voisins tout proches. Alors on se dit qu’il y a des choses qui se sont probablement passées en Belgique. Mais pour l’instant, elles sont restées en-dessous du radar. »

    Dans les faits, chez nous, aucune condamnation n’est encore intervenue depuis l’instauration de la loi en 2001. C’est la raison pour laquelle la députée bruxelloise Fatoumata Sidibé (DéFI), à l’origine de la résolution, veut compléter l’arsenal législatif par un volet préventif. Son objectif : réunir les entités fédérées et les experts autour d’une table ronde, afin d’aboutir à un cadre commun dans lequel inscrire la systématisation, une fois par an, d’un examen des organes génitaux des 8600 petites filles jugées à risque en Belgique.

    « Sachant que leur fillette sera contrôlée tous les ans, résume l’élue amarante, les parents vont évidemment prendre la mesure du risque encouru. » A savoir jusqu’à sept ans de prison, que la mineure victime ait marqué ou non son accord.

La dénomination des rues, symbole de domination masculine ?

5  février 2019, dans Télémoustique : La dénomination des rues, symbole de domination masculine ?
La dénomination des rues, symbole de domination masculine ?

Aux Pays-Bas, la ville de Rotterdam a décidé de donner plus de noms de femmes et de personnes issues de minorités ethniques à ses rues, quasi exclusivement baptisées en mémoire d’hommes blancs. Une idée à appliquer chez nous ?


Pour toutes les personnes friantes de city-trip mais allergiques à l’invasion touristique, Rotterdam fait figure de destination de choix. Plus proche de nos frontières que sa « rivale » Amsterdam, la deuxième ville des Pays-Bas (650 000 habitants) est certes moins charmante, mais beaucoup plus dépaysante.

Quasi totalement détruite à la suite de la Seconde Guerre mondiale, Rotterdam s’est construite la réputation de ville à l’architecture moderne et audacieuse. De fait, ses nombreuses tours érigées en plein centre-ville et au bord de l’eau légitiment parfaitement son surnom de « Manhattan op de Maas » (« Manhattan sur la Meuse », la cité se situant au confluent de la Meuse et du Rhin). Vivantes et dynamiques, les rues du centre proposent une multitude de magasins, de restaurants aux cuisines traditionnelles ou exotiques, et d’innombrables cafés où s’ambiancer avant de sortir faire la fête dans l’un des nombreux clubs nocturnes qui font la réputation de l’agglomération.

L’une des artères les plus fréquentées et festives de Rotterdam s’appelle la Witte de Withstraat. Elle porte le nom d’un ancien un amiral de la marine, personnage très « controversé » de l’Histoire des Pays-Bas pour son rôle prépondérant dans le colonialisme néerlandais. L’été dernier, une association féministe (« De Bovengrondse« ) y avait installé de faux panneaux pour la transformer brièvement en « boulevard Beyoncé« . Un hommage à la star américaine, féministe engagée et « figure people » du mouvement Black Lives Matter. Une action qui a inspiré certains élus politiques… 

« L’homme blanc disparaît » 

Soutenue par les partis Groenlinks (gauche verte), SP (gauche radicale), PvdA (sociaux-démocrates) et Nida (parti musulman), Nadia Arsieni, élue du parti centriste D66, a proposé de ne donner désormais aux nouvelles rues que des noms de personnalités féminines et issues de minorités. Selon une étude commandée par son parti, 8 % seulement des voies de la métropole néerlandaise portent le nom d’une femme, 0 % celui d’une personne aux origines culturelles différentes… Sa demande a été acceptée, et la mairie veut l’appliquer dès maintenant.

Mais comme il fallait s’en douter, tout le monde n’a pas vu la proposition d’un bon œil. “Femmes et minorités ont la priorité. L’homme blanc disparaît des rues de Rotterdam”, titrait, larmoyant, le quotidien de sensibilité de droite De Telegraaf. Pourtant, il ne s’agit pas d’effacer les anciens noms de rues – comme il en est question chez nous par rapport à « l’héritage urbanistique » du roi Leopold II (noms de voiries et statues) – mais bien d’en nommer les nouvelles, et pas dans 100% des cas. Jantje Steenhuis, président de la commission des noms de rues de Rotterdam, a précisé à la télévision locale RTV Rijnmond que, dans certains cas, il n’y aurait de toute façon pas le choix, prenant l’exemple d’un terrain urbanistique situé sur le site d’un ancien hôpital, où les rues porteront les noms d’anciens médecins blancs.

Qu’en est-il du Plat pays?

