Mois : mars 2016

Dix ans déjà ! Lettre de BELGIQUE : Ici, tout va bien.

Comment allait la Belgique il y a dix ans ? Pour répondre à cette question, Pierre Efratas et moi même adressions cette lettre au Mouvement Ni Putes Ni Soumises. Cétait en décembre 2005. Edifiant !

Lettre de BELGIQUE : Ici, tout va bien.

Salut, Sihem.
Ici, tout va bien. Tout. Pas de communautarismes, pas de violences quotidiennes contre les femmes, pas de machisme, pas d’obscurantisme, pas de fascismes, pas de relativisme, pas d’extrémismes, rien que de l’optimisme. D’ailleurs, les émeutes qui ont embrasé la France ces dernières semaines pourraient-elles toucher la Belgique ? Allons donc ! N’oublions pas que notre modèle d’urbanisme, exemplaire, se situe aux antipodes des sinistres banlieues françaises. Tout est riant, pimpant et sent le neuf et l’humain. L’intégration est telle que les quartiers populaires se trouvent parfaitement intégrés au coeur de la ville. Nous n’avons pas de Sarkozy pour tenir des discours incendiaires. Nous pouvons entièrement nous reposer sur notre politique préventive et sur les programmes sociaux mis en place depuis les émeutes de 91 à Forest, Saint-Gilles, Anderlecht et Molenbeek. Notre police de proximité, activement formée et promue, et nos éducateurs de rue, puissamment et constamment soutenus, disposent de tous les moyens pour instaurer dialogue et respect mutuels, et si vous en voyez certains qui sont un peu fatigués, nerveux, voire harassés, c’est normal, avec l’hiver qui vient. Il y a bien 15% de gens au seuil de la pauvreté, sans compter tous les autres, et des morts de froid chaque année, et aussi des jeunes pleins d’avenir qui ont trouvé du boulot dans le dialogue musclé, avec quelques accidents de travail à la clef, mais faut tout de même pas en faire du fromage, et chacun sait combien il en existe de ce côté du Quiévrain.
Non, non, Sihem : tout va bien.

Sur les violences faites aux femmes, il y a bien quelques cas aussi, mais tout de même, tu crois qu’on brûle des femmes chez nous, qu’on les vitriole à l’occasion, qu’on les frappe un peu ? N’en parlons pas trop, ça ferait un scandale. Tu penses vraiment que les mariages forcés et les crimes d’honneur sont présents sur notre territoire ? Certes, Il y a des pratiques traditionnelles et des dérives religieuses que nous trouvons barbares mais il faut être tolérants tout de même et respecter toutes les manières de vivre. Nous n’allons pas nous ingérer dans les moeurs traditionnelles et encore moins dans la vie privée d’autrui. Si certaines se font battre, si d’autres choisissent librement d’être collées à la maison, entre les gosses et la cuisine, voilées du haut en bas, surveillées dans leurs moindres déplacements par de grands frères quelque peu interventionnistes, ou embrigadées par de sympathiques patriarches musclés, il faut respecter la liberté individuelle. On est en démocratie tout de même ! Et puis, si certaines femmes ne se révoltent pas, c’est qu’elles aiment être soumises. C’est leur choix.

Des intégristes ? Allons, allons. Depuis le 11 septembre, la donne internationale a certes changé, mais ne nous affolons pas. Il y a des chefs religieux autoproclamés qui sont là pour ramener de l’ordre dans les quartiers et enseigner les règles fondamentales: les filles à l’intérieur, les garçons dehors pour surveiller et punir celles qui seraient tentées d’afficher leur féminité de façon trop voyante. Et puisque l’honneur de la famille est entre leurs cuisses et que certains garçons ont quand même parfois des problèmes avec leurs hormones de mâles en mal de pulsions, les filles n’ont qu’à accepter de faire des excursions détournées, honteuses, cachées, du côté de Cythère, avec l’épée de Damoclès par-dessus leurs têtes de pécheresses. Pas d’autre choix mais c’est leur choix et on ne veut pas le savoir.

Oui, tout va bien en Belgique. Il n’y a pas de quoi faire un foin avec la montée des intégrismes, des extrêmes droites noire, brune et verte, avec les sexismes de toutes étiologies, les amalgames guerriers de tous bords, les manifestations haineuses d’homophobie, de racismes multiples, anti Blacks, anti Blancs, anti Beurs, anti Feujs, anti Tout. Pas de quoi. Entre le Vlaams Belang à 25% en Flandre, le Front National qui monte en Wallonie et à Bruxelles, et les émules de Tariq Ramadan qui se répandent, des évangélistes sauce Bush qui commencent à pénétrer nos quartiers, des ultras qui veulent une Europe chrétienne, et des proclamateurs de choc de civilisations, non pas de quoi.

