Auteur : Fatoumata

Communiqué de presse 25 novembre 2017

 

Il est temps de faire de la lutte contre les violences faites aux femmes une priorité nationale ! –  23 novembre 2017

A l’approche de la Journée internationale pour l’élimination des violences faites aux femmes, DéFI Femmes, par la voix de sa présidente et députée bruxelloise Fatoumata Sidibé lance un appel : Il est temps de faire de la lutte contre les violences faites aux femmes une priorité nationale !
La violence envers les femmes, qu’elles soient physiques, sexuelles, verbales, psychologiques, sociales, économiques menace les femmes sans trêve ni répit, en temps de paix comme en temps de guerre, dans la sphère familiale, dans la rue, au travail, à l’école, dans les médias, les institutions publiques.
Dénoncer ne suffit plus, il faut agir ! Il faut sortir de la politique de patchwork de mesurettes qui contribuent à la réduction des conséquences, mais ne s’attaquent pas aux causes. Il faut s’attaquer au système patriarcal et sexiste”, pointe la députée DéFI.
Par conséquent, Fatoumata Sidibé propose 10 mesures concrètes : 

1. Évaluer les Plans d’Action Nationaux contre les violences faites aux femmes lancés depuis 2001 ainsi que les circulaires Tolérance 0 lancés depuis 2006 pour une meilleure collaboration entre les services de police/le parquet et les services d’aide pour l’accueil des victimes et le suivi des plaintes;

2. Retravailler la loi contre le sexisme dans l’espace public du 22 mai 2014, méconnue et difficilement applicable;

3. Evaluer le coût des violences faites aux femmes pour la collectivité ; des études démontrent qu’investir dans la prévention plutôt que dans le curatif et la répression permet de réduire les dépenses;

4. Allouer aux associations des moyens financiers et humains suffisants et pérennes, augmenter les places d’accueil d’urgence et les refuges secrets et sécurisés, prise en charge des toutes les femmes, quel que soit leur statut administratif;

5. Inciter les victimes à aller porter plainte et leur assurer les conditions d’un accueil sûr, collecter des statistiques sur les violences envers les femmes, garantir une formation de tous les professionnels en contact avec des femmes victimes : enseignants, magistrats, policiers, services santé, managers à la prévention du harcèlement sexuel au travail, rendre la justice accessible à toutes les victimes;

6. Après la libération de la parole, il faut libérer l’écoute. Mettre en place un numéro vert dédié aux victimes de harcèlement sexiste;

7. Inscrire dans la loi la notion de non-assistance à personne harcelée. Protéger un harceleur, c’est s’en rendre complice;

8. Lancer régulièrement des campagnes nationales de prévention et d’information;

9. Eduquer au respect, lutter contre les stéréotypes véhiculés par les livres pour enfants et les manuels scolaires, généraliser l’éducation à la vie relationnelle, affective et sexuelle (Evras), lutter contre les publicités sexistes qui renforcent l’image dégradante de la femme;

10. Mettre en œuvre la Convention du Conseil de l’Europe (Convention d’Istanbul) sur la prévention et la lutte contre la violence à l’égard des femmes et la violence domestique.

Il est temps de constituer une chaîne de solidarité contre le patriarcat et le sexisme.  Ce 25 novembre, DéFI Femmes se joint à l’appel à manifestation nationale féministe contre les violences faites aux femmes lancée par Mirabal.

Parce qu’une journée ne suffit pas pour clamer collectivement notre révolte, DéFI Femmes demande que 2018 soit désignée grande cause nationale contre les violences faites aux femmes !

#ViolencesFaitesAuxFemmes
#PrioritéNationale
#25novembre

La prostitution estudiantine et la publicité qui en est faite « #sugarbabies »

Parlement francophone bruxellois
Intervention de Fatoumata Sidibé, à Mme Céline Fremault, ministre en charge de l’Action sociale,
Concerne « la prostitution estudiantine et la publicité qui en est faite « #sugarbabies » » –  6 octobre 2017. La réponse est disponible ici.La prostitution est désormais considérée comme une violence. Elle est incluse à ce titre dans le Plan d’action national de lutte contre toutes les formes de violence basées sur le genre et dans le Plan d’action contre les violences intrafamiliales et sexistes.
Nous avons été nombreuses et nombreux à nous indigner de la campagne orchestrée par un site de rencontres qui propose aux jeunes filles de vendre leurs charmes à des hommes riches. Le slogan s’adressait directement aux étudiantes en les invitant à améliorer leur style de vie et leur quotidien en fréquentant un « sugar daddy ».
Une caravane publicitaire a circulé dans les rues de Bruxelles, sans qu’on puisse y échapper, aux abords d’une université qui est tout de même une porte vers l’émancipation. Cette campagne scandaleuse va à l’encontre de l’égalité hommes-femmes et sous-entend qu’une femme ne peut être indépendante sur le plan financier sans l’apport d’un homme et que, en tout cas, elle a besoin de se faire entretenir.
C’est inacceptable ! C’est une incitation à la prostitution et à la débauche, un appel à la marchandisation du corps, une banalisation de la prostitution, une exploitation de la détresse matérielle, affective, relationnelle et sociale des étudiants les plus vulnérables. La polémique et l’indignation ont abouti à l’introduction de plaintes par les mondes politique, associatif, universitaire et civil. Des communes ont, dans la foulée, interdit la circulation de la caravane sur leur territoire. Le Jury d’éthique publicitaire (JEP) s’est également penché sur la question.
Cette polémique met en exergue la problématique des publicités sexistes dans les médias et dans la rue, mais également les modèles qu’elles véhiculent et leurs conséquences sur les mentalités. Car en renvoyant à une image de soumission et d’infériorité ainsi qu’à des stéréotypes sexistes, ils participent à l’illégalité et à la violence. Il serait vraiment temps que les pouvoirs publics se saisissent de cette question avec force pour trouver un équilibre entre dignité de la personne humaine et liberté de création. Il faut des campagnes de sensibilisation fortes contre le sexisme, notamment à l’adresse du monde de la publicité.
Cette polémique a également mis en évidence un phénomène tabou et occulté, celui de la prostitution étudiante. Ce phénomène touche un public de plus en plus précarisé et vulnérable en raison de l’âge, des difficultés financières et sociales, de l’isolement, de la rupture des liens familiaux et sociaux ou simplement du fait qu’il est méconnu des services sociaux. Ne nous leurrons pas. Nous faisons également face à une évidence, celle de la société consumériste qui incite à la consommation effrénée et dans laquelle la fin parvient à justifier les moyens.
En réponse à une intervention de Mme Susskind il y a deux ans sur la question de la prostitution, vous disiez que les rares travaux réalisés jusqu’à alors en la matière par le docteur Renaud Maes, sociologue et chercheur à l’ULB, démontraient qu’il s’agissait bien d’une activité prostitutionnelle à part entière à laquelle un temps significatif était consacré et qui engendrait un investissement matériel et psychologique très intense, pour des rétributions qui sont dérisoires.
Nous sommes donc loin du cliché selon lequel il s’agit d’un type de prostitution qui viserait uniquement à se faire un peu d’argent de poche ou à acheter un ordinateur, un vêtement, voire à partir en vacances.

  • Avez-vous des données sur la prostitution étudiante tant féminine que masculine ?
  • Vous prévoyiez de lancer une étude sur les nouvelles formes de prostitution, telles que la prostitution étudiante. Son objectif était d’acquérir davantage de connaissances sur les sujets que j’ai déjà évoqués, de collecter, d’actualiser et d’objectiver les données. Elle devait compléter l’étude réalisée par la Région bruxelloise sur la prostitution de rue et en vitrine. Où en est-elle?
  • Qu’en est-il des campagnes de prévention ? Il est urgent de lancer de telles actions pour contrecarrer le discours sexiste ambiant. Il faut aussi informer les jeunes à propos des structures d’aide existantes pour éviter qu’ils entrent dans le cercle de la prostitution dont il est très difficile de sortir.

Etat des lieux de la mise en œuvre des recommandations émises par l’ONU pour les personnes handicapées en 2014

Parlement francophone bruxellois
Interpellation de Fatoumata Sidibé, à Mme Céline Fremault, ministre en charge de la Politique d’aide aux personnes handicapées,
Concerne : l’état des lieux de la mise en œuvre des recommandations émises par l’ONU pour les personnes handicapées en 2014″ – 6 octobre 2017.  La réponse est disponible ici.Le Conseil supérieur national des personnes handicapées (CSNPH) a récemment fait le point sur la mise en œuvre des recommandations émises par l’Organisation des Nations unies (ONU) pour les personnes handicapées en 2014.