En Belgique, l’attribution des noms de rues est une compétence communale. Aucune proposition semblable ne figurait dans « les priorités » des programmes électoraux lors du scrutin d’octobre dernier, mais l’initiative rotterdamoise pourrait (devrait?) inspirer certains élus de grandes villes du pays. Les femmes – comme partout dans le monde – ne représentent-elles pas la moitié de la population belge ? Les rues – nom féminin – sont pourtant majoritairement masculine : en Belgique francophone, 10 fois moins de rues portent des noms de personnalités féminines.

« Pour que la ville appartienne aux femmes, il faut aussi que la ville les rende visibles. Dans la conception patriarcale de notre société, les femmes ne sont que locataires de l’espace public, qui reste le terrain des hommes« , estimait en juillet dernier Fatoumata Sidibé (DéFI). La députée a déposé un projet de résolution pour plus d’équilibre dans les noms de rues de la capitale. Une résolution présentée à la rentrée en commission des Finances et des Affaires générales . « Cette mesure est positive. Elle met en avant des femmes, ce qui renverse la tendance actuelle où l’on ne montre les femmes que comme des victimes. » 

On a aussi vu au cours des dernières élections que la diversité culturelle franchissait (enfin) l’obstacle de la représentativité politique, notamment en Région bruxelloise où l’on dénombre désormais quatre bourgmestres d’origine étrangère sur un total de 19 communes. Si un homme issu d’une minorité ethnique peut occuper le siège de maïeur, pourquoi un autre ne pourrait-il pas avoir une rue baptisée en son honneur ? Faut-il vraiment poser la question ?

 

Mutilations génitales: les députés bruxellois veulent intensifier la prévention et le dépistage

  • Jérôme Durant
    Ce mercredi, c’est la Journée mondiale de tolérance zéro à l’égard des mutilations génitales féminines. Hasard de calendrier, le parlement francophone bruxellois a voté hier, en commission et à l’unanimité, une résolution visant à intensifier la prévention et le dépistage des victimes d’excision. La mesure centrale que veut encourager ce texte à portée essentiellement symbolique, c’est la systématisation d’un examen gynécologique annuel pour les jeunes filles identifiées comme à risque. Il faut dire que, si la pratique est interdite et passible de poursuites pénales en Belgique depuis 2001, les statistiques sont alarmantes.

    Sur notre territoire, vivraient près de 18.000 femmes excisées, et près de 9000 petites filles qui courent le risque de l’être un jour. C’est quatre fois plus qu’il y a dix ans. Ce recensement, c’est au Groupe pour l’abolition des mutilations sexuelles (GAMS) qu’on le doit. L’explication à cette hausse se trouve dans le profil de la migration à destination de la Belgique. De plus en plus souvent, des femmes venues d’Egypte, d’Ethiopie, ou encore de Guinée : autant de pays où la pratique de l’excision est très courante. Dans l’énorme majorité des cas, l’excision a eu lieu dans le pays d’origine, avant l’arrivée en Belgique ou, plus souvent encore, lors de vacances.

    La période des vacances, c’est celle des couteaux

    « Si je prends l’exemple de la Guinée-Conakry, on est à 97% d’excision, pointe Fabienne Richard, directrice du GAMS. Donc une petite fille qui est née en Belgique, qui est intacte, qui repart l’été en vacances, pour nous, c’est inquiétant. » Face à cette réalité, les acteurs de terrain obtiennent parfois du parquet des interdictions de quitter le territoire belge. Mais, le plus souvent, l’impuissance est la règle.

    Et puis, il y a une autre facette au problème. En Europe, bien, que difficilement quantifiable, l’excision clandestine est une réalité . « La semaine dernière, il y eu une condamnation au Royaume-Uni pour excision, fait remarquer Fabienne Richard. J’ai moi-même eu des témoignages directs de jeunes filles qui ont pris l’Eurostar pour aller à Londres dans ce but-là. »

    Probablement que des choses se sont passées en Belgique

    A l’hôpital Saint-Pierre, le gynécologue Martin Caillet abonde dans ce sens. « En région parisienne, il y a eu de nombreux procès et condamnations, poursuit celui qui dirige le seul centre spécialisé dans les mutilations génitales féminines en Belgique francophone. Ce sont nos voisins tout proches. Alors on se dit qu’il y a des choses qui se sont probablement passées en Belgique. Mais pour l’instant, elles sont restées en-dessous du radar. »

    Dans les faits, chez nous, aucune condamnation n’est encore intervenue depuis l’instauration de la loi en 2001. C’est la raison pour laquelle la députée bruxelloise Fatoumata Sidibé (DéFI), à l’origine de la résolution, veut compléter l’arsenal législatif par un volet préventif. Son objectif : réunir les entités fédérées et les experts autour d’une table ronde, afin d’aboutir à un cadre commun dans lequel inscrire la systématisation, une fois par an, d’un examen des organes génitaux des 8600 petites filles jugées à risque en Belgique.