Stop !

Stop les discours autosatisfaits ou volontairement aveugles. Stop les petits conforts et les arrangements avec la réalité. Il y a urgence et tu nous pardonneras certainement le décalage quelque peu grinçant entre la réalité et les discours démissionnaires, tendance tout-le-monde-il-est-beau, tout-le-monde-il-est-gentil. Car en Belgique, comme partout en Europe, l’heure est venue de briser le silence et l’indifférence, de se mobiliser, d’agir.

Assez de passivité !
Face à la loi du silence qui règne dans nos quartiers et nos villes sur les discriminations et les violences faites aux femmes (violences intrafamiliales, physiques, verbales, polygamie, excision et infibulation, mariages forcés, crimes dits d’honneur, contraintes de la tradition, déni du corps féminin, agressions sexuelles, etc.), sur les dérives religieuses, sur le poids des traditions archaïques qui étouffent les femmes et endoctrinent les hommes, nous ne pouvons plus faire l’économie des actes.

Assez de clichés misérabilistes !
Nous voulons rendre la parole à celles et à ceux que la peur empêche de s’exprimer. Nous voulons alerter l’opinion et les pouvoirs publics pour briser l’omerta …pour que plus personne ne puisse dire demain : « on ne savait pas ! »

Assez d’abandons !
Nous ne pouvons pas, sous couvert de respect de la diversité, du différencialisme culturel et du particularisme, être par notre silence, complices de contraintes machistes qui asservissent les femmes et bafouent leurs droits les plus élémentaires.

Nous saluons le combat historique mené – et qui continue d’être mené par celles qui se sont soulevées pour défendre les droits des femmes. Mais, après plus de 50 ans de combats humanistes, l’heure de la pause n’a pas encore sonné. Il s’agit d’un nouveau combat pour toutes celles, et elles constituent une majorité, qui aspirent à un espace de liberté où exister, sans frôler les mûrs, sans se voiler l’esprit et le corps, sans être jugées par le tribunal communautaire, sans se soumettre aux lois sexistes, sans subir les violences ou les traditions qui nient leurs droits les plus élémentaires.

Assez de reculades !
Nous voulons dénoncer la régression du statut des femmes dans nos quartiers, dans nos communes, nos familles, nos écoles.

Nous avons décidé de ne plus attendre que cela aille de mal en pis. Nous avons décidé d’agir de toutes nos forces pour que la vie change pour nous, pour nos familles, pour nos quartiers.

L’heure est venue …

… pour chacune et chacun d’entre nous d’affirmer la mixité, la laïcité et l’égalité comme des valeurs incontournables de la démocratie ;

… de porter ces flambeaux, ces espaces de libertés et de tolérance dans lesquels chaque citoyenne, chaque citoyen, quels que soient son origine, son choix philosophique, son sexe, ses opinions, ses croyances, sa langue, sa culture, puissent vivre ensemble pacifiquement, dans le respect et l’égalité des droits et devoirs démocratiques ;

… de réaliser la laïcité qui préconise la liberté de conscience comme valeur, le libre – examen comme méthode, la séparation des religions et de l’Etat comme organisation, la croyance ou la non-croyance étant des choix intimes, personnels, laissé à la libre appréciation de chacun(e).

… d’entreprendre une action décidée sur le terrain. Face à une société où se multiplient les maux : replis communautaristes et/ou religieux, montée des extrêmes droites, fondamentalisme, racisme, antisémitisme, misogynie, recul inquiétant de la condition féminine, exclusion, pauvreté, délinquance, discrimination, obscurantisme, homophobie …

….d’agir ensemble !
….d’affirmer la responsabilité citoyenne, et de promouvoir la mixité sociale pour lutter contre les enfermements, les replis, les ghettos, la violence et la haine.

Alors, nous aussi, nous prenons la parole et nous vous lançons cet appel pour que dans chaque ville de Belgique, nos sœurs, nos mères, nos frères, nos amis, entendent ce cri de liberté et rejoignent notre combat pour mieux vivre dans nos quartiers.