Face au bilan peu élogieux des performances de la Belgique en la matière, le Belgian Disability Forum (BDF), une asbl qui examine les traités internationaux et leur application, a, de son côté, indiqué qu’il restait encore du pain sur la planche. Elle a également rappelé que le prochain rapport périodique de la Belgique est attendu par le CSNPH pour le 2 août 2019.
Une des faiblesses en matière de politique publique en faveur de l’intégration des personnes en situation de handicap, est l’absence de statistiques. Ce manquement était d’ailleurs relevé dans le mémorandum du CSNPH et du BDF qui constatait que les autorités belges ne disposaient pas de statistiques complètes sur le nombre et les besoins des personnes handicapées vivant en Belgique.
La répartition des compétences décidées par les réformes institutionnelles successives n’a pas créé un cadre propice en matière d’établissement et de développement d’outils statistiques cohérents. L’urgence, en 2014 déjà, était de disposer d’une base de données unique rassemblant l’ensemble des éléments du dossier. Une bonne politique requiert la prise en compte de tous les handicaps existants. Par ailleurs, des chiffres et statistiques complets sont essentiels pour élaborer une planification correcte et durable des différents aspects de la politique ou encore déterminer les budgets.
Les problèmes restent donc criants en matière d’hébergement, d’emploi, d’accessibilité et de mobilité. Pourtant, nous avons avancé en Région bruxelloise puisque nous avons adopté, sous la législature précédente, un décret relatif à l’inclusion des personnes handicapées.
Les gouvernements de la Région, de la Cocom et de la Cocof ont adopté simultanément le Handiplan qui a pour objectif de favoriser la mise en place d’une politique de handistreaming – approche intégrée de la dimension du handicap – en Région de Bruxelles-Capitale pour la législature 2014-2019. La Région bruxelloise, la Cocom et la Cocof ont dès lors signé une charte du handistreaming, qui se veut un engagement à prendre les mesures qui s’imposent pour rendre Bruxelles plus inclusive. Ce principe vise à intégrer la dimension du handicap dans l’ensemble des politiques menées à Bruxelles.
Au vu des récentes critiques émises par le secteur et par différentes associations, c’est l’occasion de faire le point sur ce dossier.

  • Quel est l’état des lieux des actions menées dans le cadre du Handiplan adopté en juillet 2015 ?
  • À l’échelle de la Commission communautaire française, on avait parlé d’un groupe de coordination composé de l’ensemble des représentants des ministres et des services de la Cocof. Où en est-on à cet égard ? En ce qui concerne les échanges bilatéraux avec des membres du gouvernement en vue de la mise en œuvre du Handiplan, quelles sont les avancées réalisées ?
  • La conférence interministérielle (CIM) du handicap s’est-elle réunie ? Si oui, à combien de reprises ? Le rapport publié dans la presse sera-t-il à l’ordre du jour de la prochaine conférence ou l’a-t-il été ? Quand sera organisée la prochaine conférence ?
  • Vos contacts avec le monde associatif sont-ils constructifs ? Sur quoi débouchent-ils ?
  • Qu’en est-il de l’accessibilité dans les communes ? Le projet d’ordonnance sera-t-il transposé dans les communes ? Si oui, lesquelles ?

 

Evaluation du parcours d’intégration obligatoire pour les primo-arrivants

Parlement francophone bruxellois
Intervention de Fatoumata Sidibé, à M. Rudi Vervoort, ministre en charge de la Cohésion sociale – 6 octobre 2017. La réponse est disponible ici.
Concerne « l’évaluation du parcours d’intégration obligatoire pour les primo-arrivants ». Je remercie mon collègue pour cette interpellation qui nous permet de faire le point sur ce dossier.
Le Parlement francophone bruxellois a adopté en 2013 un décret sur le parcours d’accueil des primo-arrivants. En avril 2017, l’Assemblée réunie de la Commission communautaire commune (Cocom) a voté un projet d’ordonnance sur le même sujet.
L’ordonnance prévoit que les primo-arrivants puissent suivre un parcours d’accueil au choix. Pour le moment, il s’agit soit de celui de la Cocof, soit de celui de la Communauté flamande. L’objectif est que la Cocom définisse à terme un cadre global pour cette obligation, et que la Cocof et la Communauté flamande soient chargées, dans un premier temps, de tracer ces parcours sur le terrain.
Cela représente un progrès, obtenu après un long marathon, qui a débouché sur un chantier que nous aurions aimé plus ambitieux, mais qui est toujours ouvert. Deux BAPA ont été agréés : l’asbl VIA, à Schaerbeek et à Molenbeek, et l’asbl BAPA BXL, sur le territoire de la Ville de Bruxelles, ouverte il y a peu.
Ce parcours très important comprend deux volets. Consacré à l’information sur le parcours, ainsi qu’à la présentation des droits et devoirs des primo-arrivants, le premier volet concerne l’accueil et le bilan social et linguistique.
Le second concerne l’accompagnement individualisé, et permet de suivre des formations linguistiques et des formations à la citoyenneté passant par l’information de base pour se retrouver dans les dédales de notre société. Les bénéficiaires reçoivent une attestation de suivi de ces volets.
Nous aurions souhaité un parcours plus ambitieux. De nombreuses associations de terrain réalisent un travail extraordinaire, et beaucoup de personnes qui ne sont pas primo-arrivantes demandent à pouvoir accéder à cet accompagnement.

  • Quel bilan dresse-t-on des BAPA ouverts ? Quelles sont les éventuelles différences notables entre les BAPA ? Qu’en est-il des chiffres de fréquentation au regard des objectifs fixés par la Cocof et par le dispositif flamand ? Quelles leçons peut-on en tirer ?
  • Qu’en est-il de la participation des femmes à ces activités ? Qu’en est-il de la traduction des sites, du côté francophone, en différentes langues ? Cette traduction me semble importante et nous sommes encore un peu à la traîne sur ce plan.
  • Il est également important que des informations complètes soient disponibles. Est-il envisagé de créer un site internet commun aux BAPA ?
  • Qu’en est-il de l’accord de coopération qui permet aux structures agréées en Cocof et en VGC de mettre en place le cadre obligatoire ? Où en est cet accord de coopération ? Quelles en sont les avancées ?Dans cet accord de coopération, il était question d’instaurer un comité de pilotage afin d’évaluer le processus au fil des mois et des années. Qu’en est-il de ce comité de pilotage et de l’évaluation ? Comment celle-ci sera-t-elle effectuée ?

 

Projet d’ordonnance visant à lutter contre les discriminations en matière d’emploi en Région de Bruxelles-Capitale

Parlement régional bruxellois
Intervention de Fatoumata Sidibé –  Projet d’ordonnance visant à lutter contre les discriminations en matière d’emploi en Région de Bruxelles-Capitale – 13 octobre 2017. 
Télécharger le projet d’ordonnance  de juillet 2017
Télécharger le rapport du
28 septembre 17
PROJET D’ORDONNANCE tendant à lutter contre certaines formes de discriminations et à promouvoir l’égalité de traitement – 7 avril 17
Projet d’ordonnance modifiant l’ordonnance du 4 septembre 2008 visant à promouvoir la diversité et à lutter contre la discrimination dans
la fonction publique régionale bruxelloise 
– 23 mai 2016