    « Sachant que leur fillette sera contrôlée tous les ans, résume l’élue amarante, les parents vont évidemment prendre la mesure du risque encouru. » A savoir jusqu’à sept ans de prison, que la mineure victime ait marqué ou non son accord.

La dénomination des rues, symbole de domination masculine ?

5  février 2019, dans Télémoustique : La dénomination des rues, symbole de domination masculine ?
La dénomination des rues, symbole de domination masculine ?

Aux Pays-Bas, la ville de Rotterdam a décidé de donner plus de noms de femmes et de personnes issues de minorités ethniques à ses rues, quasi exclusivement baptisées en mémoire d’hommes blancs. Une idée à appliquer chez nous ?


Pour toutes les personnes friantes de city-trip mais allergiques à l’invasion touristique, Rotterdam fait figure de destination de choix. Plus proche de nos frontières que sa « rivale » Amsterdam, la deuxième ville des Pays-Bas (650 000 habitants) est certes moins charmante, mais beaucoup plus dépaysante.

Quasi totalement détruite à la suite de la Seconde Guerre mondiale, Rotterdam s’est construite la réputation de ville à l’architecture moderne et audacieuse. De fait, ses nombreuses tours érigées en plein centre-ville et au bord de l’eau légitiment parfaitement son surnom de « Manhattan op de Maas » (« Manhattan sur la Meuse », la cité se situant au confluent de la Meuse et du Rhin). Vivantes et dynamiques, les rues du centre proposent une multitude de magasins, de restaurants aux cuisines traditionnelles ou exotiques, et d’innombrables cafés où s’ambiancer avant de sortir faire la fête dans l’un des nombreux clubs nocturnes qui font la réputation de l’agglomération.

L’une des artères les plus fréquentées et festives de Rotterdam s’appelle la Witte de Withstraat. Elle porte le nom d’un ancien un amiral de la marine, personnage très « controversé » de l’Histoire des Pays-Bas pour son rôle prépondérant dans le colonialisme néerlandais. L’été dernier, une association féministe (« De Bovengrondse« ) y avait installé de faux panneaux pour la transformer brièvement en « boulevard Beyoncé« . Un hommage à la star américaine, féministe engagée et « figure people » du mouvement Black Lives Matter. Une action qui a inspiré certains élus politiques… 

« L’homme blanc disparaît » 

Soutenue par les partis Groenlinks (gauche verte), SP (gauche radicale), PvdA (sociaux-démocrates) et Nida (parti musulman), Nadia Arsieni, élue du parti centriste D66, a proposé de ne donner désormais aux nouvelles rues que des noms de personnalités féminines et issues de minorités. Selon une étude commandée par son parti, 8 % seulement des voies de la métropole néerlandaise portent le nom d’une femme, 0 % celui d’une personne aux origines culturelles différentes… Sa demande a été acceptée, et la mairie veut l’appliquer dès maintenant.

Mais comme il fallait s’en douter, tout le monde n’a pas vu la proposition d’un bon œil. “Femmes et minorités ont la priorité. L’homme blanc disparaît des rues de Rotterdam”, titrait, larmoyant, le quotidien de sensibilité de droite De Telegraaf. Pourtant, il ne s’agit pas d’effacer les anciens noms de rues – comme il en est question chez nous par rapport à « l’héritage urbanistique » du roi Leopold II (noms de voiries et statues) – mais bien d’en nommer les nouvelles, et pas dans 100% des cas. Jantje Steenhuis, président de la commission des noms de rues de Rotterdam, a précisé à la télévision locale RTV Rijnmond que, dans certains cas, il n’y aurait de toute façon pas le choix, prenant l’exemple d’un terrain urbanistique situé sur le site d’un ancien hôpital, où les rues porteront les noms d’anciens médecins blancs.

Qu’en est-il du Plat pays?

En Belgique, l’attribution des noms de rues est une compétence communale. Aucune proposition semblable ne figurait dans « les priorités » des programmes électoraux lors du scrutin d’octobre dernier, mais l’initiative rotterdamoise pourrait (devrait?) inspirer certains élus de grandes villes du pays. Les femmes – comme partout dans le monde – ne représentent-elles pas la moitié de la population belge ? Les rues – nom féminin – sont pourtant majoritairement masculine : en Belgique francophone, 10 fois moins de rues portent des noms de personnalités féminines.