Fatoumata SIDIBE,
Pierre EFRATAS,
Membres du Collectif Ni Putes Ni Soumises Belgique
09/12/2005

La rétroactivité des nouvelles obligations liées à l’achat d’un logement Citydev.brussels

Parlement bruxellois
Question écrite de Mme Fatoumata SIDIBE, Députée bruxelloise DéFI, à M . Rudi VERVOORT, Ministre-Président du
Gouvernement bruxellois, chargé des Pouvoirs locaux, de la Politique de la Ville, du Développement territorial, des
Monuments et Sites, du Tourisme et des Affaires étudiantes. La réponse est disponible ici
Concerne : La rétroactivité des nouvelles obligations liées à l’achat d’un logement Citydev.brussels.

Les acquéreurs occupant les logements Citidev sont soumis à un certain nombre d’obligations dont celle d’occuper le
logement acquis et d’y être domicilié pendant 20 ans à partir de la remise des clefs. Le propriétaire peut, sous
certaines conditions:
–  louer le logement après minimum 60 mois d’occupation personnelle et après avoir obtenu l’accord de
Citydev.brussels sur base d’une demande écrite et motivée par des circonstances exceptionnelles;
– revendre le logement après avoir introduit un dossier complet. Après, Citydev dispose de 60 jours pour se
prononcer concernant la conformité du dossier et l’exercice de son droit de préemption.
Ma question porte sur la durée de 20 ans. Jusqu’en 2013, l’obligation de  durée était de 10 ans, et le nouvel arrêté
du Gouvernement date du 26 septembre 2013.
1.  Pourriez-vous me dire si la durée de 10 ans est maintenue pour les occupants ayant acquis le logement avant
le nouvel arrêté ou s’il y a rétroactivité de la loi ?
2.  Citidev a t’il informé les parties prenantes (propriétaires et/ou locataires) des nouvelles modifications ?
Fatoumata SIDIBE
Le 3 mars 2016

La lutte contre les mutilations génitales féminines

Parlement régional

Interpellation adressée à Bianca Debaets – 14 mars 2016
Concerne : La lutte contre les mutilations génitales féminines.  La réponse est disponible ici.
Les chiffres concernant la prévalence des MGF en Belgique sont en augmentation.Selon l’étude commanditée par le SPF Santé publique sur base des registres de population, au 31 décembre 2012, la Belgique compte plus de 48.000 femmes et jeunes filles originaires d’un pays où l’on pratique traditionnellement les mutilations génitales contre 22.840 au 1er janvier 2008.

Plus de 13.000 femmes seraient très probablement excisées sur notre territoire contre 6.260 au 1er janvier 2008. Plus de 4.000 filles sont considérées par les autorités comme potentiellement à risque alors que ce chiffre était de 1975 au 1er janvier 2008.

Ces chiffres sont une sonnette d’alarme. Ce phénomène est donc en net augmentation. Cela est dû à l’arrivée de femmes originaires de pays où l’excision est traditionnellement répandue ainsi que la naissance d’une deuxième génération dans ces communautés.  Les femmes arrivées adultes et déjà excisées, en âge de donner elles-mêmes naissance, doivent être un public à cibler de manière privilégiée.

Depuis 2001, la Belgique dispose d’une loi condamnant les mutilations génitales féminines. L’article 409 du Code pénal sanctionne d’une peine d’emprisonnement de trois à cinq ans « quiconque aura favorisé toute forme de mutilation des organes génitaux d’une personne de sexe féminin, avec ou sans consentement de cette dernière ». La tentative est également punissable.

Cette loi a également un caractère d’extra territorialité : un acte posé à l’étranger, sous les pressions de la famille lors d’un retour au pays, peut également entraîner des poursuites en Belgique.

Depuis juillet 2014, la loi permet de punir aussi les personnes qui incitent à cette pratique ou qui en font de la publicité.

L’Assemblée générale des Nations-Unies a adopté le 20 décembre 2012, une résolution 67/146 (soutenue par la Belgique) interdisant les MGF à travers le monde.

Cependant, depuis l’entrée en vigueur de la loi belge, il y a plus de 15 ans, très peu de plaintes ont été déposées et aucune n’a donné suite à des poursuites judiciaires.

En 2013, une recherche-action menée par le réseau des stratégies concertées de lutte contre les MGF et soutenue par la FWB (De Brouwere et al. 2013) montre que le nombre de signalements d’enfants à risque d’excision, notamment à l’occasion d’un retour pendant les vacances, augmente.