Je me réjouis profondément de ce projet d’ordonnance qui s’inscrit dans la liste des outils mis en place par la Région (lois anti-discrimination, Charte de la diversité, Plans de diversité, Label diversité, Guichet anti discrimination, …) pour lutter de manière impérieuse contre les discriminations à l’embauche pour permettre à toute personne d’accéder à un emploi correspondant à ses compétences. Certes il faut évaluer l’efficacité de ces outils mais continuer à explorer d’autres pistes.Car de nombreux citoyens sont discriminés sur la base de leur origine, leur sexe, leur âge, leur handicap, leur genre, leur orientation sexuelle, leurs croyances, etc. Au niveau européen, de nombreuses études attestent que notre pays se situe dans le peloton de tête des pays qui discriminent le plus les personnes d’origine étrangère. En outre, Bruxelles est l’une des capitales où la discrimination à l’embauche est la plus marquée.
Depuis des années, plusieurs études montrent l’ampleur du phénomène : répartition ethno stratifiée des emplois, statut des salaires… En Région bruxelloise, différentes catégories de travailleurs ou de chômeurs n’ont manifestement pas les mêmes chances statistiques d’avoir un emploi meilleur, voire même un emploi.  Selon l’origine, certaines personnes se retrouvent occupées dans des secteurs particuliers entreprises de services, intérim, horeca, soins de santé, nettoyage – tandis que d’autres rejoignent plutôt les secteurs où les salaires sont plus élevés.    La question de l’inadéquation entre l’offre et la demande est très importante, mais à qualification égale, les chances d’accès à l’emploi restent aujourd’hui encore inégales.
On ne peut pas continuer à avancer l’argument classique de l’absence de qualification eu égard à l’augmentation du nombre de diplômés universitaires tant parmi les anciennes générations, ceux qui sont nés ici et les nouveaux arrivants.
A Bruxelles, le taux d’emploi des personnes d’origine belge est de 71,0 %. Alors que celui des personnes originaires d’autres pays européens et du Proche/Moyen-Orient est en moyenne de 35 %. Et pour les personnes d’origine africaine, ce taux est de 38%. Et si le taux de chômage est de 10% pour la population bruxelloise d’origine belge… il atteint 30% pour celle d’origine maghrébine.
Oui, il est en anormal que des emplois de qualité de grade supérieur continuent à être attribués à des citoyens belges au nom à consonance belge alors que d’autres aux noms d’origine étrangère occupent des emplois subalternes ou inférieurs. Il y a aussi les discriminations à l’âge, au handicap, à l’orientation sexuelle.
Cette sous-utilisation du capital humain ne profite pas à l’économie.  Et ne participe pas à une cohésion sociale.
A maintes reprises dans le passé, j’ai vécu des situations de discriminations à l’emploi. Il m’est arrivé dans le passé d’envoyer un CV avec un nom Blanc Bleu Belge pour espérer décrocher ne serait-ce qu’un entretien. A l’époque déjà, nous étions nombreux et nombreux à procéder de la sorte. Nous ne savions pas quoi faire avec les réponses sinon pour nous rendre compte que le critère de l’origine prédominait considérablement dans les causes de difficulté d’accès à l’emploi.
Depuis que je suis dans ce parlement c’est-à-dire en 2009, je n’ai cessé d’interpeller les deux ministres précédents sur les discriminations à l’embauche.
A chaque fois, je suis revenue à la charge avec le CV anonyme, l’évaluation des plans diversités, la surveillance des réglementations en matière d’emploi, le bilan des infractions constatées dans ce cadre, les plaintes pour discrimination et guichet discriminations. Et à chaque fois, il y avait une constante dans mes questionnements : l’opportunité d’appliquer les tests de situation et le mystery shopping ou appel mystère, comme levier à activer afin de soutenir la lutte contre les discriminations sur le marché d’emploi bruxellois.
A chaque fois, nombreux sont ceux de la majorité et de l’opposition qui se sont joints pour soutenir l’opportunité d’avoir recours à cet outil. La lutte contre les discriminations est l’affaire de tous. « Seul on va plus vite. Ensemble, on va plus loin » Voilà ce que nous avons fait, majorité avec des partenaires de l’opposition. Monsieur De Lille a dit que Groen et Ecolo sont le père et la mère. Nous sommes la mère porteuse.
Il fallait des garanties juridiques sur le fait que la Région a les compétences de mettre en place des tests qui aient une valeur légale et qui soient opposables devant les tribunaux. Aucun doute sur la volonté du gouvernement qui dans son entièreté s’est engagé, dans le cadre de la déclaration de politique gouvernementale, à lutter contre toutes les formes de discriminations. C’est d’ailleurs dans ce cadre que cet engagement de lutte contre la discrimination est aujourd’hui décliné en chantiers et actions concrètes dans la Stratégie 2025, ce qui constitue un élément nouveau.
Les tests de situation sont un outil de conscientisation, de sensibilisation, de préventions, d’autorégulation car tous les employeurs ne sont pas conscients de pratiquer la discrimination. Cette ordonnance est également assortie d’un volet sanction à l’égard des employeurs.
Ces tests ne peuvent avoir un caractère provoquant ; ils ne seront pas accomplis à l’aveugle en vue de « coincer » le plus d’entreprises possibles. Ils ne seront utilisés qu’en cas de fortes présomptions de la part de l’Inspection sur un employeur ou une entreprise, si et seulement si une série d’indices préalables comme des plaintes et signalements corroborés par d’autres données établira qu’une entreprise peut être suspectée de pratiques discriminantes à l’embauche.  Les signalements seront faits auprès d’Unia, institut pour l’égalité entre les hommes et les femmes, le guichet anti discrimination d’Actiris.
L’intention de notre texte n’est pas d’infliger de sanctions directes si le test est positif, les sanctions ne viennent qu’après décision de justice ou via des amendes administratives si le dossier n’est pas instruit par l’auditorat.
En ce qui concerne les labels, l’arrêté du 7/5/2009 sur les plans et labels diversité prévoit que ceux-ci peuvent être retirés si l’employeur fait l’objet d’une condamnation pour crime ou délit en tant que personne morale ou en sa qualité d’employeur.
Ce projet d’ordonnance, est réfléchi, concerté et équilibré pour ne viser que les employeurs indélicats qui organisent de manière consciente les pratiques discriminantes. Que ceux qui n’ont rien à se reprocher dorment tranquilles ! Il faudra évaluer la mesure.
Oui, le gouvernement est déterminé à lutter contre ce fléau. Le Ministre Gosuin a effectivement hérité d’un vaste et ancien chantier qui peine à montrer ses fruits. En Belgique, il n’y a pas de statistiques ethniques. Parmi les dix mesures prises par Gosuin, pour la première fois, la mise sur pied d’un monitoring adapté au contexte bruxellois afin d’objectiver, d’évaluer la participation des personnes d’origine étrangère au marché de l’emploi. Ces tests de situation sont  un outil parmi tant d’autres. Il est légitime qu’en plus des actions, déjà menées, nous nous dotions de moyens de contrôler le respect, par les employeurs publics ou privés, de la législation anti-discrimination. A ce jour, l’ordonnance relative à la lutte contre la discrimination et à l’égalité de traitement en matière d’emploi (votée en septembre 2008) n’a mené à aucune sanction : aucune condamnation n’a été faite sur cette base. 
Ce projet d’ordonnance est donc le résultat d’une véritable concertation et d’une réelle volonté politique. Et je remercie le Ministre d’avoir porté ce projet avec prudence, ouverture  mais force, conviction et rapidité. En politique, rien de sert d’avoir raison, il faut avoir raison à temps. Le temps est venu de relever ce défi.
Et demain, selon que l’on s’appelle Kadidiatou, Ibrahim, Abdoul Karim, Mohamed, Cheick Oumar, Alassane, Fatoumata (ce sont les noms de mes frères et sœurs), il faut espérer que les préjugés des employeurs ne vous rendront pas Noirs ou Blancs. Donnons la chance à chaque citoyen et citoyenne de s’insérer dignement et durablement au sein de notre société.
Il y a un proverbe malien qui dit « Yiri Koulou mè o mè djila, a te kè bamba yé » : « Le tronc d’arbre à beau séjourner dans l’eau, il ne sera jamais un caïman ». Si on de vivre et de faire société ensemble, il faut permettre au tronc d’arbre de devenir caïman.

 

PROPOSITION DE RÉSOLUTION relative à la discrimination à l’entrée des discothèques et autres lieux de sortie

En septembre 2017, j’ai pu faire voter une résolution relative à la discrimination à l’entrée des discothèques et lieux de sortie.

Mon intervention en séance plénière du Parlement francophone bruxellois le 19 septembre 2017

C’est avec plaisir que nous avons accueilli ce projet d’ordonnance tendant à lutter contre certaines formes de discrimination et à promouvoir l’égalité de traitement.  Ce projet d’ordonnance vise à, d’une part, adapter le cadre législatif bruxellois aux directives européennes et, d’autre part, tend à répondre aux revendications du secteur luttant contre les discriminations.