« Pour que la ville appartienne aux femmes, il faut aussi que la ville les rende visibles. Dans la conception patriarcale de notre société, les femmes ne sont que locataires de l’espace public, qui reste le terrain des hommes« , estimait en juillet dernier Fatoumata Sidibé (DéFI). La députée a déposé un projet de résolution pour plus d’équilibre dans les noms de rues de la capitale. Une résolution présentée à la rentrée en commission des Finances et des Affaires générales . « Cette mesure est positive. Elle met en avant des femmes, ce qui renverse la tendance actuelle où l’on ne montre les femmes que comme des victimes. » 

On a aussi vu au cours des dernières élections que la diversité culturelle franchissait (enfin) l’obstacle de la représentativité politique, notamment en Région bruxelloise où l’on dénombre désormais quatre bourgmestres d’origine étrangère sur un total de 19 communes. Si un homme issu d’une minorité ethnique peut occuper le siège de maïeur, pourquoi un autre ne pourrait-il pas avoir une rue baptisée en son honneur ? Faut-il vraiment poser la question ?

 

Proposition de résolution visant à intensifier la prévention des mutilation génitales féminines

Intervention de Fatoumata Sidibé, Députée bruxelloise, concernant sa proposition de résolution visant à intensifier la prévention des mutilations génitales féminines – 5 février 2019.
Consulter la proposition de résolution MGF

Consulter le rapport

Je me réjouis que mon texte soit agencé à  la veille d’un jour important, le 6 février  Journée internationale de tolérance zéro à l’égard des mutilations génitales féminines. La lutte contre les MGF est un combat depuis de nombreuses années.  Je connais la problématique, je connais le terrain.<--break->