Ainsi, 52 cas ont ainsi pu être recensés entre le 1er janvier 2009 et le 30 juin 2013. La majorité des signalements se concentrent sur les années 2012 et 2013.

En matière de mutilations génitales, les plaintes sont rarissimes.

“Selon le parquet de Bruxelles, aucun dossier pénal n’a été ouvert en 2008 et 2009 concernant cette problématique, contre un dossier en 2010; zéro en 2011; deux en 2012; trois en 2013 et 1 en 2014”

Le 13 janvier, la presse nous informait que la parquet n’a pas ouvert un seul dossier d’excision en 2015. On aimerait croire que cela signifie qu’il n’y a pas de cas d’excision mais ce serait trop beau.

Comment expliquer cette situation ? Pourquoi tant de frilosités ? La pression sociale, la crainte de représailles et le caractère tabou de la pratique au sein des communautés concernées sont une grande part de l’explication.

On relate dans la presse qu’il « y a deux ans, le futur procureur du roi de Bruxelles, Jean-Marc Meilleur, considérait que ce décalage traduisait pour le moins un problème sérieux et récurrent de dépistage par les intervenants médicaux et scolaires ».

Sur le territoire belge, se pose la  question  de l’efficacité  de la détection de cette pratique  barbare et de la levée du secret professionnel par les médecins et enseignants.

Un autre fait inquiétant est le relativisme culturel qui vise à justifier ou accommoder certaines pratiques néfastes au nom de la tradition, sévit toujours. Il y a peu, dans un récent article du Journal of Medical Ethics, deux gynécologues américains ont émis l’idée horrible de rendre l’excision « minimaliste » c’est-à-dire pratiquer une incision sur le capuchon du clitoris sans pratiquer une ablation complète.   « Ce qui permettrait selon eux, de pallier le «  manque de sensibilité culturelle  » de l’Occident en respectant certaines obligations culturelles et religieuses sans mettre en danger la santé et le fonctionnement des organes génitaux des femmes.

J’appelle cela du racisme et du sexisme à rebours comme si les femmes de ce pays devaient être abandonnées au sort que leur réserve leurs traditions et leur culture. C’est tolérer l’intolérable. C’est oublier aussi que quand l’excision n’est pas bien faite, on dit que la fille n’est pas propre et elle risque de se faire ré-exciser plus tard.

C’est minimiser la signification de ce geste mutilateur de millions de filles et de femmes dans le monde, coupées, cousues, sacrifiées sur l’autel du patriarcat. Un geste cristallisant toutes les autres formes de violence et d’oppression dont sont victimes les femmes : rapports inégalitaires de genre, mariages forcés ou précoces, polygamie, contrôle de la sexualité, violences physiques, psychologiques. D’où l’importance de sensibiliser. Exciser, c’est exciser. Point !

Hélas, la pratique de l’excision est si ancrée dans les traditions culturelles qu’il est difficile d’imaginer qu’elle disparaisse en immigration, malgré les lois.

Il y a une communauté importante de femmes en provenance de pays ou l’excision est pratiquée : Guinée Conakry, Somalie, Soudan, Ethiopie, Egypte, Côte d’Ivoire, Sierra Leone, Sénégal, Burkina Faso,  Mali, Mauritanie.

Sur le terrain, j’entends des femmes me dire qu’il existe des excisions clandestines.

On n’a aucune preuve qu’elle est pratiquée en Belgique mais on sait que durant les vacances, des fillettes et même des bébés sont excisés dans le pays d’origine. Sans doute aussi dans certains pays européens où les lois sont moins strictes….comme Londres par exemple. Si les suspicions sont plus fortes lors d’un voyage dans le pays d’origine, dans le cas de voyages en Europe, la méfiance est moins de mise.

Face à la demande, on est en droit de craindre que certains médecins ne cèdent pour motifs culturels.

Je rappelle qu’en 2007, un sondage réalisé par le GGOLFB (Groupement des gynécologues obstétriciens de langue française en Belgique) auprès de 254 membres du groupement a révélé que huit demandes d’infibulation avaient déjà été formulées cette année-là.

Plusieurs médecins (gynécologues et urologues) avaient été confrontés à des demandes d’excision de la part de parents pour leurs enfants.