Il y a un an, j’ai déposé une proposition de résolution relative à la discrimination à l’entrée des discothèques et autres lieux de sortie. Elle a été agencée en même temps que la proposition d’ordonnance. En effet la proposition de résolution demandait en son point 1, la transposition de la directive européenne 2004/113/CE du 13 décembre 2004 du Conseil mettant en œuvre le principe de l’égalité de traitement entre les femmes et les hommes dans l’accès à des biens et services et la fourniture de biens et services

La discussion générale de la proposition résolution a donc eu lieu conjointement avec la discussion générale du projet d’ordonnance

Pour commencer par le projet d’ordonnance, il vient compléter la législation anti-discrimination en matière de lutte contre les discriminations dans les biens et les services.  Son champ d’application offre non seulement une protection en termes d’accès aux biens et services, mais aussi en termes d’accès et de participation à des activités économiques, sociales, culturelles ou politiques, ainsi qu’en matière de protection et avantages sociaux dans toutes les compétences régionales.  Il ne s’agit pas seulement de biens et services rémunérés. Les biens et services non rémunérés sont inclus.

Avec dix-neuf critères protégés, le texte prévoit une meilleure protection face à 6 motifs de discriminations telles que la religion, le handicap, l’âge et l’orientation sexuelle, la discrimination directe, la discrimination indirecte, l’injonction de discriminer, le harcèlement, le harcèlement sexuel et le refus de mettre en place les aménagements raisonnables en faveur d’une personne handicapée. Est également prise en compte la protection contre les discriminations fondées sur le changement de sexe et l’identité de genre. Dans certaines situations, des actions positives temporaires seront permises.

Il est difficile d’apporter la preuve d’un acte discriminatoire. Un élément important de cette ordonnance est le renversement de la charge de la preuve. Le demandeur doit déposer des faits ou preuves qui peuvent mener à une présomption de discrimination et c’est l’inculpé qui est chargé de rejeter cette présomption. Le texte prévoit également, lors de l’introduction d’une plainte, des mesures supplémentaires pour les personnes agissant à titre de témoin, de conseiller, d’avocat ou d’assistant au profit de la personne concernée.

Le texte prévoit également qu’Unia et l’Institut pour l’Égalité des Femmes et des Hommes s’engagent à promouvoir l’égalité de traitement entre les personnes. Un chapitre pénal et un chapitre civil ont été prévus étant donné que le droit européen prévoit de mettre en place des « sanctions effectives, proportionnées et dissuasives » en cas de contravention à la législation. Grâce à la transposition de cette directive européenne, désormais, la région pénalise les discriminations dans l’accès des biens et services.

Il importe de combler les lacunes existantes, mais la secrétaire d’État n’est pas opposée à une ordonnance-cadre  à portée générale luttant contre toute forme de discrimination pour la région de Bruxelles.

Je voudrais à présent aborder la proposition de résolution relative à la discrimination à l’entrée des discothèques et autres lieux de sorties.

Je voudrais remercier les députés de la majorité pour avoir accepté de porter ce projet avec moi. Remercier également Ecolo et Groen qui se sont ajoutés à la liste des cosignataires.

A Bruxelles, des discothèques, bars, restaurants, lieux de sortie refusent encore l’entrée à certains clients en raison de leur origine, leur genre, leur âge, leur orientation sexuelle, leur situation de handicap, leurs convictions religieuses ou philosophiques. Cette proposition de résolution n’est donc pas restrictive.

Dans le rapport Unia, on relève que l’année 2016 est marquée par une augmentation de 31% du nombre de dossiers dans le domaine des biens et services. 500 dossiers de discrimination ont été ouverts dans les secteurs du logement (37%), des transports (15%), des organismes financiers (12%), des commerces (10%), de l’horeca (8%), des services sociaux et de la santé (8%).

Au niveau du racisme dans les biens et services, le principal sous-domaine pour lequel Unia est sollicité concerne le refus de location d’un bien immobilier. Suivent, dans une moindre mesure, les refus d’accès à des discothèques ou des bars.  En ce qui concerne les critères « raciaux », l’augmentation du nombre total de dossiers est de 6% par rapport à l’année 2015.  Dans le domaine des biens et services, la hausse est de 28% pour ce critère. Il s’agit essentiellement de problèmes de refus de location de logement, d’insultes dans des commerces ou encore de refus d’accès à des discothèques, cafés.

Si dans le développement de la proposition de résolution, il est beaucoup questions de critères raciaux, c’est parce ce que la prise en compte est récente et que ce type de discrimination commence à sortir de l’invisibilité.

A Bruxelles, des discothèques, bars, restaurants, lieux de sortie refusent encore l’entrée à certains clients en raison de leur origine. Il ne s’agit pas de pratiques marginales mais d’un  problème structurel par lequel certains groupes sont plus concernés que d’autres.

Les auteurs de la présente proposition de résolution entendent prendre à bras le corps la problématique de la discrimination à l’entrée des discothèques et autres lieux de sortie en Région de Bruxelles – Capitale. Nous en appelons à prendre des mesures en vue de traiter cette forme spécifique de discrimination. Bien sûr, on peut être comme on dit de souche et se faire discriminer.  Mais depuis de nombreuses années, j’entends de nombreuses personnes et particulièrement les jeunes se plaindre de refus répétés à leur encontre dans certains bars, discothèques, lieux de sortie. Ce type de discrimination commence à sortir de l’invisibilité même si cela fait des années  que des actions contre ce type de discrimination sont menées chez nous. Des tests de mise en situation ont permis de dénoncer la discrimination dans l’horeca,  discothèques et les bars dansants.

Dans différentes villes européennes, des nuits du testing ont été et sont organisées à l’entrée des boîtes de nuit. Des testeurs volontaires de différentes origines ethniques, ont tenté d’entrer en toute légalité dans des établissements de nuit. Sans surprise, ces tests ont montré que l’accès des testeurs d’origine étrangère a régulièrement été refusé. J’ai souvent l’occasion d’entendre plusieurs jeunes d’origine étrangère qui se plaignent de ces pratiques discriminatoires récurrentes. On leur refuse l’entrée puis quelques minutes plus tard, accepté des personnes de type européen et ce souvent sans motif objectif qui puisse justifier cette différence de traitement.  

« On sait quand on sort de la maison mais on ne sait pas quand et si on va nous laisser entrer dans une discothèque ». Ou encore ce jeune d’origine étrangère accompagné de deux amis de type européen qui ont pu entrer alors qu’à lui, on lui a refusé l’accès.  Ils ont dû trouver un autre endroit. Cela c’est quand il y a solidarité. Sinon les autres rentrent et vous laissent dehors. Et si vous avez la mauvaise idée de venir entre vous c’est-à-dire sans mixité, vous avez peu de chances.

Il y a toujours un excuse : « ça ne va pas être possible pour vous, c’est un club privé. Ici »,  «  Vous êtes trop nombreux « ,  » Il y a trop de monde à l’intérieur  » « Il n’y a pas de fille qui vous accompagne « .  » Vous n’êtes pas des habitués ».  Mais comment voulez-vous qu’on soit des habitués si on ne les laisse jamais entrer.

Le plus pervers, c’est que pour filtrer leur clientèle, les gérants emploient aussi des portiers d’origine étrangère chargés de sélectionner la clientèle. Soit les jeunes insistent et cela peut mal se terminer par l’arrivée de la police. Et quand celle-ci arrive, il arrive qu’ils disent « vous voyez bien qu’il n’est pas raciste. La preuve c’est qu’il est étranger comme vous ! Comme si le racisme avait une couleur ».

Mais rares sont ceux qui insistent. Ils ont l’habitude. Il leur arrive de faire des kilomètres dans la soirée avant de trouver une discothèque qui les accepte. Ils veulent bien sortir mais on ne les laisse pas entrer. La confrontation régulière aux refus et exclusions est une violence.

Ils sont à la fois résignés, désespérés et humiliés.  Et révoltés. A force de se faire virer de partout, ils finissent par ne plus sortir ou à passer les soirées entre eux. Déjà que la mixité sociale et culturelle est loin d’être un fait à Bruxelles, de telles pratiques contribuent au repli, au fractionnement, à porter atteinte à la cohésion sociale.