Les mutilations génitales féminines,  geste mutilateur de millions de filles et de femmes dans le monde, coupées, cousues, sacrifiées sur l’autel du patriarcat.
Ce sont des femmes et de filles qui sont amputées d’une partie de leur corps, mais aussi d’une partie de leur vie, car les conséquences physiques et psychologiques peuvent durer toute la vie, quand elles ne sont pas mortelles”. Toute forme de MGF constitue une violence grave à l’encontre des femmes et des filles et une violation flagrante de leurs droits fondamentaux, en particulier du droit à la vie, du droit à l’intégrité physique et mentale, du droit à disposer des meilleures conditions possibles de santé, du droit de ne pas être victime de discriminations ou de violences, ainsi que des droits de l’enfant. De nombreuses conventions internationales condamnent les mutilations génitales féminines et constituent le fondement juridique de l’abandon de ces pratiques. Je ne vais pas vous les citer. Je voudrais également rappeler  que des  résolutions ont été votées au Parlement européen, à l’assemblée générale des Nations-Unies. En Belgique, une loi punissant les MGF a d’ailleurs été adoptée en 2001. L’article 409 du Code pénal sanctionne d’une peine d’emprisonnement de 3 à 5 ans quiconque  quiconque aura pratiqué, facilité ou favorisé une mutilation GF avec ou sans consentement de cette dernière. Cette interdiction a une portée extraterritoriale puisque tout acte posé à l’étranger peut faire l’objet de poursuites en Belgique.  Un acte posé à l’étranger peut également être punissable une fois la personne de retour en Belgique
Des Propositions de résolution ont été votées au  Parlement francophone bruxellois, au Parlement de la Fédération Wallonie-Bruxelles, à la Chambre des Représentants, un Plan d’action national de lutte contre toutes les formes de violence basée sur le genre.
Aujourd’hui, le combat continue dans une trentaine de pays d’Afrique, du Moyen-Orient et de l’Asie où l’excision est pratiquée. Malgré les combats et les législations, en dépit des avancées obtenues au niveau législatif et sur le terrain, le nombre de femmes et de filles ayant subi une mutilation sexuelle dans le monde fait frémir. Elles seraient aujourd’hui 200 millions dans une trentaine de pays d’Afrique et du Moyen-Orient. En Europe, 500 000  femmes  et filles ont subi une mutilation génitale. Environ 180 000 filles sont à risque chaque année. En Belgique, selon la dernière étude menée par le Groupe pour l’Abolition des Mutilations Sexuelles (GAMS), quelques 17 273 femmes et filles sont déjà probablement excisées et 8 644 sont intactes mais courent le risque de l’être car originaires de pays où l’excision st pratiquée. Ces chiffres ont doublé en cinq ans.
Je voudrais saluer travail des associations qui mènent un travail de prévention, de sensibilisation, de formation des professionnels, de prise en charge psychosociale, les formations des intervenants médicaux et sociaux car il y a encore une méconnaissance du phénomène.  Je pense au GAMS qui est sur tous les fronts ici et là-bas et qui  a initié le Réseau des stratégies concertées de lutte contre les mutilations génitales féminines, avec l’appui méthodologique de l’Observatoire du sida et des sexualités. Je pense aussi à l’association La Palabre très active au niveau européen et international.   Je pense à tous les bénévoles, militants qui donnent de leur temps pour faire régresser cette régression. Les besoins sont réels et les moyens ne suivent pas. Certes, il faut d’avantage soutenir financièrement et de manière pérenne les associations de terrain  qui sont en dialogue permanent avec les communautés exposées
Certes, il faut intensifier les campagnes de sensibilisation, d’information et de prévention à large échelle auprès des professionnels, des populations concernées et du grand public pour faire connaitre loi. Car si certaines personnes minimisent la portée de la loi, d’autres ignorent ou feignent d’ignorer que les MGF sont interdites en Belgique.
Nous savons que  les jeunes filles qui rentrent dans leurs pays d’origine risquent d’être excisées, parfois à l’insu de leurs parents.  En  matière de prévention et de sensibilisation auprès des familles des fillettes exposées, il y a ce  projet pilote initié avec l’Office de la naissance et de l’enfance (ONE) et le Groupe pour l’abolition des mutilations sexuelles (GAMS) visant à sensibiliser les mères provenant d’un pays à risque via des animatrices communautaires dans les locaux de l’ONE.  Il faut continuer à  favoriser le dialogue entre les parents et les professionnels de la petite enfance afin de lutter contre les mutilations génitales féminines.
Cela fait des années que j’alerte sur le fait que l’arrivée de nouvelles populations originaires de pays où l’excision est pratiquée mérite d’intensifier les modes de préventions.
Car la pratique de l’excision est si ancrée dans les traditions culturelles qu’il est difficile d’imaginer qu’elle disparaisse en immigration, malgré les lois contraires du pays d’accueil. Il faut donc intensifier la lutte.
Je me suis rendue compte que de nombreuses femmes ignorent encore que les MGF sont interdites en Belgique. Il y a également de nombreuses femmes qui ne sont pas touchées par les associations existantes. Car ne les fréquentant pas. C’est pour cela que je plaide depuis de nombreuses années pour la mise en place d’un contrôle systématique des organes génitaux externes des petites filles à risque.