On peut s’interroger si les mécanismes de prévention et de protection sont suffisants. Si les professionnels connaissent bien ou mal la problématique ? S’ils s’interrogent sur leur rôle, leur obligation ou pas au secret professionnel, l’intérêt de l’enfant, l’approche la plus adaptée, les moyens de protection adéquats,…

Peut-on pointer le malaise des professionnels : médecins, enseignants, éducateurs quand ils constatent ou suspectent une mutilation et qui s’interrogent sur leur rôle, leur obligation, l’approche la plus adéquate.

Peut-on  pointer le manque d’information et de formation des acteurs judiciaires au sens large (y compris la police) qui ne sont pas outillés pour détecter les situations de danger ?

Vu l’abaissement de l’âge de l’excision, les associations qui luttent contre les mutilations sexuelles féminines avaient demandé de procéder à un examen systématique des organes génitaux externes des enfants – plus particulièrement ceux des petites filles – lors des consultations des nourrissons de l’ONE, à l’instar de ce qui se passe en France et en  Espagne.   Un tel examen devrait être effectué aussi et chaque fois que les fillettes reviennent de l‘étranger.

Les associations spécialisées dans la lutte contre les MGF (INTACT, CL-MGF et GAMS), via les Stratégies Concertées de Lutte contre les MGF (SC-MGF), ont décidé de mettre au point un « kit de prévention des mutilations génitales féminines » afin de faciliter l’accès à l’ensemble des outils de prévention des MGF disponibles en Belgique. Ce kit contient notamment les outils/documents suivants :   la carte mondiale des prévalences MGF, le « passeport STOP MGF » rappelant la loi belge concernant les MGF et réalisé avec la collaboration des SPF Justice, SPF Santé et SPF des Affaires Etrangère,  un triptyque reprenant les critères d’évaluation du risque, l’échelle de risque et l’arbre décisionnel: télécharger, une guide d’entretien avec les filles et leur famille, un modèle d’un certificat médical qui peut être rédigé après examen, avant un départ en vacances , la brochure « Le secret professionnel face aux MGF , un  guide à l’usage des professions concernées.

On le voit, le secteur associatif est très actif même si on peut déplorer le manque de moyens financiers aux quels ils font face.

En juin  dernier,  vous  aviez  présenté  une  nouvelle  formation  à  destination  des  médecins  et  du  personnel soignant. L’objectif étant de renforcer l’accueil et la protection des victimes potentielles de  mutilations génitales.

  • Quels sont les aspects abordés lors de ces formations ? Quel en est le bilan ? A qui sont-elles destinées? Quelles sont les structures qui y ont participé, comme formateurs ou formés ?
  • Est-ce  que l’examen systématique des organes génitaux externes des enfants – plus particulièrement ceux des petites filles – lors des consultations des nourrissons de l’ONE, est réalisé ?
  • Qu’en est-il des soutiens accordés aux associations de terrain ?
  • Quelles sont les collaborations avec les autres niveaux de pouvoir ?
  • Avez-vous des chiffres récents à nous communiquer concernant les opérations de reconstitutions du clitoris et désinfibulations ?
  • Enfin, quelle est votre politique en matière de lutte contre les MGF ?

 

La politique du logement dans le cadre du Handiplan

Parlement régional bruxellois
Interpellation adressée à Céline Frémault, ministre en charge du logement
La politique du logement dans le cadre du Handiplan – Jeudi 3 mars 2016
 

Notre politique d’inclusion se doit d’être ambitieuse afin de garantir une politique respectueuse des droits fondamentaux de la personne handicapée, en ligne avec ses engagements internationaux.  La réponse est disponible ici.

En juillet dernier, les Gouvernements bruxellois (Cocof – Cocom – Régional) ont adopté simultanément un «HANDIPLAN». Celui-ci a pour objectif de favoriser la mise en place d’une politique d’Handistreaming en Région de Bruxelles-Capitale pour la législature 2014-2019.

Le principe d’Handistreaming vise à intégrer la dimension « handicap » dans l’ensemble des politiques menées à Bruxelles, et ce lors de l’élaboration, de l’exécution et de l’évaluation des politiques menées, tout en soutenant l’implication et la collaboration de la société civile. Cette initiative s’inscrit dans la ligne de la Déclaration de politique générale veillant à renforcer la transversalité de la politique du handicap, et je m’en réjouis. Cette même transversalité a été réaffirmée récemment lors des débats budgétaires.

Lors des mêmes débats, vous affirmiez qu’une attention particulière serait toujours portée sur l’accessibilité à des publics plus fragilisés en matière de logement, notamment les personnes handicapées ou les familles nombreuses, et que les personnes handicapées seraient intégrées de façon transversale dans la mise en oeuvre des différentes actions. En outre, je vous ai récemment interrogée au Parlement francophone bruxellois sur la thématique, et vous m’aviez renvoyé vers vos compétences en logement pour certaines de mes questions.