Les patrons, portiers savent que c’est de la discrimination. Alors concrètement les motifs pour interdire l’accès sont très flous. D’ailleurs, il ne s’agit pas d’une interdiction radicale et absolue, mais bien d’une « admission sélective ». Il s’agirait, entre autres, de restreindre le nombre de personnes de manière préventive, soit pour éviter une baisse de la fréquentation du lieu, soit par mesure de sécurité, soit pour accueillir les habitués comme il se doit étant donné qu’ils ne seraient pas en mesure de laisser entrer tout le monde. Le problème c’est que c’est souvent certains groupes ethniques qui sont recalés.

Bien que je ne sois pas une habituée des discothèques, j’ai  vécu ce genre de situation, en pleine journée. En 2013, je me suis vue refuser l’accès à un restaurant, sous prétexte que je ressemblais à une jeune femme de type mulâtre qui se livrait à la grivèlerie dans le quartier. Elle mangeait et repartait sans payer sa note.  C’est vrai que j’ai une tête à faire de la  grivèlerie ! La patronne ne voulait rien entendre à mes arguments. J’ai eu beau répéter qu’elle se trompait de personne, montré une carte de visite, elle m’a refusé l’entrée. Il a fallu que j’appelle la presse et la police pour porter plainte. Les policiers m’ont demandé plusieurs fois si je voulais vraiment le faire, si ça en valait la peine. C’est bien la preuve que ces actes ne sont pas vraiment pris au sérieux. C’est si anodin !! Ce n’est pas une infraction prioritaire.

Certes, il ne faut pas sombrer dans les dérives. Bien sûr que les portiers peuvent faire le tri, dans la pratique, en fonction de la tenue vestimentaire, du comportement, de la consommation d’alcool et de drogues, de la taille d’un groupe, etc. Oui, Ils ont le droit de poser des actions préventives de contrôle pour maintenir le calme et l’ordre. Mais il doit être question de facteurs objectivement justifiés pour refuser l’accès, par exemple le fait qu’un client a déjà causé de graves problèmes dans le passé et la probabilité que cela se reproduise à l’avenir.

Mais hélas, les limites de la loi sont souvent dépassées et on tombe dans le délit de faciès.

Trop souvent les clients et notamment les jeunes clients se résignent à accepter cette pratique discriminatoire. Les plaintes sont rares car non seulement peu de victimes connaissent leurs droits mais en plus, rares sont celles qui osent faire une déclaration. Comment fournir la preuve qu’on est discriminé ? L’intervention de la police sur les lieux du délit ainsi que le dépôt de la plainte est importante. Cependant, bon nombre de gens m’ont rapporté que quand ils appellent la police, elle rechigne à acter des faits si anodins en apparence. Ceci pose la question de la formation et de la sensibilisation spécifique des policiers, des exploitants et des portiers.   Et puis, le risque de condamnation est très faible comme le signale Unia. Et quand il y a condamnation, c’est généralement à l’égard des portiers. Il y a une responsabilité dans le chef des exploitants des établissements car ils formulent aussi des discriminatoires ou ferment les yeux sur les pratiques d’admission sélective.

Avec la proposition d’ordonnance votée, il y a un élément important : le principe du renversement de la charge de la preuve. Désormais, ce ne sera plus la victime qui devra prouver la discrimination ; ce seront les propriétaires des boîtes de nuit, des bars, etc. qui devront démontrer l’absence de discrimination.

De manière générale et dans le contexte des attentats que nous connaissons, Unia signale une hausse des signalements auprès d’UNIA pour l’année 2016 de 20%.  Il s’agit de signalements haineux contre le racisme, contre la philosophie, contre les personnes handicapées, contre les homosexuels.

Que faire ? Il faut agir. Travailler sur les mentalités, la concertation mais il faut légiférer.

Il y a de quoi s’inspirer de ce qui se passe dans d’autres villes. Chez nous déjà, à Gand, Anvers, Louvain, même si elles ne sont pas parfaites, les autorités locales mènent des initiatives pour améliorer la politique d’admission.

Prendre exemple sur la ville de Gand, qui depuis 2011, oblige les établissements horeca qui recourent à des services de portiers à installer une caméra de surveillance à l’entrée et/ou à la sortie. Il a été complété en 2013 par l’obligation pour les établissements du secteur Horeca d’afficher clairement à leurs entrées un numéro gratuit central de sms et une adresse mail en vue de signaler des cas de discrimination. Le SMS qui est ensuite transféré vers Unia. Même si Unia estime que  très peu de personnes utilisent ce numéro et que c’est difficile de traiter chaque plainte individuellement », cette mesure doit faciliter le signalement d’éventuels refus d’accès pour des raisons discriminatoires et exercer un effet dissuasif sur les établissements horeca et les portiers.

A Louvain, une autre mesure oblige les portiers à  remplir un registre de refus. Ils doivent réellement justifier pourquoi ils refusent l’accès à certaines personnes.

A Rotterdam, aux Pays-Bas, à l’entrée de presque tous les lieux de sortie, il y a système de  code-barres. Les personnes se sentant victimes de discrimination n’ont qu’à le scanner. Cela permet de repérer les établissements où il y a le plus de plaintes et de pouvoir entamer des discussions avec leurs gérants ». Aucune de ces mesures n’est parfaite mais elles ont le mérite d’exister et témoignent d’une volonté de lutter contre le phénomène.

A côté de ces mesures ‘numéro de sms gratuit, caméras de surveillance, etc., des mesures doivent  être prises. Je pense à la sensibilisation, l’information du grand public, la formation des acteurs de terrain ;

Je pense à une concertation et un dialogue direct avec Unia, le secteur horeca, les autorités locales, les zones de police, le Parquet, les portiers, les exploitants, les associations, les usagers.

Je pense à la mise en œuvre des dispositifs, d’une part, de contrôle et, d’autre part, de suivi des plaintes de ce type de discriminations, en collaboration avec le Centre interfédéral pour l’égalité des chances. De plus, les boîtes de nuit devraient mettre en place un système d’affichage clair reprenant les différentes règles à respecter pour entrer comme l’obligation de porter une chemise ou de disposer d’une carte de membre.

Je pense à des tests de situation à l’instar de ce qui va se mettre en place au niveau du logement et de l’emploi. Les tests de mise en situation se sont avérés être une méthode éprouvée pour dénoncer cette problématique.

L’installation de caméras de surveillance aux entrées de discothèques permettra en cas de plainte,  de vérifier via les caméras si la discrimination est réelle. »

Dans le futur, on pourrait même aller plus loin et instaurer une sorte de label diversité. Les établissements souhaitant lutter contre la discrimination pourraient en faire partie.

Certes, la Région ne dispose pas de la compétence de police. Il faut passer par le niveau local et communal. Il est donc important que la Région apporte soutien et conseil aux communes. Pourquoi ne pas faire un inventaire des bonnes pratiques et de le mettre à la disposition des communes.

Prévention, concertation et sanction.

Je sais, pour certains, ce genre de discrimination est mineure mais aucune discrimination n’est mineure.  Surtout quand elle touche au quotidien de nombreux citoyens. Surtout quand elle est invisible. Surtout quand elle touche à la cohésion sociale. Quand elle mène au repli sur soi. Quand elle alimente l’exclusion.  Quand elle contribue à fragmenter la société. Légiférer est aussi un moyen de travailler sur les changements de mentalités.

Avec ces deux textes, nous posons un acte de plus pour une Région plus interculturelle,  ouverte à toutes et à tous.  Il y a un beaucoup de travail en profondeur à faire pour construire une communauté de citoyens, égaux, généreuse et accueillante, où chacun aurait sa chance. Cela nécessite des efforts, une véritable relation de confiance, de tolérance, de respect mutuel, de réciprocité, de mains tendues. A nous de nous y atteler avec un pacte de solidarité, de justice sociale, de responsabilité et d’égalité. Cela fait partie d’un contrat de  citoyenneté partagée. Car vivre ensemble, c’est aussi s’amuser ensemble.

 

 

Bruxelles : vers moins de discriminations à l’entrée des dancings.

| L’ACTU DE BRUXELLES | Publié le 7/08/2017 à 18:50 –   Dans le Nord Eclair

Bruxelles : vers moins de discriminations à l’entrée des dancings. 