A chaque fois, on me répondait que l’on risque de stigmatiser certaines communautés.  Non seulement j’appelle cela du relativisme culturel,  mais sur le plan médical, le préjudice psychologique encouru par les fillettes examinées annuellement mis en avant comme une atteinte aux droits humains et une atteinte injustifiée à la vie privée est-il plus grave que celui résultant d’une mutilation sexuelle avérée ?
En matière d’asile, sur base d’un risque d’excision, le statut de réfugié peut être reconnu à une fillette intacte (et à sa famille) en Belgique. Afin de s’assurer que l’enfant ne subira pas de MGF après avoir reçu le statut de réfugié, le Commissariat général aux réfugiés et aux apatrides (CGRA) a mis en place un mécanisme de suivi annuel de l’intégrité des enfants bénéficiant de cette protection et de prévention. La/les personnes responsables signent un engagement sur l’honneur et s’engage(nt) chaque année à envoyer un certificat médical prouvant que leur fille n’a subi aucune mutilation génitale. Un tel suivi annuel ne concerne pas les filles “à risque” qui séjournent sur le territoire belge pour d’autres motifs ainsi que celles qui ont la nationalité belge ne sont pas soumises à un tel suivi annuel. La loi punissant les MGF a été adoptée en 2001.Pourtant, c’est comme une chape de plomb. En 17 ans,  en dépit de cet arsenal législatif, force est de constater l’absence de condamnations pour un tel motif dans notre pays. Comment contrôler et sanctionner ?  Etant donné qu’il était difficile pour le GAMS  l’impossibilité d’assurer en même temps des activités de sensibilisation et des actions de répression, l’association à initié et stimulé  la création d’un organisme indépendant qui « puisse revoir des signalements d’excision et les porter au besoin à la connaissance des autorités judiciaires.   En janvier 2009, l’association Intact a été crée afin de mettre en place une action judiciaire distincte  du travail de soutien aux femmes et aux familles. Mais toujours peu de signalements.
La DH de ce 22 janvier titrait « L’excision, un fléau dénoncé dans les colloques, mais pas à la Justice: zéro dossier en 2018 ». Le parquet de Bruxelles n’a plus ouvert un seul dossier pour excision depuis trois ans. Un seul en 2014, trois en 2013, deux en 2012 et un en 2010. Et à peine sept en dix ans.
Alors qu’en France, des procès retentissants ont eu lieu. Ici, rien à l’horizon. C’est le syndrome des trois singes « Je ne dis rien, je ne vois rien, je n’entends rien Et pourtant, les chiffres récents concernant le nombre de filles à risque (car originaires de pays où l’excision est pratiquée a doublé en cinq ans (4.084  en 2012 contre 8644 en 2018).  Quant aux femmes déjà probablement excisées, on est passé 13 112 en 2012 à  plus de 17 273 en 2018.  Ce sont les chiffres suite à la dernière étude de prévalence par le GAMS à la  demande de l’Institut pour l’égalité des femmes et des hommes et du SPF Santé Publique.
Quant au Centre médical d’aide aux victimes de l’excision (CeMAVIE) au CHU Saint-Pierre, il continue à recevoir de nombreuses demandes  de  consultations, à pratiquer des interventions chirurgicales et des reconstructions clitoridiennes. La demande est là.
Dans le même temps,  l’article de Selon une information donnée dans un article de la revue médicale en ligne « MediQuality » en mars 2018, cliniques et médecins privés pratiqueraient également l’excision à Londres. Sur le territoire belge, des filles courent aussi le risque d’être mutilées. Sous couvert de correction vaginale, des médecins sur le territoire belge pratiqueraient l’excision sunnite consistant à l’ablation du capuchon du clitoris ; ce qui selon eux « n’est pas une clitoridectomie et ne viole donc pas la loi ». Ceci, donc par bienveillance et humanité, car « au motif de venir en aide aux personnes en détresse et leur faire éviter ainsi la pratique cruelle de la lame de rasoir, sur une table de cuisine ». Il n’y a pas d’excision minimaliste. Il y a excision. Point. C’est révoltant. C’est punissable.
Il y a un sérieux problème de dépistage et de signalements. La demande existe et il est illusoire de croire que cette pratique, si ancrée dans les mentalités, disparaitre aussi facilement. Cela fait des années que je plaide pour que puisse intensifier la prévention par un contrôle systématique des organes génitaux des filles à risque. « Certains autres pays européens ont rendu un examen médical obligatoire avant et après des voyages en cas de risque d’excision, ou encore lors des visites médicales scolaires ». L’examen systématique peut être un moment de « sensibilisation », de prévention et de protection.
À la suite de l’arrivée de nombreuses primo-arrivantes issues de pays concernés par les MGF et au regard de la dernière étude de prévalence de 2018 menée à la demande de l’Institut pour l’égalité des femmes et des hommes et du SPF Santé Publique, les auteurs de la présente résolution estiment qu’il serait nécessaire de mettre en œuvre les recommandations de celle-ci. Le suivi de ces recommandations devrait permettre de mieux cibler les actions des services impliqués dans la protection des filles et d’assurer une meilleure prise en charge des complications gynéco-obstétricales et psychosexuelles des femmes excisées. En effet, il apparaît que les mécanismes actuels de prévention et de protection ne sont pas suffisants en Région de Bruxelles-Capitale. Le secteur associatif insiste sur la nécessité de l’organisation de cette table ronde pour qu’une fois pour toute, on décide de la meilleure stratégie.
Le dispositif demande au Gouvernement francophone bruxellois :