C’est pour cela, Madame la Ministre, que je voudrais vous interpeller sur les sujets suivants :

  •  J’ai cru comprendre qu’une réforme de la législation serait organisée dans les agences immobilières sociales (AIS) avec un arrêté spécifique consacré au logement destiné aux personnes handicapées. Quand cette réforme est-elle planifiée ? A l’heure actuelle, la dimension handicap est-elle prise en compte par les AIS ? Si oui, comment ?
  • Selon vos dires également, un montant de 11.000 euros aurait été investi pour la réalisation de Handicap Logement, un outil pratique pour informer, orienter avec des références légales et sensibiliser le public. Il me plairait de savoir qui réalise l’outil, et comment il sera distribué.
  • Vous affirmiez encore que le Fonds du Logement avait reçu la mission de créer des logements pour les personnes en situation de handicap, tout en précisant qu’aucun chiffre n’était imposé mais que des conventions étaient conclues avec certaines asbl. Pourriez-vous me dire quel est le bilan actuel du Fonds du Logement en la matière ?
  • Le contrat de gestion de la Société du logement de la Région de Bruxelles-Capitale (SLRB), publié le 23 septembre 2015 pour la période 2015-2020, semble comporter plusieurs initiatives liées à la transversalité des politiques du handicap. Pourriez-vous élaborer ces initiatives menées par la SLRB?
  • Enfin, pourriez-vous lister les projets en cours liés au handicap qui n’ont pas encore été mentionnés dans le cadre de vos compétences en logement?

J’ose espérer qu’à travers vos réponses, je pourrai comprendre au mieux quelles sont les initiatives d’intégration transversale des personnes handicapées.

 

Communiqué de presse 8 mars 2016 : la rue m’appartient aussi…

Communiqué de presse
Journée internationale des Droits des femmes 8 mars 2016
Droits des femmes : la rue m’appartient aussi…

A l’occasion de la journée mondiale des droits des femmes, Fatoumata Sidibé, députée bruxelloise DéFI et présidente de l’association DéFI Femmes, attire l’attention sur la place, le respect et la sécurité des femmes dans l’espace public.

La rue m’appartient aussi !

Il y a une quarantaine d’années, les femmes  revendiquaient  la liberté de porter ou non des enfants quand et si elles le voulaient. Elles ont clamé : “ Mon corps m’appartient “. Ce droit acquis est aujourd’hui menacé et nécessite une vigilance permanente en termes de violences liées au genre, à l’égalité salariale, etc.
“Aujourd’hui, un nouveau combat s’annonce, celui du sexisme ordinaire et le droit de disposer de l’espace public”, pointe Fatoumata Sidibé.
La députée fait référence au sentiment d’insécurité qui nous envahit en traversant une rue mal éclairée ou un long couloir dans un métro. C’est le sentiment qui nous empêche de sortir le soir, de fréquenter certains lieux, qui nous interdit de jouir librement de l’espace public.

“Parce que les femmes ne veulent plus raser les murs,  parce qu’elles en ont marre d’être humiliées, insultées, harcelées, de supporter les regards ou les remarques, de  longer les murs, de limiter leurs déplacements, d’adapter leurs vêtements, de modifier leur manière de s’habiller, de changer de place dans les transports en commun, de contrôler leur attitude, d’établir à l’avance une cartographie mentale de leurs déplacements, d’éviter certains endroits et les déplacements tardifs”, précise la députée.

Elles disent non à cette violence ordinaire, ces murs invisibles qui les empêchent de jouir de l’espace public. Elles brandissent l’arme du respect. 

Elles clament : “ la rue nous appartient aussi ! “

Outre l’application de l’arsenal juridique (loi contre de 2014 contre le sexisme, sanctions administratives, etc.), “ nous demandons des réponses multidisciplinaires “, avance la députée. Une plus grande présence féminine dans la planification et la gestion, notamment en matière de mobilité par exemple.

Ou encore, réserver une place aux filles et aux femmes dans les infrastructures publiques.

Intensifier les campagnes, d’informations et de formations ciblées et via différents canaux (télévision, radios, journaux, réseaux sociaux, transports en commun, outils pédagogiques, contre les stéréotypes de genre, pour le respect.  Travailler sur l’éducation à la vie relationnelle, affective et sexuelle (Evras).