La députée bruxelloise Fatoumata Sidibé (Défi) porte ce projet depuis près de 5 ans. Une nouvelle étape a été franchie : une proposition de résolution contre les discriminations à l’entrée des boîtes de nuits vient d’être votée en commission. Un certain nombre de mesures sont désormais sur la table pour lutter contre ce phénomène.

Nombreux sont ceux qui se sont déjà fait refouler à l’entrée d’une boîte de nuit : vêtements inadéquats, établissements pleins… Les raisons peuvent être multiples. Mais pour Fatoumata Sidibé qui étudie la situation depuis de nombreuses années, le problème est bien souvent une histoire de race, de couleur de peau ou d’accent. « Beaucoup de jeunes sont victimes de discrimination à l’entrée des discothèques, souvent parce qu’ils sont noirs ou arabes. La plupart du temps, ils ne protestent pas. Ils essayent juste d’aller ailleurs ». La députée connaît bien le problème : elle a déjà vécu ce genre de situation. En 2013, elle s’était vue refuser l’accès à un restaurant, sous prétexte qu’une femme mulâtre sévissait dans le quartier en repartant sans payer sa note. La députée avait alors saisi la presse.

« Quand j’ai voulu porter plainte, les policiers m’ont demandé plusieurs fois si je voulais vraiment le faire, si ça en valait la peine. C’est bien la preuve que ces actes ne sont pas vraiment pris au sérieux ». Sa voix a finalement été entendue : une proposition de résolution contre les discriminations à l’entrée des night-clubs et des lieux de sortie vient d’être votée en commission. « Un travail de prévention et d’information est nécessaire. Il faut que ces personnes connaissent leurs droits si elles pensent être victimes de discriminations », explique la députée. « Il peut s’agir d’un numéro de téléphone où l’on peut envoyer un SMS en cas de refus jugé abusif. Ce procédé existe déjà Gand ».

Parmi les autres idées évoquées : l’installation de caméras de surveillance permettant de repérer les établissements où les refus potentiellement discriminatoires sont les plus fréquents ou encore l’affichage clair des conditions d’accès à l’établissement en ce qui concerne notamment la tenue vestimentaire. « Dans le futur, on pourrait même aller plus loin et instaurer une sorte de label diversité. Les établissements souhaitant lutter contre la discrimination pourraient en faire partie ».

Pour Fatoumata Sidibé, un grand pas a été fait avec le renversement de la charge de la preuve : « ce n’est plus au client de prouver pourquoi il pense être victime. C’est à l’établissement de prouver qu’il n’a pas fait preuve de discrimination ». La députée a toutefois un grand regret. « Même si la plainte aboutie, c’est le portier qui est mis en cause et non pas le gérant de la boîte de nuit ».

Faire confiance aux portiers.
La fédération Horeca qui représente le secteur à Bruxelles, n’est pas du même avis. Pour Yvan Roque, son président, il faut avant tout laisser les portiers faire leur travail : « moi aussi on m’a déjà refusé l’accès à des établissements quand j’étais jeune. Il y a parfois des erreurs mais la plupart du temps, les videurs savent ce qu’ils font. S’ils refusent l’entrée à certaines personnes, c’est avant tout pour protéger les personnes qui sont déjà à l’intérieur. Ce n’est pas de la discrimination ». Le projet a donc été voté en commission, c’est maintenant aux députés du parlement bruxellois d’en débattre.

« Prendre exemple sur Gand et Louvain »
Unia, le Centre interfédéral pour l’égalité des chances, accueille très favorablement cette proposition de résolution. Même si pour son président, Patrick Charlier, il y a encore du chemin à parcourir. « À Bruxelles, il manque une ordonnance anti-discrimination transversale : il n’y a pas de disposition qui interdit la discrimination dans le domaine des biens et des services, contrairement au fédéral ou dans les autres communautés régions. Gand et Louvain sont même en avance sur la capitale belge ». Patrick Charlier fait référence à plusieurs mesures prises dans ces deux villes. « Là-bas, les portiers sont tenus de remplir un registre de refus. Ils doivent réellement justifier pourquoi ils refusent l’accès à certaines personnes ». À Gand, tous ceux qui se sentent victimes de discrimination à l’entrée d’un établissement peuvent aussi envoyer un SMS qui est ensuite transféré vers Unia. À ce sujet, le président du centre est un peu plus sceptique : « il y a très peu de personnes qui utilisent ce numéro et c’est difficile de traiter chaque plainte individuellement ». Patrick Charlier pense qu’un système plus global comme celui mis en place à Rotterdam aux Pays-Bas, serait plus intéressant. « À l’entrée de presque tous les lieux de sortie, il y a un code QR, une sorte de code-barres. Les personnes se sentant victimes de discrimination n’ont qu’à le scanner. Cela permet de repérer les établissements où il y a le plus de plaintes et de pouvoir entamer des discussions avec leurs gérants ». Pour le directeur d’Unia, le meilleur moyen de lutter contre ce phénomène serait de pouvoir discuter directement avec le secteur Horeca.

 

Suivi de la proposition de résolution relative aux principes de Yogyakarta

Interpellation de Fatoumata Sidibé, députée DéFI, à la Ministre de l’égalité des chances Bianca Debaets. La réponse est disponible ici.
Concerne : Suivi de la proposition de résolution relative aux principes de Yogyakarta sur l’application de la législation internationale des droits humains en matière d’orientation sexuelle et d’identité – 26 juin 2017 – La réponse est disponible ici.

Le 18 juillet dernier, notre parlement votait ma proposition de résolution. Un tout petit pas en avant pour faire avancer les droits humains de personnes, en raison de leur orientation sexuelle ou de leur identité de genre. Les principes de Yogyakarta qui visent à promouvoir l’égalité et le respect pour toutes les personnes d’identités de genres ou de préférences sexuelles différentes de celles établies par les normes sociales. Les principes de Yogyakarta constituent un code de conduite pour tout État en matière de droits des personnes LGBT. Ils permettent d’apporter une plus grande clarté et une plus grande cohérence aux obligations qui incombent aux États en matière de droits humains. Ces principes, bien que n’étant pas une norme internationale officielle, sont d’ores et déjà mentionnés par des organes de l’ONU et des tribunaux de différents pays. Cette proposition de résolution s’inscrit dans le prolongement d’autres résolutions déjà votées dans notre pays.
En Belgique aussi, les personnes transgenres sont confrontées aux violences de rue, harcèlement, agressions verbales, physiques, discriminations dans de nombreux domaines notamment de la santé et de l’emploi : licenciement, chômage élevé, harcèlement, refus d’embauche, insulte, brimade, refus d’utiliser les toilettes de leur choix, tel est le quotidien des personnes transgenres avec toutes les difficultés qui s’ensuivent et notamment en termes d’accès aux soins de santé qui nécessitent des moyens financiers. Ils sont nombreux à vivre dans la clandestinité, à ne pas afficher leur identité de genre, par peur de perdre leur emploi, à changer d’emploi à cause de la discrimination fondée sur l’identité de genre.
L’actualité nous montre combien leurs droits restent bafoués dans le monde. Rappelons que notre pays a été l’un des plus progressistes en la matière, mais qu’il y a encore beaucoup de chemin à parcourir pour faire reculer les stéréotypes de genres et l’assignation obligatoire, et parfois arbitraire, des personnes à des catégories genrées strictement binaires. Beaucoup de progrès ont été accomplis en vue de garantir les droits à l’égalité et à la non-discrimination. Cependant, les violations des droits humains des personnes en raison de leur orientation sexuelle constituent une source de préoccupation.
En Belgique, les associations ont avancé quatre priorités essentielles pour le respect des droits fondamentaux des personnes transgenres. Premièrement, dissocier intégralement la reconnaissance du genre à l’état civil et dans tout document officiel, de tout parcours psychiatrique et médical, quel qu’il soit. Les personnes transgenres doivent bénéficier d’un droit à l’autodétermination de leur identité personnelle, identité de genre comprise. C’est une condition nécessaire de leur intégration sociale. Elle implique un droit de protection de toute donnée personnelle.
Deuxièmement, elles demandent à la Belgique de se doter d’une politique claire de dépsychiatrisation et de dépathologisation des personnes transgenres. Celles-ci doivent bénéficier d’un libre accès au soutien psychologique ou aux soins qu’elles choisissent, pour éventuellement modifier leur caractère sexuel primaire ou secondaire, sans subir aucune contrainte. En particulier, l’accès aux soins choisis ne peut en aucun cas être conditionné à un visa ou à une consultation psychiatrique.
Troisièmement, ces associations estiment nécessaire de garantir la liberté d’accès aux soins librement choisis, notamment pour le praticien, ainsi que les droits du patient. L’accès aux soins choisis n’est effectif que si leur remboursement est garanti, quelles que soient les modalités pour y accéder, en toute transparence.
Enfin, les associations rappellent que leurs propositions s’attachent à garantir un traitement qui soit également conforme à la Convention internationale des droits de l’enfant pour les personnes transgenres mineures. La loi belge en vigueur depuis 2007 viole l’ensemble de ces droits et principes. En conditionnant la rectification de l’état civil à une procédure médicale qui va jusqu’à la stérilisation, elle contraint les personnes transgenres à choisir entre la mutilation et une exclusion sociale sans fin. En les enfermant dans un parcours de soins obligatoire et rigide, elle nie leur diversité et leur intégrité physique comme psychologique.
Ma proposition de résolution demandait au Gouvernement de la Région de Bruxelles-Capitale :