  • De prendre tous les contacts nécessaires avec les autres entités fédérées en vue d’établir un plan spécifique et concerté de lutte et de protection contre les MGF en Belgique et au sein de la Région de Bruxelles-Capitale;

 

  • D’organiser, en concertation avec les autres entités fédérées, une rencontre réunissant des experts nationaux et européens (en éthique, pédiatrie, médecine légale, droits de l’enfant, services de prévention de la petite enfance, médecine scolaire) en vue d’analyser la place de l’examen des organes génitaux externes dans la prévention et la protection des filles à risque et de décider de manière concertée l’approche choisie par la Belgique;

 

  • D’œuvrer, en concertation avec les autres entités fédérées, à la mise en place des campagnes périodiques d’information à large échelle afin de sensibiliser le plus grand nombre de personnes et de faire connaître le Centre Médical d’Aide aux Victimes de l’Excision (CEMAVIE) du CHU St Pierre à Bruxelles;

 

  • De proposer au Collège réuni de la Commission communautaire commune d’intensifier les formations et les séances de sensibilisation auprès des professionnels de soins de santé en contact avec des personnes exposées à un risque de MGF afin de les familiariser.

 

 

Je terminerai en disant qu’on ne peut plus décider de ne pas décider. Par peur de stigmatiser certaines communautés alors que fillettes issues de ces communautés courent le risque d’être mutilées ici ou ailleurs. Et ce dès le plus jeune âge.

 

Demain, c’est la Journée internationale de tolérance zéro à l’égard des mutilations génitales féminines.

La tolérance zéro, c’est informer, sensibiliser, prévenir, former, protéger, contrôler, dénoncer, sanctionner, punir.

 

 

L’urgence d’ouvrir le débat sur la création du musée de l’immigration

Parlement bruxellois
Interpellation de Mme Fatoumata SIDIBE, Députée bruxelloise DéFI, à M . Rudi VERVOORT, Ministre-Président du Gouvernement bruxellois, chargé des Pouvoirs locaux, de la Politique de la Ville, du Développement territorial, des Monuments et Sites, du Tourisme et des Affaires étudiantes. – 16 janvier 2019
Concerne : L’urgence d’ouvrir le débat sur la création du musée de l’immigration
Monsieur le Ministre-Président,
Ces derniers mois ont été le théâtre d’incidents et d’agressions racistes. En août dernier, durant le concert de Kendrick Lamar, lors du festival Pukkelpop à Hasselt des jeunes ont scandé tout en molestant deux jeunes femmes de couleur, « Handjes Kappen, de Congo is van ons ». Comme le souligne le Collectif Mémoire Coloniale et Lutte contre les Discriminations (CMCLD), il ne s’agit ni plus ni moins « d’une apologie des mains coupées de congolaises et congolais sous le Régime de Léopold II au 19ème siècle ».
Plus récemment, le cri d’alarme lancé par la journaliste, Cécile Djunga au sujet des messages quotidiens racistes qu’elle reçoit, témoigne une fois de plus de la négrophobie ambiante qui règne dans notre pays. Ainsi, selon une enquête menée par trois universités et publiées par la Fondation Roi Beaudoin, 80 % des personnes de descendance africaine ont été victimes de discrimination, d’inégalité de traitement ou de racisme en raison de la couleur de leur peau ou de leurs origines dans notre pays. Ces chiffres font froid dans le dos !

Ces événements soulignent l’urgence d’investir dans l’enseignement et la culture afin de faire connaître l’histoire de l’Afrique. Ces faits nous montrent également la nécessité absolue de voir le projet de création d’un Musée sur l’histoire de l’immigration aboutir. De fait, la réalisation d’un musée de l’immigration est un projet salutaire pour repenser les valeurs communes qui animent notre société. En tant que capitale de l’Europe et du cosmopolitisme (plus de 184 nationalités sont présentes au sein de la capitale), la Région de Bruxelles-Capitale se doit d’être le vecteur de ce projet à la dimension interculturelle. En effet, les immigrés sont des citoyens à part entière qui n’ont cessé de contribuer à notre patrimoine historique, culturel et économique. Notre Région de Bruxelles-Capitale s’est largement construite à travers les vagues d’immigration successives qui ont découlé des cadres de convention et d’accords de travail à partir des années 40 (Italiens, Espagnols, Grecs, Turcs, Marocains), de la décolonisation, des nombreux conflits armés qui ont éclaté depuis les années 1990 ou de la construction européenne. Ainsi, en 2018, la moitié des citoyens bruxellois sont des citoyens issus de l’immigration et plus de trois quart des nouveaux nés à Bruxelles ont une maman avec des racines étrangères. Or, les événements de ces derniers jours nous le rappellent, ces citoyens sont victimes au quotidien de préjugés et de stigmatisation.