Lutter contre les publicités sexistes qui renforcent l’image dégradante de la femme en la mettant en scène comme un objet, L’utilisation de la femme-objet participe à la banalisation des diverses violences faites aux femmes.  Lancer des campagnes de publicité visant à sensibiliser les agences de publicité et de communication.

“ Nous disons la rue m’appartient aussi ! “, conclut Fatoumata Sidibé.

 

Anne-Sophie Jiménez Rueda
Porte -parole / Attachée de presse – DéFI
asjr@defi.eu
0494/33.55.03

 

 

Lutte contre les violences conjugales

Parlement francophone bruxellois

Intervention adressée à Mme Céline Frémault, ministre en charge de la famille et de l’action sociale, dans le débat sur l’excision – 26 février 2016

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Parlement francophone bruxellois

Intervention adressée à Mme Céline Frémault, ministre en charge de la famille et de l’action sociale, dans le débat sur l’excision – 26 février 2016

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Parlement francophone bruxellois

Intervention adressée à Mme Céline Frémault, ministre en charge de la famille et de l’action sociale, dans le débat sur les violences faites aux femmes – 26 février 2016. La réponse est disponible ici.

Selon la dernière étude, datant de 2010, 12% des femmes bruxelloises ont été victimes de violences.
Nous nous réjouissons donc qu’une nouvelle étude soit entamée par la Région afin de mieux objectiver ce phénomène.
Le nombre de plaintes est en augmentation, grâce aux progrès réalisés en termes de sensibilisation, de formation,
d’écoute, d’accueil et d’accompagnement, psychologique comme juridique.
Nous devons continuer à nous mobiliser, afin que toutes les victimes, quel que soit leur statut et le degré de violence subie, bénéficient immédiatement de services de soutien et d’accueil spécialisé à court et à long termes.
Actuellement, il existe un accueil spécifique pour les victimes de violences conjugales intrafamiliales, mais des
problèmes demeurent : pénurie de places d’accueil, accueil des femmes avec enfants, prise en charge spécifique des victimes de mariages forcés et de violences liées à l’honneur.
Le nouveau plan intrafrancophone 2015-2019 prévoit l’ouverture d’un nouveau refuge pour les victimes. Un budget d’environ 500.000 euros devait être alloué à l’ouverture de la nouvelle maison d’accueil pour les victimes de violences conjugales.
Dans le Plan d’action national 2014-2019, on lit que, selon les standards minimum pour les services d’assistance
développés par le Conseil de l’Europe, il devrait y avoir en termes de foyers d’accueil une place familiale  – avec lit,
pouvant accueillir femme et enfants – pour 10.000 habitants. Dès lors, selon le plan, on veillera à adapter le nombre d’hébergements disponibles aux besoins.
Dans ce cadre, on examinera également le suivi spécifique et adapté nécessaire pour les victimes de violences telles que les mariages forcés ou les violences liées à l’honneur.
Les mesures suivantes seront notamment prises :
– envisager d’étendre le financement des maisons d’hébergement pour adultes en difficulté spécialisées dans l’accueil à d’autres maisons d’accueil et d’hébergement ;
– consolider et rendre l’offre d’assistance existante plus facilement accessible aux migrants victimes de violences basées sur le genre, ainsi qu’aux autres groupes vulnérables, en renforçant ces dispositifs.
Ce dernier point est très important, car les violences de genre et les persécutions subies par les femmes et les filles au cours de leur périple migratoire sont nombreuses. Ces demandes doivent être davantage prises en considération et intégrées au sein de nos politiques. Quelles sont les avancées en la matière ?

Lutte contre l’excision

Parlement francophone bruxellois

Intervention adressée à Mme Céline Frémault, ministre en charge de la famille et de l’action sociale, dans le  à débat sur l’excision – 26 février 2016. La réponse est disponible ici.