  • de souscrire aux principes de Yogyakarta et d’en appliquer pleinement les dispositions dans le cadre de la mise en œuvre des politiques régionales afin de mettre un terme à toute discrimination fondée sur l’orientation sexuelle et l’identité de genre ;
  • d’insister auprès du Gouvernement fédéral pour que la Belgique fasse davantage et reconnaisse officiellement et pleinement les principes de Yogyakarta en vue de l’application effective des dispositions contre la discrimination sur la base de l’orientation sexuelle et de l’identité de genre ;
  • d’appliquer activement, dans le cadre des compétences régionales, la législation anti – discrimination afin d’améliorer l’égalité et le respect des droits humains des personnes transgenres ;
  • d’améliorer la situation des personnes transgenres grâce à la mise en œuvre de la nouvelle stratégie pour l’égalité des chances, de promouvoir dans le cadre des campagnes de sensibilisations existantes la sensibilisation en rapport avec la thématique du genre auprès du grand public afin de briser les stéréotypes et d’informer les groupes cibles des canaux d’aide disponibles et de la protection de leurs droits dans le cadre des dispositions légales relatives à l’égalité entre les femmes et les hommes ;
  • de s’inscrire pleinement dans le respect des principes énoncés dans la résolution du Parlement bruxellois adoptée le 21 février 2014 relative à l’adoption d’un code de conduite en milieu urbain ;
  • de soutenir dans sa politique existante les organisations qui représentent aussi les transgenres ;
  • de reprendre l’identité de genre dans les plans de diversité menés.

Ce texte nous encourage aussi à travailler dans le champ de nos compétences régionales. Il y a eu des actes forts.

Mes questions sont les suivantes :

  • Quelles sont les données récentes concernant les discriminations dont sont victimes les LGBTI ?
  • Avez-vous des échos du fédéral concernant la modification de la loi telle que prévue dans l’accord de majorité fédéral ?
  • Concernant la Carte Mobib, le Ministre Pascal Smet avait demandé à la STIB de mettre au point une solution qui consiste à autoriser à chacun de pouvoir choisir le prénom social qu’il désire, sans devoir se justifier. Le lien est fait avec le numéro de registre national. Quel est le bilan de cette carte Mobib ?
  • Dans le champ des compétences régionales, quelles sont les avancées en la matière ?

 

 

L’état des lieux de la reconnaissance des mosquées à Bruxelles

Interpellation de Fatoumata Sidibé, Députée DéFI à Rudy Vervoort, Ministre président de la région de Bruxelles-Capitale
Concerne : L’état des lieux de la reconnaissance des mosquées à Bruxelles – Le lundi 12 juin 2017. La réponse est disponible ici.

Lors de ma dernière question écrite en 2016, je vous interrogeais sur le nombre de mosquées à Bruxelles. Les chiffres en ma possession faisaient état de 80 mosquées bruxelloises dont quatorze reconnues, soit à peine une sur six. Des dossiers de demandes de reconnaissance étaient dans l’attente d’un avis du SPF Justice. Il y a donc très peu de mosquées reconnues à Bruxelles. Vous répondiez en outre qu’aucune demande de reconnaissance d’une communauté cultuelle locale islamique n’avait fait l’objet d’un arrêté du gouvernement de refus de reconnaissance.
Par ailleurs, vous déclariez que dix dossiers attendaient l’avis du ministre de la Justice ; avis d’ailleurs non soumis à un délai de rigueur. La longueur du délai était justifiée par le cabinet du ministre de la Justice par des considérations budgétaires. En effet, le traitement du (des) imam(s) d’une mosquée reconnue incombe à l’autorité fédérale. Néanmoins, le ministre de la Justice avait annoncé avoir obtenu les budgets nécessaires pour pouvoir donner un adonner un avis quant à 80 mosquées sur le territoire belge d’ici 2019.
Malgré l’absence de reconnaissance régionale, certaines mosquées bénéficient de subsides locaux. Certaines mosquées sont financées par l’étranger ou par leurs fidèles. De nombreuses mosquées non reconnues fonctionnent sous un statut d’asbl. Il y une dizaine d’années, j’alertais sur le phénomène spécifique : les imams des caves. Des chefs religieux autoproclamés se donnent comme mission de redonner aux jeunes en quête de repères une identité religieuse. Si certains pensent sincèrement lutter ainsi contre le chaos, beaucoup de ces prédicateurs témoignent d’une intolérance fondamentale en prêchant l’obscurantisme et le sexisme. D’où la multiplication de mosquées ayant peu de rapports avec l’humanisme musulman, avec les Lumières, avec ses traditions les plus libérales, multiplication qui se fait de manière insidieuse, anarchique et sans aucun contrôle. Au contraire des mosquées non reconnues, les mosquées reconnues sont soumises à une enquête des autorités belges et peuvent bénéficier de subsides.

Qui dit reconnaissance dit aussi contrôle. En ces temps de débats autour de l’extrémisme et la radicalisation, il faut être vigilant aux alliances contre nature avec certains pays dont le financement est un facteur de la montée de l’intégrisme dans le monde. Il convient de questionner le mode de financement des mosquées par des régimes qui ne respectent pas la Convention Européenne des Droits de l’Homme et distillent des prêches à l’opposé de nos valeurs démocratiques. Même si les voies qui mènent à la radicalisation sont nombreuses et se passent aussi à l’extérieur des mosquées, dans la rue, les réseaux sociaux, etc.
Suite aux attentats, le gouvernement fédéral a adopté un plan en 18 points. Il comprend entre autres, l’exclusion des prêcheurs de haine et le démantèlement des lieux de culte non reconnus qui appellent au djihad. Le contrôle des mosquées par la police locale se voit donc encouragé.

Enfin, il m’a été rapporté qu’un avant-projet d’ordonnance relatif à la modernisation de la législation cultuelle était en cours d’élaboration. Celui-ci devrait préciser les conditions de reconnaissance des établissements cultuels locaux, et prévoit des éléments analogues à ceux implémentés en Flandre. Vous faisiez également référence à la mise en place d’un système d’enregistrement » obligatoire (distinct de la « reconnaissance ») de tous les lieux de culte.

Monsieur le Ministre-Président peut-il me faire savoir :

  1. Quel est l’état actuel d’avancement des reconnaissances des mosquées à Bruxelles ? Combien sont reconnues ? Combien sont en attente de reconnaissance ? Certaines sont-elles recalées ? si oui, pourquoi ? Est-ton en retard ou en avance par rapport à la Région wallonne et flamande ?
  2. Quelles sont les concertations avec les communes ?
  3. Qu’en est-il de l’état d’avancement du projet d’ordonnance visant à réformer la législation relative aux cultes ? Le renforcement des conditions d’agrément est-il prévu dans la réforme des cultes à venir ? Disposez-vous d’informations concernant le calendrier de la réforme ?
  4.  Qu’en est-il de l’information auprès des mosquées ? Quelles sont les collaborations avec l’exécutif des musulmans de Belgique ?

L’aide aux associations actives en matière de soutien aux femmes en situation de mariages forcés

Parlement francophone
Interpellation à Mme Céline Frémault, ministre en charge des affaires sociales.
Concerne : L’aide aux associations actives en matière de soutien aux femmes en situation de mariages forcés -Le vendredi 9 juin 2017. La réponse est disponible ici.