Pourtant, Monsieur le Ministre-Président, comme vous le savez, la proposition de mettre en place un musée de l’immigration a été émise en 2001 et a été reprise dans le Plan régional de développement (PRD) en 2002. A cette époque, il avait donc été acté dans le PRD que la Région de Bruxelles-Capitale soutiendrait l’initiative de la création d’un musée de l’immigration. Malheureusement, les questions des garanties de pérennisation du projet et, surtout, de l’institution appelée à garantir le bon fonctionnement du musée de l’immigration dans le temps n’ont jamais pu être tranchées. Pourtant des négociations ont bien été menées avec l’État fédéral et les institutions communautaires depuis 2003 mais sans jamais aboutir à un résultat concret.
En 2015, lorsque je vous ai interrogé à ce sujet vous m’aviez répondu « qu’il serait illusoire de vous dire que le projet peut être envisagé avec optimisme. Trop d’inconnues ainsi que des difficultés budgétaires dans le chef des institutions concernées ne permettent pas d’envisager sérieusement à ce stade la concrétisation du projet…(…) en l’absence de partenariat volontaire, nous n’envisageons pas la création de ce musée ». Dans le même temps, force est également de constater, que les ambitions de renforcement de la cohésion sociale sont aux abonnées absentes dans la nouvelle version finalisée du PRDD.
La question financière ne peut constamment servir de justification pour bloquer le projet. Face au racisme ambiant, nous devons dénouer le blocage du dossier et tout faire pour voir aboutir ce projet.
Monsieur le Ministre-Président, mes questions sont donc les suivantes :
– Face aux événements qui ont touché notre pays ces derniers mois, quelles actions au niveau de la politique territoriale avez-vous entreprises en vue de renforcer la cohésion sociale dans notre Région ? Pour ce qui concerne la nouvelle version finalisée du PRDD, pourriez-vous m’énoncer les aspects du plan qui, précisément, visent à renforcer la cohésion et lutter contre les phénomènes de discrimination et de stigmatisation ?
– Depuis 2015, avez-vous eu des contacts avec vos collègues des autres entités fédérées au sujet d’une possible relance du projet de musée de l’immigration ?

D’avance, merci pour vos réponses.

 

Communiqué de presse: Intensifier la prévention contre les mutilations génitales féminines

Communiqué de presse
Affaires sociales  DéFI veut intensifier la prévention contre les mutilations génitales féminines
A l’occasion de la Journée internationale contre les mutilations génitales ce mercredi 6 février, Fatoumata Sidibé, députée bruxelloise DéFI et présidente de DéFI Femmes persiste: “il faut un contrôle systématique des organes génitaux externe des petites filles!”


Pour rappel, la députée DéFI a déposé au Parlement bruxellois une proposition de résolution visant à intensifier la prévention contre les mutilations génitales féminines.
En Belgique, selon la dernière étude menée par le Groupe pour l’Abolition des Mutilations Sexuelles (GAMS), quelques 17 273 femmes et filles sont déjà probablement excisées et 8 644 courent le risque de l’être. Ces chiffres ont doublé en cinq ans et quadruplé en dix ans, suite à l’arrivée de nouvelles populations en provenance de pays où l’excision est pratiquée. Et pourtant, en dépit de l’article 409 du Code pénal, à peine sept cas d’excision ont été traités par le parquet de Bruxelles en dix ans et aucun dossier n’a été ouvert en trois ans (cf. article DH).
« Il y a un sérieux problème de dépistage et de signalement. La demande existe! Cela fait des années que je plaide pour que l’on intensifie la prévention par un contrôle systématique des organes génitaux des filles à risque », déclare Fatoumata Sidibé.
Selon un article de la revue médicale en ligne « MediQuality » datant de mars 2018, cliniques et médecins privés pratiqueraient l’excision à Londres. En Belgique, sous couvert de corrections vaginales, des médecins pratiqueraient l’excision sunnite consistant à l’ablation du capuchon du clitoris, ce qui selon eux ne serait pas une clitoridectomie et ne violerait donc pas la loi. Ceci, donc par bienveillance et humanité, car « au motif de venir en aide aux personnes en détresse et leur faire éviter ainsi la pratique cruelle de la lame de rasoir, sur une table de cuisine ».
« Alors que des procès retentissants ont eu lieu en France notamment, ici en Belgique c’est le syndrome des trois singes « Je ne dis rien, je ne vois rien, je n’entends rien”. », déplore Fatoumata Sidibé.
Il est important de rappeler que des avancées importantes, notamment portées par le monde associatif, ont été faites dans le domaine de la prévention, de la sensibilisation, de la formation des professionnels et de la prise en charge psychosociale. Cependant, pour DéFI, il faut passer à la vitesse supérieure. « Il est temps de mettre en place un mécanisme de prévention et d’identification des mutilations génitales via l’examen des organes génitaux externes des filles à risque », conclut Fatoumata Sidibé.
La proposition de résolution déposée par Fatoumata Sidibé et cosignée par la majorité sera soumise au vote lors de la Commission des Affaires sociales ce mardi 5 février au Parlement bruxellois.