Depuis quelques années, la Belgique accueille de plus en plus de femmes victimes de mutilations génitales.
L’étude commanditée par le SPF Santé publique en 2012 estimait à 48.092 le nombre de femmes  originaires d’un pays où  est  pratiquée  l’excision,  alors  que  ce  chiffre  était  de  22.840  en  2008. 
Parmi  celles-ci,  13.112  femmes  sont  très probablement excisées; ce chiffre a doublé également, puisqu’il était en 2008 de 6.260 femmes.
Enfin, 4.804 femmes sont considérées par les autorités comme potentiellement à risque, contre 1.975 en 2008.
Le phénomène est donc en nette augmentation. Cela est dû à  l’arrivée de femmes originaires des pays où l’excision  est traditionnellement répandue et à la naissance d’enfants dans  ces communautés. Les femmes arrivées ici adultes déjà excisées et en âge de donner naissance sont donc une cible privilégiée.
En Belgique, le plan d’action national 2010-2014 a intégré les mutilations  génitales féminines (MGF) et le nouveau plan poursuit ces objectifs.  Sur le terrain, beaucoup d’associations sont très actives. Depuis des années, le Groupe pour l’abolition des mutilations sexuelles (GAMS), précurseur incontournable, opère des
stratégies dans des conditions difficiles, y compris financières,  pour mobiliser, sensibiliser et former les professionnels,fournissant du suivi à la  demande comme des concertations avec les différents acteurs. L’asbl Intact, elle, est active depuis 2009  sur  le  terrain  juridique,  orientant  et  soutenant  les  professionnels  comme  les  membres  de  la  famille  dans  les procédures judiciaires en cas de risque d’excision ou d’excision avérée.
Notre législation est très claire en la matière, puisque notre pays a voté en 2001 une loi spécifique qui punit les MGF, la dotant en outre d’une extraterritorialité puisqu’elle permet également de poursuivre les personnes ayant pratiqué l’excision à l’étranger. En effet, le temps des vacances est  souvent celui de l’excision dans les pays d’origine.  Cependant, depuis l’entrée en vigueur de la loi il y a plus de quinze ans, très peu de plaintes ont été déposées et aucune n’a donné lieu à des poursuites judiciaires.
En 2013, une recherche-action du réseau des stratégies concertées de lutte contre les MGF a montré une augmentation des signalements d’enfants présentant des risques d’excision, notamment au retour des vacances. Ainsi, 52 cas ont été recensés entre le 1er janvier 2009 et le 30 juin 2013. Ces signalements se concentrent en 2012 et 2013, mais les plaintes relatives à des MGF sont rarissimes.
La presse nous apprend  que le Parquet n’a ouvert aucun  dossier pénal de ce type en 2015. Comment expliquer cette situation  ?  La  pression  sociale,  la  crainte  de  représailles  et  le  caractère  encore  tabou  de  cette  pratique  au  sein  des communautés expliquent en grande partie l’extrême rareté des plaintes.
Il y a deux ans, le futur procureur du Roi de Bruxelles,  M. Jean-Marc Meilleur, considérait que ce décalage traduisait  un problème pour le moins sérieux et récurrent de dépistage par les intervenants médicaux et scolaires. Il est en effet permis de se demander si les mécanismes de prévention et de protection sont suffisants, si les professionnels connaissent assez la problématique et s’ils s’interrogent sur leur rôle et sur- leur obligation de respecter ou non le secret professionnel. Il faut aussi s’interroger sur les moyens adéquats à mettre en oeuvre.
Peut-on pointer un malaise, comme l’a fait le secteur associatif ?
Le malaise des professionnels – médecins, éducateurs ou enseignants -, lorsqu’ils constatent ou  suspectent des risques d’excision,  est  patent.  Comment  préciser  leur  rôle,  leurs  obligations  et  l’approche  la  plus  adéquate  ?  Enfin,  on  peut également pointer le manque d’information et de formation des acteurs judiciaires au sens large – en ce compris la police – qui ne sont peut-être pas toujours outillés.
Vu  la  précocité  croissante  de  l’âge  de  l’excision,  le  monde  associatif  a  suggéré  qu’il  soit  procédé  à  un  examen systématique des organes génitaux des petites filles, comme c’est le cas en France. Mais j’ignore s’il en est bien ainsi lors des consultations de l’Office de la naissance et de l’enfance (ONE).
Aujourd’hui, même si la Belgique  a déjà consenti des efforts, la nécessité de les poursuivre ne fait en tout cas guère de doute.  Il  faut  continuer  à  définir  des  lignes   directrices  pour  clarifier  les  rôles  de  chacun  et  à  prendre  des  mesures préventives qui, certes, existent déjà, mais qui devraient à présent être évaluées.
– Pourriez-vous préciser les mesures de sensibilisation du secteur que vous avez prises et la manière dont elles s’articulent aux différents  niveaux de pouvoir ?
– Une autre interrogation légitime porte sur la pérennité du soutien à apporter au secteur associatif en général et au GAMS en particulier.