Je reviens vers vous avec un sujet qui me tient particulièrement à cœur et sur lequel j’ai déjà eu l’occasion de vous interroger. Afin de procéder au suivi de terrain des politiques menées j’ai récemment rencontré plusieurs associations membres du Réseau Mariage et Migration actif  dans la lutte contre le phénomène des Mariages forcés et les violences liées à l’honneur ainsi que dans la  protection et le suivi des victimes contraintes au mariage. Il me paraissait intéressant de faire un état des lieux actualisé de leurs vécus sur le terrain, leurs difficultés et leurs revendications. Le Réseau Mariage et Migration est  réseau de réflexion et d’action qui lutte contre toutes les formes de mariages – forcés, précoces, arrangés, coutumiers, thérapeutiques – pouvant priver des hommes et des femmes d’une liberté essentielle : celle de choisir leur partenaire. C’est surtout un réseau concret d’accueil, d’accompagnement, de protection et de suivi des victimes. Le Réseau  a cherché à recadrer ses activités ces dernières années afin de se recentrer sur leurs missions de base.
Ceci étant, bien évidemment, les associations m’ont relayé un certain nombre de difficultés que je souhaiterais vous soumettre afin que le gouvernement puisse s’en saisir et/ou continuer son action en cette matière, d’une manière adéquate et ciblée au regard des besoins réels.
Pour rappel, l’incrimination des mariages forcés figure bien dans notre code pénal dans la loi du 25 avril 2007 en vertu de laquelle « il n’y a pas de mariage non plus lorsque celui-ci est contracté sans le libre consentement des deux époux et que le consentement d’au moins un des époux a été donné sous la violence ou la menace ». La loi du 2 juin 2013 a augmenté les peines incriminant les mariages forcés et simulés, et a également créé une incrimination nouvelle pour la cohabitation légale forcée et simulée.

Malgré l’incrimination pénale consacrée, cette problématique reste souvent difficile à appréhender et doit l’être avec toute la prudence nécessaire en raison du danger de stigmatisation, notamment. En effet, le recours aux mariages forcés s’explique davantage par des données culturelles plutôt que par des caractéristiques raciales, ethniques ou religieuses spécifiques.

Il apparait très clairement que le secteur associatif prenant en charge les victimes de mariages forcés se trouve régulièrement confronté à des difficultés de plusieurs ordres que je me permets de vous détailler succinctement.

1. L’hébergement d’urgence

Les structures existantes sont bien souvent destinées de prime abord à un public de victimes de violences familiales et intrafamiliales. Outre la pénurie de places d’accueil, les conditions d’accès à ces établissements leurs sont dès lors régulièrement refusé ou au minimum sont tributaires de négociations ou arrangements amiables incertains qui ne font qu’augmenter l’état de stress des personnes en situation de détresse.

Vu la pénurie de place dans les structures d’accueil d’urgence à Bruxelles et pour des raisons de sécurité, les associations sont souvent contraintes à de longs déplacements dans toute la Wallonie pour espérer y trouver une place d’accueil temporaire. Il arrive qu’après une prise de rendez-vous, la maison d’accueil rechigne à héberger la victime pour plusieurs raisons :

  • soit par manque de place ;
  • soit ce que la maison d’accueil a peur des représailles quand elle se rend compte que la victime est en danger ;
  • soit parce que la victime n’a pas porté plainte ; ce à quoi les associations répondent qu’il n’y en pas et qu’il n’y en aura pas ;
  • soit parce qu’après l’entretien, la structure d’accueil se rend compte que la victime ne se sentira pas bien dans leur centre ;
  • soit parce le phénomène des mariages forcés est minimisé et mal connu.

Une piste que le réseau utilise est celui des auberges de jeunesse.

Il est d’ailleurs très interpellant voire inacceptable que l’une des solutions à ce manque de places d’hébergement d’urgence soit l’hébergement aux domiciles privés de personnes bénévoles dont des membres du Réseau.  La mise en lien avec la police est systématique.

Une demande du secteur est la création d’une structure d’accueil spécifique avec adresse secrète. Pour rappel, en octobre 2010, j’ai déposé une proposition de résolution visant à créer des structures d’accueil spécifiques pour l’accompagnement des victimes de mariages forcés, contraints ou subis. Elle avait été rejetée car jugée prématurée par rapport au tempo et à la résolution votée précédemment. Le Ministre Kir proposait de laisser le plan se poursuivre, d’avoir un moment d’évaluation et d’attendre que le secteur puisse se positionner à ce sujet.

2. L’information et le soutien de première ligne

 a) Ligne téléphonique

Une ligne téléphonique est effective depuis plusieurs années. Ce dont nous pouvons nous féliciter. Toutefois, la prise en charge des permanences n’est possible que grâce à  la coordination entre quelques associations membres du Réseau qui se partagent les plages horaires et si cela a permis l’élargissement de la plage horaire, cela rend impossible l’ouverture de la ligne les week-ends, ce qui serait pourtant une avancée considérable. Il semblerait d’ailleurs que le vendredi soit un jour où on note une augmentation des appels téléphoniques.

Cette ligne téléphonique mène à un accompagnement concret. Le travail des associations ne se limite pas aux victimes majeures. Il leur arrive également de suivre des mineures pour les préparer au départ de la famille jusqu’à ce qu’elles soient majeures. Le constat est que ces cas traités par l’aide à la jeunesse mènent à une médiation qui ne marche pas. Concernant les mineures, ce travail se fait toujours en collaboration avec la police.

b) Distribution automatique des informations dans les communes

L’on constate que beaucoup de jeunes femmes n’ont pas accès ou connaissance des structures susceptibles de les aider et accompagner. L’un des moyens évoqués serait de fournir ses informations dans les paquets d’informations fournis aux nouveaux inscrits dans les communes.

c) Publication d’un folder général d’informations

La première édition fascicule « Temps des vacances » date de plusieurs années maintenant. Les associations souhaiteraient vivement pourvoir actualiser celui-ci. Cependant les moyens financiers sont insuffisants et la réédition pourrait bien être compromise. Or, les vacances scolaires approchant, nous savons qu’il s’agit d’une période critique en termes de mariages forcée. Et les campagnes de prévention et de sensibilisation sont dès lors plus qu’essentielles.

3. Procédures de suivi et liaisons entre les associations du Réseau et les maisons d’accueil :

Les associations du Réseau ont également fait état des difficultés à obtenir des informations de suivi des jeunes femmes après leur placement en maisons d’accueil. Or, en termes de sécurité et de suivi, ces informations sont parfois capitales afin de continuer à protéger la jeune femme. En effet, et nous en revenons au caractère inadéquat de certaines structures d’accueil, certaines jeunes femmes ont été retrouvées par leur mari ou leur famille suite à des manquements dans la transmission d’informations entre les structures d’aides.

Madame la ministre, au vu des revendications précises du secteur, mes questions sont les suivantes :

  1. Une réflexion est-elle en cours concernant la création d’un lieu, sur le territoire bruxellois, d’une adresse tenue secrète destiné à l’hébergement d’urgence des victimes de mariages forcés ?
  2. En matière d’hébergement, avez-vous des exemples de bonnes pratiques dans d’autres pays européens ?
  3. Les conditions d’accueil dans les structures d’aides peuvent-elle moins contraignantes de sorte que l’absence de PV ne soit pas un obstacle ? En effet, on leur demande souvent de justifier du dépôt de plainte pour pouvoir être prise en charge. Or, dans cette problématique délicate des mariages forcés, cette exigence est fréquemment rédhibitoire pour les victimes qui sont en état de détresse, de peur et de fuite et qui ne souhaitent pas porter plainte contre leurs familles.
  4. Quelles sont vos propositions de solutions afin d’aider le Réseau à communiquer plus massivement et à leur donner les moyens d’étendre leur offre d’aide téléphonique ?
  5. Concernant les fascicules d’information, avez-vous connaissance de l’impact de campagnes d’information ? De nouvelles campagnes de sensibilisation à la problématique des mariages forcés sont-elles prévues dans les prochaines semaines ou mois ?
  6. La COCOF ne pourrait-elle pas jouer un rôle plus actif dans la centralisation des données de suivi afin de coordonner plus efficacement les actions des structures d’accueil qui prennent successivement en charge une même victime ?